Les ingestions de corps étrangers (CE) chez les enfants et adolescents sont fréquentes. Elles concernent essentiellement les enfants de jeune âge et ceux porteurs d’anomalies neurologiques. Chez les adolescents, il s’agit le plus souvent d’ingestions volontaires à but suicidaire. Très souvent, les CE traversent le tube digestif (TD) sans ambages ni intervention. Toutefois, des complications graves, voir des issues fatales ont été décrites. Le diagnostic et le traitement prendront en compte l’âge du malade, une éventuelle maladie de base préexistante, la présentation clinique, la nature du CE et sa localisation dans le TD. Nous résumons ci-après les recommandations actuelles des gastropédiatres européens (European Society of Pediatric Gastro entero logy, Hepatology and Nutrition (ESPGHAN)d) et endoscopistes(European Society of Gastrointestinal Endoscopy (ESGE)e) Ces recommandations sont le plus souvent le fruit de rapports individuels. Les auteurs ont pris la liberté d’adapter ces recommandations pour leur résumé. Pour approfondir le sujet, ils recommandent les références citées. Les symptômes tels que douleurs rétrosternales ou abdominales, hypersialorhée, dysphagie, refus alimentaire, vomissement, hématémèse, mélaena ou péritonisme sont les signes potentiels d’une ingestion de CE ou de ses complications. Il convient, de manière générale, d’identifier la nature de chaque CE ingéré et sa localisation actuelle dans le TD. Ces informations permettront de planifier la suite de la prise en charge.
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Les ingestions de corps étrangers (CE) chez
les enfants et adolescents sont fréquentes.
Elles concernent essentiellement les enfants
de jeune âge et ceux porteurs d’anomalies
neurologiques.
Chez les adolescents, il s’agit le plus souvent
d’ingestions volontaires à but suicidaire.
Très souvent, les CE traversent le tube diges-
tif (TD) sans ambages ni intervention.
Toutefois, des complications graves, voir des
issues fatales ont été décrites.
Le diagnostic et le traitement prendront en
compte l ’âge du malade, une éventuelle mala –
die de base préexistante, la présentation cli –
nique, la nature du CE et sa localisation dans
le TD.
Nous résumons ci-après les recommandations
actuelles des gastropédiatres européens (Eu
–
ropean Society of Pediatric Gastro entero
logy,
Hepatology and Nutrition (ESPGHAN) d) et
endoscopistes (European Society of Gas
–
trointestinal Endoscopy (ESGE) e) Ces recom –
mandations sont le plus souvent le fruit de
rapports individuels.
Les auteurs ont pris la liberté d’adapter ces
recommandations pour leur résumé.
Pour approfondir le sujet, ils recommandent
les références citées.
Les symptômes tels que douleurs rétroster –
nales ou abdominales, hypersialorhée, dys –
phagie, refus alimentaire, vomissement, hé –
matémèse, mélaena ou péritonisme sont les
signes potentiels d’une ingestion de CE ou de
ses complications.
Il convient, de manière générale, d’identifier
la nature de chaque CE ingéré et sa localisa –
tion actuelle dans le TD.
Ces informations permettront de planifier la
suite de la prise en charge.
25L es ingtosdLetLpréparatifs
a. Chaque malade, chez qui l’ingestion d’un
CE est suspectée, doit être examiné au
cabinet ou aux urgences. Il faut adapter le
degré d’urgence aux délais recommandés
pour les interventions respectivement aux
complications potentielles. b.
Il faut faire amener en consultation, si dis –
p onible, un duplicat a du CE. C elui – ci ser v ir a
à estimer les complications, la nature ra –
dio-opaque et à préparer la récupération
endoscopique.
c. En plus de l ’anamnèse actuelle, l ’on r e cher –
chera des évènements de blocage anté –
rieurs, une dysphagie, des allergies et des
anomalies anatomiques, afin de se détermi –
ner – par exemple – par rapport à une poten –
tielle œsophagite à éosinophiles
d. Si l’on ne peut pas exclure formellement
l’ingestion d’un CE radio-opaque, des cli –
chés conventionnels seront réalisés. Cette
règle vaut également pour les malades
asymptomatiques, et d’autre part particu –
lièrement, si suspicion de complications
(p.ex. perforation, aspiration).
e. Les clichés prendront du maxillaire inférieur
jusqu’à l’abdomen ou au bassin, ou alors
selon question spécifique. Le produit de
contraste est, en règle générale, superflu.
Nous décrivons ci-après les étapes du dia –
gnostic et de la prise en charge selon la na –
ture et la localisation du CE.
En pratique clinique, il recommandable de
procéder par étapes sur la base de ces cri –
tères.
Les CE de g r and diamètr e ( piles plates , piè ces
de monnaie) ou pointus (arêtes de poisson)
restent souvent coincés dans l’œsophage.
Après avoir passé l‘œsophage, ce sont plutôt
les objets allongés qui risquent de ne pas
passer le pylore.
Les détroits plus en aval, tels que la valvule
iléocæcale, ne constituent que rarement un
obstacle, de sorte que si le CE est localisé
dans les parties distales du TD, des contrôles
subséquents ne sont que rarement néces –
saires, p.ex. pour des imperdables ouvertes.
(5L rsCdctLdeLmonnaie,LCELobtus,L
L fguqt Lalimentaire
a. Chez les malades asymptomatiques, les CE
œsophagiens doivent être retiré dans les
24 heures par endoscopie.
b. Si le malade est symptomatique, l’on de –
vrait tendre à l’extraction endoscopique
dans les 2 heures.
c. Les CE gas tr o duo dénau x doi vent êtr e r etir é
par endoscopie, si les malades sont symp –
tomatiques, ou diamètre > 2.5 cm, ou lon –
gueur > 6 cm (dimensions pour enfants
d’âges scolaire).
d. Dans les autr es situations , et si absence de
symptômes, l’on peut attendre l’évacuation
par voies naturelles, qui peut prendre
jusqu’à 4 semaines.
L
.5L mfjcotLpointusLouLtranchants
a . L a dé cision ser a pr ise de cas en cas ( condi –
tions du malade, t aille et acuité du CE ; cave
lors de cure-dents, fragments osseux, de
verre). Les objets considérés comme dan –
gereux doivent être récupérés de l’œso –
phage, de l ’es tomac et du duo dénum sup é –
rieur par technique endoscopique, si
possible dans les 2 heures. Lorsque la
suspicion en est élevée, une endoscopie en
urgence est également recommandée pour
le CE non radio -opaques.
b. Si le CE n’est pas r etir é, sa prog r es sion ulté –
rieure devrait être radiologiquement docu –
mentée toutes les 24–72 heures. il faut
prendre en considération une intervention
chirurgicale ou une entéroscopie dans les
conditions suivantes : arrêt du transit, ab –
sence d’évacuation dans un délai de 3–5
jours, ou en tout temps, si symptomatique.
Lorsqu’elles sont impactées, les petites piles
plates génèrent souvent des complications.
Dans l’œsophage, un courant électrique peut
être induit par l’exigüité de l’espace entre les
parois. Une impaction œsophagienne en po –
sition inclinée peut provoquer des nécroses
par décubitus.
Ingestions de corps étrangers chez les
enfants et adolescents
Raoul I. Furlano a), Christiane Sokollik b), Henrik Köhler c)
Traduction: Alexandre Corboz, La Chaux- de – Fonds
a) Pädiatrische Gastroenterologie, Hepatologie& Er –
nährung, Universitäts-Kinderspital beider Basel
(UKBB), Basel
b) Pädiatrische Gastroenterologie, Hepatologie und
Ernährung , Universitätskinderklinik, Inselspital,
Universität Bern, Bern
c) Klinik für Kinder- und Jugendliche, Kantonsspital
Aarau, Aarau
d) En anglais dans le texte original.N.d.T.
e) idem
25Les issn5esgss tod
25Les inegs t odicrpgé5e t odiriernaesded nrég(d5esdCai
26
x5L ’uqtscqptLaimantsLrespective-
L )cnoLunLaimantLetLauLminimumL
L qnLautreLobjetLmagnétisant
Par leur force d’attraction transpariétale, les
aimants peuvent provoquer des nécroses par
décubitus, voir des perforations. Ceci a été
décrit de manière répétitive, en particulier
p our des aimant s en Ne o dy mium , avec même
des décès.
a. Les aimants gastroduodénaux doivent être
récupérés dans les 2 heures, avant leur pas
–
sage transpylorique Si le CE n’est pas retiré,
le transit doit être documenté à des espaces
courts de 12–24 heures.
b. il faut prendre en considération une interven
–
tion chirurgicale ou une entéroscopie dans
les conditions suivantes: arrêt du transit,
absence d’évacuation dans un délai de 3–5
jours, ou en tout temps, si symptomatique.
Résumé
Lors d’ingestion de corps étrangers, il faut
estimer les risques dans le cadre des recom –
mandations ci-dessus. Dans le doute, l’on se
dirigera de manière préférentielle vers une
extraction endoscopique. Les piles plates
coincées dans l’œsophage et les aimants en
Neodymium gastroduodénaux constituent
une situation urgence relative, dans laquelle
il ne faut pas trainer.
Références
1. ASGE Standards of Practice Committee, Ikenberry
SO, Jue TL, et. al. Management of ingested foreign
bodies and food impactions. GastrointestEndosc.
2011;73(6):1085 -91
2. Kramer RE, Lerner DG, Lin T, et.al. Management of
ingested foreign bodies in children: a clinical report
of the NASPGHAN Endoscopy Committee. J Pedia –
trGastroenterolNutr. 2015;60(4):562-74
3. Litovitz T, Whitaker N, Clark L, et. al.Emerging
battery-ingestion hazard: clinical implications.Pe –
diatrics. 2010;125(6):1168 -77
4. Kurzai M,Köhler H. Gastrointestinale Verätzung und
Fremdkörperingestion. Monatsschrift Kinderheilkd
2005;153:1197–1208
5. Furlano R, et al. Endoscopy Guidelines ESPGHAN/
ESGE Foreign bodies (submitted)
Correspondance
PD Dr. med. Raoul I. Furlano
Pädiatrische Gastroenterologie & Ernährung
Universitäts-Kinderspital beider Basel (UKBB)
Spitalstrasse 33, Postfach
CH- 4031 Basel
raoul.furlano @ ukbb.ch
Les auteurs certifient qu’aucun soutien financier ou
autre conflit d’intérêt n’est lié à cet ar ticle.
b5L ’suctLplatesLetLcylindriques
a. Les piles plates coincées dans l’oesophage
doivent toujours être retirées dans les 2
heures, même en l’absence de symptômes.
b. Les piles plates gastroduodénales devraient
retirées par technique endoscopique dans
les 2 heures dans les conditions suivantes:
Figure 1: la pile plate coincée dans le détroit
œsophagien supérieur montre l’image typique
d’une double circonférence. L’extraction en –
doscopique en urgence est indiquée. (avec
l’aimable autorisation du Dr Eich, PD, Hôpital
cantonal d’Aarau,Radiologie).
Figure 2: sur la radiographie, l’on voit, dans l’hypochondre gauche une chaine formée de 4
aimants Neodymium.(a).
L’endoscopie ne retrouve cependant que 2 aimants dans l’estomac (b).
Ceux- ci sont profondément enchâssés dans la muqueuse, attirés par la force magnétique
exercée par les 2 autres aimants, localisés dans le jéjunum proximal (c).
L’on imagine aisément la potentielle nécrose par décubitus puis la perforation subséquente.
(avec l’aimable autorisation du Dr Eich,PD,Hôpital cantonal d’Aarau, Radiologie). enfant symptomatique, difficultés de transit
préexistantes (dysmotilité intestinale, sté
–
nose, diverticule, status post opération du
TD)
c. Les piles plates gastroduodénales chez les
enfants asymptomatiques (surtout si dia –
mètre < 20 mm) doivent faire l’objet d’une
vérification radiologique à 48 heures. Celles
qui s t ag nent dans l ’es tomac ou le duo dénum
devraient être retirées par technique endos -
copique. Lors d’arrêt du transit et localisa -
tion plus distale (radiographies répétées), ou
lors de symptômes, il faut considérer une
intervention chirurgicale ou une entérosco -
pie.
d. Les piles cylindriques coincées dans l’œso -
phage devraient être retirées dans les 24
heures, dans les 2 heures si symptoma -
tiques.
e. Les piles cylindriques gastroduodénales
chez les enfants asymptomatiques peuvent
être observes in situ pendant 7-14 jours,
ensuite elles doivent être retirées.
25Les issn5esgss tod
25Les inegs t odicrpgé5e t odiriernaesded nrég(d5esdCai
Informations complémentaires
Auteurs
PD Dr. med. Raoul I. Furlano , Pädiatrische Gastroenterologie & Ernährung Universitäts-Kinderspital beider Basel (UKBB) Christiane Sokollik Prof. Dr. med. Henrik Köhler , Kantonsspital Aarau, Klinik für Kinder und Jugendliche, Aarau Andreas Nydegger