Cela fait déjà plus de 20 ans que la richesse en cellules souches hématopoïétiques du sang foeto-placentaire, correspondant au sang foetal restant dans le cordon ombilical et le placenta après la naissance du nouveau né (cord blood, CB) a été mise en évidence. Cette découverte a rendu possible d’utiliser cette nouvelle source de cellules souches hématopoïétiques pour effectuer la première greffe de CB chez un enfant atteint d’anémie de Fanconi, patient qui est toujours en vie à ce jour, inaugurant ainsi une nouvelle ère.
F o r t b i l d u n g / F o r m a t i o n c o n t i n u e
52
Vol. 21 No. 5 2010
Il y a trois situations particulières à discu-
ter: le don du sang ombilical anonyme pour
une banque publique, le don dirigé, prévu
pour un membre de la famille atteint d’une
maladie pouvant nécessiter une greffe de
CSH et le don privé pour une utilisation
autologue (donc pour soi-même).
Définitions
Greffe allogénique: greffe de CSH d’une
personne à une autre. Greffe autologue:
greffe de CSH d’une personne pour elle-
même. Greffe syngénique: greffe de CSH
d’un donneur jumeau univitellin.
Donneur apparenté: donneur provenant de
la même famille que le receveur; les chances
d’avoir un donneur compatible HLA parmi la
fratrie est de 25%, les donneurs compatibles
familiaux fournissent les meilleurs résultats.
Néanmoins vu la taille des familles, souvent
restreinte à 1–2 enfants en Europe occiden-
tale, la probabilité d’identifier des donneurs
parmi la fratrie est faible.
Donneur non-apparenté: donneur ne prove-
nant pas de la même famille que le receveur.
Des registres de donneurs non-apparentés
ont été créés dans les années 90 pour
fournir une nouvelle source de CSH aux
patients qui n’ont pas de fratrie compatible.
En utilisant les méthodes modernes de la ty-
pisation HLA à haute résolution, les résultats
des greffes avec des donneurs non-appa-
rentés s’approchent de ceux effectués avec
des donneurs de la fratrie ou apparentés.
En général, vu la distribution des antigènes
HLA, on peut espérer trouver un donneur
compatible pour 50–60% des patients. Ces
probabilités varient selon l’ethnie du patient.
Sources de CSH
Moëlle osseuse: récolte après anesthésie
générale du donneur, par multiples ponc-
tions de l’os iliaque.
Sang périphérique: mobilisation de CSH
provenant de la moelle vers le sang par in-
jection sous-cutanée préalable de facteurs Introduction
Cela fait déjà plus de 20 ans que la richesse
en cellules souches hématopoïétiques du
sang foeto-placentaire, correspondant au
sang fœtal restant dans le cordon ombi-
lical et le placenta après la naissance du
nouveau né (cord blood, CB) a été mise
en évidence. Cette découverte a rendu
possible d’utiliser cette nouvelle source de
cellules souches hématopoïétiques pour
effectuer la première greffe de CB chez un
enfant atteint d’anémie de Fanconi, patient
qui est toujours en vie à ce jour, inaugurant
ainsi une nouvelle ère
1), 2).
La greffe de cellules souches hématopoïé –
tiques est un traitement fréquemment
utilisé (en 2008: 27
0
00 patients greffés en
Europe dont 11
0
00 par greffe allogénique
et 16
0
00 par greffe autologue) pour traiter
des hémopathies bénignes et malignes et
en pédiatrie également des troubles mé –
taboliques et immunitaires. Les cellules
souches hématopoïétiques (CSH) provien-
nent de la moelle osseuse ou du sang
périphérique après leur mobilisation par
des facteurs de croissance. La découverte
de cellules souches dans le sang foeto-pla-
centaire a mis à disposition une troisième
source de CSH. La raison de cette richesse
s’explique probablement par la préparation
du foetus à la vie après la naissance avec
une expansion de ces cellules. Les CSH du
sang foeto-placentaire correspondent à
des CSH adultes: elles sont multipotentes,
se différencieront en toutes les cellules du
système lympho-hématopoïetique, mais ne
correspondent pas à des cellules souches
totipotentes fœtales qui elles peuvent se
différencier en tout types de cellules com-
posant le corps humain. Cette distinction
est importante vu les discussions récentes
dans les médias concernant l’utilisation
ou non de cellules souches fœtales en
recherche.
La récolte de CSH du sang foeto-placentaire
se pratique à la naissance, après section du
cordon ombilical, par ponction des vaisseaux
ombilicaux, avant ou après délivrance du
placenta, et elle est sans danger pour la mère
comme pour le nouveau né. La technique n’est
pas difficile à apprendre et des kits sont mis
à disposition pour les obstétriciens en cas de
besoin. Après récolte du sang foeto-placen-
taire (approximativement 100–150 ml), les
cellules sont transportées au laboratoire dans
une poche contenant de l’anticoagulant.
Au laboratoire le contenu est mesuré en cel-
lules nucléées et en cellules souches (CD34+)
et analysé pour exclure un risque infectieux
3).
Avant la récolte, la mère a été testée pour dif-
férents marqueurs infectieux et a été déclarée
apte au don sur la base d’un questionnaire
d’aptitude (questionnaire utilisé dans tous les
centres de transfusion sanguine modifié sur
certains points spécifiques). Les cellules sont
typisées HLA (human leukocyte antigens)
pour définir le phénotype de compatibilité
tissulaire et, après réduction de volume et de
globules rouges, elles sont cryoconservées
dans de l’azote liquide. La poche contenant
les cellules est anonymisée avant la mise
en banque. Les banques publiques mettent,
une fois les résultats de ce bilan réunis, les
cellules du sang ombilical à disposition pour
une greffe. Les données concernant ces
cellules cryoconservées sont gérées par des
registres nationaux, en Suisse par la SBSC
(Swiss blood stem cells, www.bloodstemcells.
ch) qui travaille en réseau avec les autres pays
par le biais de la WMDA (world marrow donor
association, www.worldmarrow.org).
Les cellules souches du sang du cordon
ombilical
Jakob R. Passweg *, Yves Chalandon *, Thomas Lehmann ** , Vincent Kindler *,
André Tichelli
**
* Service d’hématologie, Hôpitaux Universitaires de Genève
**
Diagnostisc
he Hämatologie, Uni\àversitätsspital Ba\àsel
Moelle Cellules souches
périphériquesCordon ombilical
Récolte
Anesthesie
générale Par aphérèse Récolte facile
Cellules nuclées
(pour patient moyen) 3 x 10 8/kg
9 x 10 8/kg 0.3 x 10 8/kg
CD34+
(cellules souches) 2.8 x 10 6/kg 7 x 10 6/kg0.2 x 10 6/kg
Lymphocytes T 2.2 x 10 7/kg 27 x 10 7/kg 0.4 x 10 7/kg
Tableaux 1: Caractéristiques des greffons en comparant les différentes sources de cellules souches
53
F o r t b i l d u n g / F o r m a t i o n c o n t i n u e Vol. 21 No. 5 2010
Pour comparaison les réseaux des donneurs
adultes de cellules souches enregistrés dé-
nombrent, dans le monde entier, 14
0
00
0
00
de donneurs.
Le sang foeto-placentaire présente un autre
avantage par rapport aux donneurs de CSH
non apparenté adultes. En effet, dans ces
derniers les ethnies caucasiennes sont surre-
présentées et il est parfois difficile d’identifier
un donneur compatible pour les minorités
ethniques en raison de la diversité des anti-
gènes HLA associée à l’ethnicité. Par contre
les maternités des grandes villes desservent
plus fréquemment une population composée
de personnes ayant une origine ethnique aty-
pique, offrant dès lors un plus grand choix de
compatibilité pour ces minorités, ce d’autant
plus facilement que cette source de CSH
nécessite une compatibilité moindre.
Don dirigé pour un membre de la
famille
En pédiatrie, il n’est pas rare que la mère
d’un enfant atteint d’une hémopathie
m
aligne soit enceinte d’un deuxième bébé.
Dans ce cas les CSH du CB du nouveau-né
en devenir seront mises en banque mais,
de croissance hématopoïétiques. Récolte
de ces CSH après 4–5 jours d’infusion, par
aphérèse (circulation extracorporelle).
Sang foeto-placentaire: récolte du sang
foeto-placentaire à la naissance du bébé
après avoir coupé le cordon ombilical.
Indications à la greffe
La liste des indications à la greffe allogénique
ou autologue est longue et inclut différents
types d’hémopathies malignes comme des
leucémies et des néoplasies lymphoïdes, des
maladies non-malignes comme l’aplasie mé-
dullaire, une panoplie de maladies congéni-
tales, un déficit cellulaire (immunodéficience
congénitale, hémoglobinopathies) ou encore
un déficit métabolique qui sera corrigé par
l’apport de CSH saines ne possédant pas le
déficit en question. La Société européenne de
greffe de moelle (EBMT) publie régulièrement
des listes avec les indications reconnues
4).
Avantages et inconvénients des
CSH du cordon ombilical
Les avantages sont que les cellules sont
déjà congelées et donc disponibles plus
rapidement que les CSH d’un donneur
adulte. Vu leur immaturité, les CSH du
CB induisent moins de rejet dirigé vers le
patient (maladie de greffe contre l’hôte)
et par conséquence des incompatibilités
HLA sont plus facilement tolérées. De plus,
elles ont une capacité de prolifération aug-
mentée comparée aux CSH d’un donneur
adulte. On peut trouver des donneurs de
CB «compatibles» pour des patients qui
n’ont pas de donneur adulte compatible par
typisation HLA à haute résolution.
Parmi les désavantages, il faut mentionner
le risque élevé de rejet des CSH du CB à
cause de la dose de CSH moindre compa-
rée à celle obtenue à partir d’un donneur
adulte. La reconstitution immunitaire est
lente ce qui est associé à un risque infec-
tieux accru comparé aux CSH provenant
de donneurs adultes
(tableaux 1 et 2). En
cas de rechute ou de rejet, on ne peut pas
réutiliser le même donneur.
Don anonyme pour une banque
publique
Il existe actuellement en Suisse deux
banques de CSH du cordon ombilical, à Bâle
et à Genève. En revanche il y a en Suisse
pour le moment cinq centres (maternités)
qui collectent des CSH du cordon ombilical:
Berne, Tessin, Liestal, Bâle et Genève).
Les parturientes sont recrutées par les
maternités respectives. Le processus de
recrutement est strictement contrôlé, les
banques sont sous supervision de l’ OFSP
(Office fédéral de la santé publique). Les
CSH sont congelées suite à un algorithme
strict avec un contrôle de qualité strict. De
manière générale, sur quatre parturientes
aptes au don recrutées, deux sont retenues
et finalement une seule poche est mise en
banque. Les poches sont anonymisées et
congelées dans de l’azote liquide et peuvent
y demeurer durant de nombreuses années
sans perdre leur fonctionnalité (la durée
maximale de stockage n’est par connue). Les
causes d’exclusion sont multiples: critères
d’exclusion de la donneuse mentionnés plus
haut, surcharge du laboratoire en passant
par un nombre insuffisant de cellules. Dans
le monde entier plus de 450
0
00 unités,
réparties dans plus de 100 banques sont à
disposition des médecins greffeurs (www.
bmdw.org). Ces banques travaillent en ré-
seau et fournissent les centres de transplan-
tation du monde entier, constituant ainsi une
source additionnelle de cellules souches.
Cellules souches du donneur adul\pte
non apparenté Cordon ombilical
Don sous anesthésie générale ou après
injection de facteurs de croissance Aucun risque ni pour la maman ni pour
le nouveau né
Quantité de cellules souches importante,
prise de greffe rapide Quantité de cellules souches faible,
prise de greffe lente, aplasie prolongée
Durée de recherche pour identifier un
donneur et organiser une greffe: 3–4
mois Mise à disposition rapide des cellules
parce que déjà cryoconser vées
Le donneur identifié peut refuser le don
ou être inapte au don pour des raisons
médicales Les cellules cryoconservées ne deman-
dent pas de processus pour déterminer
l’aptitude au don
Le donneur peut donner une deuxième
fois des cellules souches ou des lympho –
cytes T pour immunothérapie adoptive Pas de deuxième don possible
Après récolte des CSH, organisation
méticuleuse de transport et de
transplantation Les CSH peuvent rester cryoconservées
> 10 ans
Besoin de compatibilité de 9/10 voir
10/10 allèles HLA-A, B, C, DR, DQ Une compatibilité HLA élevée est moins
importante
Haplotypes HLA rares peu fréquents Haplotypes HLA rares fréquents parce que ciblage facile de minorités
ethniques
Tableaux 2: Avantages et désavantages de cellules souches provenant du cordon ombilical
et de donneurs adult\àes non apparentés
F o r t b i l d u n g / F o r m a t i o n c o n t i n u e
54
Vol. 21 No. 5 2010
solidarité d’une banque publique mise à
disposition de toute personne qui en né –
cessiterait.
Malgré ces faits, les banques privées fleu-
rissent un peu partout dans le monde. Le
nombre d’unités de CB congelés par les
banques privées dépasserait le million
représentant le double du nombre d’unités
congelées dans les banques publiques
6), 7).
Par contre le nombre de greffes effectuées
avec des cellules souches autologues prove-
nant du cordon ombilical conservées par des
banques privées est très faible et en partie
les indications doivent être considérées
comme douteuses. Les banques autologues
sont illégales en Italie et en Espagne.
Résultats des greffes à partir de
cellules souches provenant du
cordon ombilical des banques
anonymes
Depuis l’introduction des banques de CSH
de sang foeto-placentaire, le nombre de
greffes en Europe s’est établi aux environs
de 700 par an
8). Durant la dernière décen-
nie, 20% des greffes de CSH effectuées
chez les enfants ou les adolescents ont
utilisé du sang de cette provenance.
Malgré le pourcentage élevé de CSH dans le
sang du cordon ombilical, la quantité totale
est faible et limite l’utilisation chez les patients
adultes
9), 10) . La stratégie utilisée pour diminuer
le risque de rejet dans ces conditions provo-
quée soit par un nombre de CSH trop faible,
soit à par un nombre d’incompatibilités HLA
trop important, est de combiner 2 unités de CB
lors de la greffe. Cette méthode parait dimi-
nuer le risque de rejet mais par contre semble
augmenter le risque de maladie du greffon
contre l’hôte. On observe un effet de dose
de CSH et du nombre d’incompatibilités HLA
qui vont à l’encontre l’un de l’autre. D’un côté,
un nombre plus important de CSH permet
de tolérer plus d’incompatibilités, de l’autre,
une bonne compatibilité permet de tolérer un
nombre de CSH moins important. De ce fait,
la greffe des patients adultes avec des CSH
de sang foeto-placentaire est en constante
augmentation.
Par ailleurs cette source de CSH engendre tou-
jours une certaine controverse en Europe, qui
est d’autant plus évidente si l’on considère que
16% des greffes en France sont effectuées
avec des CSH du CB mais que par contre
seulement 1% des greffes en Allemagne utilise
cette source. La Suisse avec 9% représente
comme souvent un «juste» milieu
8).
cette fois-ci pas de façon anonyme mais
attitrées à l’enfant malade. Cette activité
est distincte de la banque publique. Même
si l’enfant malade est en rémission de sa
maladie les cellules restent congelées afin
d’être disponibles en cas de rechute
5).
Il existe une situation particulière lorsque
les parents désirent concevoir un enfant
qui serait compatible avec leur enfant souf-
frant d’une hémopathie nécessitant une
greffe de CSH pour pouvoir le guérir. Ceci
est rarement possible dans les cas d’hémo-
pathies malignes en raison de l’urgence du
traitement, mais dans le cadre d’une ma-
ladie congénitale où la greffe n’est pas ur-
gente ceci peut se discuter. Cette pratique
de FIV (fécondation in vitro) et de sélection
d’embryon qui soit HLA-compatible et ne
présentant pas la maladie en question n’est
pas légale en Suisse mais peut s’effectuer
dans certains pays étrangers.
Don et mise en banque
autologue
Le don de cellules souches autologues du
cordon ombilical pour utilisation de ces
CSH à des fins propres n’est pas remboursé
par les assurances et de nombreuses banques privées mettent à disposition ce
service contre rémunération. La commu-
nauté médicale, les sociétés de greffe de
moelle ainsi que les obstétriciens et les
pédiatres se sont prononcés à plusieurs
reprises contre cette activité pour les rai-
sons suivantes: L’incidence des maladies
qui nécessitent une greffe est très faible
chez les enfants. La majorité des greffes
pédiatriques sont des greffes allogéniques
où la «réser ve» de cellules autologues
n’est pas utile. Quand une greffe auto –
logue est indiquée en pédiatrie, les CSH
sont mobilisées au moment voulu par les
techniques appropriées et le nombre de pa-
tients en échec de mobilisation est faible.
La promesse engendrée par la publicité
des banques privées est que ces cellules
seraient utiles ultérieurement pour toutes
sortes de traitements dits de médecine
régénérative. On évoque entre autre le
diabète, l’insuffisance cardiaque, l’insuf-
fisance hépatique; mais ceci est encore
très spéculatif et, même si la recherche en
médecine régénérative avance à grand pas,
il n’y a encore aucune utilisation clinique
disponible à ce jour. Finalement la mise
en banque autologue est perçue comme
un acte qui va à l’encontre du principe de
Figure 1 : Survie sans leucémie à 5 ans, d’enfants atteints de leucémie aiguë, greffés avec
des CSH du sang de cordons ombilicaux ou avec de la moelle osseuse, ajusté pour le stade
de la maladie, par compatibilité HLA et par nombre de cellules dans le greffon. (Avec per-
mission du Lancet
11), A: moelle, HLA compatible; B: moelle, HLA incompatible; C: CB, HLA
compatible; D: CB, HLA incompatible sur 1 antigène, dose faible ( ≤
0
.3 x 10 8/kg cellules
nucléées); E: CB, HLA incompatible sur 1 antigène, dose élevée (>
0
.3 x 108/kg cellules
nucléées); F: CB, HLA incompatible sur 2 antigènes.
Adjusted Probability, %
100
0
20 40 60 80 A
B
C
D
E
F
Years: 0
12 34 5
Line A:
Line A:
116
116
62
62
45
45
35
35
29
29
24
24
Line C:
Line C:
35
35
20
20
17
17
13
13
11
11
8
8
Line D:
Line D:
44
44
19
19
13
13
12
12
10
10
6
6
Line E:
Line E:
157
157
72
72
55
55
44
44
32
32
25
25
Line F:
Line F:
267
267
100
100
67
67
49
49
34
34
21
21
Leukemia-free Survival
Line B: 166
7760 5344 30
55
F o r t b i l d u n g / F o r m a t i o n c o n t i n u e Vol. 21 No. 5 2010
De nombreuses études ont comparé les résul-
tats de la greffe utilisant des CSH d’un adulte
avec celles d’un cordon ombilical. Ces com-
paraisons sont difficiles à interpréter parce
que le nombre de CSH est toujours supérieur
pour les donneurs adultes, et le nombre d’in-
compatibilités HLA plus élevé pour les CSH du
CB. Il est probablement correct d’interpréter
les données de la façon suivante: une greffe
de CSH à partir d’un CB a un plus grand risque
d’être rejetée et de laisser le patient avec une
moelle peu fonctionnelle après traitement
à haute dose par chimiothérapie ou chimio-
radiothérapie. L’effet anti-tumoral, le «graft
versus leukemia effect» est probablement
équivalent entre le CB et le donneur adulte,
le risque du rejet inverse, c’est-à-dire la ma-
ladie du greffon contre l’hôte est moindre
avec les CSH du CB, ce d’autant plus si le CB
choisi est bien compatible. Si on considère
les résultats à long terme, donc la probabilité
pour des patients atteints de leucémie d’être
vivant sans rechute 5 ans après traitement, la
grande majorité des études montre soit une
équivalence, soit une survie sans leucémie
légèrement moindre suite à l’utilisation des
CSH du CB comparée aux CSH provenant
d’un donneur adulte. Donc les CSH du CB ne
donnent pas des résultats supérieurs à ceux
obtenus avec d’autres sources de CSH mais
peuvent être considérés, à ce jour, comme
une alternative tout-à-fait valable, surtout en
absence d’un donneur adulte complètement
compatible
11)-15) (figure 1) .
Choix d’une unité de sang
foeto-placentaire
Lorsque la décision d’une greffe par CSH
du CB a été prise, le greffeur doit décider
si une ou deux unités seront nécessaires,
ce qui dépend en grande partie du poids du
receveur. Il contacte la Swiss blood stem
cells et le laboratoire de référence natio –
nal d’histocompatibilité (LNRH) aux HUG
(Hôpitaux Universitaires de Genève) pour
déterminer les CBs les plus compatibles.
Il demande dès lors des tests de typisa-
tion HLA à haute résolution et finalement
se décide pour le CB avec les meilleures
compatibilités ayant en même temps la
cellularité la plus élevée
16), 17).
Recherche
Un grand nombre de projets s’intéresse
à une expansion de CSH du cordon
ombilical in vitro, avant infusion dans le patient. Il est évident que si une expan –
sion de CSH réussissait, le nombre limité
de CSH du cordon ombilical cesserait
d’être un problème. Cependant cet te
recherche est rendue dif ficile parce qu’il
n’est pas aisé de définir la qualité d’une
vraie CSH et qu’avec tout essai d’expan –
sion les cellules prolifèrent mais perdent
aussi leur qualité «cellule souche». A par t
l’expansion, il est possible que la co –
transplantation d’autres types de cellules
puisse accélérer la prise de la gref fe,
mais ces derniers essais pour le moment
n’ont pas abouti en pratique clinique
de tous les jours. En ce qui concerne la
médecine régénérative, il existe nombre
d’essais utilisant des CSH ou d’autres
t ypes de cellules comme les cellules
mésenchymateuses provenant du cordon
ombilical à but régénératif soit au niveau
cardiaque, neurologique ou autre. Tous
ces traitements doivent être considérés
comme hautement expérimentaux et les
résultats obtenus en ce moment sont
fascinants, principalement au niveau pré –
clinique, cer tes, mais ne nous donnent
aucune information sur leur utilité pour
le traitement de patients dans la pratique
quotidienne de l’avenir.
Perspectives
En Suisse, les banques publiques de CSH
de sang foeto-placentaire établies offrent
également la possibilité de mettre en
banque le sang de cordon ombilical à utili-
sation dirigée. Par contre la mise en banque
privée (autologue) n’est pas soutenue par
les auteurs. Les banques publiques ont
une croissance très modérée, ceci entre
autre suite aux problèmes de financement.
Il n’existe pas en Suisse de réglementa-
tion pour la prise en charge aussi bien
de la banque publique que du don dirigé.
La banque publique est soutenue par la
fondation Swiss Blood Stem Cells (SBSC)
et par des fondations privées. Aux USA le
congrès a adopté en 2005 une loi qui établit
et finance un réseau national américain.
Une loi similaire fait défaut en Suisse. Nous
entretenons l’espoir que la recherche nous
propulsera dans les années à venir vers un
monde où les thérapies cellulaires contri-
bueront à une médecine plus efficace. Pour
le moment il faut continuer à investir dans
ce type de recherche, mais aussi optimiser
les traitements qui ont déjà été démontrés
efficaces.
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Correspondance
Pr Jakob R. Passweg
Service d’Hématologie
Hôpitaux Universitaires de Genève
4, Gabrielle-Perret- Gentil, 1211 Genève 14
jakob.passweg@hcuge.ch
Informations complémentaires
Auteurs
Prof. Dr. med. Jakob R. Passweg , Service d’Hématologie Hôpitaux Universitaires de Genève Dr. med. Yves Chalandon Dr. med. Thomas Lehmann Dr. med. Vincent Kindler Dr. med. André Tichelli