C’est un fait que le nombre de consultations dans les services d’urgence augmentent constamment, pas seulement en Suisse, mais partout au monde. Nous n’en discuterons pas les raisons ici.
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1. Introduction
C’est un fait que le nombre de consultations
dans les services d’urgence augmentent
constamment, pas seulement en Suisse,
mais partout au monde. Nous n’en discute –
rons pas les raisons ici.
Les adaptations personnelles et structu –
relles au nombre croissant de patients ne
sont possibles que dans une certaine me –
sure et ne suivent pas les besoins.
Le triage dans un service d’urgence sert à
concentrer les moyens limités en personnel
et en matériel au médicalement urgent.
Une enquête réalisée en 2002 dans 22 cli –
niques pédiatriques suisses devait révéler
si le triage était une réalité et si des efforts
étaient entrepris dans ce domaine.
2. Enquête 2002
20 sur 22 cliniques ont retourné le que –
stionnaire qui leur avait été adressé. Les
conclusions les plus importantes sont: a)
Les enfants sont vus et examinés en
premier par une infirmière ( fig. 1 )
b) Les enfants ne sont généralement pas
soignés dans l’ordre d’arrivée ( fig. 2 )
c) Ce n’est pas la personne qui voit l’enfant
en premier qui décide de l’ordre de trai –
tement ( fig. 3 )
d) L’intérêt pour le triage est grand, mais il
n’existe pas de concept de triage ( fig. 4
et 5 )
En résumé on peut affirmer qu’il n’existe
pas de système de triage formel mais que
les patients sont néanmoins traités selon
l’urgence. Ce sont bien les infirmières qui
ont le premier contact et qui procèdent
au premier examen clinique de l’enfant,
mais elles ne décident pas de l’ordre de
traitement.
3. Groupe de travail triage
À partir de cet intérêt pour le triage et du
fait qu’il existe mondialement différents sys –
tèmes de triage bien établis est née l’idée de
créer un «Groupe de travail triage». Pourquoi
chaque clinique devrait-elle inventer son
propre système de triage, alors qu’on pour –
rait, en réunissant et en concentrant ainsi
nos forces, emprunter un système de triage
existant et l’adapter à nos besoins?
En novembre 2004 les représentants de
toutes les cliniques intéressées se sont
réunis à la Clinique pédiatrique de Zurich
pour discuter de triage. Fait important,
déjà lors de cette première réunion se
sont retrouvés des représentants du corps
médical et infirmier. Les Drs Jean-Daniel
Krähenbühl, Lausanne, Alain Gervaix, Ge –
nève et Sergio Stocker, Zurich ont présenté
leurs propres expériences avec des sys –
tèmes de triage.
Du temps a été consacré à la présentation
de systèmes de triage existants ailleurs.
Les pionniers en matière de médecine
d’urgence clinique sont les Etats Unis, le Ca –
nada, l’Angleterre et l’Australie. Ces pays se
sont réunis dans la «International Federation
for Emergency Medicine» (IFEM), fondée en
1991. Nous présentons ici brièvement les
systèmes de triage utilisés dans ces pays.
Ils ont en commun la limitation du temps
d’attente maximal pour les patients selon
des critères cliniques.
4. Systèmes de triage
dans le monde
Etats Unis d’Amérique
Pas d’homogénéité. Il existe des modèles
à 3 niveaux, 4 niveaux et 5 niveaux avec
mauvaise concordance et une tendance en
faveur des modèles à 5 niveaux.
Triage dans les situations d’urgence
pédiatrique en Suisse
Sergio Stocker, Zürich
Traduction: Rudolf Schlaepfer, La Chaux-de-Fonds
Fig. 1: Qui examine en premier le patient?
Infirmière Médecin
Fig. 4: Qui est intéressé par une évaluation multicentrique d’un système de triage existant?
Oui Non
Fig. 5: Est-ce que des concepts de triage sont déjà appliqués?
Oui Non
Fig. 2: Est-ce que les enfants sont soignés dans leur ordre d’arrivée?
Oui Non
Fig. 3: Qui décide de l’ordre de traitement?
Médecin Infirmière Ensemble
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Angleterre
Le «Manchester Triage Group» a développé
le modèle à 5 niveaux suivant:
Degré Désignation Couleur Temps visé (min)
1 Immediate rouge 0
2 Very urgent orange 10
3 Urgent jaune 60
4 Standard vert 120
5 Non-urgent bleu 240
Ce système peut être adapté aux adultes
et aux enfants. Pour les maladies les plus
variées (p.ex. «détresse respiratoire de
l’enfant», «testicule douloureux», «diarrhée»)
existent des diagrammes décisionnels qui
attribuent le patient, selon les symptômes,
à une catégorie de triage.
Canada
La «Canadian Paediatric Triage and Acuity
Scale» est aussi un modèle à 5 niveaux:
Degré Désignation Temps visé (min)
1 Immediate 0
2 Very urgent 15
3 Urgent 30
4 Standard 60
5 Non-urgent 120
L’attribution à une certaine catégorie de
triage ne se fait pas selon des tabelles ou
des diagrammes décisionnels mais sur la
base de «descriptions» de tableaux cliniques
ou de maladies.
Australie
La «Australian Triage Scale» (ATS) a été
adaptée par l’Australasian College for
Emergency Medicine (ACEM) à partir de
la «National Triage Scale» existant depuis
1993 et est appliquée pour les adultes et les
enfants depuis 2000 dans tous les services
d’urgence d’Australie, de Nouvelle Zélande
et de Nouvelle Guinée.
Il s’agit également d’un modèle à 5 ni –
veaux :
Degré Désignation Couleur Temps visé (min)
1 Resuscitation rouge 0
2 Emergency orange 10
3 Urgent vert 30
4 Semi-urgent bleu 60
5 Non-urgent blanc 120
L’attribution à une catégorie de triage se fait
après évaluation de la respiration, des voies
respiratoires, de la circulation, de l’état de
conscience et de la douleur.
Les différents modèles ont été discutés,
les avantages et désavantages évalués.
Certains ont déjà un système et ne doivent
certainement pas le changer. La grande
majorité s’est décidée pour l’ATS.
5. Australasian Triage Scale
Il s’agit, comme décrit ci-dessus, d’un mo –
dèle à 5 niveaux qui repose comme l’«ABC
d’urgence» sur l’évaluation des paramètres
vitaux. Pour chaque critère (respiration,
voies respiratoires, circulation, état de con –
science et douleur) l’attribution dans une
des 5 catégories est faite selon un tableau.
Sont ensuite aussi évalués des critères neu –
ro-vasculaires, psychiatriques et ophtalmo –
logiques ( tableau 1 ). Le paramètre avec la
catégorie la plus basse définit la catégorie
globale. L’évaluation de ces paramètres
se fait indépendamment du diagnostic de
base.
L’ATS met à disposition des documents
écrits, en anglais, concernant le triage en
général ainsi que des dossiers destinés à la
formation pratique. Ils peuvent être obtenus
chez l’auteur de cet article.
6. Évolution
Le groupe de travail s’est retrouvé en sep –
tembre 2005 à Genève, pour échanger les
expériences faites jusqu’ici. Cette réunion a
été organisée par Alain Gervaix.
L’application de ce nouveau modèle n’avait
pas atteint le même stade partout, mais
tout le monde s’accordait pour dire qu’on
était sur le bon chemin. Urs Schumacher
de la Clinique pédiatrique Münsterlingen a
raccourci et traduit (en allemand) le texte
original anglais très détaillé. Il peut être
obtenu à son adresse urs.schumacher@
stgag.ch
7. Situation actuelle
La liste qui suit est le résultat d’une nouvelle
enquête et vous indique la situation fin no –
vembre 2005:
● Les cliniques suivantes ont introduit
l’ATS:
– Klinik für Kinder und Jugendliche
Kantonsspital Münsterlingen,
– Kinderklinik Kantonsspital Aarau
– Klinik für Kinder und Jugendliche
Stadtspital Triemli
– Hôpital des Enfants, Hôpitaux
Universitaires de Genève
– Kinderspital Zürich
● Les cliniques suivantes ont prévu
l’introduction de l’ATS:
– Département de pédiatrie,
CHUV, Lausanne
– Kinderklinik Winterthur
– Département de Pédiatrie,
Centre Hospitalier du Centre
du Valais, Hôpital de Sion
– Service de pédiatrie,
Hôpital Communal,
La Chaux-de-Fonds
– Clinique pédiatrique Wildermeth,
Bienne
– Service de Pédiatrie,
Hôpital Pourtalès, Neuchâtel
– Clinique de Pédiatrie,
Hôpital Cantonal Fribourg
– Universitäts-Kinderklinik
beider Basel
– Ostschweizer Kinderspital St.Gallen,
à l’essai
● Est intéressé à l’introduction de
l’ATS, pas de plan concret:
– Service de pédiatrie,
Hôpital Régional Délémont
8. Prochaine réunion
La 3 ème réunion du groupe de travail aura
lieu le 12.5.2006 à la Clinique pédiatrique
d’Aarau et sera organisée par Gerald Berthet.
Un programme détaillé sera envoyé.
Correspondance:
Dr. Sergio Stocker
Geissbergstrasse 81
8208 Schaffhausen
Tel. 052 625 00 59
Fax 052 625 00 56
sergio.stocker@hin.ch
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Informations complémentaires
Auteurs
Dr. Sergio Stocker , LA Notfallstation Kinderspital Zürich, Schaffhausen