Les symptômes vulvaires et vaginaux chez la fillette sont fréquents en pratique pédiatrique et déclenchent souvent à tort une multitude d’inquiétudes1). Les symptômes sont presque toujours uniformes et peu spécifiques et les plaintes se résument principalement par : «ça pique, ça gratte, ça brûle».
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Introduction
Les symptômes vulvaires et vaginaux chez la
fillet te sont f r é quent s en pr atique p é diatr ique
et déclenchent souvent à tort une multitude
d’inquiétudes
1). Les symptômes sont presque
toujours uniformes et peu spécifiques et les
plaintes se résument principalement par : « ça
pique, ça gratte, ça brûle ».
L’approche est principalement clinique. Le but
est de garantir à l’enfant et aux parents une
prise en charge ciblée, car la persistance des
symptômes tend à générer un surinvestisse –
ment problématique autant par l’enfant que
par les adultes en charge.
La vulvo-vaginite au cabinet
La vignette 1 illustre les craintes habituelle –
ment moti vé e par des sy mptômes v ul vo – vagi –
naux chroniques ou par une irritation aiguë.
Ils suscitent des inquiétudes liées aussi bien
au passé, au présent qu’à l’avenir. Comme
souvent lors d’apparition de « problèmes gy –
nécologiques » chez la fillet te, la mèr e projet te
ses représentations de femme adulte sur sa
fille. Les professionnels de la santé ont ten –
dance à f air e de même, alor s que les patholo –
gies chez la fillet te se distinguent de celles de
l’adulte.
Le thème de l’abus sexuel étant très présent
dans les mé dias et les ef for t s de pr évention à
juste titr e const ant s , un sy mptôme génit al est
vite associé à une suspicion d’abus sexuel.
Vulvo-vaginites chez la fillette
Saira-Christine Renteria, Lausanne
Les difficultés de procréation étant actuelle-
ment plus ouvertement discutées, la peur
d’une future infertilité surgit déjà au moindre
symptôme même en phase de latence.
De son côté, le médecin, habitué aux repères
chez une femme en âge de pr o cr é er, diag nos –
tiquera à tort une mycose en cas de déman –
geaisons. En réalité, cette pathologie peut
pratiquement être exclue en l’absence d’une
imprégnation oestrogénique pubertaire (=
phase de latence voire stade S1 selon Tan –
ner), hormis lors d’immunosuppression. Mal –
gré cette évidence, environ 1/3 des fillettes
adressées en gynécologie pédiatrique en
raison de prurit/brûlures vulvaires se sont
préalablement vu prescrire un antimycotique.
Dès le stade de Tanner S2 ( Tab l. 4 ), une my –
cose vulvo -vaginale peut par contre être
présente avec un écoulement vaginal blanc
caséeux, du prurit, un érythème local, des
traces de grattage et parfois des fissures et
des érosions douloureuses pouvant s’étendre
de la vulve au périnée et à la région péri-
anale. Toutefois, les signes objectifs peuvent
être discrets et retarder le diagnostic, en
particulier après une réponse thérapeutique
partielle. Les pertes ne se distinguent alors
des sécrétions vaginales dysfonctionnelles typiques de la puberté que par l’absence de
l’effet amidonné sur les sous-vêtements. Approche clinique
Anamnèse
Même si la description des symptômes n’est
que peu contributive pour permettre d’en
déduire l’étiologie d’une vulvo-vaginite, elle
est néanmoins utile pour comprendre le
contexte et exclure d’autres pathologies.
Certaines ont un âge de prédilection tel que
le lichen scléro-atrophique ou la présence de
corps étrangers intra-vaginaux
( Tab l. 3 ). Il est
conseillé de relever l’historique de l’acquisi –
tion de la propreté et la présence d’éven –
tuelles phases de régression, même si ni la
vulvo -vaginite ni la présence d’un corps
étranger ne sont des indicateurs spécifiques
d’un abus ou d’une agression sexuelle. Dans
des contextes de séparation, les consulta –
tions en r aison de rougeur s v ul vair es apr ès un
week-end passé chez l’autre parent sont fré –
quentes. L’érythème peut être l’expression
d’un changement d’hygiène quantitatif ou
qualitatif ou d’une tension émotionnelle com –
pensée par une activité « auto-érotique » de
l’enfant sans aucun lien avec la sexualité
d’adulte. Toutefois, lorsque les symptômes
perdurent ou récidivent, il est important de
garder à l’esprit cette possibilité. Exemples
avec l’expérience d’une fillette de 7 ans vue à
plusieurs reprises aux urgences pédiatriques
avec un diagnostic d’herpès génital et chez
laquelle six mois ont été nécessaires pour
révéler une agression sexuelle chronique réci –
divante, tout comme le prélèvement vaginal
Une situation typique au cabinet du pé –
diatre :
Zohra est amenée par sa mère, elle a 4
ans et se gratte parfois au niveau de
l’entre-jambe. Sa mère a observé que la
vulve de Zohra est souvent rouge.
La mère fait part de son inquiétude : « On
m’a dit qu’elle a peut- être été abusée… ;
j’ai l’impression qu’elle se masturbe… ;
j’ai peur qu’elle ait des problèmes plus
tard… ».
Figure 1 : Vignette clinique. Tableau 1 : Interprétation des résultats des prélèvements bactériologiques chez la petite fille.
Germes pathogènes obligatoires Germes facultativement pathogènes
Streptocoques béta-hémolytiques gr. A E. coli
Haemophilus influenzae Enterobacter aerogenes
Corynebacterium diphteriae Proteus
Shigella Pseudomonas aeruginosa
Yersinia Bacteroides, peptocoques,
peptostreptocoques
Trichomonas vaginalis (7) Staphylocoques (dorés, épidermidis,
saprophyticus)
Chlamydia trachomatis Strepto. B, C, D, F, G, agalactiae, faecalis,
pneumoniae
Neisseria gonorrheae, meningitidis Listeria monocytogenes
Treponema pallidum Candida albicans
Mycoplasma hominis, Ureaplasma
urealyticum
Gardnerella vaginalis
Actinomyces (rechercher un évent.
corps étranger)
4Les ym pts ô yvul
4Les ymLptôLpympvultaiprôLgLnmutxutgcuph pytuytxutgc xLguzôupy
45
positif pour des gonocoques chez une fille de
11 ans qui a permis l’investigation de son
entourage et d’identifier les contacts génitaux
dont elle n’avait que partiellement compris la
signification (Tabl. 1).
Examen général
L’appréciation du stade de développement
pubertaire selon Tanner permet d’évaluer le
degré d’oestrogénisation de la muqueuse
vulvo -vaginale. Elle est déterminante pour la
sensibilité du milieu vaginal aux agents patho –
gènes mais aussi pour les manifestations cli –
niques des pathologies vulvaires non infec –
tieuses. De ce fait, une consultation motivée
par une suspicion de vulvo -vaginite doit in –
clure une exploration physique extra-génitale.
Inspection génitale et anale
L’examen clinique comprend l’inspection de la
vulve, du périnée et de la région péri-anale. Le
symptôme typique d’une vulvo-vaginite infec
–
tieuse est l’écoulement vaginal entrainant
parfois une macération et une odeur malodo
–
rante. Des lésions de grattage peuvent être
présentes. Ces symptômes peuvent être fluc
–
tuants. Grâce à la méthode de traction sur les
grandes lèvres, il est généralement possible
de visualiser l’introitus vaginal et la présence
de sécrétions intra-vaginales. Même si cer
–
tains corps étrangers (boulette de papier toi –
lette, petits jouets) sont facilement repérables
à l’introitus, leur ablation doit être laissée au
spécialiste, le risque étant de les enfouir plus
profondément dans le vagin. En pr ésence d ’un
écoulement vaginal hémorragique ou de
symptômes récidivants après traitement, il est
judicieux d’effectuer une vaginoscopie pour
exclure un corps étranger occulte.
Prélèvements bactériologiques
Dans la majorité des situations, un examen
microbiologique n’est pas nécessaire pour
l’établissement d’un diagnostic différentiel ni
pour définir l’attitude thérapeutique
2).
Toutefois l’indication étant posée, il faut éviter
une contamination de l’échantillon par de la
flore normalement présente sur la vulve et le
p ér iné e, ce qui n’es t p os sible qu’en pr o cé dant
à un prélèvement intravaginal. Ce prélève –
ment bactériologique se fait à l’aide d’un vagi –
noscope ou directement par l’introduction
dans le vagin d’un bâtonnet portant à son
extrémité un tampon en coton fin adapté à
l’orifice hyménéal de la patiente. Toutefois
l’expérience désagréable du contact de la
vulve avec la pointe sèche de l’écouvillon Tableau 2 : Diagnostics différentiels principaux des vulvo-vaginites en fonction de l’âge – pé
–
riode néonatale et nourrisson.
Tableau 3 : Diagnostics différentiels principaux des vulvo-vaginites en fonction de l’âge – pré –
puberté.
Période néonatale et nourrisson
Pathologies infectieuses
• Mycose à Candida (dermite des langes)
• IST, transmission verticale materno-foetale (à la naissance
transmission maternelle par exemple de Chlamydia trachomatis, HPV)
Pathologies inflammatoires
• Irritation chimique
> Irritation par les produits de soin, les lingettes humides
> Irritation par les langes
> Irritation par la lessive
• Irritation mécanique
> Frottement des langes
Stade prépubaire
Pathologies infectieuses
• Vulvo-vaginite bactérienne (flore digestive)
• Vulvo-vaginite d’accompagnement lors d’affection ORL
• Surinfection d’un corps étranger
• Infection sexuellement transmissible (cave : abus sexuel)
• Oxyures
• Virale (systémique : varicelle, …)
Pathologies inflammatoires
• Irritation chimique
> Soins inadaptés aux organes génitaux externes
> Irritation par les produits de soins (savon, lingettes humides, protèges slips)
• Irritation mécanique
> Corps étranger, « vaginite du bac de sable »
> Pertes vaginales chroniques
> Frottement de sous-vêtements trop serrés, surcharge pondérale/obésité
> Masturbation, abus sexuel
Pathologies inflammatoires spécifiques
• Lichen scléro-atrophique
• Psoriasis
(coton, éponge) rendra tout prélèvement ou
vaginoscopie consécutifs problématiques.
Afin d ’éviter ce désagrément , elle est humidi –
fiée avec du NaCl stérile. Une méthode élé –
gante consiste à aspirer les sécrétions vagi –
nales à l’aide d’une canule d’aspiration de
nouveau-né ou d’une sonde naso-gastrique
connectée à une seringue. L’introduction dans
le vagin est aisée, car facilitée par du gel.
En cas d’activité sexuelle à l’adolescence ou
lorsque l’anamnèse d’abus sexuel et/ou de
symptômes font suspecter une infection géni –
tale haute, une recherche de chlamydia et de
gonocoques par PCR est nécessaire. A noter
qu’une infection à chlamydia peut être totale –
ment asymptomatique.
Diagnostic clinique en cas de
symptômes du type vulvo-vaginite
En pratique clinique, il s’avère utile de diffé –
rentier les diverses problématiques qui se cachent sous des symptômes dits du type
« vulvite ou vulvo -vaginite », en pathologies
infectieuses, pathologies inflammatoires non-
spécifiques et pathologies inflammatoires
spécifiques.
Différentes pathologies peuvent parfois coha
–
biter mais pour une approche efficace, il est
nécessaire d’identifier la problématique de
base. Ceci est la plupart du temps possible
lors du premier examen ou au plus tard après
une épreuve thérapeutique.
Pathologies infectieuses
Lorsqu’une vulvo-vaginite infectieuse est sus –
pectée, le diagnostic différentiel dépend de
l’âge mais surtout du stade du développement
pubertaire ou, autrement dit, du degré d’im –
prégnation hormonale de la muqueuse géni –
tale
3). Les infections bactériennes non spéci –
fiques et les vaginites d’accompagnement
associées à des infections ORL ainsi que les
4Les ym pts ô yvul
4Les ymLptôLpympvultaiprôLgLnmutxutgcuph pytuytxutgc xLguzôupy
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parasites anaux prédominent en période de
latence (stade T1), favorisés par un épithélium
vaginal atrophique. Les mycoses par contre
ne réapparaissent, en dehors de l’âge du
nourrisson ( Tab l. 2 ), qu’au moment de la pré –
puberté (stade T2 et plus). Des corps étran –
gers surinfectés peuvent être présents à tout
moment mais surtout pendant la petite en –
fance et après la puberté. Certaines vulvites
infectieuses peuvent être l’expression locale
d’une infection généralisée (par exemple la
varicelle). Elles risquent de passer inaperçues
en absence d’un examen général.
Certaines infections sont plus connues pour
leur symptomatologie anale, marquée par un
ér y thème p ér i – anal et/ou des lésions de g r at –
tage péri-anales. Elles peuvent ainsi échapper
à la vigilance du pédiatre lorsque les symp –
tômes vulvo -vaginaux sont au premier plan,
alors que les contaminations vaginales conco –
mitantes sont fréquentes (oxyures, shigelles,
yersinia). Un érythème marqué circonscrit,
éventuellement accompagné d’une érosion,
est évocateur d’une anite à streptocoques
hémolytiques du groupe A. La vulve peut
présenter un érythème du même type.
Une vulvite infectieuse isolée peut survenir
dans le contexte d’une surinfection d’une
pathologie inflammatoire sous-jacente (lichen
scléro-atrophique; maladie de Behçet; psoria –
sis). Ces manifestations sont toutefois plutôt
rares une fois que la pathologie de base est
traitée.
Pathologie inflammatoires non spécifiques
Chez l’enfant, il s’agit le plus souvent d’irrita –
tions locales (Tabl. 3).
La recherche de facteurs extérieurs chimiques
ou mécaniques est déterminante. Les me –
sures thérapeutiques nécessitent une action
coordonnée impliquant l’élimination des
agent s nocif s , le cas échéant , par des mo di fi –
cations comportementales et des soins lo –
cau x , dé cr it s ci – des sous , v is ant ainsi à r ét ablir
des conditions locales physiologiques.
B ien que ces v ul v ites in flammatoir es ne soient
que peu inquiétantes sur le plan somatique,
et qu’elles répondent favorablement aux
quelques mesures de soins, elles peuvent
prendre beaucoup de temps en consultation
et occuper beaucoup de place dans l’esprit
des par ent s et p our finir également dans celui
de l’enfant. Une exploration anamnestique
détaillée des habitudes et des attentes par rapport à l’hygiène ainsi que des représenta
–
tions et des connaissances des organes géni –
taux externes mais aussi internes permet un
meilleur accompagnement même en cas de
récidive et évite la multiplication des consul –
tations. Explorer le vécu parental par rapport
à la fertilité, aux éventuels problèmes gyné –
cologiques, à l’intégrité physique mais aussi
aux éventuelles relations sexuelles abusives
est parfois nécessaire pour comprendre les
angoisses à l’origine d’un surinvestissement
obser vé. Il es t de la r esp ons abilité du p é diatr e
de protéger l’enfant des soins excessifs et
intrusifs voire même abusifs au niveau de la
sphère génitale. La consultation peut ainsi par
exemple servir d’espace à une jeune fille pu –
bère chez laquelle la mère lave et inspecte
encore quotidiennement l’entre-jambe, pour
l’aider à exprimer son désir d’autonomie et de
respect de sa sphère privée.
Pathologies inflammatoires spécifiques
Alors que les affections inflammatoires non
infectieuses sont en majeure partie des dia –
gnostics d’exclusion non spécifiques, le lichen
scléro-atrophique est diagnostiqué de plus en
plus fréquemment chez les fillettes depuis
que les médecins sont plus familiers avec ce
diagnostic. La symptomatologie subjective
es t var ié e, comp osé e de pr ur it , de br ûlur es et
parfois de saignement extériorisé à partir de
cloques de sang. L’inspection mettra en évi –
dence la décoloration de la peau, son aspect
nacré et atrophique. Une rémission sponta –
née intervient dans la majorité des cas au
moment de la puberté. La prévalence de cette
pathologie n’est pas bien connue, mais un
facteur héréditaire est invoqué. Différentes
hypothèses quant à son étiologie sont émises
(par exemple auto -immune). Hormis le traite –
ment des surinfections, son traitement
consiste à appliquer lors des phases aiguës
des corticoïdes locaux. Une préparation grasse est conseillée pour le traitement
d’entretien dans l’intervalle.
Les ulcèr es de la maladie de B ehçet , bien que
rares avant la ving taine et les lésions de grat
–
t ages sur infectées du psor iasis de la v ul ve ( et
du siège chez l’enfant) peuvent au premier
abord s’imposer comme des complications
d’une vulvo -vaginite infectieuse. C’est la per –
sistance des plaintes et des lésions malgré le
traitement de la surinfection qui fera penser
au diag nos tic et à la mise en place d ’une pr ise
en charge spécialisée.
Pathologies non inflammatoires fréquem –
ment concernées par des suspicions de
vulvo-vaginite
Une synéchie ou fusion des petites lèvres
n’est que rarement accompagnée d’une vul –
vo -vaginite, bien que la crainte d’une compli –
cation par une vaginite soit souvent avancée
comme motif d’une demande de levée de la
synéchie en particulier lorsqu’elle est éten –
due. L’hypoestrogénie de la phase de latence
semble être un facteur contribuant à cette
adhésion spontanée entre les deux petites
lèvres en l’absence de réaction inflammatoire.
La contamination de l’urine qui s’infiltre par
voie rétrograde dans le vagin au moment de
la miction peut se manifester par des effluves
malodorants. L’écoulement secondaire peu
après la miction peut mimer un écoulement
symptomatique d’une vaginite. Celui-ci gêne
particulièrement les fillettes après l’acquisi –
tion de la propreté. Un traitement de la sy –
néchie n’est indiqué qu’en cas de symptômes
avérés 5).
Confrontés à une activité masturbatoire pa –
raissant compulsive, les parents tout comme
l’entourage et même les enseignants de –
mandent le plus souvent de chercher une
Puberté
Pathologie infectieuse
• Mycose à Candida (dès stade du développement S2 selon Tanner)
• Vaginose bactérienne
• Infection sexuellement transmissible (souvent asymptomatiques/cave : violence sexuelle)
• Virale : Herpès type I (-II)
Pathologie inflammatoire
• Irritation chimique
> hygiène intime (savon, par fum, spray, protèges slips, épilation, …)
Pathologie dermatologique
• Psoriasis
Tableau 4 : Diagnostics différentiels principaux des vulvo-vaginites en fonction de l’âge – pu –
berté.
4Les ym pts ô yvul
4Les ymLptôLpympvultaiprôLgLnmutxutgcuph pytuytxutgc xLguzôupy
47
pathologie infectieuse sous-jacente, doutant
pour certains que la masturbation à cet âge
soit le fruit d’une découverte spontanée à
fortiori quand elle est fréquente. Une forme
de sy né chie p eu connue qui es t celle du capu-
chon clitoridien, peut effectivement être un
déclencheur chez les fillettes qui se plaignent
d’une certaine irritation ou gêne qu’elles si –
tuent précisément au niveau du clitoris. Dans
ces cas , il es t p os sible de v isualiser au colp os –
cope un resserrement du capuchon sur le
gland clitoridien, le couvrant entièrement ou
presque. Il est souvent possible d’apercevoir
une rétention de smegma sous le capuchon
au niveau d’un pertuis résiduel où l’adhérence
est incomplète. Dès que le clitoris est à nou –
veau libr e apr ès tr aitement lo cal à base d ’o es –
trogènes en minimisant l’effet hormonal sys –
témique, l’effet de traction du capuchon sur
le clitoris due à son adhésion semble dispa –
raître et les symptômes subjectifs s’arrêtent
ou diminuent de même que l’activité mastur –
batoire compulsive.
Un prolapsus urétral ou un polype urétral
mènent parfois à un diagnostic erroné de
vulvo -vaginite. Ce n’est souvent qu’à l’examen
colposcopique qu’il est possible d’identifier la
muqueuse urétrale éversée ou le polype uré –
tr al et de les délimiter de l ’or i fice vaginal dont
ils semblent « émer ger ». L a sour ce des t aches
de sang sur les sous-vêtements, initialement
interprétées comme des indices d’une vagi –
nite hémorragique, est ainsi identifiée.
Le rhabdomyosarcome se manifeste classi –
quement par un saignement vaginal d’origine
indéterminée mais des pertes vaginales abon –
dantes, non hémorragiques et isolées peuvent
aussi l’annoncer. En l’absence d’autres expli –
cations plausibles, cet écoulement vaginal
atypique doit être investigué activement (vagi –
noscopie)
6).
Soins locaux et mesures d’hygiène
La contamination bactérienne pendant la
petite enfance est favorisée par les facteurs
suivants, liés à l’âge :
• les souillures par des selles ramenées sur
la vulve lors du nettoyage ou en cas de
diarrhées ;
• une position mictionnelle inadéquate,
l’obésité ou une anatomie vulvaire favori –
sant la pénétration d’urine dans le vagin ;
• une hygiène difficile et la création d’une
chambre humide chez l’enfant obèse ;
• le contact des organes génitaux avec le sol
ou avec les doigts souillés de l’enfant. Des conseils d’hygiène tels que l’essuyage
correct ou l’utilisation d’un rehausseur aux
toilettes, le port de sous-vêtements adaptés,
suffisent souvent à venir à bout d’une vulvo –
vaginite non spécifique. Ce qui est parfois
interprété comme étant une hygiène insuffi
–
sante, s’avère la plupart du temps plutôt être
une hygiène inappropriée. Excessive par
l’utilisation de désinfectants ou de savons irri –
tants, elle peut même être préjudiciable.
Lorsque la production de smegma est impor –
tante, un nettoyage-essuyage régulier à aide
d’une pommade grasse entre les petites et
grandes lèvres et dans la région du capuchon
clitoridien, remplacera favorablement les
frottements inefficaces au savon. Le corps
gras facilitera l’élimination les dépôts blan –
châtres à l’origine d’érythèmes symptoma –
tiques de démangeaisons ou de brûlures.
L’utilisation d’une émulsion antiseptique do –
tée de propriétés légèrement bactériosta –
tiques mais non irritantes, par exemple MEA-
sulfosuccinate (Lubex
®) 30mg/g peut
satisfaire aux besoins de propreté lorsque la
toilette vulvaire est difficile. Des produits à
l’acide lactique favorisent la régulation de
l’équilibre acido-basique ce qui soulage éga –
lement lors d’irritation. La douceur d’une
Adolescence
Pathologie infectieuse
• Mycose à Candida
• Vaginose bactérienne
• Infection sexuellement transmissible (activité sexuelle ou/et violence sexuelle)
• Virale : Human papilloma virus HPV, Herpès type I et II
Pathologie inflammatoire non spécifique
• Irritation chimique
> Hygiène intime (savon, par fum, spray, ser viettes hygiéniques, douches vaginales, …)
> Epilation
> Allergie au latex
• Irritation mécanique
> sous-vêtements inadaptés (tanga, strings)
Pathologie inflammatoire spécifique
• Psoriasis
• Maladie de Behçet
Tableau 5 : Diagnostic différentiel principaux des vulvo-vaginites en fonction de l’âge – adoles –
cence.
Tableau 6 : Approches thérapeutiques principales lors de pathologies spécifiques.
Oxyures Mébendazole, Pyrantelum
Mycose Nourrisson : Clotrimazole topique
Adolescence : ovules vaginaux (Clotrimazole)
ou traitement oral, si récidive ou introduc
–
tion d’ovules impossible (Fluconazole)
Streptocoques groupe A Pénicilline/amoxicilline
Trichomonas, Gardnerella, anaérobes Métronidazole
Lichen scléro-atrophique Corticoïdes topiques (Béthaméthasone
onguent par exemple)
mousse au complexe polysaccaride breveté,
bioactif 2QR (Multi-Gyn FemiWash ®) qui neu-
tralise les mauvaises odeurs, aide à réconci –
lier les fillettes sujettes aux irritations vul –
vaires avec la toilette intime.
La correction des erreurs apporte en général
rapidement une amélioration. Des antisep –
tiques adaptés aux zones muco-cutanées, par
exemple iode polyvidone (Bétadine
®) 10mg/
ml, dilution 1 : 25 pour un bain de siège ou
gluconate de chlorhexidine (Hibidil
®) 0,5 mg/
ml, peuvent être appliqués pendant quelques
jours. Conformément au slogan Kamillosan
®
Liquidum « convient toujours » il est fréquem –
ment utilisé pour des bains de siège chez
l’enfant mais son utilisation prolongée peut
provoquer des irritations. La persistance ou
l’apparition d’un érythème vulvaire, peut être
le signe d’une allergie de contact ( Tab l. 2 ).
M ême si les huiles es sentielles et flavones ont
un effet anti-inflammatoire et sont légère –
ment désinfectants et désodorisants, il vaut
mieux privilégier d’autres options.
Traitements antibiotiques
Un traitement antibiotique n’est que rarement
nécessaire ( Tab l. 1). Dans ce cas le choix dé –
4Les ym pts ô yvul
4Les ymLptôLpympvultaiprôLgLnmutxutgcuph pytuytxutgc xLguzôupy
48
pendra du résultat de la culture microbiolo-
gique et de l’antibiogramme 4). L’administra –
tion orale est la plus adaptée. Le métronidazole
(Flagyl
®, Elyzol ®) (10 -20 mg/kg/j pendant 7
jours) est prescrit en présence d’anaérobes,
de Trichomonas et de Gardnerella.
Les mycoses vulvo-vaginales du nourrisson
sont traitées par nystatine (Mycostatin
®)
25’000U/g ou clotrimazole (Canestène ®) 10
mg/g en crème pendant 6-10 jours. L’utilisa –
tion d’ovules vaginaux, dont il existe des
préparations diverses, est possible et souhai –
table dès l’adolescence, à condition d’être
acceptée dans la situation individuelle. Le
fluconazole (Diflucan
®) oral ou le kétocona –
zole (Nizoral ®) sont à disposition en cas de
dif ficultés à intr o duir e des ov ules et en cas de
récidive. Le traitement local en particulier
externe ne permet souvent pas d’agir sur
toutes les régions contaminées (vagin, rec –
tum). L’application intravaginale de compri –
més vaginaux contenant des bactéries de
Doederlein de l’espèce lactobacillus acidophi –
lus sous une forme lyophilisée, associées à
0,03 mg d’estradiol (Gynoflor
®) et/ou à des
irrigations à l’acide lactique (Vagoclyss ®) chez
les adolescentes éprouvant pour des raisons
culturelles le besoin de recourir aux douches
vaginales, favorise la normalisation de la flore
vaginale apr ès une infe ction et v ise à pr évenir
une récidive (Tabl. 6) .
Pré- et probiotiques
Il a été démontré que les pré- et probiotiques
ont une certaine place lors de déséquilibre de
la microflore intestinale en pédiatrie. Ils ne
sont par contre non indiqués chez les nourris –
sons ou en cas de suppression de l’immunité.
De nombreuses options pour ne pas parler de
phénomène de mode existent maintenant
pour la flore vaginale de l’adolescente mais
leur intérêt en phase pré-pubère reste à dé –
montrer.
Conclusions pratiques
Des symptômes vulvo -vaginaux tels
qu’érythème, prurit et écoulement vaginal
sont et seront fréquents tout au long de la vie
d ’une femme. Ils débutent déjà dans l ’enf ance
bien que ce sujet reste souvent tabou et que
cette problématique soit peu connue parmi
les professionnels de la petite enfance. Tou –
chant la sphère intime, elle suscite bien plus
d’inquiétude qu’une rhinite allergique, une
otite sécrétoire ou une conjonctivite virale
même s’il s’agit la plupart du temps d’affec –
tions tout aussi bénignes et fugaces. Des
conseils d’hygiène et l’application de soins
locaux appropriés suffisent souvent. Des in –
dices évocateurs et des infections associées
habituellement à une activité sexuelle peuvent
mener vers la piste d’une agression sexuelle.
Références
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Collectif Vade – Mecum de Pédiatrie. Edition Ba –
byGuide. 2014
2) Duflos- Cohade C. Extrait des mises à jour en Gyné –
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nales, volume 2007, CNGOF, 12.12.2007.
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need to treat vulvo -vaginitis in prepuberal girls ?
BMJ 2005 ; 330 : 186.
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(consulté le 28.6.2017).
Correspondance
Dr Saira- Christine Renteria, MER
FMH gynécologie-obstétrique
Médecin adjoint
Département femme-mère-enfant
Services de Gynécologie-Obstétrique
CHUV
Av. Pierre Decker 2
1011 Lausanne
Saira- Christine.Renteria @ chuv.ch
L’auteur cer tifie qu’aucun soutien financier ou autre
conflit d’intérêt n’est lié à cet ar ticle.
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