L’allergie aux protéines du lait de vache (APLV) est l’allergie alimentaire du jeune enfant la plus fréquente. Selon l’étude européenne récente EuroPrevall menée sur environ 12 000 enfants avec confirmation du diagnostic par test de provocation orale en double aveugle1), l’APLV touche 0,74% des nourrissons et enfants de moins de 2 ans. Une large méta-analyse publiée en 2014 retrouvait une prévalence similaire2). L’évolution naturelle de l’APLV se fait en général vers le développement d’une tolérance. Environ 50% des enfants avec APLV développent une tolérance d’ici l’âge de 1 an, > 75% à l’âge de 3 ans et > 90% à l’âge de 6 ans1), 3), 4). Sa présentation clinque est extrêmement variable, allant du choc anaphylactique à une dysmotilité intestinale tels un reflux gastro-œsophagien ou une constipation, voire une atteinte cutanée uniquement, telle une dermatite atopique. Il est alors parfois difficile de poser d’emblée un diagnostic correct et le risque de sous- ou sur-diagnostiquer une APLV est élevé. Une procédure diagnostique rigoureuse et codifiée est donc nécessaire afin d’identifier les enfants présentant une APLV et les traiter avec une diète appropriée.
20
la combinaison d’une sensibilisation et d’un
tableau clinique compatible. De même, le
terme «d’intolérance aux PLV» ne doit plus
êtr e utilisé en cas de sy mptômes asp éci fi ques
suite à l’ingestion de PLV
6).
Le mécanisme des manifestations de l’allergie
IgE-médiée (ou immédiates) aux PLV est bien
établi. En présence de différents facteurs
prédisposants (génétique, pH gastrique, mi –
crobiome, intégrité de la barrière intestinale),
les différentes protéines contenues dans le
lait de vache ( α-lactalbumine, β-lacto –
globuline, qui est absente du lait humain, al –
bumine bovine sérique, immunoglobulines
bovines et caséines αs1 , αs2, β et κ qui
sont les plus abondantes)
7) déclenchent une
réponse immunitaire inflammatoire. La pré –
sentation d’épitopes, par les cellules dendri –
tiques, aux lymphocytes T entraîne, via une
réponse de type Th2, la production d’IgE.
Suite à un nou veau cont act de l ’antigène avec
ces IgE spécifiques fixées à leur surface, la
pique. Il est alors parfois difficile de poser
d ’emblé e un diag nos tic cor r e ct et le r is que de
sous- ou sur-diagnostiquer une APLV est
élevé. Une procédure diagnostique rigoureuse
et codifiée est donc nécessaire afin d’identi
–
fier les enfants présentant une APLV et les
traiter avec une diète appropriée.
Définitions et pathogenèse
L’APLV es t dé finie par la sur venue de manifes –
tations cliniques après l’ingestion de lait de
vache ou de pr o duit s laitier s , suite à une r éac –
tion immunologique anormale contre les
protéines du lait de vache (PLV). Le méca –
nisme peut être IgE-médié, non IgE-médié ou
mixte
5). Il est important de préciser qu’un
prick test positif pour le lait de vache ou la
présence d’IgE spécifiques contre les PLV
signe une sensibilisation aux PLV mais ne
sous-tend pas forcément la condition d’aller –
gie. Le diagnostic d’allergie nécessite en effet
Introduction
L’allergie aux protéines du lait de vache
(APLV) est l’allergie alimentaire du jeune en –
fant la plus fréquente. Selon l’étude euro –
péenne récente EuroPrevall menée sur envi –
ron 12 000 enfants avec confirmation du
diagnostic par test de provocation orale en
double aveugle
1), l’APLV touche 0,74% des
nourrissons et enfants de moins de 2 ans.
Une large méta-analyse publiée en 2014 re –
trouvait une prévalence similaire
2). L’évolution
naturelle de l’APLV se fait en général vers le
développement d’une tolérance. Environ 50 %
des enfants avec APLV développent une tolé –
rance d’ici l’âge de 1 an, > 75% à l’âge de 3
ans et > 90 % à l ’âge de 6 ans
1 ) , 3 ) , 4 ) . Sa pr ésen –
tation clinque est extrêmement variable, al –
lant du choc anaphylactique à une dysmotilité
intestinale tels un reflux gastro-œsophagien
ou une constipation, voire une atteinte cuta –
née uniquement, telle une dermatite ato –
Recommandations pour la prise en
charge du nourrisson avec allergie
aux protéines du lait de vache
Jessica Ezri a), Samuel Roethlisberger b), Nicoletta Bianchi c), Michela Tempia-Caliera Schäppi d),
Jacqueline Wassenberg e), Federica Angelini f)
Tableau 1: Présentations cliniques de l’allergie aux protéines du lait de vache
a) Gastroentérologie pédiatrique, Département mé –
dico – chirurgical de pédiatrie – CHUV, Lausanne;
b) Allergologie pédiatrique, Service d’Immunologie-
Allergologie – CHUV, Lausanne;
c) Nutrition clinique, EDM – CHUV, Lausanne ;
d) Gastroentérologie pédiatrique, Clinique des Gran –
gettes, Genève;
e) Allergologie pédiatrique, Vevey;
f) Immuno-allergologie pédiatrique, Département
médico – chirurgical de pédiatrie – CHUV, Lausanne
Tableau 1 : Présentations cliniques de l’allergie aux protéinée du lait de vache.
20la co m0a b cins
20la comab cicnsod’ube0acicnso’oa’mta sascm’ebqs0a spto
21
PGHAN) et de l’Organisation Mondiale pour
l’Allergie (WAO) 7) , 11) , 12) . La première étape
diagnostique comprend bien entendu l’anam –
nèse de l’enfant et son examen clinique. Si un
nour r is son ou un jeune enf ant pr ésente un ou
plusieurs des signes et/ou symptômes men –
tionnés dans le tableau 1, sans qu’ils ne
puissent être attribués à une autre cause, le
diagnostic d’APLV doit être considéré.
En cas de suspicion d’allergie IgE-médiée, un
dosage des IgE spécifiques contre le lait de
vache ou un prick test au lait de vache sera
réalisé. L’absence d’IgE spécifiques ou un
prick test négatif n’excluant pas totalement
une allergie IgE-médiée il sera alors néces –
saire d’effectuer un test de provocation orale
( Figure 1 ).
Dans la majorité des cas d’allergie non-IgE
médiée, ce diagnostic peut être confirmé ou
exclu par une diète d’éviction des PLV, suivie
d’un test de provocation orale. Selon les cas,
ces tests de provocation se font de manière
ouverte, en simple ou double aveugle. Dans
de rares cas, un test de provocation n’est pas
indiqué, comme par exemple lors d’une anam –
nèse d’anaphylaxie chez un enfant sensibilisé.
D’autres investigations, comme le dosage des
IgE totales ou les tests intradermiques (risque
de réaction allergique systémique)
13 ), n’ont
pas leur place dans le diag nos tic d ’APLV. F ina –
induite par les protéines alimentaires (SEIPA,
acronyme anglais FPIES) qui apparaît généra
–
lement dans la première année de vie et dont
l’expression clinique peut être potentielle –
ment sévère. La forme aiguë se traduit par
des vomissements itératifs, un état léthar –
gique et une pâleur apparaissant générale –
ment entr e 1 et 4h apr ès l’inges tion de l’aller –
gène. Les pertes hydriques peuvent être
importantes et conduire à un état de choc
hypovolémique. La forme chronique se ren –
contre typiquement lors d’une consommation
r égulièr e de l ’aliment et se car actér ise par des
symptômes digestifs aspécifiques (diarrhées,
reflux, vomissements), parfois associés à un
retard de croissance. Bien que cette patholo –
gie ne soit pas exceptionnelle, elle est encore
souvent méconnue en raison du caractère
peu spécifique des symptômes et de l’ab –
sence de marqueur biologique validé. Elle est
fréquemment confondue avec une complica –
tion infectieuse dans un premier temps, en –
traînant un délai diagnostic
9, ) 10 ) .
Procédure diagnostique
Les figures 1 et 2 résument la démarche
diagnostique et thérapeutique en cas de sus –
picion d’APLV IgE ou non IgE-médiée, selon
les plus récentes recommandations de la
Société Européenne de Gastroentérologie,
Hépatologie et Nutrition Pédiatrique (ES –
dégranulation des mastocytes est déclenchée
et les médiateurs de l’inflammation allergique
(histamine) sont libérés, causant les symp
–
tômes aigus bien connus (urticaire, œdème,
rhinoconjonctivite, asthme).
Au contr air e, le mé canisme des r éactions non
IgE-médiées (généralement retardées) est
loin d’être éclairci. Le délai d’apparition des
symptômes suggère néanmoins une réponse
immunitaire adaptative.
Présentation clinique
L’APLV peut induire des symptômes très va –
riables qui dépendent notamment du méca –
nisme pathogénique sous-jacent. Il convient
en effet de distinguer l’allergie de type immé –
diate (médiée par la présence d’anticorps IgE)
dont l’expression clinique la plus sévère est
l’anaphylaxie, de l’allergie non-IgE médiée
d’expression plus tardive comme la procto –
colite ou l’entérocolite allergique. Cette dis –
tinction n’est pas exclusive et certaines
formes sont chevauchantes, telle que l’œso –
phagite à éosinophiles ou la dermatite ato –
pique par exemple. Un même enfant peut de
plus présenter une combinaison de réactions
immédiate et retardée
5). L’atteinte de ≥ 2
systèmes augmente la probabilité d’APLV. Le
tableau 1 résume les principaux symptômes
et signes de l’APLV, en fonction de l’âge de
l’enfant.
L’expression clinique de l’allergie IgE-médiée
varie quant à elle en fonction de multiples
facteurs, incluant notamment l’âge ou la pré –
sence de facteurs favorisants, tels l’effort
physique ou la prise concomitante de médi –
caments (AINS ) . Ainsi, alors que les manifes –
tations cutanées et digestives prédominent
chez l’enfant en bas-âge, les manifestations
cutanéo-muqueuses et respiratoires augmen –
tent en fréquence lorsque l’allergie persiste
au- delà de 12 mois. Plusieurs cas d’anaphy –
laxie, y compris sévères, ont été décrits lors
de l’ingestion de PLV, qui constituent l’un des
principaux allergènes dans les 2 premières
années de vie
8).
Les formes non IgE-médiées d’APLV sont ca –
ractérisées par la présence de symptômes
digestifs au premier plan, dont les manifesta –
tions cliniques surviennent 48h voire même
une semaine après l’ingestion de l’allergène.
Plusieurs entités cliniques ont été décrites et
se distinguent essentiellement par l’âge de
survenue ou la sévérité du tableau clinique
5).
L’une d’elles est le syndrome d’entérocolite Figure 1:
démarche diagnostique et thérapeutique en cas de suspicion d’allergie aux protéines
du lait de vache IgE-médiée
Allergie confirmée en présence
d’une anamnèse compatible
Allergie non -confirmée/résolue Envisager diagnostic différentiel
Test de provocation orale (à visée diagnostic) En milieu hospitalier
Reproduction des symptômes Absence de symptômes
Poursuite de l’éviction thérapeutique des PLV
En cas d’échec initial, essai de réintroduction tous les 6
mois
Envisager bilan complémentaire (IgE spécifiques contre la caséine) et éventuel test de provocation orale au lait cuit
Suspicion clinique d’allergie IgE -médiée aux protéines du lait de vache (PLV)
Bilan allergologique initial (IgE spécifiques et/ou prick test lait de vache)
Eviction thérapeutique des PLV pendant 6 mois ou jusqu’à l’âge de 9 -12 mois Formule à hydrolyse extensive (Envisager une formule à base d’acides aminés d’emblée
en cas de manifestations sévères) ou Eviction des PLV chez la mère et substitution maternelle en calcium (1g)/vitamine D (800 UI) Consultation avec une diététicienne
+
Test de provocation orale En milieu hospitalier
Reproduction des
symptômes Absence de symptômes
–
20la co m0a b cins
20la comab cicnsod’ube0acicnso’oa’mta sascm’ebqs0a spto
22
Lors d’antécédent de réaction allergique immé-
diate, d ’ IgE sp é ci fi ques aug menté es ou lor s de
der matite atopique sévère, le TP O doit se faire
sous surveillance médicale en milieu hospita –
lier, sous la supervision de pédiatres spéciali –
sés en allergologie ou gastroentérologie. Le
TPO se fait avec une préparation lactée à base
de PLV, du lait de vache pasteurisé à partir de
12 mois ou tout produit laitier, en adaptant la
quantité de PLV selon l’âge ( Tableau 3). Le
volume initial de lait est inférieur à celui indui –
sant une réaction et est progressivement
augmenté toutes les 20–30 minutes jusqu’à un
volume adapté à l’âge. L’enfant reste en obser –
vation pour ≥ 2h après administration du vo –
lume maximal. En cas de réaction antérieure
sévère ou de probable SEIPA, l’enfant doit être
équipé d’une voie veineuse. Si le TPO est néga –
tif, l’administration de PLV est poursuivie à
domicile, à raison d’au moins 200 ml/jour de
lait durant en tous cas 2 semaines.
Dans les cas d’anamnèse suggérant une réac –
tion retardée peu sévère aux PLV (symptômes
digestifs légers à modérés, exacerbation de
dermatite atopique, suspicion faible d’APLV),
le TPO peut se faire à domicile. Il n’y a pas de
recommandations précises dans la littérature
concernant la modalité de réintroduction des
PLV dans l’alimentation de l’enfant ou du nour –
risson. Celle-ci se fera en fonction de l’âge de
l’enfant. Pour un nourrisson encore exclusive –
ment alimenté avec une préparation thérapeu –
tique, les PLV seront introduites sous forme
d’une préparation lactée normale pour nourris –
sons («lait initial», ou «lait de suite» après 6
mois d’âge) en quantité journalière progres –
sive. Pour l’enfant ayant déjà diversifié son
alimentation, des produits laitiers peuvent être
ajoutés à ses repas, en augmentant progressi –
vement la quantité de PLV données par jour
( Tableau 3 ). L’absence de symptôme après 2
semaines d’alimentation à base de PLV exclut
une APLV.
Finalement, lors d’une disparition des symp –
tômes sous diète d’éviction des protéines du
lait de vache et TPO positif, une évaluation
allergologique est indiquée afin d’évaluer le
risque de réaction allergique immédiate lors
d’un prochain TPO et la rapidité de dévelop –
pement d’une tolérance. A noter que la pré –
sence d’IgE spécifiques contre la caséine
fortement augmentés prédit habituellement
une plus grande période d’allergie aux PLV
que chez les enf ant s ave c des IgE sp é ci fi ques
négatives
17) , 18) .
(1–10 % des enf ant s ave c APLV p our r aient r éa
–
gir aux hydrolysats extensifs
16 ). Les formules
pour nourrissons à base de protéines de soja
peuvent être envisagées chez l’enfant de plus
de 6 mois qui refuse les formules à hydrolyse
extensive.
Chez le nourrisson allaité ou non, avec des
symptômes très sévères (dermatite atopique
sévère, entérocolite sévère avec retard de
croissance et/ou hypoalbuminémie, anémie
sévère), une formule à base d’acides aminés
es t sou vent utilisé e d ’emblé e, bien qu’il n’y ait
pas d’évidence d’un clair bénéfice d’une for –
mule à base d’acides aminés par rapport à
une formule à hydrolyse extensive
11 ). Si la
mère souhaite poursuivre l’allaitement, elle
entreprendra une diète d’éviction stricte et
tirera son lait qu’elle jettera pendant environ
2 semaines, avant de reprendre l’allaitement.
Chez tous les autres nourrissons avec une
suspicion d’APLV, il n’y a pas d’indication à
utiliser une formule à base d’acides aminés
d’emblée.
Test de provocation orale (TPO)
Après la disparition des symptômes sous
éviction des PLV, le diagnostic d’APLV ou
l’acquisition d’une tolérance doivent être
confirmés par un TPO.
lement, malgré une mauvaise sensibilité, les
patch tests au lait peuvent être utiles dans le
diagnostic d’APLV non-IgE médiée
14 ) , 15 ) .
Diète d’éviction diagnostique
En cas de suspicion d’allergie non-IgE-mé
–
diée, une diète d’éviction des PLV (chez l’en –
fant, ou chez la mère en cas d’allaitement),
sui v ie d ’un test de provocation or ale, p er met –
tra de clarifier le diagnostic. Elle doit se faire
sur une période limitée dans le temps, mais
suffisamment longue pour s’assurer ou non
de la résolution des symptômes sous diète.
En cas de réaction immédiate (SEIPA), 3 à 5
jours d’éviction suffiront, alors qu’il faudra 2
à 4 semaines en cas de symptômes retardés
(digestifs, eczéma). S’il n’y a pas d’améliora –
tion des symptômes après ce laps de temps,
le diagnostic d’APLV peut être infirmé et un
autre diagnostic doit être recherché.
Chez le nourrisson non-allaité et le jeune en –
fant, les formules à base de PLV ou tout ali –
ment en contenant seront supprimés de l’ali –
ment ation. Le nour r is son r e cev r a une for mule
à hydrolyse extensive ( Tableau 2) , p ou vant ou
non contenir du lactose. Si les symptômes ne
sont pas complètement résolus après 2–4
semaines de formule à hydrolyse extensive,
une formule à base d’acides aminés peut être
essayée avant d’infirmer le diagnostic d’APLV Figure 2: Démarche diagnostique et thérapeutique en cas de suspicion d’allergie aux protéines
du lait de vache non IgE-médiée.
Pas d’amélioration des symptômes Amélioration des symptômes
Pas d’éviction des PLV, chercher un autre diagnostic (! Autres protéines telles soja, oeufs!)
Test de provocation orale avec PLV yA domicile pour les formes légères à modérées
y En milieu hospitali er pour les formes sévères (entérocolite)
ou Réintroduction des PLV chez la mère
Pas de symptôme Réapparition de symptômes
Eviction thérapeutique des PLV pendant 6 mois ou jusqu’à l’âge de 9-12 mois
Réintroduction des PLV: y A domicile pour les formes légères à modérées
y En milieu hospitalier pour les formes sévères (FPIES)
En cas d’échec initial, essai de réintroduction tous les 6 mois
Eviction des PLV à but diagnostic Formule à hydrolyse extensive (Envisager une formule à base d’acides aminés d’emblée en cas de manifestations sévères) ou Eviction des PLV chez la mère et substitution maternelle en calcium (1g)/vitamine D (800 UI) pendant 2-4 semaines Consultation avec une diététicienne
Formule à base d’acides aminés pendant 2 -4 semaines
Pas d’amélioration des symptômes
Suspicion clinique d’allergie non IgE -médiée aux protéines du
lait de vache (PLV)
Pas d’examen complémentaire initial nécessaire
Amélioration des symptômes
En cas de dermatite atopique: IgE spécifiques au lait de vache et/ou prick test avant l’essai de réintroduction de PLV
20la co m0a b cins
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23
mule thérapeutiques sont pris en charge par
l’assurance maladie, sur prescription médi-
cale ( pour 6 mois, jusqu’à 12 mois d’âge ; une
prolongation du remboursement est possible
sur demande au médecin-conseil de l’assu –
rance). Après un TPO positif, l’éviction des
PLV doit être poursuivie pour un minimum de
6 mois ou jusqu’à l’âge de 9 à 12 mois, avant
de tenter un nou veau TP O ( Figures 1 et 2) . D e
récentes études ont montré que la consom –
mation d’aliments contenant des PLV cuites
n’induit pas de réactions chez la plupart des
enfants avec APLV
19 ), et favorise même le
développement d’une tolérance aux protéines
du lait de vache cru plus rapidement
20 ). Un
TPO avec du lait de vache cuit est donc une
procédure de réintroduction à considérer
chez des patients sélectionnés.
Chez les enfants ayant présenté une réaction
allergique immédiate sévère, l’éviction est
prolongée jusqu’à l’âge de 18 mois. Durant
cette période, il est important de s’assurer de
la bonne croissance staturo-pondérale de
l’enfant. La diversification alimentaire se fait
réactions allergiques croisées aux protéines de
soja chez 10–14% des enfants 7), ainsi qu’à la
f ar ine de r iz dans les cas de SEIPA9 ) , 10 ) . D e plus ,
les données actuellement disponibles ne per –
met tent pas de conclur e ave c cer titude que les
préparations à base d’hydrolysat de protéines
de riz complémentées en lysine et tryptophane
permettent d’assurer une croissance staturo –
pondérale normale des nourrissons et des
enf ant s en bas âge, et ces pr o duit s ne p eu vent
pas être considérés comme dépourvus d’aller –
génicité ( https://www.anses.fr/fr/system/
files/NUT2012sa0247.pdf ). Quant aux «jus»
végétaux du commerce courant (à base
d’avoine, de châtaigne, de riz, d’amande, de
coco …), ils sont à proscrire comme substitut
de lait chez le nourrisson, car totalement ina –
daptés à leurs besoins nutritionnels. Des dé –
sordres nutritionnels graves ont été décrits
dans la littérature (dénutrition sévère, rachi –
tisme carentiel …)
11 ).
Le tableau 2 détaille les différentes formules
à hydrolyse extensive et à base d’acides ami –
nés disponibles en Suisse. Ces laits de for –
Traitement de l’APLV
L’éviction des PLV est le seul traitement de
l’APLV à ce jour. Un lait de formule à hydrolyse
extensive suffit à résoudre les symptômes
dans la grande majorité des cas (> 90 %). Les
laits de formule à hydrolyse extensive
contiennent de lactosérum ou de la caséine
comme source protéique, avec des peptides de
< 1500 Da.
Les laits hypoallergéniques HA ne comportent
qu’une hydrolyse partielle des protéines, avec
une charge allergénique diminuée de seule-
ment 10 0 x env iron ; ils n’ont pas de place dans
le traitement de l’APLV. Les laits à base
d’autres protéines de lait animales (chèvre,
brebis, ânesse, jument …) sont également
contre-indiqués, en raison du risque élevé de
réaction croisée et de leur composition nutri -
tionnelle inadéquate pour les nourrissons
7).
Les formules végétales pour nourrissons, à
base de protéines de riz ou de soja sont habi -
tuellement bien tolérées, mais on retrouve des
Tableau 2: Préparations thérapeutiques pour nourrissons et jeunes enfants disponibles en Suisse.
HeF: Ahydrolyse extensive des prot éines PAA:Aformule àAbase d ’acides amin és MD:Amalto -dextrines
20la co m0a b cins
20la comab cicnsod’ube0acicnso’oa’mta sascm’ebqs0a spto
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Correspondance
Dre Jessica Ezri
Gastroentérologie pédiatrique
Département médico - chirurgical de
pédiatrie – CHUV
Rue du Bugnon 46
1011 Lausanne
jessica.ezri @ chuv.ch
Les auteurs certifient qu'aucun soutien financier ou
autre conflit d'intérêt n'est lié à cet ar ticle.
les formes non IgE-médiées. Son diagnostic
nécessite donc une démarche précise, notam -
ment: en cas de suspicion de forme IgE-mé -
diée, un bilan allergologique comprenant un
TPO, si necessaire, et, en cas de suspicion de
forme non IgE-médiée une diète d’éviction des
PLV, suivie d’un TPO, à domicile ou en milieu
hospitalier, selon la sévérité du tableau initial.
L’évolution de l ’APLV ét ant sp ont anément f avo -
rable dans la grande majorité des cas, avec
l’acquisition d’une tolérance, une réévaluation
périodique est indiquée afin d’éviter une diète
prolongée non-nécessaire pour l’enfant ou sa
mèr e qui allaite, p otentiellement no ci ve et ave c
un impact important sur la qualité de vie du
jeune patient et sa famille.
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selon les recommandations suisses entre le 5 e
et le 7 e mois, sans introduire de produit laitier,
avec le soutien d’une diététicienne si néces -
saire. L’introduction des autres aliments à haut
potentiel allergène (blé, œuf, poisson) ne doit
pas être retardée. Contrairement à une an -
cienne pr atique, il n’y a pas d ’indication à enle -
ver la viande de veau ou de bœuf de l’alimen -
tation du jeune enfant, ou de la mère qui
l’allaite
21 ). Une évaluation régulière de la
consommation de la formule thérapeutique est
indispensable pour s’assurer que les apports
calciques de l’enfant sont adéquats. Finale -
ment, les patients ayant présenté une réaction
IgE- médiée sévère doivent recevoir un plan de
traitement d’urgence et un enseignement pour
l’utilisation des médicaments d’urgence, selon
les recommandations de la European Academy
of Allergy and Clinical Imunology
22).
Les mères qui continuent d’allaiter et font
l’éviction des PLV méritent un suivi diététique
régulier au vu du risque élevé de carences, et
une substitution de calcium (1000 mg/j) et
vitamine D (800 Ui/j) doit leur être prescrite.
Conclusion
Touchant près de 1% des nourrissons, l’allergie
au x protéines du lait de vache, est un problème
de santé non négligeable en pédiatrie. D’un
côté, l’APLV est souvent sur-diagnostiquée, en
témoigne la très haute prévalence rapportée
dans des études épidémiologiques basées sur
des données anamnestiques en comparaison
de la r é cente étude Eur oP r evall. D e l ’autr e, son
diagnostic est souvent difficile à poser d’em -
blée au vu d’une présentation clinique très
variable et l’absence de test spécifique pour
Tableau 3: Teneur en pr otéines du lait de vache des dif fér ent s pr o duit s laitier s , en compar aison
au lait de vache entier
Tableau 3 : Teneur en protéines du lait de vache des différents produits laitiers, en comparaison du lait de vache entier
Table de composition nutritionnelle suisse, SGE -SSN, 2015; *composition du fabriquant D'après table de composition nutritionnelle suisse, SGE-SSN, 2015;
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Informations complémentaires
Auteurs
Dr. Jessica Ezria , Gastroentérologie pédiatrique Département Médico-Chirurgical de Pédiatrie – CHUV Dr. med. Samuel Roethlisberger , Allergologue pédiatre, Centre médical Gland, Vaud Nicoletta Bianchi Michela Tempia-Caliera Schäppi Jacqueline Wassenberg , Unité d’allergologie et immunologie Service de pédiatrie, CHUV, Lausanne Federica Angelinif Andreas Nydegger