Les présentes recommandations résultent de la révision et de la mise à jour des « Recommandations pour l’alimentation des nourrissons 2009 ».
Commission de nutrition de la Société Suisse de Pédiatrie:Dominique Belli, Christian Braegger (président), Roger Lauener, Celine Fischer-Fumeaux et co-auteurs du rapport de la Commission fédérale de l’alimentation (Josef Laimbacher, Johannes Spalinger)
En collaboration avec l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) et la Société Suisse de Nutrition (SSN).
Recommandations pour l’alimentation des nourrissons (2017)
Commission de nutrition de la Société Suisse de Pédiatrie (Dominique Belli, Christian Braegger
(président), Roger Lauener, Celine Fischer -Fumeaux) et co -auteurs du rapport de la Commission
fédérale de l’alimentation (Josef Laimbacher, Johannes Spalinger)
En collaboration avec l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) et la
Société Suisse de Nutrition (SSN)
Introduction
Les présentes recommandations résultent de la révision et de la mise à jour des « Recommandations
pour l’alimentation des nourrissons 2009 » de la Commission de nutrition de la Société Suisse de
Pédiatrie (CN SSP). Outre les « Recommandations pour l’alimentation des nourrissons 2009 », le
rapport intitulé « L’alimentation durant les 1000 premiers jours de vie – de la conception au 3 e
anniversaire », publié par la Commission fédérale de l’alimentation en 2015, a été complété par de
nouvelles publications pour servir de base au nouveau texte.
1. Allaitement
L’allaitement, qui est l’alimentation naturelle des nouveau -nés et des nourrissons, contribue de manière
optimale à leur croissance et à leur développement.
Composition
Le lait humain contient non seulement l’ensemble des macronutriments et des micronu triments
(protéines, lipides, glucides, vitamines, minéraux et oligoéléments) dont un organisme en pleine
croissance a besoin, dans une teneur et une qualité optimales, mais il est également riche en
composants actifs qui stimulent l’immunité, comme l’immunoglobuline A sécrétoire, les interférons, la
lactoferrine, les lysozymes, les nucléotides, les cytokines ainsi que les leucocytes. Plusieurs de ces
composants sont asso ciés à une protection passive du système gastro -intestinal et, en partie, des voies
respiratoires. Par ailleurs, le lait humain contient des acides gras, des enzymes, des hormones, des
polyamines et des facteurs de croissance, qui contribuent pour beaucoup à l’effet bénéfique de
l’allaitement sur la santé.
Effets bénéfiques sur la santé
Le lait humain a non seulement des effets protecteurs immédiats au cours des premiers mois de la vie
(prévention des infections, notamment des infections gastro -intestina les et des voies respiratoires, ainsi
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que des otites), mais également des effets bénéfiques à long terme sur la santé , que l’on observe encore
après plusieurs années. L’allaitement protégerait ainsi des maladies auto -immunes telles que le diabète
de type 1, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, les allergies et la cœliaquie, il réduirait
le risque de surpoids et d’adiposité, le risque de développer un diabète de type 2, le risque
d’hypertension, le risque d’hypercholestérolémie, le risque de développer une leucémie aiguë
lymphoblastique, et il améliorerait également le développement cognitif de l’enfant, ce qui se traduit par
un quotient intellectuel plus élevé. De fait, le lait humain est déterminant pour la santé d’un individu, et
ses effet s continuent de se faire sentir des années et même des décennies après la période
d’allaitement.
Vitamine D
Les Européennes présentent souvent des carences en vitamine D, d’où une teneur faible en vitamine D
du lait maternel. Le manque d’exposition au soleil, dû entre autres à des produits solaires, en est la
cause. On recommande par conséquent pour les nourrissons une supplémentation en vitamine D de
400 UI par jour.
Vitamine K
De même, la teneur en vitamine K du lait maternel est souvent faible : un nourrisson allaité en reçoit
donc peu et une supplémentation est par conséquent vivement conseillée dans les premières
semaines. La Société Suisse de Néonatologie recommande l’administration de 3 doses de vitamine K
(Konakion MM 2 mg, par exemple) 4 heu res après la naissance, le quatrième jour et à l’âge de
4 semaines.
Iode et fluor
Sauf en cas de carence de la mère lors de l’allaitement, les nourrissons reçoivent suffisamment d’iode .
En Suisse, le sel alimentaire est enrichi en iode (25 mg/kg de sel) et en fluor (250 mg/kg de sel). Les
paquets rouges sont enrichis en iode, les paquets verts en iode et en fluor. Il est conseillé aux femmes
qui allaitent d’utiliser du sel de cuisine enrichi. Une supplémentation en iode et en fluor n’est pas
recommandée pour les nourrissons.
Fer
Les besoins en fer des nourrissons nés à terme et en bonne santé sont faibles au cours des six premiers
mois, et la teneur en fer du lait maternel est suffisante. En revanche, à partir du 7 e mois, les besoins
croissants des nourrissons doivent être couverts en quasi -totalité par les aliments de complément.
Contre -indications à l’allaitement maternel
Il existe très peu de cas dans lesquels l’allaitement est contre -indiqué. Du côté de l’enfant, les contre –
indications abs olues concernent la galactosémie, une maladie très rare (sa prévalence est d’environ
1 pour 40 000), et le déficit congénital en lactase, qui est encore plus rare. S’agissant des autres
maladies métaboliques congénitales, comme l’abétalipoprotéinémie et la phénylcétonurie, une certaine
quantité de lait maternel sera tolérée selon le cas. Cette quantité doit être adaptée aux besoins de
chaque nourrisson. Du côté de la mère, les contre -indications concernent certains traitements
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obligatoires susceptibles de c ontaminer le lait maternel et de nuire à l’enfant (agents
chimiothérapeutiques, neuroleptiques, immunosuppresseurs, certains antibiotiques et anti –
épileptiques), et l’administration de substances radioactives à des fins de diagnostic ou de traitement.
Une contamination de la mère par le HIV est également considérée comme une contre -indication en
Occident. Le risque de transmettre le virus au nourrisson dépend de la charge virale de la mère, ainsi
que de son état immunitaire. Les hépatites B et C ne constitu ent pas une contre -indication pour
l’allaitement, dès lors que les nourrissons dont la mère a été diagnostiquée positive aux antigènes HBs
ont bénéficié d’une vaccination active et passive .
Recommandations internationales pour l’allaitement
Dans sa résolution de 2001, l’OMS recommande pour tous les nourrissons du monde l’allaitement
exclusif durant les 6 premiers mois, puis l’introduction des aliments de complément, avec poursuite de
l’allaitement jusqu’à l’âge de deux ans et au -delà. Toutefo is, comme le précise également ce rapport,
certaines mères sont dans l’incapacité de suivre ces recommandations ou ne le veulent pas. Il convient
de les accompagner pour leur permettre d’offrir à leur nourrisson une alimentation optimale. Dans les
pays ind ustrialisés, il n’a jamais été démontré que l’introduction des aliments de complément au 5 e ou
au 6 e mois, et non à partir du 7 e mois seulement (au terme du 6 e mois), pouvait avoir des conséquences
néfastes sur le nourrisson. La Commission de nutrition de l’European Society of Paediatric
Gastroenterology Hepatology and Nutrition ( ESPGHAN ) est ainsi parvenue à la conclusion qu’une
période d’allaitement exclusif de 6 mois était souhaitable, et recommande de recourir aux aliments de
complément entre la 17 e sem aine (au terme du 4 e mois) au plus tôt et la 26 e semaine (au terme du
6e mois) au plus tard. On déconseille une introduction plus tardive des aliments de complément, car la
teneur nutritionnelle du lait maternel ne suffit plus à couvrir tous les besoins du nourrisson après le
6e mois, notamment en ce qui concerne l’apport en fer. L’OMS recommande de poursuivre l’allaitement
pendant deux ans après l’introduction des aliments de complément. L’American Academy of Pediatrics
(AAP ) conseille quant à elle d’allai ter un nourrisson jusqu’à l’âge de un an. Dans les régions où le risque
d’infection dans les premiers mois de la vie est faible (comme en Europe), on manque de données sur
l’effet protecteur de l’allaitement après le 6 e mois, ou après l’introduction des al iments de complément.
Le comité de nutrition de l’ESPGHAN recommande de poursuivre l’allaitement après l’introduction des
aliments de complément aussi longtemps que le souhaitent la mère et l’enfant , sans définir de durée
précise.
Recommandations pour la Suisse
La Commission de nutrition de la Société Suisse de Pédiatrie adopte les recommandations de la
Commission de nutrition de l’ESPGHAN et conseille d’introduire les aliments de complément entre le 5 e
et le 7 e mois selon le cas, et de poursuivre l’alla itement aussi longtemps que la mère et l’enfant le
désirent.
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2. Préparations pour nourrissons
Bases légales
En Suisse, la définition, les exigences, l’étiquetage, la présentation, la publicité et l’obligation de
déclaration s’agissant des préparations pour nourrissons et des préparations de suite relèvent de
l’ordonnance du Département fédéral de l’intérieur (DFI) du 16 décembre 2016 sur les denrées
alimentaires destinées aux personnes ayant des besoins nutritionnels particuliers (OBNP) et de
l’ordonnance du 16 décembre 2016 sur les denrées alimentaires et les objets usuels (ODAlOUs) . Dans
l’Union européenne , c’est la directive 2006/141/CE de la Commission du 22 décembre 2006 concernant
les préparations pour nourrissons et les préparations d e suite qui s’applique. Le Codex Alimentarius de
l’OMS / de la FAO définit les préparations pour nourrissons dans la « Norme pour les préparations
destinées aux nourrissons et les préparations données à des fins médicales spéciales aux nourrissons »
et les préparations de suite dans la « Norme pour les préparations de suite ».
L’Ordonnance du DFI, la directive de l’Union européenne et le Codex Alimentarius font tous les trois la
distinction entre les préparations pour nourrissons et les préparations de su ite.
Préparations pour nourrissons
Les préparations pour nourrissons sont des laits de substitution au lait maternel destinés à l’alimentation
des bébés en bonne santé pendant les premiers mois, et ils sont censés couvrir entièrement leurs
besoins nutritionnels jusqu’à l’introduction des aliments de complément. Au cours de s six premiers mois
de la vie, seules les préparations pour nourrissons peuvent être utilisées comme substitut au lait
maternel, et en aucun cas les préparations de suite. La quantité et la fréquence des repas dépendent
des besoins de chaque nourrisson.
Préparations de suite
Les préparations de suite sont des laits pour nourrissons destinés aux nourrissons en bonne santé âgés
de plus de 6 mois, à partir de la phase de diversification alimentaire, et aux jeunes enfants jusqu’à l’âge
de trois ans. Les prép arations de suite peuvent remplacer les préparations pour nourrissons dès le
7e mois, après l’introduction d’aliments de complément. Il est toutefois possible de continuer à donner
des préparations pour nourrissons même après l’introduction des aliments de complément. En
revanche, un nourrisson ne doit être nourri avec des préparations de suite qu’après le passage à des
aliments de complément. D’un point de vue biologique, la distinction entre les préparations pour
nourrissons et les préparations de suite n ’est pas pertinente.
Les préparations pour nourrissons et les préparations de suite sont appropriées lorsque l’allaitement
n’est pas possible, ou que la quantité de lait maternel n’est pas suffisante. En Suisse, le lait de vache,
le lait de chèvre et le lait de soja sont trois sources de protéines autorisées. Les fabricants de
préparations pour nourrissons classent leurs produits en plusieurs catégories : « Pre », 0, 1, 2 et 3 . En
Suisse comme dans l’Union européenne, cette classification ne fait l’objet d’aucune réglementation, et
elle peut se révéler trompeuse pour le consommateur. En général, les catégories « Pre », 0 et 1
désignent les préparations pour nourrissons et les catégories 2 et 3 les préparations de suite.
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Protéines
Certaines études suggèrent qu’un apport important en protéines dans les premiers mois et les premières
années de la vie peut se traduire par un indice de masse corporelle élevé durant l’enfance, et accroître
le risque de surpoids ou d’adiposité. Aussi les exigences concernant la composition des préparations
pour nourrissons et des préparations de suite ont -elles été adaptées afin de réduire la teneur maximale
en protéines.
Préparations spécifiques
Préparations pour nourrissons hydrolysées
Jusqu’à présent, les préparations pour nourrissons et les préparations de suite partiellement ou
entièrement hydrolysées (également appelés préparations « hypoallergéniques » ou préparations
« HA ») étaient recommandées pour les nourrissons présentant des antécédents familiaux d’affections
atopiques. Une étude est toutefois parvenue à la conclusion que certains laits pour nourrissons
partiellement ou entièrement hydrolysés avaient un léger effet protecteur , mais pas tous (Berg A, et al.,
J Allergy Clin Immu nol 2003, 111:533 -40; « GINI -Studie »). Il ressort d’une étude Cochrane que très
peu d’éléments démontre nt l’efficacité des produits hydrolysés pour la prévention des allergies au cours
des six premiers mois de la vie (Osborn DA, Sinn J., Cochrane Database Syst Rev 2006: CD003664).
Une méta -analyse publiée récemment a identifié quelques cas peu nombreux, et statistiquement non
significatifs, d’un effet préventif, par exemple en ce qui concerne le développement des dermatites
atopiques, mais conclut à l’abse nce générale d’un impact significatif sur la prévention des allergies, et
déconseille très clairement le recours à ce type de produits (Boyle R.J., et al. , BMJ 2016, 352:i974). De
même, une évaluation menée par la U.S. Food and Drug Administration (FDA) en 2011 sur un produit
partiellement hydrolysé a conclu qu’il n’existait pas d’éléments crédibles (« little credible evidence »)
justifiant une allégation de santé (« health claim »), et que le lien entre la préparation pour nourrisson
partiellement hydrolys ée et le risque de développer une dermatite atopique était incertain (« Qualified
Health Claim Petition for the Relationship Between 100% W hey -Protein Partially Hydrolyzed Infant
Formula and Reduced Risk of Atopic Dermatitis »). La Commission de nutrition de la SSP se conforme
à ces positions et estime qu’il n’existe pas suffisamment d’éléments qui justifient de recommander les
préparations pour nourrissons et les préparations de suite partiellement ou entièrement hydrolysées
pour la prévention primaire des allergies.
Préparations pour nourrissons à base de protéines de soja
Les préparations pour nourrissons à base de protéines de soja affichent une forte teneur en substances
végétales secondaires (flavonoïdes), dont l’ effet œstrogène est faible , et en phytates, qui peu ven t
éventuellement compromettre la résorption des nutriments. Elles doivent donc être utilisées avec
parcimonie. Les préparations pour nourrissons à base de soja peuvent, par exemple, être utilisées dans
les familles qui, par conviction, ne consomment pas de lait de vache, comme celles ayant adopté une
alimentation vég étalienne . Dans le cas d’une allergie au lait de vache, les préparations pour nourrissons
à base de lait de soja ne sont pas recommandées. Il convient de recourir à des prépa rations
thérapeutiques à base de protéines entièrement hydrolysées ou, éventuellement, qui associent des
acides aminés.
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Prébiotiques et probiotiques
Depuis quelque temps, les préparations pour nourrissons sont enrichies avec divers prébiotiques et
probiotiques. Chez des bébés en bonne santé, ces préparations ne présentent pas un avantage
clairement démontré sur le plan clinique par rapport à celles qui ne sont pas enrichies, si bien que ni la
Commission de nutrition de l’AAP ni celle de l’ESPGHA N ne recommandent pas de généraliser leur
utilisation. En 2012, la World Allergy Organisation a confirmé cette position en ne reconnaissant aux
prébiotiques et aux probiotiques aucun rôle dans la prévention des atopies.
Préparations maison pour nourrissons
Les préparations maison pour nourrissons à base de lait de vache, de lait d’autres animaux (chèvre,
jument ou brebis) ou de lait d’autres aliments (amandes ou riz, par exemple) ne doivent pas être
utilisées, car elles sont susceptibles de ne pas fournir au nourrisson les apports énergétiques et
nutri tionnels dont il a besoin, et elles comportent un risque de contamination.
Comment utiliser les préparations pour nourrissons
Les biberons , c’est -à-dire les préparations pour nourrissons ou les préparations de suite en bouteille,
doivent toujours être préparés au dernier moment et utilisés immédiatement. Les restes doivent être
jetés, afin d’éviter la prolifération de germes pathogènes et d’ empêcher les infections chez le nourrisson.
Il faut nettoyer soigneusement le biberon et la tétine et les conserver au sec. Il n’est pas nécessaire de
les faire bouillir. Les préparations en poudre doivent être préparées avec de l’eau potable et fraîche (i l
convient de laisser couler l’eau du robinet ayant stagné toute une nuit dans les canalisations, jusqu’à
obtenir de l’eau froide). En Suisse, les conditions d’hygiène ne nécessitent pas d’employer de l’eau
minérale. Au contraire, selon les teneurs en miné raux, l’utilisation d’eau minérale peut se révéler contre –
indiquée pour le nourrisson. Une préparation en poudre peut être préparée avec de l’eau chauffée
jusqu’à atteindre une température adaptée , ou avec de l’eau portée à ébullition puis refroidie à une
température adaptée . Les préparations pour nourrissons ne doivent pas être préparées avec de l’eau
bouillante ou de l’eau chauffée à une température de 70° C, afin d’éviter les brûlures et les modifications
des teneurs en nutriments du lait.
3. Aliments de complément
Les aliments de complément désignent tous les aliments liquides, en partie liquides ou solides, à
l’exception du lait maternel, des préparations pour nourrissons et des préparations de suite : bouillies
maison au lait et aux céréales, bouill ies aux légumes ou à la viande et petits pots achetés dans le
commerce.
Introduction des aliments de complément
Les aliments de complément doivent être introduits au plus tôt au 5 e mois (au terme du 4 e mois) et au
plus tard au début du 7 e mois (au terme du 6 e mois). Aucun élément, pour le moment, ne vient démontrer
l’utilité d’une introduction ciblée avant le 5 e mois (avant la fin du 4 e mois) des aliments de complément,
par exemple en ce qui concerne la prévention des allergies. Les aliments de complément doivent
impérativement être introduits au terme du 6 e mois, car le lait maternel ne suffit plus, à partir du 7 e mois,
à couvrir les besoins nutritionnels du nourrisson, et notamment les besoins en fer, en protéines, et les
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besoins énergétiques. Il est rec ommandé de poursuivre l’allaitement lors de l’introduction des aliments
de complément, car l’association de ces produits avec le lait maternel permet de répondre pleinement
aux besoins nutritionnels du nourrisson au cours de sa première année. Les aliments de complément
doivent être donnés à la cuillère, pas sous forme liquide au moyen d’un biberon ou d’un autre récipient.
L’introduction des aliments de complément comprend également les premières expériences d’auto –
alimentation ( « finger food »). Entre 6 et 8 mois, il convient de donner au nourrisson, en plus du lait
maternel, des aliments de complément 2 à 3 fois par jour, et 3 à 4 fois par jour entre 9 et 11 mois. Au
terme de sa première année, le nourrisson doit s’être adapté au rythme des repas familiaux .
Choix des aliments
Le choix des aliments lors de l’introduction des aliments de complément dépend de facteurs individuels,
traditionnels, régionaux et saisonniers. Les recommandations pour une introduction optimale des
aliments de complément reposent sur le plan d’alimentation révisé de la Commission de nutrition de la
Société Suisse de Pédiatrie et de la Société Suisse de Nutrition (figure 1).
Développement du goût
Habituer un nourrisson à des aliments très variés peut faciliter le développement du goût dès l’enfance.
Lors de l’introduction des aliments de complément, le nourrisson doit être habitué à des aliments de
saveurs et de textures diverses. Pour qu’un nourri sson accepte un aliment, il faut parfois le lui proposer
à plusieurs reprises (entre 10 et 15 fois).
Aliments de complément maison ou industriels ?
S’agissant des aliments maison, il faut veiller à ce qu’ils couvrent les besoins du nourrisson, à limit er
les ingrédients au strict minimum et à ne pas employer d’additifs tels que le sel et le sucre ou autres
édulcorants . Il convient par ailleurs de faire très attention au délai de consommation et à la conservation
des aliments, qu’ils soient industriels o u faits maison. Après préparation ou après ouverture du pot, il
doit être conservé au réfrigérateur et consommé sous 48 h. On recommande d’éviter les produits
industriels comportant des arômes ajoutés, afin de ne pas influencer le goût des nourrissons de m anière
unilatérale. Les aliments maison peuvent faciliter l’accès à une alimentation équilibrée.
Boissons
Le lait maternel reste la boisson idéale pour un nourrisson et une composante essentielle de son
alimentation au moment de la diversification alime ntaire, ainsi que pour accompagner l’augmentation
des quantités d’aliments de complément. Dès que l’allaitement n’est plus possible, il convient de donner
au bébé une préparation pour nourrissons, ou une préparation de suite à partir du 7 e mois. La quantité
de boisson nécessaire est différente pour chaque nourrisson, et varie selon la saison et l’état de santé
de l’enfant. On recommande entre 800 et 1 000 ml par jour pour couvrir tous les besoins du nourrisson.
Au besoin, de l’eau peut être rajoutée au lait maternel ou aux aliments lactés pour nourrissons : en
Suisse, l’eau du robinet est de très bonne qualité et convient parfaitement . L es boissons sucrées, telles
que les jus et nectars de fruits, sont à éviter, car leur teneur en sucre est très élevée et elles peuvent
causer des problèmes dentaires.
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Lait de vache
Le lait de vache pur ( lait de consommation ou lait entier) est déconseillé durant les 12 premiers mois. Il
est néanmoins possible d’utiliser de petites quantités de lait de vache à partir du 7 e mois (au terme du
6e mois) pour la préparation des aliments de complément. De même, un aliment de complément peut
également comprendre de petites quantités de yaourt non sucré. À partir d’un an , les préparations pour
nourrissons et les pré parations de suite peuvent être remplacées par du lait de vache (lait entier).
Énergie
Entre 4 et 6 mois, un nourrisson double son poids de naissance et a par conséquent besoin d’un apport
énergétique et nutritionnel élevé. Les nourrissons ont des besoi ns énergétiques beaucoup plus élevés
que les adultes. En tre 4 et 12 mois, leurs besoins énergétiques moyens par kg de poids corporel sont
d’environ 80 -95 kcal par jour. Le lait maternel suffit parfaitement à couvrir ces besoins (associé à
l’introduction d es aliments de complément entre le 5 e et le 7 e mois) .
Gluten
La Commission de nutrition de la SSP recommande d’introduire des céréales contenant du gluten dans
les aliments de complément entre le 5 e et le 7 e mois. L’introduction précoce ou tardive de gluten dans
l’alimentation du nourrisson peut accroître le risque de cœliaquie. Par ailleurs, certaines études ont
constaté un lien entre l’allaitement et un risque moindre de cœliaquie, mais de nouveaux travaux ont
rem is en cause ces résultats. On manque d’éléments factuels afin d’élaborer des recommandations
spécifiques destinées aux familles présentant des antécédents de cœliaquie.
Alimentation végétarienne
Dans le cas d’une alimentation végétarienne , les nourrissons doivent également recevoir un apport en
lait suffisant (environ 500 ml/j), qu’il s’agisse du lait maternel ou d’une préparation pour nourrissons ou
d’une préparation de suite. Il faut aussi veiller à ce que l’apport en fer soit adapté.
Aliment ation vég étalienne
La vitamine B12 se trouve presque uniquement dans des aliments d’origine animale, et une alimentation
vég étalienne ne peut donc pas la fournir en quantité suffisante. Cette vitamine joue un rôle essentiel
dans l a formation du sang et le développement du cerveau. Une carence entraîne une anémie
macrocytaire et, partant, une atrophie cérébrale limitant considérablement le développement d’un
enfant. Par conséquent, une alimentation vég étalienne pour les nourrissons ne peut pas être
recomm andée. Les familles qui, pour des raisons éthiques, suivent un régime vég étalien doivent, pour
leurs nourrissons et enfants, recourir à un suivi par un médecin expérimenté et aux conseils de
spécialistes de la nutrition. Une supplémentation continue en vit amines B12 est impérative. Bien
souvent, une supplémentation en divers micronutriments (comme le fer) est nécessaire pour couvrir
tous les besoins du nourrisson.
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4. Prévention des allergies
Des études récentes montrent qu’en matière de prévention des allergies, les mêmes recommandations
peuvent être appliquées pour tous les nourrissons, indépendamment des antécédents familiaux
d’affection atopique.
Allaitement
Si de nombreuses études ont co nclu à un effet protecteur de l’allaitement sur la prévention des allergies,
d’autres, en revanche, n’ont pas pu le démontrer. Eu égard aux données actuellement disponibles, on
recommande pour les nouveau -nés et les nourrissons présentant un risque élevé d ’allergie, mais aussi
pour les autres, de poursuivre un allaitement exclusif pendant les premiers mois. Un régime alimentaire
préventif de la mère au cours de la grossesse ou de l’allaitement n’a aucun effet sur le nourrisson, et
n’est par conséquent pas r ecommandé.
Préparations spécifiques
Les débats sur l’utilité des préparations pour nourrissons et des préparations de suite partiellement ou
entièrement hydrolysées dans la prévention primaire des allergies ont conduit à des controverses. Des
études ont conclu qu ’un effet préventif était certes démontré pour la dermatite atopique , mais qu’il
demeurait très limité. Pour cette raison, les précédentes recommandations de la Commission de
nutrition de la SSP (Recommandations pour l’alimentation des nourrisson s 2009, 20(5):13 -15)
mentionnaient ces pré parations comme une option (« on peut utiliser »). Comme nous l’avons déjà
précisé dans la section 2 (Préparations pour nourrissons), de nouvelles analyses ne sont pas parvenues
à démontrer que ces produits avaient un effet préventif significatif. À l’instar d’autres comités d’experts,
la Commission de nutrition de la SSP estime ainsi que les données disponibles ne sont pas concluantes,
et ne recommande pas le recours à des préparations pour nourrissons ou à des pré parations de suite
partiellement ou entièrement hydrolysées pour la prévention primaire des allergies.
Introduction des aliments de complément
Il n’existe pas d’éléments factuels tendant à prouver que le fait d’éviter ou de retarder l’introduction de
den rées potentiellement allergènes parmi les aliments de complément donnés à un nourrisson permette
de réduire le risque d’allergie, quels que soient les antécédents familiaux d’affections atopiques. De
nouvelles études suggèrent au contraire qu’une alimentat ion variée au cours de la première année de
vie peut avoir un effet préventif primaire, et qu’une diversification alimentaire précoce n’a aucun impact
négatif, et peut même se révéler bénéfique. En se fondant sur ces éléments, la Commission de nutrition
de la SSP recommande pour tous les enfants, indépendamment des antécédents familiaux d’affections
atopiques, une introduction des aliments de complément entre le 5e mois et le 7e mois (soit après le
4e mois révolu et jusqu’à la fin du 6 e mois). Cette introdu ction doit se faire par étapes selon l’âge du
nourrisson et aboutir à une alimentation variée au terme de la première année de vie.
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Références
Veuillez consulter le rapport 2015 de la COFA
https://www.eek.admin.ch/eek/fr/home/pub/ernaehrung -in-den -ersten -1000 -lebenstagen -.html
et les références dans le corps du texte.
Figure 1 :
Informations complémentaires
Auteurs
Prof. Dr. med. Christian P. Braegger , Abteilung Gastroenterologie und Ernährung, Universitäts-Kinderspital Zürich - Eleonorenstiftung