L’alimentation infantile se caractérise par le passage de l’alimentation du nourrisson à la participation aux repas familiaux.
Auteure principale: Mathilde Kersting, Forschungsinstitut für Kinderernährung, Dortmund
En collaboration avec la Commission de nutrition de la Société Suisse de Pédiatrie: Dominique Belli, Christian Braegger (président), Roger Lauener, Celine Fischer-Fumeaux et les co-auteurs du rapport de la Commission fédérale de l’alimentation, COFA (Josef Laimbacher)
En collaboration avec l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) et la Société Suisse de Nutrition (SSN)
Recommandations pour l’alimentation des enfants âgés de 1 à 3 ans (2017)
Auteure principale: Mathilde Kersting, Forschungsinstitut für Kinderernährung, Dortmund
En collaboration avec la Commission de nutrition de la Société Suisse de Pédiatrie (Dominique Belli,
Christian Braegger (président), Roger Lauener, Celine Fischer -Fumeaux) et les co -auteurs du rapport
de la Commission fédérale de l’alimentation, COFA (Josef L aimbacher)
En collaboration avec l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) et
la Société Suisse de Nutrition (SSN)
1. Remarques préliminaires
L’alimentation infantile se caractérise par le passage de l’alimentation du nourrisson à la participation
aux repas familiaux. D ès la première année de vie, d ’importantes évolutions surviennent sur le plan
sensorimoteur et du point de vue de la physiologie nutritionnelle. L’acquisition des techniques
d’alimentation et la social isation sont deux phases d’évolution caractéristiques en ce qui concerne
l’alimentation des enfants en bas âge. On trouve dans la littérature spécialisée différents termes pour
désigner les enfants en bas âge (« enfants en âge de marcher », « jeunes enfant s », « enfants en bas
âge », etc .).
Pour des raisons pratiques, les recommandations ci -après concernent les enfants âgés de 1 à 3 ans.
Ce groupe d’âge correspond à la définition des enfants en bas âge dans la législation sur les denrées
alimentaires en Su isse et dans l’Union européenne. Comme les nourrissons, les enfants en bas âge
constituent une catégorie de population qui a des besoins alimentaires particuliers. Les valeurs de
référence DACH 1 pour les apports nutritionnels définissent le groupe d’âge « 1 à moins de 4 ans ».
Les valeurs de référence pour une « alimentation variée et équilibrée », concept développé en All e-
magne par le Forschungsinstitut für Kinderernährung (FKE), s’appuient également sur les valeurs de
référence DACH.
2. Alimentation et développement
2.1. Évolution des besoins alimentaires et nutritionnels
Chez l’enfant, les besoins alimentaires et nutritionnels évoluent avec les besoins énergétiques. Alors
que les besoins énergétiques totaux (kcal/jour) sont presque multipliés par de ux durant la première
1 DACH désigne les sociétés de nutrition allemande (D) , autrichienne (A) et suisse (CH) .
année de vie, ils n’augmentent plus que d’environ 50 % au cours de la petite enfance. Les besoins
énergétiques par kg de poids corporel connaissent une évolution inverse : ils atteignent leur maximum
pendant les premiers mois de vie, puis ne cessent de diminuer. Le métabolisme de base (dépense
énergétique au repos) correspond aux deux tiers environ des besoins énergétiques de l’enfant en bas
âge. Si l’activité physique, mesurée par le niveau d’activité physique (Physical Activity Level , ou PAL
en anglais) est faible, les besoins énergétiques totaux représentent 1,4 fois le métabolisme de base
(PAL 1,4), contre 1,6 fois dans le cas d’une activité physique modérée (PAL 1,6). Afin de prévenir dès
le plus jeune âge le surpoids et l’adiposité, les recommandations pour l’alimentation de la population
devraient se fonder sur une activité physique faible (PAL 1,4) chez l’enfant. C’est seulement pour les
nourrissons qu’il existe une relation directe entre les besoins énergétiques et la croissance.
Concernant la plupart des nutriments, les besoins de l’enfant évoluent de la même façon que ses b e-
soins énergétiques. Les valeurs de référence DACH donnent des indications pour les apports nutr i-
tionnels. Concernant les vitamines et les minéra ux, ces valeurs de référence comportent une marge
de sécurité afin que les apports nutritionnels recommandés s’appliquent à la quasi -totalité des pe r-
sonnes (2 écarts -types ou 97,5 %) dans chaque groupe. Concrètement, par exemple pour interpréter
un rapport nutritionnel destiné à établir un diagnostic, cela signifie que l’on peut s’attendre à un déficit
nutritionnel chez un enfant pour lequel les apports nutritionnels calculés sont inférieurs à la valeur
recommandée. Plus les apports effectifs sont inférieur s à la valeur recommandée, plus le risque de
déficit nutritionnel est élevé.
La densité nutritionnelle (apports nutritionnels rapportés aux apports énergétiques, exprimés par
exemple en mg pour 100 kcal) est donc un critère pertinent pour évaluer la quali té de l’alimentation du
point de vue de la physiologie nutritionnelle.
2.2. Développement sensorimoteur
Au cours des premières années de vie, le comportement alimentaire évolue selon trois phases cara c-
téristiques successives, qui sont étroitement liées a u développement neuromoteur et psychosocial.
Après la phase d’alimentation lactée (au sein ou au biberon) pendant les premi ers mois, et la phase
d’alimentation lactée et sous forme de bouillies à partir du 7 e mois, et dont fait partie l’auto –
alimentation ( « finger food »), suit, vers la fin de la 1 ère année, le passage progressif à l’alimentation
familiale. Durant cette phase, l’enfant gagne en autonomie sur le plan de la motricité et du langage : il
mange de manière plus indépendante et exprime de plus en plus ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas.
Vers la fin de la 1 re année de vie, presque tous les enfants savent boire dans un récipient et,
quelques mois plus tard, la plupart peuvent tenir eux -mêmes le récipient.
La capacité à mâcher des aliments solide s se développe au cours de la 2 e année. Elle est directement
liée à l’apparition des premières prémolaires. Ainsi, beaucoup d’enfants commencent à mâcher dès la
première année, d’autres seulement à l’âge de 2 ans. Dans le même temps, ils commencent à utili ser
la cuillère et à manger sans aide. La plupart ne savent utiliser la fourchette qu’à l’âge de 3 ans.
La plupart des enfants que l’on a accompagnés dans leur apprentissage alimentaire et que l’on a h a-
bitués, en temps opportun, à des consistances et des textures complexes, peuvent rejoindre la table
familiale vers l’âge de 2 ans. Leur nourriture doit encore être coupée en petits morceaux, écrasée ou
mixée. Il convient de faire attention aux aliments de petite taille et durs, tels que des noix, des mo r-
cea ux de carotte crue ou des bonbons : l’enfant risque de les avaler tout ronds et de s’étouffer.
2.3. Développement psychosocial
L’environnement social et l’interaction parents -enfant jouent un rôle central dans le développement du
comportement alimentaire durant les première années de vie. Dès l’âge de 2 ans, le lien dyadique
mère -enfant se renforce au cours des repas, et l’enfant interagit de plus en plus avec son environn e-
ment alimentaire. Au plus tard au début de la 2 e année, l’enfant souhaite, par exemple, manger en
compagnie d’autres personnes et avoir sa propre assiette.
Il ne faut pas le forcer à manger. L’apprentissage par imitation à la table familiale est souhaitable :
l’enfant peut ainsi observer comment ses parents et ses frères et sœurs utilisent une tasse ou un
verre pour boire, et manient le couteau, la cuillère et la fourchette. L’imitation et la socialisation sont
les deux leviers les plus importants de l’apprentissage chez le jeune enfant. Les personnes qui, par
leurs choix et leurs comportements alimentaires, servent de modèles, ont donc une grande respons a-
bilité en la matière.
Il est essentiel d’identifier les besoins d’autonomie de l’enfant. Un contrôle excessif de l’alimentation
de l’enfant, l’interdiction de certains aliments et l’utilisation de la nourriture comme une récompense
empêchent l’enfant de s’autoréguler. Il risque de manger n’importe quoi et de privilégier certains ali-
ment s, au détriment de la variété.
3. Recommandations pour l’alimentation : les principes fondamentaux
3.1. Le principe de base : une alimentation variée et équilibrée
Les recommandations nutritionnelles ne sont pas destinées directement aux familles. Elles doivent
servir à formuler des recommandations pour l’alimentation que la population sera à même de co m-
prendre. Il faut aussi tenir compte des habitudes alimentaires ancrées dans les trad itions et la culture.
L’objectif est de parvenir à un équilibre alimentaire général, et non pas de privilégier certains aliments,
tels que le lait, les légumes ou les fruits.
L’alimentation des enfants en bas âge doit reposer sur les mêmes principes que ceux qui s’appliquent
pour l’alimentation des enfants plus âgés, des adolescents et des adultes.
Les recommandations de la Société Suisse de Nutrition (SSN) pour l’alimentation des enfants rep o-
sent sur le principe d’une alimentation variée et équilibrée. Une alimentation variée est recommandée
pour les enfants en bas âge, de même que pour les enfants plus âgés et les adultes. Concernant les
enfants, le disque alimentaire suisse énonce des recommandations pour une alimentation équilibrée
ainsi que pour un comportement alimentaire favorable à la santé, avec cinq grands messages : de
l’eau, des fruits et des légumes, des repas réguliers, savourer avec tous ses sens, mang er varié ,
http://www.sge -ssn.ch/fr/ecole -et-formation/enseignement/materiel -didactique/disque -alimentaire/
3.2. Repas
L’intégration de tous les groupes d’ aliments appropriés pour une alimentation variée et équilibrée g a-
rantit des apports nutritionnels conformes aux recommandations (DACH). Le principe de base est une
alimentation omnivore qui met l’accent sur les produits d’origine végétale.
Des régimes ali mentaires sur 7 jours, avec 5 repas par jour, ont été élaborés à cette fin : 3 repas pri n-
cipaux et 2 collations . Les recommandations pour les repas sont pragmatiques : elles prennent en
compte l’alimentation quotidienne.
Ces modèles permettent de passer en douceur de l’alimentation du nourrisson à l’alimentation infantile
et familiale : l’alimentation au sein ou au biberon et l’alimentation sous forme de bouillies lait -céréales
sont progressivement remplacées, lors des rep as principaux, par du pain ou du muesli, du lait ou un
produit laitier et des fruits ou des crudités. Déjeuner : plat de légumes -pommes de terre -viande servi
chaud, avec des légumes ou des crudités, des pommes de terre, des pâtes ou du riz, de la viande 3 à
4 fois par semaine, du poisson 1 fois par semaine. Collations : les bouillies de fruits -céréales sont
progressivement remplacées par des fruit ou des crudités, du pain ou des flocons de céréales, et
éventuellement du lait ou un produit laitier. Chaque re pas est également accompagné d’une boisson
sans apport énergétique ni sucre.
4. Recommandations pratiques pour l’alimentation
4.1. Principaux messages et comparaison avec la réalité
En établissant, sur la base des modèles de repas correspondant à une a limentation variée et équil i-
brée, des groupes d’aliments appropriés dans la pratique et sur le plan de la physiologie nutritionnelle,
on peut communiquer des messages essentiels simples, qui guideront le choix des produits :
En abondance : boissons (sans apport énergétique ni sucre) et produits d’origine végétale (l é-
gumes, fruits, salade, produits céréaliers, pommes de terre)
En quantité modérée : produits d’origine animale (produits laitiers, viande, poisson, œufs)
Avec parcimonie : produits riches en mat ière grasse et en sucre (graisses comestibles, sucreries)
Les boissons et les produits d’origine végétale doivent représenter chacun environ 35 -40 % de
l’apport alimentaire total, les produits d’origine animale à peine 20 % et les produits riches en matièr e
grasse et en sucre 5 % au maximum.
En réalité, les enfants en bas âge boivent moins d’eau et consomment moins de légumes et de pr o-
duits céréaliers/pommes de terre, mais davantage de viande/charcuterie et de sucreries, que ce qui
est recommandé. Les reco mmandations sont de moins en moins suivies à mesure que l’enfant gra n-
dit.
Il est donc nécessaire d’inciter davantage la population, et tout particulièrement les familles avec de
jeunes enfants , à suivre les conseils pour une alimentation équilibrée qui sont donnés à titre préventif,
et de mettre davantage en avant les messages les plus importants, par exemple : privilégier l’eau,
consommer souvent des fruits et des légumes, manger ensemble régu lièrement.
4.2. Recommandations pour les groupes d’aliments
4.2.1. Choix des aliments
Voici quelques critères simples pour choisir les aliments :
Les v aleurs indicatives concernant les quantités en fonction de l’âge, pour les enfants de 2 ans , ont
été extrapolées à partir des modèles de repas correspondant à une alimentation variée et équilibrée
pour les enfants âgés de 4 à 6 ans. Les quantités ne sont pas précises, car les parents risqueraient de
mal interpréter ces informations et de les appl iquer de façon trop rigide.
Tout comme leur apprentissage alimentaire évolue à un rythme différent, les enfants en bas âge ne
consomment pas tous les mêmes quantités. Les études statistiques consacrées aux protocoles al i-
mentaires sur trois jours pour des enfants sains et se développant normalement (étude DONALD)
montrent que les « gros mangeurs » (le 90 e percentile) consomment quotidiennement environ deux
fois plus que les « petits mangeurs » (le 10 e percentile) du même âge. L’écart (P10 – P90) parmi le s
enfants âgés de 2 ans va d’environ 500 à 1 000 g par jour (moyenne : autour de 750 g). C’est la croi s-
sance en fonction du percentile qui est déterminante.
4.2.2. Boissons
Valeur indicative : 600 ml/jour
Les boissons devant être consommées en abondance, elles doivent être sans apport énergétique et
sans sucre. Les besoins en eau par kg de poids corporel sont encore plus grands chez les enfants en
bas âge que chez les enfants plus âgés. Dans le cadre d’une alimentation variée, l’apport en eau est
assuré à environ 50 % par des boissons sans apport énergétique (600 ml) et à 50 % par l’eau cont e-
nue dans des aliments tels que les légumes, les fruits ou le lait.
La boisson idéale est l’eau (eau du robinet, eau minérale). Les tisanes de plantes ou de fruits, sa ns
sucre, conviennent également. Une grande consommation de boissons sucrées (sodas, limonades,
sirops, jus de fruit) accroît le risque d’apport énergétique excessif et de dégradation de la qualité de
l’alimentation (diminution de la densité nutritionnelle ).
Recommandations pratiques : pendant et entre les repas, les enfants doivent consommer des boi s-
sons sans sucre et sans apport énergétique. En Suisse, il est recommandé de consommer l’eau du
robinet, qui peut être bue sans aucune restriction.
4.2.3. Fr uits et légumes
Valeur indicative : 400 g/jour, à raison d’environ 50 % de légumes et 50 % de fruits
Les fruits et légumes tiennent une place essentielle dans l’alimentation de l’enfant, car, avec une
faible teneur énergétique, ils contribuent à l’apport en vitamines, telles que la vitamine A (bêta –
carotène) et la vitamine C, ainsi qu’à l’apport en folates et en minéraux comme le potassium et le m a-
gnésium (faible densité énergétique et forte densité nutritionnelle). Ils renferment également de no m-
breuses substances bio -actives, par exemple des anti -oxydants et des flavonoïdes, qui sont bén é-
fiques pour la santé. Les légumineuses comme les petits pois, les pois mange -tout, les haricots, les
lentilles (frais ou secs, et à maturité) contribuent à l’apport en f ibres alimentaires, en minéraux (fer,
zinc , etc .) et en vitamines (vitamine B1, B6 , etc .).
Il est conseillé de profiter de la diversité des fruits et légumes disponibles, qu’il faudrait servir crus
aussi souvent que possible. Cela contribue de manière dé cisive à la diversité de l’alimentation et des
saveurs. Il faut aussi tenir compte des préférences de l’enfant en matière de fruits et de légumes. Par
exemple, la pomme reste un fruit très apprécié. Les enfants préfèrent souvent les légumes crus plutôt
que cuits. Si l’enfant refuse (catégoriquement) de manger certains aliments, tels que des légumes
relativement amers, il ne faut pas le forcer. C’est en lui présentant de façon répétée certains aliments,
dans une atmosphère détendue et agréable, que l’on pour ra vaincre peu à peu ses réticences. Les
enquêtes sur l’alimentation montrent que les enfants en bas âge consomment, en moyenne, à peu
près les quantités de fruits recommandées. En effet, ils apprécient le goût sucré des fruits. Les no u-
veau -nés manifestent déjà cette préférence pour le sucré. En revanche, les enfants ne consomment
qu’environ la moitié des quantités de légumes recommandées. Beaucoup de légumes, par exemple
les salades aux feuilles vert foncé, ont un goût légèrement amer que les enfants n’app récient souvent
pas, mais qu’ils acceptent mieux à mesure qu’ils grandissent .
Recommandations pratiques : proposer à chaque repas des légumes et des fruits, et souvent crus ;
couper les aliments en petits morceaux pour que l’enfant puisse les manger plus facilement ; proposer
de façon répétée l’aliment pour que l’enfant finisse par accepter d’y goûter ; les légumineuses offrent
des apports nutritionnels intéressants.
4.2.4. Produits céréaliers et pommes de terre
Valeur indicative : 200 g/jour, environ 50 % de pain/flocons de céréales et 50 % de pommes de
terre/pâtes/riz
Les céréales complètes apportent plus de minéraux (fer, zinc, etc.) , de vitamines (vitamine B1, B6…)
et surtout des fibres alimentaires. Elle s rassasient plus longtemps (en libérant de l’insuline plus lent e-
ment). Il est conseillé d’associer des fibres alimentaires, de préférence insolubles, contenues dans les
céréales (cellulose) et des fibres alimentaires solubles, issues des fruits et légumes (pectine), car une
alimentation riche en fibres a des effets bénéfiques sur la santé.
Les produits céréaliers consommés doivent, de préférence, inclure au moins 50 % de céréales co m-
plètes. Cependant, l’alimentation des enfants ne suit toujours pas cette recommandation.
Les flocons d’avoine (gros ou fins) sont dans tous les cas des produits céréaliers complets. En r e-
vanche, la plupart des céréales du petit -déjeuner qui sont le plus appréciées par les enfants contie n-
nent peu de céréales complètes et beauc oup de sucre.
Recommandations pratiques : pour augmenter progressivement la part des céréales complètes, on
peut proposer du muesli en associant, par exemple, des flocons d’avoine et d’autres céréales pour le
petit -déjeuner (avec du lait et des fruits), ou un sandwich associant du pain complet et du pain blanc,
ou des pâtes ou du riz complets avec des pâtes ou du riz non complets.
4.2.5. Lait et produits laitiers
Valeur indicative : 300 g d’équivalent lait/jour, soit 300 g de lait ou 300 g de yaourt ou 9 0 g de fr o-
mage.
Le lait est très riche en protéines de qualité. En Europe, le lait constitue la principale source de ca l-
cium et de vitamine B2 dans l’alimentation infantile, et la deuxième source d’iode après le sel de cu i-
sine (fluoré).
Le lait de vache (lait entier contenant au moins 3,5 % de matières grasses, ou lait partiellement écr é-
mé contenant 2,7 % de matières grasses) doit être la norme pour l’alimentation infantile. La poursuite
de l’alimentation lactée pour nourrissons (préparat ions pour nourrissons ou de suite) ou de
l’alimentation avec un lait de croissance de composition analogue n’a aucun effet bénéfique.
Recommandations pratiques : du lait et des produits laitiers doivent être proposés aux repas princ i-
paux, ainsi que des pr oduits céréaliers et des fruits/crudités, et éventuellement en complément lors
des collations ; si l’enfant n’aime pas boire du lait pur, on peut mélanger au lait un peu de poudre de
cacao.
4.2.6. Viande, poisson, œufs
Valeurs indicatives : 30 g/jour de v iande/charcuterie ; du poisson 1 à 2 fois/semaine ; 1 à 2
œufs/semaine
La viande, le poisson et les œufs sont très riches en protéines de qualité. De plus, la viande et le poi s-
son constituent de bonnes sources de fer et de zinc : la biodisponibilité des m inéraux qu’ils contie n-
nent est plus élevée que dans les produits d’origine végétale tels que les céréales ou les légum i-
neuses. La viande rouge (bœuf, agneau , par exemple ) contient davantage de fer que la viande
blanche (volaille, porc). Il est recommandé de consommer des poissons de mer car ils contiennent
non seulement de l’iode, mais aussi des acides gras oméga -3 poly -insaturés à longue chaîne. Les
œufs apportent princi palement de la vitamine A, de la niacine et des folates.
Recommandations pratiques : la viande, le poisson et les œufs sont intéressants pour leurs apports
en minéraux, mais, étant donné leur forte teneur en énergie et en protéines, ils doivent être conso m-
més avec modération.
4.2.7. Graisses comestibles
Valeur indicative : 20 g/jour, de préférence des huiles végétales
En privilégiant les huiles végétales, on peut limiter la part des graisses comestibles saturées, au profit
des graisses comestibles insaturées, ce qui correspond à la structure des acides gras recommandée.
L’huile de colza et l’huile d’olive sont particuli èrement riches en acides gras insaturés simples. En
outre, l’huile de colza contient des acides gras insaturés complexes : de l’acide linoléique (oméga -6)
et de l’acide linoléique alpha (oméga -3), dans des proportions équilibrées.
Recommandations pratiques : en raison de leur forte teneur énergétique, les graisses comestibles
doivent toujours être utilisées avec parcimonie. Pour la préparation des repas, il faut employer comme
graisses comestibles principalement de l’huile de colza et de l’huile d’olive, et limiter la part des
graisses solides, telles que le beurre.
4.2.7. Sucreries, pâtisseries, snacks
Valeur indicative : au maximum 10 % des apports énergétiques, soit 115 kcal/jour
Pour ce groupe d’aliments, aucun moyenne journal ière n’est indiquée car la densité énergétique (qui
dépend de la teneur en graisses et en eau) de ces aliments, et donc les portions, varie considérabl e-
ment d’un aliment à l’autre (115 kcal correspond à environ 30 g de confiture, 20 g de pâte à tartiner
au x noisettes/chocolat, 10 chips).
Du point de vue de la physiologie nutritionnelle, les autres sucres comme le sucre brun, le miel et les
jus contenant des morceaux de fruits, par exemple le birnel (sirop concentré de jus de poire ) ou le
sirop d’érable, n e présentent aucun avantage par rapport au sucre raffiné (saccharose).
Recommandations pratiques : afin de ne pas encourager la préférence pour le sucré que manifestent
la plupart des enfants en bas âge, il ne faut donner des sucreries que de manière occasionnelle, et
pas comme une récompense.
4.3. Apports en nutriments
Une alimentation variée et équil ibrée, ainsi que l’emploi d’aliments traditionnels non enrichis, comme
recommandé, permet de respecter l es valeurs de référence DACH pour les apports en nutriments
chez le jeune enfant, exception faite de la vitamine D. En Suisse, une supplémentation en vi tamine D
(600 UI/jour) est recommandée pour les enfants prédisposés ou qui ne sont pas suffisamment exp o-
sés au soleil (crème solaire à haut indice de protection). L’utilisation recommandée d’un sel de table
iodé (et fluoré) assure un apport suffisant en io de.
Dans le cadre d’une alimentation variée et équilibrée, les aliments à forte teneur nutritionnelle qui sont
recommandés assurent 100 % des apports en nutriments (vitamines, minéraux), mais seulement 90 %
des apports en énergie. Les aliments à faible te neur nutritionnelle, tels que les sucreries ou les
snacks, peuvent donc représenter jusqu’à 10 % des apports énergétiques restants, sans que les a p-
ports nutritionnels ne soient compromis.
Les recommandations pour les apports nutritionnels dans le cadre d’ une alimentation variée et équil i-
brée comportent une marge de sécurité. Un apport nutritionnel supplémentaire, par exemple des pr o-
duits pour nourrissons ou des produits enrichis, est par conséquent inutile pour couvrir les besoins de
la quasi -totalité des individus dans chaque groupe.
4.4. Alimentation végétarienne
L’alimentation végétarienne regroupe différentes formes d’alimentation : lacto -ovo -végétarienne (sans
viande ni poisson provenant d’animaux abattus), lacto -végétarienne (sans viande ni poisson, et sans
œufs) et vég étalienne (sans viande ni poisson, et sans œufs, ni lait et autres produits d’origine an i-
male).
Il ressort des études menées auprès d’adultes que l’alimentation végétarienne est associée à un
mode de vie plus sain. L’amélioration de l’état de santé général qui a été rapportée dans le cas des
végétariens ne peut donc pas s’expliquer uniquement par l’alimentation. Étant donné qu’elle fait la part
belle aux aliments d’origine végétale, l’alimentation omnivore recommandée pour les enfants offre, en
principe, tous les bienfaits potentiels de l’alimentation végétarienne du point de vue de la santé. C’est
principalement pour les enfants en bas âge que se pose la question d’un apport nutritionnel suffisant
dans le cas d’une alimentation végéta rienne.
Sans viande ni poisson, l’apport en protéines doit rester élevé. Cependant, il faut alors, pour rempl a-
cer le fer contenu dans la viande et le poisson, consommer des produits dont la biodisponibilité est
élevée (environ 20 %). Cela nécessite de bie n connaître les aliments pour associer des produits riches
en fer d’origine végétale, tels que des céréales complètes (flocons d’avoine) et des produits riches en
vitamine C, comme les fruits/crudités, afin d’accroître la biodisponibilité du fer végétal (e nviron 5 %).
Du muesli préparé avec des flocons d’avoine, des fruits et du lait, du pain complet et des crudités, ou
un gratin de pâtes complètes avec du poivron, répondent aux critères d’une bonne alimentation.
L’alimentation v égétalienne entraîne une c arence en vitamine B12, car les aliments d’origine végétale
ne contiennent pas cette vitamine. Chez les jeunes enfants, une telle carence peut provoquer des
désordres neurologiques irréversibles , raison pour laquelle l’alimentation vég étalienne nécessite une
supplémentation en vitamine B12. D’autres nutriments sont essentiels dans l’alimentation vég éta-
lienne : vitamine D, iode, calcium, fer, et, le cas échéant, protéines (l’association de céréales et de
légumineuses améliore la qualité des proté ines).
Recommandations pratiques : une alimentation lacto -ovo -végétarienne équi librée est acceptable pour
les enfants en bas âge, à condition de bien connaître les aliments. Une alimentation vég étalienne
nécessite impérativement un suivi médical (et, péri odiquement, des analyses en laboratoire), un suivi
par un nutritionniste, une supplémentation en vitamine B12 et, au besoin, l’apport d’autres nutriments.
4.5. Repas pris à l’extérieur
Les structures telles que les crèches ou les jardins d’enfants accueillent des enfants de toutes origines
sociales et culturelles. Une prise en charge optimale dans ces structures peut largement contribuer à
la promotion de la santé (prévention) parmi les catégories de population qu’il est difficile d’atteindre.
Les mêmes recommandations que pour l’alimentation familiale s’appliquent pour ces structures. Les
3 repas principaux et les 2 collations par jour qui sont recommandés correspondent à une alimentatio n
familiale et à une alimentation à l’extérieur appropriées. Les particularités culturelles, par exemple
dans le cas des enfants venant de familles d’immigrés, peuvent en principe être prises en compte
dans le cadre des recommandations générales pour l’ali mentation.
4.6. Particularités culturelles
Les habitudes alimentaires sont enracinées dans les traditions et la culture. Les recommandations
générales pour l’alimentation doivent prendre en compte les traditions, et notamment les prescriptions
religieuses , des familles issues d’autres cultures, par exemple en ce qui concerne la façon dont les
repas sont pris, les types d’aliments qui sont consommés et leur mode de préparation.
En général, les familles d’immigrés présentes depuis plus longtemps dans le pay s d’accueil (depuis
deux ou trois générations) ont renoncé à leurs traditions alimentaires, par exemple à l’alimentation
méditerranéenne, bonne pour la santé car riche en fruits et légumes , au profit des modèles alime n-
taires occidentaux souvent moins sains . En dialoguant avec les familles qui avaient l’habitude de vivre
dans des conditions d’hygiène laissant à désirer, on peut les rassurer sur la qualité de l’eau de boi s-
son.
Certaines religions ont des prescriptions particulières en matière d’alimentation. Par exemple, certains
aliments sont interdits ou doivent être produits d’une façon spécifique. Ainsi, l’islam interdit la co n-
sommation de viande de porc, jugée nocive pour la santé car elle contiendrait des parasites. De plus,
les animaux doivent être aba ttus selon un certain rituel, afin que la viande soit considérée comme
« halal » et sa consommation autorisée. Ces prescriptions peuvent différer en fonction des courants
religieux ou des écoles coraniques.
Le mois de jeûne (« Ramadan »), l’un des cinq piliers de l’islam, s’accompagne de prescriptions part i-
culières en matière d’alimentation. Ce jeûne est prescrit durant le 9 e mois du calendrier islamique (ca l-
culé d’après la position de la lune ) : toute nourriture, notamment, est interdite entre le lever et le co u-
cher du soleil. Les enfants, principalement, qui ne peuvent pas encore décider eux -mêmes de suivre
ou non ce jeûne reposant sur des motifs religieux, ne sont pas tenus de jeûner. En général,
l’interdiction de toute boisson pendant le jeûne pose part iculièrement problème dans le cas des e n-
fants, qui ont des besoins en eau (par kg de poids corporel) plus grands que ceux d’un adulte, surtout
les enfants en bas âge.
Recommandations pratiques : les particularités culturelles en matière d’alimentation son t compatibles
avec une alimentation variée et équilibrée pour les enfants. Il faudrait insister sur les bienfaits de la
cuisine méditerranéenne traditionnelle dans les familles d’immigrés d’origine méditerranéenne, et
formuler des recommandations pour l’al imentation en Suisse, par exemple en encourageant la co n-
sommation de céréales complètes. Si les familles et les personnes qui s’occupent d’enfants disposent
de suffisamment de connaissances en matière d’alimentation, elles peuvent compenser les carences
alimentaires qui découlent des interdits religieux concernant la consommation de tel ou tel aliment,
comme certaines viandes. Le jeûne, en particulier l’interdiction de toute boisson pendant cette p é-
riode, ne convient pas pour des enfants.
Références
Veuillez consulter le rapport 2015 de la COFA.
https://www.eek.admin.ch/eek/fr/home/pub/ernaehrung -in-den -ersten -1000 -lebenstagen -.html
Informations complémentaires
Auteurs
Prof. Dr. med. Christian P. Braegger , Abteilung Gastroenterologie und Ernährung, Universitäts-Kinderspital Zürich - Eleonorenstiftung