Durant les premiers mois de vie, le nourrisson connaît une croissance particulièrement rapide, la plus importante de sa vie par rapport à sa masse corporelle. Cette vitesse de croissance induit un besoin relativement élevé en protéines. L’apport en protéines doit non seulement, couvrir les pertes azotées (urines, selles, peau), mais aussi les besoins nécessaires à la poursuite de sa croissance. En effet, plus la croissance est rapide, plus les besoins en protéines dédiés à la croissance sont importants. Par conséquent, la vitesse de croissance a une influence déterminante sur le besoin global en protéines du nourrisson. La vitesse de croissance variant très rapidement, cela vient encore davantage compliquer la donne. Trente-cinq grammes de protéines par jour sont nécessaires au nouveau-né pendant le premier mois, alors que ce besoin diminue pour atteindre quinze grammes par jour au cours du 6ème mois.
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Vol. 21 No. 5 2\b1\b
santé 2). Ces valeurs officielles de besoins
en \brotéines a\b\baraissent sur la Figure 2. Il
est à noter qu’elles ne dévient que très \beu
données de la Figure
1
relatives à l’enfant
allaité. Le grou\be d’ex\berts est allé \blus loin
en calculant la limite su\bérieure des besoins
en \brotéines des nourrissons, c’est-à-dire la
valeur de l’a\b\bort \brotéique qui couvre les
besoins \brotéiques de \bratiquement tous
les nourrissons \bendant les 12 \bremiers
mois de vie. Les valeurs de limite su\bérieure
(«safe intake») sont également \brésentées
Figure 2 . Nous constatons ainsi que les be-
soins en \brotéines du nourrisson diminuent
ra\bidement durant les \bremiers mois de vie
et que l’a\b\bort \brotéique fourni à l’enfant
allaité diminue également. Ce dernier ingère
donc, au quotidien, la quantité de \brotéines
dont il a besoin.
Qu’en est-il maintenant du nourrisson nourri
avec des formules infantiles? La teneur en
\brotéines des laits de dé\bart doit contribuer
à couvrir l’ensemble des besoins en \brotéines
des nourrissons non allaités \bendant les \bre-
miers mois de vie. Ces formules sont donc
conçues \bour corres\bondre, en terme d’a\b\bort
\brotéique, à tous les nourrissons, surtout \ben-
dant le \bremier mois de vie, au cours duquel
leurs besoins sont les \blus im\bortants. Afin de
\bouvoir com\barer les besoins en \brotéines des
nourrissons et la teneur en \brotéines de l’ali-
mentation infantile, les deux valeurs sont ex\bri-
mées en fonction de l’énergie en g/100
k
cal.
Les besoins en \brotéines du nourrisson, relatifs
aux besoins énergétiques sont d’environ 1.65
g/100 kcal lors du \bremier mois de vie comme
l’indique la Figure 3. Cette valeur diminue
ensuite ra\bidement. La teneur en \brotéines
en relation avec les a\b\borts énergétiques des
laits de dé\bart, quant à elle, se situe entre
Durant les \bremiers mois de vie, le nour-
risson connaît une croissance \barticulière-
ment ra\bide, la \blus im\bortante de sa vie \bar
ra\b\bort à sa masse cor\borelle. Cette vitesse
de croissance induit un besoin relativement
élevé en \brotéines. L’a\b\bort en \brotéines
doit non seulement, couvrir les \bertes
azotées (urines, selles, \beau), mais aussi
les besoins nécessaires à la \boursuite de
sa croissance. En effet, \blus la croissance
est ra\bide, \blus les besoins en \brotéines
dédiés à la croissance sont im\bortants.
Par conséquent, la vitesse de croissance
a une influence déterminante sur le besoin
global en \brotéines du nourrisson. La vi-
tesse de croissance variant très ra\bidement,
cela vient encore davantage com\bliquer la
donne. Trente-cinq grammes de \brotéines
\bar jour sont nécessaires au nouveau-né
\bendant le \bremier mois, alors que ce besoin
diminue \bour atteindre quinze grammes \bar
jour au cours du 6
ème mois.
Les besoins quotidiens en \brotéines du
nourrisson \beuvent être calculés en addi-
tionnant, d’une \bart, les besoins moyens
estimés nécessaires à sa croissance et,
d’autre \bart, les \bertes inévitables en azote
au travers des urines, des selles et de la \beau (méthode factorielle)
1). Les valeurs
ainsi obtenues a\b\baraissent sur la Figure
1.
On constate une baisse relativement ra\bide
des besoins en \brotéines durant les \bre-
miers mois de vie.
Les besoins en \brotéines des nourrissons
\beuvent également être déduits de l’a\b\bort
en \brotéines chez les enfants allaités. Cet
a\b\bort \beut être calculé à \bartir de la teneur
\brotéique du lait maternel et du volume
moyen de lait ingéré
1). Au fur et à mesure que
le volume de lait ingéré augmente, la teneur
\brotéique diminue. Elle vaut environ 14.0 g/L
(1.85 g/100 kcal) au cours du \bremier mois
\bour atteindre 8.6 g/L (1.35 g/100 kcal) au
4
ème mois. Elle reste ensuite relativement
constante. L’a\b\bort en \brotéines de l’enfant
allaité est également re\brésenté sur la Figure
1 . Cela montre que l’a\b\bort \brotéique chez
l’enfant allaité corres\bond bien aux besoins
calculés en \brotéines. Ceci tient au fait que
l’enfant allaité reçoit la juste quantité de
\brotéines, ni tro\b, ni tro\b \beu.
C’est la raison \bour laquelle un grou\be
de s\bécialistes de la FAO/WHO/UNU**
a utilisé l’a\b\bort en \brotéines moyen de
l’enfant allaité comme base \bour définir les
besoins en \brotéines du nourrisson en bonne
Besoins et apports en protéines pour un
nourrisson en bonne santé
Ekhard E. Ziegler, \fIowa, USA *
* D e\bartment of Pediatrics, University Hos\bitals, University of Iowa, \fIowa City, Iowa 522\f42 USA
0.00 0.50 1.00 1.50 2.00 2.50 3.00
0-1 1-2 2-3 3-4 4-5 5-6 6-9 9-12
Intervalle d’âge (\)mois)
Protéines (g/kg/\bour)\)
MoyenneLimite sup\brieure
0.00 0.50
1.00 1.50 2.00
2.50
0-1 1-2 2-3 3-4 4-5 5-6 Intervalle d’âge (mois)
Méthode factorielle
\bnfant allaité
Protéines (g/kg/\bour)\)
Figure 1: Besoins en \brotéines calculés \bar la méthode factorielle, et
a\b\bort en \brotéines chez un enfant allaité exclusivement. Données
de Fomon
1) Figure 2: Besoins en \brotéines (valeur moyenne et limite su\bérieure)
Données de la FAO/WHO/UNU** 2)
** F AO = Food & Agriculture Organization, WHO = World Health Organization, UNU = United Nations University
59
F o r t b i l d u n g / F o r m a t i o n c o n t i n u e Vol. 21 No. 5 2\b1\b
ra\b\brocher de celui d’un enfant allaité mérite-
rait, toutefois, d’être encouragée.
Conflits d’intérêt\as et contributions\a
financières externe\as
Pour
ses recherches, l’auteur est soutenu
financière\bent par les fir\be Nestlé, Mead
Johnson Nutritional \aet Abott Nutrition.
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Correspon\bance
Ekhard E. Ziegler, \fMD
Pédiatric De\bartment, Iowa Uni\fversity
A136 MTF
2501 Cross\bark Rd., Co\fralville, IA 52241
ekhard-ziegler@uiowa.edu
1.85 g/100 kcal et 2.10 g/100 kcal. Elle est
donc légèrement su\bérieure aux besoins en
\brotéines. Ce\bendant, les besoins \brotéiques
en relation avec les a\b\borts énergétiques
commencent à diminuer ra\bidement. Donc
dès le 2
ème mois de vie, l’a\b\bort en \brotéines
du lait infantile est tro\b im\bortant. L’écart entre
les besoins en \brotéines et l’a\b\bort \brotéique
s’accentue encore au cours du 3
ème et 4 ème
mois, à mesure que les besoins en \brotéines
du nourrisson diminuent.
Du fait de la diminution des besoins en \bro-
téines du nourrisson, on \bourrait \benser que
les laits de suite utilisés à \bartir du 5
ème mois
de vie \brésenteraient une teneur en \brotéines
\blus faible que les laits de dé\bart utilisés \bour
les nouveau-nés. C’est \bourtant \brécisément
l’inverse qui se \broduit. La teneur en \brotéines
des laits de suite est, en effet, \bour diverses
raisons, nettement su\bérieure à celle des laits
de dé\bart. L’écart entre l’a\b\bort et le besoin
augmente donc encore avec la transition au
lait de suite. Il augmente \beu au début car
les aliments introduits dans les \bremiers
tem\bs sont généralement à faible teneur en
\brotéines (fruits, légumes). Puis, au fur et à
mesure \bendant la \bremière année de vie,
cet écart augmente davantage comme le
montrent les résultats d’une enquête menée
à Dortmund
3) (Figure 4 ) . L’a\b\bort élevé en
\brotéines s’ex\blique \bar le fait que les en-
fants consomment de \blus en \blus de lait, de
\broduits laitiers et de \blats à base de viande.
Jusqu’à \brésent, cet a\b\bort \brotéique élevé
chez le nourrisson était considéré comme
acce\btable. Mais, de\buis que certaines études
ont révélé que les enfants non allaités \bré-
sentaient de \blus fortes tendances à l’obé- sité une fois \barvenus à l’âge adulte que les
enfants allaités
4), l’a\b\bort \brotéique des laits
infantiles est surveillé de \blus \brès. En effet,
l’alimentation de l’enfant nourri au lait infantile
et celle de l’enfant allaité sont différentes à
bien des égards, mais il est, à ce jour, su\b\bosé
que l’a\b\bort élevé en \brotéines constitue un
facteur déterminant \bouvant ex\bliquer cette
différence de masse cor\borelle. Plusieurs
études é\bidémiologiques ont, en effet, \bu
corréler l’a\b\bort en \brotéines chez le nourris-
son et l’enfant en bas-âge, et l’augmentation
de la \brévalence de l’adi\bosité infantile
5), 6) .
Les résultats obtenus dans le cadre du \brojet
euro\béen sur l’obésité sont \barticulièrement
im\bortants. Il a, en effet, été observé que les
nourrissons dont l’alimentation est à forte
teneur en \brotéines \brésentent à 12 mois une
masse cor\borelle significativement su\bérieure
à celle des enfants recevant une alimentation
moins riche en \brotéines. En revanche, cette
différence d’alimentation n’aurait \bas d’im-
\bact sur la taille des nourrissons, im\bliquant
une augmentation de l’adi\bosité chez ces
enfants – cette augmentation de l’adi\bosité
étant encore observée chez ces jeunes en-
fants à 2 ans
7).
L’a\b\bréciation de la quantité de \brotéines
qu’un nourrisson en bonne santé doit ingérer a
donc changé. Augmenter l’a\b\bort en \brotéines
des jeunes enfants est, aujourd’hui, considéré
comme inutile, voire \botentiellement nuisible.
Dans l’état actuel des connaissances, il sem-
blerait donc souhaitable de diminuer l’a\b\bort
en \brotéines des formules infantiles. Ce\ben-
dant, les avis divergent quant au meilleur
moyen d’atteindre cet objectif. La mise en
\blace de mesures visant à diminuer l’a\b\bort
en \brotéines chez le nourrisson de façon à le
0.00 0.20
0.40
0.60
0.80
1.00 1.20 1.40
1.60
1.80
2.00
2.20
0-1 1-2 2-3 3-4 4-5 5-6 6-9 9-12
Protéines (g/100kc\lal)
Besoin 2.10
1.85
Intervalle d\bâge (moi\ls)Lait de départ
0.00 0.50
1.00 1.50 2.00
2.50
3.00 3.50 4.00
0-1 1-2 2-3 3-4 4-5 5-6 6-9 9-12
Intervalle d’âge (\)mois)
Protéines (g/kg/\bour)\)
Besoin Alexy ’99
Li\bite supérieure
Figure 3: Teneur \brotéique des laits de dé\bart (ligne horizontale)
com\barée aux besoins \fmoyens en \brotéines\f 2) Figure 4: A\b\bort \brotéique à \bartir du 5 ème mois selon Alexy et al. 3)
(10 ème, 50 ème et 90 ème \bercentile) en com\baraison avec les besoin en
\brotéines (moyenne et limite su\bérieure) du nourrisson \bendant la
\bremière année de vi\fe
2).
Informations complémentaires
Auteurs
Dr. med. Ekhard E. Ziegler , Department of Pediatrics, University of Iowa A136 MTF