Résumé
La dyskinésie ciliaire primitive (DCP) décrit un groupe de maladies congénitales avec un trouble de la motilité ciliaire. L’hérédité et l’atteinte de la fonction ciliaire sont variables, le tableau clinique (phénotype) et l’évolution sont par conséquent hétérogènes. Le diagnostic est complexe et exige de l’expérience dans la réalisation et interprétation des tests. Il faut absolument viser un diagnostic précoce afin de traiter les enfants atteints rapidement et de manière ciblée.
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1Pädiatrische Pneumologie, Universitätsklinik für Kinderheilkunde, Inselspital Bern, Universität Bern, Schweiz; 2Institut für Sozial- und Präventivmedizin, Universität Bern,
Schweiz; 3Institut für Anatomie, Universität Bern, Schweiz; 4Pneumologie, Universitäts-Kinderspital Zürich, Schweiz
Abréviations
DCP Dyskinésie ciliaire primitive
nNO Monoxyde d\bazote nasal
VMHV Vidéomicroscopie numérique
à haute vitesse
MET Microscopie électronique en
transmission
IF Immunofluorescence
E\bS European Respiratory Society
• Toux productive prolongée, souvent
dès les premiers jours de vie
• Rhinite chronique et rhinosinusite
• Otites récidivantes et épanchement chronique de l\boreille moyenne
• Syndrome de détresse respiratoire du nouveau-né à terme
• Situs inversus (attention: seulement 50 %)
Tableau 1 : Ces symptômes doivent évoquer
une DCP
Résumé
La dyskinésie c iliaire p rimitive (DCP) décrit
un groupe de maladies congénitales avec un
trouble de la motilité ciliaire. L\bhérédité et
l\batteinte de la fonction ciliaire sont variables,
le tableau clinique (phénotype) et l\bévolution
sont par conséquent hétérogènes. Le dia –
gnostic est complexe et exige de l\bexpérience
dans la réalisation et interprétation des tests.
Il faut absolument viser un diagnostic précoce
afin de traiter les enfants atteints rapidement
et de manière ciblée.
Manifestations cliniques
Alors que le syndrome de Kartagener clas –
sique, avec situs inversus, bronchiectasies et
sinusite chronique, évoque rapidement la
possibilité d\bun trouble de la fonction ciliaire,
le diagnostic s\bavère difficile pour la plupart
des patients. À peine la moitié présente un
situs inversus. Les bronchiectasies sont une
complication tardive d\bune DCP mal soignée
et ne devraient pas être utilisées pour le dia –
gnostic mais plutôt prévenues. Et les symp –
tômes typiques (toux, otites et rhinite) sont
peu spécifiques. Pour influencer favorable –
ment l\bévolution, le diagnostic doit être posé
aussi précocement que possible et le patient
pris en charge par une équipe multidiscipli –
naire dans un centre spécialisé, en étroite
collaboration avec le pédiatre ou le médecin
de famille. La combinaison d\bune toux produc –
Dyskinésie ciliaire primitive: brève mise
à jour et critères diagnostics actuels
Loretta Müller 1, Claudia Kuehni 1, 2, Stefan A. Tschanz 3, Andreas Jung 4, Philipp Latzin 1
et Carmen Casaulta 1
Traduction : Rudolf Schlaepfer, La Chaux- de – Fonds
tive prolongée, d\botites récidivantes et d\bune
rhinite/sinusite chronique doit évoquer une
DCP. Plus de 50 % des enfants ont des pro-
blèmes respiratoires pendant la période néo –
natale, se manifestant par un syndrome de
détresse respiratoire tardif du nouveau-né à
terme ou une pneumonie néonatale. La toux
chronique et la rhinite apparaissent souvent
déjà pendant les premiers jours de vie.
On peut par ailleurs énumérer une longue liste
d\bautres symptômes, présents chez certains
patients (tabl. 2) ; nombre d\bentre eux sont
pourtant rares. cale,
sont groupées en cils motiles et non-
motiles. On les trouve dans presque tous les
organes ; ils ont, outre la circulation de li-
quides, de multiples fonctions de transport et
sensorielles, et sont impliqués dans la physio –
pathologie de nombreuses maladies syndro –
miques. À mentionner spécifiquement sont
les cils nodaux qui font circuler, pendant le
développement embryonnaire, par leurs mou –
vements rotatoires le liquide environnant et
déterminent ainsi la latéralisation correcte
des organes. Si les cils ne fonctionnent pas
normalement, la latéralisation est aléatoire et
dans 50 % des cas se développ e un situs inver –
sus.
Épidémiologie
La DCP est sous- diagnostiquée en Suisse. À
partir d\bune prévalence de 1:10 000 4) et une
population de 8.4 millions, devraient vivre en
Suisse environ 840 personnes avec une DCP.
Malgré des enquêtes répétées auprès de tous
les pneumologues pour adultes et pédiatres,
d\bautres spécialistes (ORL) et d\borganisations
de patients, le registre suisse des patients
avec DCP ne compte que 133 patients. Une
explication pour ce taux de détection insuffi-
sant est d\bune part la symptomatologie non
spécifique et variable, surtout chez les pa-
tients sans situs inversus, d\bautre part les
difficultés diagnostiques qui imposent de
g r andes ex igences en inf r as tr uctur es et ex p é –
rience. Les connaissances concernant la
maladie sont en outre encore insuffisantes
dans le corps médical, bien que le nombre de
patients pédiatriques autant qu\badultes adres –
sés aux centres diagnostiques ait augmenté
de façon réjouissante ces dernières années.
Diagnostic
Le diagnostic est un véritable défi. Il n\by a pas
de test standard-or confirmé, mais la combi –
naison de plusieurs examens
2) est nécessaire:
monoxyde d\bazote nasal (nNO), le prélève –
ment de cellules épithéliales nasales pour la
vidéomicroscopie numérique à haute vitesse
(VMHV), la microscopie électronique en
transmission (MET), l\bimmunofluorescence
(IF), la culture de cellules et les analyses gé-
nétiques
2), 5) .
Monoxyde d’azote nasal (nNO)
Le NO est produit par les cellules épithéliales
des voies respiratoires inférieures et supé –
Le
score PICADAR développé par le centre
diagnostique de Southampton et validé par
des centres externes (tabl. 3), permet d\besti-
mer la probabilité du diagnostic de DCP (fig.
1) . Il est important de savoir que ce score ne
devrait être appliqué que chez les enfants
avec une toux chronique
3).
P\bysiopat\bologie
À l\borigine des symptômes se trouve une
fonction absente ou pathologique d\borganites
cellulaires hautement complexes, les cils. Ces
structures filiformes avec un cytosquelette
microtubulaire, situées sur la membrane api –
27 Dyskyyi7Dynyyséec
27 Dysk7iné7iskiec
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Tranche
d’âgeManifestation
Indication au diagnostic DCPFréquence
chez DCP
absoluerelative
Toutes Toux productive persistante sans autre cause
XFréquent
Situs inversus (total ou partiel) XÀ peine 50%
Hétérotaxie (défauts de latéralisation complexes) avec/sans
malformations cardiaques et symptômes respiratoires X
Env. 10%
Malformation cardiaque congénitale complexe (surtout TGV) XEnv. 5%
Rhinite non allergique persistante XFréquent
Fratrie de patients avec DCP XFréquent
Otite moyenne chronique XFréquent
Sténose de l’aqueduc avec ventriculomégalie et hydrocéphalie XTrès rare
Garçons avec syndrome oro -facio – digital de type 1 XTrès rare
Atrésie œsophagienne et biliaire XTrès rare
Nourrissons Syndrome de détresse respiratoire néonatal, atélectasie du
nouveau-né à terme
X
Fréquent
Rhinorrhée persistante, débutant les premiers jours de vie XFréquent
Enfants Toux grasse/productive avec atélectasies récidivantes (sur
–
tout lobe moyen) et pneumonie d’origine inconnue X
Fréquent
Bronchiectasies d’origine inconnue XFréquent
Asthme atypique résistant au traitement (notamment avec
toux grasse) X
Fréquent
Rhinite quotidienne résistant au traitement XFréquent
Otite moyenne chronique avec épanchements et surdité de
transmission X
Fréquent
Sinusite chronique XFréquent
Maladie de reflux gastro-œsophagien sévère XMoyenne
Rétinite pigmentaire (garçons) XTrès rare
Maladie polykystique des reins XTrès rare
Adolescents/
adultes Bronchiectasies d’origine indéfinies (notamment lobe
moyen/lingula et lobe inférieur)
X
Fréquent
Production chronique d’expectorations muco-purulentes XFréquent
Polypose nasale XMoyenne
Dégradation progressive, d’origine inconnue de la fonction
pulmonaire X
Fréquent
Hippocratisme digital XMoyenne
Infertilité par asthénospermie XFréquent
Infertilité féminine et grossesse extra-utérine XRare
Tableau 2 : Symptômes possibles de DCP. Les symptômes fréquents sont en gras. Modifié d\baprès 1) et complété d\baprès 2).
rieures. La concentration en NO dans les
voies respiratoires inférieures d\bune personne
en bonne santé est de 25 ppb, dans le nez
entre plusieurs centaines et >1000 ppb. Les
t au x de NO des patient s avec D CP ne sont que
de quelques ppb, la raison du nNO abaissé
n\bétant pas claire
6). L a mesur e du nN O es t une
b onne métho de de dépis t age de D CP dans les
centres tertiaires, la valeur prédictive d\bun
taux de nNO bas avec des patients moins
sélectionnés (comme c\best le cas lors de la
pr ise en char ge pr imair e ) es t par contr e mau-
vaise – seulement très peu (<10 %) des pa- tients
avec un nNO bas détecté dans un cabi -
net médical ont effectivement une DCP
5), 7) .
On constate aussi des résultats faux-négatifs
(p.ex. en présence d\bun rhume, de polypes
nasaux, d\bune sinusite, etc.). Si l\banamnèse
est très évocatrice d\bune DCP, des investiga -
tions approfondies sont indiquées même si le
taux de nNO est normal; on sait en effet que
p our cer t aines mut ations D CP le nNO se situe
dans la norme
2). La technique de mesure du
NO nasal dépend de l\bâge, demande beau-
coup d\bexpérience et devrait donc être effec -
tuée dans des centres spécialisés
2). Prélèvement de cellules épithéliales
Lorsque
l\banamnèse et le score PICADAR
corroborent la suspicion d\bune DCP et/ou les
taux de nNO sont bas, des investigations ap-
profondies sont indiquées. Des cellules épi -
théliales sont prélevées par brossage nasal
(plus rarement bronchique) et préparées pour
l\banalyse. Le brossage nasal consiste à intro -
duire des petites brosses dans les narines afin
de prélever, par un mouvement rotatoire, des
cellules des cornets moyen et inférieur. La
manœuvre est ressentie comme désagréable
voire douloureuse. L\bapplication d\bun anesthé -
27 Dyskyyi7Dynyyséec
27 Dysk7iné7iskiec
29
Tableau 3 : Score PICADAR. Probabilité de DCP chez l\benfant avec une toux productive chro-
nique 3).
Figure 1 : Probabilité de DCP. Sur l\baxe Y on peut lire la probabilité d\bune DCP pour la valeur du
score PICADAR correspondant (axe X) 3).
sique local influence le battement des cils et
est donc contre-indiquée. La manœuvre peut
éventuellement être atténuée par un sédatif.
La récolte de cellules est d\bautant meilleure
que l\bexaminateur a de l\bexpérience. Les cel-
lules doivent être préparées le plus rapide -
ment possible (heures) après le prélèvement.
Vidéomicroscopie numérique à haute
vitesse (VMHV)
Les cellules prélevées sont examinées au
microscope et le battement des cils enregis -tré
par VMHV (300 images/seconde). Des
programmes spécifiques permettent d\bobser -
ver et d\banalyser le battement des cils au ra-
lenti (30 -60 images/seconde) (fig. 2). On
apprécie les caractéristiques du battement
(mouvement, amplitude, coordination à l\bin -
terne d\bune cellule ainsi qu\bentre les cellules)
et la fréquence. La fréquence des battements
est souvent réduite lors de DCP, mais peut
aussi être augmentée pour certaines muta-
tions. La fréquence des battements ne doit
donc jamais être utilisée seule pour l\bappré -ciation,
mais toujours en combinaison avec
les mouvements ciliaires
2).
La VMHV est aujourd\bhui l\bélément central du
diagnostic de la DCP; on l\beffectuera lors de
toute suspicion clinique de DCP avec nNO
abaissé à plusieurs reprises. Les lignes direc -
trices internationales ERS recommandent de
répéter trois fois la mesure du nNO et la
VMHV, avant de confirmer le diagnostic. Il
n\bes t pas clair actuellement si cela es t né ces -
saire lorsque les résultats sont sans équi-
voque
2). L a V MH V ne dev r ait pas êtr e la seule
méthode utilisée pour poser le diagnostic, des
déficits subtils étant souvent difficiles à déce -
ler; la confirmation par une deuxième mé -
thode augmente la fiabilité du diagnostic.
L\bavantage de la VMHV par rapport à la mi-
croscopie électronique en transmission (MET)
est de ne pas seulement constater des dé -
fauts structurels mais aussi des variantes
fonctionnelles de DCP, qui échappent à l\bana -
lyse des ultrastructures
8). La technique exige
de l\bexpérience et l\béquipement correspon -
dant , elle ne se f ait donc que dans des centr es
spécialisés qui effectuent un nombre suffi -
sant d\banalyses (en Suisse actuellement HUG
G enève, Clinique p é diatr ique de l \b Ile, B er ne et
Clinique pédiatrique Zurich).
Microscopie électronique en transmis -
sion (MET)
Longtemps l\bexamen de l\bultrastructure ci -
liaire par MET était considéré le standard-or
p our le diag nos tic de D CP. Mais depuis qu\bont
été découvertes plusieurs mutations occa -
sionnant une DCP à l\bultrastructure normale
9),
et que des méthodes modernes permettent
d\banalyser la fonction ciliaire, la MET a actuel -
lement surtout un caractère équivoque. On
part du principe qu\benviron 30 % des cas de
DCP ont une ultrastructure normale.
L\bultrastructure des cils consiste en 9 dou -
blets de microtubules périphériques et deux
microtubules centraux supplémentaires que
l\bon appelle paire centrale, connectés par le
complexe régulateur nexine-dynéine. Chaque
doublet possède un rayon dirigé vers le centre
(fig. 3) . La MET permet essentiellement de
constater des défauts des bras de dynéine
internes et externes, la désorganisation des
doublets avec ou sans déplacement des mi -
crotubules centraux (e.a. « transposition », fig.
4 ) et une mauvaise orientation des microtu -
bules centraux. L\banalyse par MET demande
du temps et occasionne des coûts substan -
27 Dyskyyi7Dynyyséec
27 Dysk7iné7iskiec
30
Figure 3 : Représentation schématique de l\bultrastructure ciliaire.
Figure 4 : Images MET de coupes de cils cellulaires. Brossages nasaux humains, agrandisse -
ment env ir on 60 0 0 0x . B ar r e 250 nm. A : contrôle s ain, fillet te de 10 ans , r hinopathie chr onique,
image v it ale nor male. B : gar çon de 2 mois , pneumopathie indé finie, image v it ale ave c f r é quence
de battements réduite, diagnostic de DCP sur la base de troubles tubulaires à la MET, e.a. des
transpositions multiples (flèche, tubules centraux absents, un doublet de tubules périphériques
glisse vers le centre). C: garçon de 7 ans, pneumopathie chronique indéfinie, cils totalement
non motiles. Diagnostic de DCP basée sur l\babsence des bras de dynéine internes et externes.
Figure 2 : Image VMHV d\bun brossage nasal. Garçon de 2 ans avec une bronchite chronique,
pas d \banamnèse évo quant une D CP. Es t v isible le tr ansp or t d \bune par ticule ( fl è che ) , mou vement
normal des cils. Séquence d\bun cycle complet de battements, d\bune durée d\benviron 80 ms
(fréquence 12 Hz). Barre 10µm.
tiels. Elle exige aussi une grande expérience
et un équipement approprié et ne peut donc
se faire que dans des centres spécialisés par
des spécialistes formés.
Immunofluorescence (IF)
Ces dernières années l\bIF a été ajoutée à la
palette diagnostique de la DCP. L\bIF met en
évidence des protéines spécifiques des cils
cellulaires et en l\boccurrence leur absence.
Cette méthode est plus rapide et moins coû -
teuse que la MET
10 ), utilise des appareils
moins cher s et p er met de met tr e en év idence
certains défauts qui ne sont pas détectés par
la MET. En raison de sa meilleure sensibilité,
l\bIF a entre temps remplacé dans certains
centr es la ME T en t ant qu\bins tr ument diag nos-
tique de la DCP. Les limites de la méthode
sont données surtout par la disponibilité
d\banticorps dirigés contre les protéines spé -
cifiques.
Culture de cellules
La culture de cellules épithéliales situées à la
limite air-liquide (air-liquid-interface) est une
possibilité de contourner les difficultés du
brossage nasal. Elle permet d\béliminer les
éventuelles pathologies secondaires infec -
tieuses et d\baugmenter le nombre de cellules
et groupes de cellules utilisables pour la
VMHV, la MET et l\bIF. La difficulté consiste à
amener les cellules à la « ré- différentiation »,
c\best-à- dire à la ciliogénèse in vitro. Cela est
possible par des protocoles spécialisés et en
utilisant des milieux de culture spécifiques.
Cette procédure demande un équipement
adapté et de l\bexpertise, et elle dure plusieurs
semaines. Entre temps les chances d\bobtenir,
par les milieux de culture récents, une néo -
ciliogénèse sont bonnes (env. 80 -90 %), mais
il est toujours possible qu\bun échantillon soit
contaminé ou que les cils cellulaires ne se
forment pas. Dans ces situations le brossage
doit être répété.
La culture de cellules à elle seule ne livre pas
le diagnostic de DCP, mais elle améliore les
résultats de VMHV, MET et IF, notamment
dans les cas où le diagnostic primaire s\bavère
difficile en raison de modifications secon -
daires et/ou de sécrétions. C\best la raison
pour laquelle la ERS recommande explicite-
ment le recours à la culture de cellules
2).
Génétique
L\bintensité très variable des troubles fonction -
nels et les manifestations cliniques hétéro -
gènes qui en résultent, sont le résultat des
Doublets de tubules
périphériques
Tubules centraux
Bras de dynéine externe
Bras de dynéine interne
Rayon
Lien régulateur de
nexine-dynéine
27 Dyskyyi7Dynyyséec
27 Dysk7iné7iskiec
31
Figure 5 : Clinique pédiatrique de l\bIle, Berne, exemple de la procédure diagnostique lors d\bune
suspicion de dyskinésie ciliaire primitive.
différents défauts génétiques sous-jacents. Il
est entre temps possible d\bidentifier la muta
-
tion génétique à l\borigine d\bune DCP dans 50 -
75% des cas. Mondialement on a découvert à
ce jour une quar ant aine de gènes dont la mut a
-
tion engendre une DCP. L\banalyse de défauts
génétiques associés à la DCP est aujourd\bhui
encore du domaine de la recherche, elle peut
néanmoins contribuer, dans certains cas, au
diagnostic de DCP. Le nombre de gènes impli
-
qués étant grand, l\banalyse génétique est
complexe et onéreuse. Outre l\bidentification de la
mutation par next-generation-sequencing, il
faut une confirmation par Sanger sequencing
et un recoupement avec les parents. Avec
l\bidentification d\bautres gènes responsables de
la DCP et les technologies de high-throughput
sequencing, la génétique prendra à l\bavenir
encore plus d\bimportance.
Diagnostic de la dyskinésie ciliaire
primitive
Le diagnostic de la DCP ayant connu, ces
dernières années, un développement fulgu -rant,
il n\bexiste pas encore en Suisse de
structures établies et conformes aux nou -
velles directives de la ERS. Certaines analyses
sont effectuées dans différents centres;
comme mentionné la VMHV p.ex. à l\bHUG
Genève, à la Clinique pédiatrique de l\bIle,
Berne et à la Clinique pédiatrique Zurich. La
figure 5 donne un aperçu de la conduite nou-
vellement établie pour le diagnostic de DCP à
la Clinique pédiatrique de l\bIle, Berne.
Traitement
Le traitement des patients avec une DCP ne
se base que sur quelques rares études ci-
blées, par contre essentiellement sur l\bexpé -
rience clinique et par analogie aux traite -
ments des patients avec une mucoviscidose,
des bronchiectasies ou une sinusite chro -
nique d\bétiologie différente. Les recomman -
dations thérapeutiques actuelles, basées sur
un consensus d\bexperts internationaux en
DCP, ont été résumées dans plusieurs re-
vues
11 ) , 1 2 ) . Les patients sont pris en charge –
préférablement en collaboration avec le pé -
diatre ou le médecin de famille – par une
équipe multidisciplinaire dans un centre DCP,
où sont effectués des contrôles cliniques à
inter valles de génér alement 3 mois. Par mi les
spécialistes impliqués figurent les pneumolo -
gues pédiatres, les médecins ORL, les physio -
thérapeutes et des professionnels du do -
maine social. Les contrôles sont complétés
par des examens de la fonction pulmonaire,
microbiologiques à partir de frottis de gorge
et expectorations, ainsi que régulièrement
d\bimagerie.
Le traitement quotidien s\boriente selon les
symptômes et comprend des lavages bron -
chiques et nasaux par des inhalations hu -
mides et des r inçages nas au x ave c de la solu -
tion physiologique ainsi que de la
physiothérapie respiratoire adaptée à l\bâge
(drainage des sécrétions)
13 ). Paff et al. ont
publié en 2017 les résultats concernant l\binha -
lation de solution saline hypertonique par des
patient s ave c une D CP
14 ). B ien que l \bef ficacité
n\bait pas été prouvée sans équivoque, ces
données sont importantes, s\bagissant de la
première étude thérapeutique randomisée
avec des patients présentant une DCP. Des
examens microbiologiques à partir d\béchantil -
lons prélevés régulièrement dans les voies
respiratoires inférieures – alternativement par
frottis de gorge –sont obligatoires ; la plupart
des patients avec une DCP sont chronique -
ment colonisés par des germes typiques
comme H. influenzae ou S. aureus. L\béradica -
Anamnèse par pédiatre, spécialiste Cabinet pédiatrique
NO Nasal
Personnel spécialisé
Clinique pédiatrique Berne
Brossage nasal
Personnel spécialisé
Clinique pédiatrique Berne
Si suspect
Si très bas
Culture de cellules
Personnel formé
du laboratoire
Laboratoire du Department for BioMedical
Research (DBMR),
Université Berne
Microscopie électronique
Personnel
spécialement formé
Institut
d’anatomie,
DBMR, Université
Berne
Vidéo- microscopie
Personnel
spécialement formé
Institut
d’anatomie,
DBMR, Université
Berne
Immunofluor-escence
Personnel formé
du laboratoire
Laboratoire du Department for BioMedical
Research (DBMR),
Université Berne
Préparation
Personnel du laboratoire
Laboratoire du Department for BioMedical
Research (DBMR), Université Berne
Réunion diagnostique DCP interdisciplinaire
Discussion des cas et décisions concernant la marche à suivre et l\
es éventuelles analyses complémentaires
Toutes les personnes concernée (au moins un spécialiste par discip\
line)
Clinique pédiatrique Berne
Génétique
Selon garantie de prise en charge des coûts et canton d’origine du patient
Si échantillon original
pas de bonne qualité
Si diagnostic toujours pas clair
27 Dyskyyi7Dynyyséec
27 Dysk7iné7iskiec
32
tion ne r éus sit en génér al pas et n\bes t pas non
plus visée; les exacerbations pulmonaires
sont traitées précocement en fonction des
r ésis t ances a fin d \bév iter la for mation de br on -
chiectasies. Des germes problématiques
comme P. aeruginosa subissent un traitement
agressif par inhalation et systémique. Une
étude multicentrique soutenue par l\bUE exa -
mine actuellement l\beffet d\bun traitement
prophylactique à long terme avec azithromy -
cine sur l\bévolution de l\batteinte pulmonaire.
Dans un avenir proche d\bautres études théra-
p eutiques seront f aites afin d \bét ablir des plans
de traitement de la DCP basés sur l\bévi-
dence
12 ). Sur le plan pédiatrique général on
recommande des vaccinations (pneumo -
coques, annuellement grippe) et le contrôle
de l\bétat nutritionnel, un poids insuffisant
corrélant avec une mauvaise fonction pulmo -
naire. Le taux de vitamine D est souvent bas
et doit être surveillé et éventuellement corri -
gé. Des contrôles réguliers de l\baudition sont
recommandés et en cas d\bépanchement de
l\boreille moyenne avec surdité de transmis -
sion on envisage l\badaptation d\bun appareil
auditif. La pose de drains trans-tympaniques
se fera avec prudence: dans 30 % des cas on
observe par la suite une otorrhée purulente
chronique.
Évolution et perspectives
Les données actuelles que nous livrent les
études de r egis tr es , montr ent que les patient s
avec une DCP ont un retard de croissance
déjà pendant l\benfance, associé à une diminu -
tion de la fonction pulmonaire
15 ). Le diagnos -
tic précoce et la prise en charge par des
centres spécialisés contribuent considérable -
ment à une meilleure fonction pulmonaire et
survie
15 ). Plusieurs études en cours sur diffé -
rents traitements et l\bidentification des muta -
tions sous-jacentes contribueront dans un
avenir proche à une meilleure compréhension
et de nouvelles possibilités thérapeutiques de
cette maladie.
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Correspondance
philipp.latzin @ insel.ch
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Informations complémentaires
Auteurs
Loretta Müller , Pädiatrische Pneumologie, Universitätsklinik für Kinderheilkunde, Inselspital Bern, / Universität Bern Prof. Dr. med. Claudia Kuehni , Institut für Sozial- und Präventivmedizin, Universität Bern / Universitäts-Kinderklinik, Inselspital, Bern Stefan A. Tschanz , Institut für Anatomie, Universität Bern Andreas Jung , Pneumologie, Universitäts-Kinderspital Zürich Philipp Latzin , Pädiatrische Pneumologie, Universitätsklinik für Kinderheilkunde, Inselspital Bern, Universität Bern Dr. med. Carmen Casaulta , Inselspital Bern