La plongée-enfant existe quasiment depuis l’invention du scaphandre autonome. Elle n’en connaît pas moins une véritable explosion depuis une dizaine d’année, sous l’influence de facteurs sociologiques et commerciaux. Les récentes publications de séries d’accidents de plongée (parfois mortels ou à répétition!) chez des enfants prouvent, si besoin était, que le sujet n’a rien d’anodin.
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Introduction
La plongée-enfant existe quasiment depuis
l’invention du scaphandre autonome 1). Elle
n’en connaît pas moins une véritable ex –
plosion depuis une dizaine d’année, sous
l’influence de facteurs sociologiques et
commerciaux.
Les récentes publications de séries
d’accidents de plongée (parfois mortels
ou à répétition!) chez des enfants prou –
vent, si besoin était, que le sujet n’a rien
d’anodin.
Le pédiatre est de plus en plus confronté à
des demandes de certificats d’aptitude à la
plongée. Les présentes recommandations
ont pour but de le guider dans un monde où
n’existe pour le moment aucune étude de
grande envergure.
La question de l’âge
Physiopathologie
Nombreuses sont les objections que l’on
peut faire à laisser un enfant s’aventurer
dans le milieu aquatique, l’un des plus
hostiles qui se puisse rencontrer sur terre
pour l’être humain passé le moment de sa
naissance.
Les inquiétudes le plus souvent mises
en avant sont d’ordre physiopathologique
(tableau 1 ).
Recommandations pour l’estimation
de l’aptitude à la plongée chez l’enfant
Marc-Alain Panchard, Vevey; Oskar Bänziger, Zürich; Hans Fuchs, Wettingen;
Heinrich Haldi, Wallisellen; Helmut Oswald, Winterthur
Abréviations
● CMAS: Confédération Mondiale des
Activités Subaquatiques
● FSSS: Fédération Suisse des Sports
Subaquatiques
● NAUI: National Associati on of Un –
derwater Instructors
● PADI: Professional Association of
Diving Instructors
● SUHMS: Swiss Underwater and Hy –
perbaric Medical Society Tableau 1: Particularités physiologiques de l’enfant plongeur et adaptations nécessaires.
Particularités de l’enfant plongeur Adaptations possibles
Système respiratoire Equipement spécial
● Consommation d’oxygène relativement plus
élevée Limitation de la vitesse de remontée
● Espace mort anatomique relativement plus grand
● Diamètres plus petits, résistances plus hautes:
air trapping
● Volume de fermeture proche du volume résiduel:
air trapping
● Système en croissance
Système cardio-circulatoire Limitation de la profondeur
● Foramen ovale perméable probablement Limitation de la durée
plus fréquent Paliers et intervalles de surface
● Tonus vagal plus haut plus longs
Système musculo-squelettique Equipement spécial
● Système en croissance Limitation de la profondeur
● Lésions des cartilages de croissance par les Limitation de la durée
microbulles (hypothétique) Limitation de la vitesse de remontée
● Bassin peu développé: risque de perte de la Paliers et intervalles de surface
ceinture de lest plus longs
● Force plus faible, de façon relative et absolue
Système ORL Descente plus lente
● Collapsus paradoxal de la trompe d’Eustache
à la déglutition
● Béance tubaire volontaire difficile
● Otites sécrétoires fréquentes
Thermorégulation Combinaison adaptée
● Risque plus élevé d’hypothermie Limitation de la durée
● Risque plus élevé d’hyperthermie et de la profondeur
Eviter les attentes,
l’enfant équipé et en plein soleil
Composition corporelle Boissons
● Moins de tissus graisseux: risque Equilibration attentive
d’hypothermie (cf. plus haut) Limitation de la durée, de la pro-
● Rapport corps/équipement différent: fondeur et de la vitesse de remontée
difficultés d’équilibration Isolation thermique adaptée
● Risque de déshydratation
● Cinétique des gaz différente (cf. plus bas)
Cinétique des gaz Limitation de la profondeur
● Inconnue! Limitation de la durée
Limitation de la vitesse de remontée
Paliers plus longs
Pas de plongée successive
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Néanmoins, la plupart des questions sou –
levées ne reposent pas sur des bases sé –
rieuses. Ces divers points ont été abordés
ailleurs 2).
D’autre part, une adaptation des habitudes
de plongée ou du matériel permettent d’y
remédier dans une très large mesure ( ta-
bleau 1 ).
Les questions liées au développement psy –
chologique de l’enfant, à sa motivation, ou
au contexte dans lequel il pratiquera ce sport
sont certainement plus importantes.
Psychologie et motivation
Il est clairement admis que l’origine de la
plupart des accidents de plongée de l’adulte
est liée à des comportements ou réactions
inadéquats en situation imprévue.
L’immaturité psychologique et développe –
mentale de l’enfant ( tableau 2 ) le met –
tent à haut risque d’être dépassé par les
évènements en cas de confrontation à une
situation imprévue, et donc à haut risque
d’accident 3)–5) . Seul un encadrement spéci –
fiquement adapté à son stade de dévelop –
pement permettra de diminuer ce risque
de façon acceptable. Ce point a d’ailleurs
été bien compris par de nombreux auteurs,
qui déconseillent formellement l’écolage
de plongée en groupes mixtes d’enfants et
d’adultes.
La motivation de l’enfant à la pratique de la
plongée n’est pas toujours claire. S’agit-il
de son propre désir, ou du désir impérieux
de ses parents de le voir les accompagner
en plongée ou réaliser quelque chose qu’ils
n’ont eux-mêmes pas pu accomplir? Si le
pédiatre a ici un rôle d’investigation clair,
l’impression des moniteurs est aussi de
première importance. Il n’est pas rare qu’un
instructeur constate une impression de ma –
laise chez un enfant sous l’eau et puisse le
corréler, par exemple, au fait que cet enfant
participe au cours plus pour accompagner
son grand frère que pour son propre plaisir!
Une communication entre le moniteur et
le médecin devrait alors pouvoir se faire,
afin de discuter de l’avenir subaquatique de
l’enfant concerné.
Contexte de la plongée
Les principales organisations de plongée
sportive (CMAS, PADI, NAUI,…) ont leurs
propres programmes de plongée-enfant,
avec une formation spécifique des moni –
teurs (voir pour exemple le programme de
la FSSS au tableau 3 ).
Il serait cependant faux de croire que
ce souci se retrouve dans tous les clubs
de plongée des stations balnéaires dans
lesquelles les enfants accompagneront leurs
parents en vacances! Il sera donc de la plus
haute importance, lors de l’appréciation de
l’aptitude à la plongée d’un enfant, que le
pédiatre puisse être renseigné sur les con –
ditions dans lesquelles l’enfant va évoluer,
afin de pouvoir moduler son appréciation de
la relation âge/aptitude.
Conclusion 1:
à quel âge peut-on plonger?
Il ressort malheureusement de ce qui pré –
cède qu’il est impossible de fixer un âge
limite fixe et type pour laisser un enfant
plonger: la décision va en effet dépendre
non seulement de facteurs physiques purs,
mais plus encore, de facteurs psycholo –
giques (maturité, aquacité, motivation,
comportement) et environnementaux (pro –
gramme spécifique de plongée-enfant, ma –
tériel adapté, formation spécifique des
moniteurs).
En pratique, chez un enfant personnelle –
ment motivé et exempt de troubles psycho –
logiques, et en l’absence de toute contre-
indication médicale (cf. ci-dessous), on peut
proposer l’attitude suivante:
Dans une structure spécialisée
> 14 ans: pas de restriction liée à l’âge
8–4 ans: décision au cas par cas; certificat
d’aptitude avec limitations (spécifier «Plon –
gée selon programmes enfant de la CMAS
ou PADI» ou préciser la profondeur maxima –
le selon le tableau 3 ); contrôles réguliers
< 8 ans: très vivement déconseillé!
Dans une structure inconnue
> 14 ans: pas de restriction liée à l’âge
12–14 ans: aptitude avec limitations
< 12 ans: par principe déconseillé
Se pose cependant le problème spécifique
des baptêmes organisés par de nombreux
clubs. Ils ont lieu en piscine et en faible
pr ofondeur. Néanmoins, il est clair qu’un
accident grave peut survenir par sur -
pression pulmonaire lors d’une remontée
glotte bloquée déjà dès une profondeur
faible, accessible en piscine! Il est difficile
d’exiger un certificat médical d’aptitude
pour chaque baptême, et les clubs ne le
font d’ailleurs pas, se contentant le plus
souvent (?) d’informer les parents des ris -
ques et des contre-indications médicales
habituelles. Si, toutefois, le pédiatre devait
se retrouver confronté à une telle deman -
de, il demeure important de s’assurer,
ici encore, des facteurs psychologiques,
motivationnels et environnementaux déjà
mentionnés.
Tableau 2: Particularités développementales de l’enfant plongeur
Compétence Age
Conservation de longueur 7 ans
Conservation de poids 9 ans
Conservation de vitesse 12 ans
Pensée opérative et formelle 12 ans
Respect réciproque 7 à 12 ans
La mort est universelle et définitive 10 à 12 ans
Tableau 3: Programme de plongée enfant de la FSSS – CMAS
Programme Initiation Dauphin 1 et 2 Dauphin 3
Age
8 et 9 ans 2 mètres 5 mètres
9 et 10 ans 2 mètres 5 mètres
10 à 12 ans 3 mètres 5 mètres 5 mètres
12 à 14 ans 3 mètres 5 mètres 10 mètres
Pas de plongée de nuit, ou si la T° de l’eau est < 12°. Equipement spécial. Boissons et aliments
à disposition. Accès à l’eau adapté aux enfants.
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Les contre-indications médicales
(Tableau 4 )
Anamnèse
Elle se doit, comme toujours, d’être fouillée
et complète. On s’intéressera bien sûr notam -
ment aux séquelles de maladies (prématurité,
opérations, tumeurs, leurs traitements,…),
aux traitements médicamenteux en cours
ou occasionnels, aux antécédents familiaux
(cardiopathies, asthme,…) et personnels
(otites à répétition, asthme,...), ainsi qu’aux
performances sportives et à l’aquacité (âge
d’apprentissage de la natation, fréquence de
la pratique de ce sport,…)
Une anamnèse psychologique est néces -
saire, devant permettre d’apprécier la capa -
cité d’attention, de respect des consignes,
de concentration, ainsi que la motivation à
la plongée. Les évaluations scolaires peu -
vent parfois amener de précieux renseig -
nements, ainsi que la participation harmo -
nieuse de l’enfant à des activités de groupe
(scouts, sport d’équipe,…).
Comme on l’a mentionné plus haut, une
anamnèse ne sera jamais complète sans
que l’on obtienne des renseignements sur
le type de pratique de plongée envisagée et
sur la structure qui se propose d’accueillir
l’enfant. Il faudra donc vérifier la présence
d’un programme spécifique aux enfants,
reconnu par l’une des principales associa -
tions mondiales de plongée (CMAS, NAUI,
PADI), avec des instructeurs spécifiquement
formés.
Examen clinique
Ici aussi, il doit être exhaustif, comprenant
notamment un examen orthopédique, ORL
(avec estimation de la fonction tubaire) et
dentaire.
Examens paracliniques
Chez l’enfant dont l’anamnèse est vierge et
l’examen clinique rigoureusement normal,
aucun examen paraclinique de routine n’est
à envisager.
Une tympanographie est d’une utilité incon -
testable dans la vérification de la fonction
tubaire.
Au moindre doute quant à une patholo -
gie cardiaque (souffle, même d’allure fonc -
tionnelle, cardiopathie opérée,…) un exa -
men spécialisé récent par un cardiologue
pédiatre est indispensable, afin d’évaluer la
fonction cardiaque et d’exclure le moindre
shunt.
Il en va de même de tout doute quant à la
fonction pulmonaire: un examen pneumolo -
gique avec fonctions pulmonaires est néces -
saire afin d’exclure un syndrome obstructif,
notamment.
Restent bien sûr indiqués les examens
sanguins ou radiologiques suggérés par la
clinique.
Évaluation
Afin de juger d’une éventuelle contre-indi -
cation à la plongée, il est important de con -
naître les bases de la pratique de ce sport et
des principes qui la sous-tendent 6).
En résumé, on se souviendra de quatre
principes de base:
● La pression externe variant, les com -
partiments gazeux internes (oreille
moyenne, sinus, poumon, intestins,…)
doivent pouvoir adapter leur pression,
donc communiquer avec un milieu à
pression ambiante. Le fait d’évoluer à
faible profondeur ne rend pas cette rè -
gle moins importante, au contraire: c’est
entre la surface et 10 m de profondeur
(et retour) que la variation de pression
est relativement la plus importante: du
simple au double! On se souviendra que
la remontée paniquée glotte fermée, ou
un air trapping important à la remon -
tée (asthme,…) verront l’air pulmonaire
doubler de volume, avec comme corol -
laire la surpression pulmonaire, le pneu -
mothorax et l’embolie gazeuse artéri -
elle.
● Même une «petite» plongée peut provo -
quer la formation de bulles veineuses,
qui resteront asymptomatiques à moins
que leur quantité devienne trop impor -
tante, ou qu’un shunt leur ouvre la porte
de la circulation systémique…
● L’immaturité psychologique de l’enfant ne
portera certainement pas à conséquence
lors d’une plongée harmonieuse. Mais
elle réduit probablement sa capacité de
réaction à un évènement imprévu…
● Le manque de connaissances en mé -
decine de plongée de l’enfant doit faire
interpréter les recommandations de
contre-indication chez l’adulte avec une
plus grande sévérité.
Il serait fastidieux de passer en revue toutes
les contre-indications potentielles à la pra -
Tableau 4: Résumé des contre-indications à la plongée pédiatrique.
Contre-indications «environnementales»
● Pas de programme spécifiquement pédiatrique
● Programme non spécifié ou inconnu
● Absence de matériel spécifiquement pédiatrique
● Ecolage en groupes mixtes d'enfants et d'adultes
● Environnements extrêmes (accès au site de plongée, températures extrêmes,
nuit,…)
Contre-indications psychologiques
● Motivation médiocre
● Motivation des parents plus que de l’enfant
● Motivation détournée (p.ex: suivre un frère)
● Immaturité psychologique pour l’âge
● Peur de l’eau avérée
● Peur de l’eau suspectée (mauvaise aquacité)
● Mauvais respect des consignes
● Mauvaise adaptation aux groupes
● Retard de développement modéré ou important
Contre-indications liées à l ’âge
● Moins de 8 ans en structure adaptée
● Moins de 12 ans en structure inconnue ou non spécifiquement pédiatrique
Contre-indications médicales
● Rares mais importantes. Toute anomalie anamnestique ou au status doit motiver
une évaluation spécifique.
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tique de la plongée par un enfant. Il est
dans tous les cas nécessaires de discuter la
contre-indication supposée avec le spécia -
liste concerné (cardiologue, pneumologue,
neurologue,…) A titre indicatif, on pourra
cependant se référer aux manuels de la
SUHMS 7), 8) , en se rappelant d’interpréter
les recommandations de façon restrictive.
Quelques domaines méritent cependant une
mention spéciale.
Antécédents de prématurité
Il est peu probable qu’une exposition à des
pressions partielles d’oxygène plus élevées
puisse, à l’âge concerné par la plongée pé -
diatrique, aggraver des lésions de broncho -
dysplasie ou de rétinopathie. Cependant, la
présence de telles lésions nécessite un avis
pneumologique et la réalisation de fonctions
pulmonaires, afin d’évaluer l’importance
d’un syndrome obstructif, ainsi qu’une con -
sultation ophtalmologique.
Antécédents de radio-chimiothérapie
La bléomycine sensibilise le parenchyme pul -
monaire à l’action toxique de l’oxygène du -
rant une longue période, probablement plus
d’une année. Une radiothérapie touchant
les champs pulmonaires peut aussi contre-
indiquer la pratique de la plongée (syndrome
obstructif ou restrictif). Là à nouveau, la
décision doit être multidisciplinaire.
Système cardiovasculaire
Toute pathologie cardiaque, avec ou sans
shunt, opérée ou non, nécessite, afin de
décider d’une contre-indication ou non, une
consultation de cardiologie pédiatrique et
une échographie, afin d’évaluer la fonction
cardiaque et la présence d’un shunt éventu -
el. Il en va de même de tout souffle, même
«d’allure fonctionnelle».
La découverte d’un foramen ovale perméa -
ble posera un problème difficile à résoudre.
Chez l’adulte sain, n’ayant jamais présenté
de maladie de décompression, un foramen
peu important ne contre-indique pas la
pratique de la plongée et ne nécessite pas
une fermeture. On recommande par con -
tre des mesures préventives: low bubble
diving, Nitrox 1. Chez l’enfant, l’utilisation
du Nitrox est encore moins documentée
que les autres domaines de la plongée. On
l’évitera donc pour préférer le low bubble
diving (faible profondeur, remontée lente,
paliers, pas d’efforts hors de l’eau après
la plongée).
Système respiratoire
Bien que remise en cause chez l’adulte, la
contre-indication formelle à la plongée chez
l’asthmatique doit demeurer en vigueur
chez l’enfant jusqu’à nouvel avis. Les autres
pathologies (hyperréactivité bronchique,
toux chronique, mucoviscidose, status post
interventions pulmonaires,…) doivent faire
l’objet d’un avis spécialisé.
Système digestif
Peu de pathologies digestives nécessitent
une interdiction formelle de plongée (on
peut même plonger avec une stomie!). On
demeurera cependant attentif à la présence
de maldigestion causant une production
importante de gaz, ces derniers étant, par
leur dilatation à la remontée, à l’origine des
classiques «coliques du scaphandrier».
Système neurologique
Là encore, une évaluation multidisciplinaire
(neurologue, pneumologue, pédiatre, méde -
cin de la plongée) est nécessaire: la plongée
handicap a par exemple ouvert les portes du
monde sous-marin à des patients atteints
de maladies neuromusculaires.
Système ORL
La présence d’un drain est évidemment
une contre-indication absolue, de même
que toutes les pathologies s’accompagnant
d’une dysfonction tubaire (otites moyennes,
aiguës et chroniques), ainsi que les sinu -
sites, et même les simples rhinites aiguës,
infectieuses ou allergiques. Même si une
dysfonction tubaire rendant l’équilibration
difficile ne représente pas forcément un
risque majeur d’accident grave, elle peut oc -
casionner des douleurs importantes ruinant
tout le plaisir de la plongée.
Un status dentaire anormal nécessite un
assainissement, en raison du risque d’air
trapping pulpaire source de violentes dou -
leurs à la remontée.
En période de transition entre la dentition
provisoire et définitive, le nombre de dents
antérieures doit être suffisant au maintien
de l’embout.
Psychiatrie
S’il est évident que les troubles anxieux et
de la personnalité constituent une contre-
indication formelle, les avis sont partagés
sur les troubles hyperactifs avec déficit
d’attention. Bien que l’on ignore exacte -
ment la pharmacodynamique hyperbare de
du méthylphenhydate, il semble que l’effet
favorable sur l’attention l’emporte sur les
risques, quand le traitement est stable de -
puis assez longtemps.
Endocrinologie
Le diabète insulino-dépendant représente
chez l’adulte une contre-indication formelle
actuellement remise en question. Cepen -
dant, chez l’enfant, même parfaitement
stabilisé, on le considérera restrictivement
jusqu’à nouvel avis.
Conclusion 2: les contre-indications
médicales et le certificat
Les contre-indications sont donc rarissimes.
Les cas douteux pourront souvent, après
avis spécialisé indispensable, se voir auto -
riser l’accès au monde du silence.
Le certificat se doit d’être un certificat de
non contre-indication, en spécifiant bien
que l’enfant doit évoluer dans une structure
spécifiquement dévolue à l’enseignement
et à la pratique de la plongée pédiatrique,
et avec les limitations relatives à la plongée
pédiatrique ( cf. plus haut + tableau 5 ).
Résumé
Bien que source de nombreux et ineffables
plaisirs, la plongée sous-marine demeure
pour l’enfant une activité de loisirs, non
indispensable à son développement harmo -
nieux et non dénuée de risques.
La pratique de plus en plus répandue de ce
sport permet de mettre en évidence la large
marge de sécurité dont on dispose chez
Tableau 5: Profondeurs maximales recommandées en fonction de l’âge, en milieu spécifiquement pédiatrique.
Age Plongeur débutant Plongeur expérimenté
8–9 ans 2 mètres 5 mètres
9–10 ans 2 mètres 5 mètres
10–12 ans 3 mètres 5 mètres
12–14 ans 3 mètres 10–12 mètres
1 Le Nitrox est un mélange d’air et d’oxygène. Le taux d’azote étant plus bas, le risque de formation de bulles à la remontée est plus bas.
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l’enfant, mais aussi l’absence d’innocuité
absolue. Contrairement à ce que pensait
Cousteau, il peut y avoir une punition pour
un péché aussi merveilleux 9).
Le rôle du pédiatre est donc de diminuer
le risque de «punition», pour reprendre
le terme de Cousteau, en s’assurant de
l’absence absolue de contre-indication, en
référant, dans le cas contraire l’enfant à
un spécialiste, et en vérifiant l’adéquation
de la structure dans laquelle va évoluer
l’enfant.
Remarques
La SUHMS organise régulièrement des
cours de médecine de plongée, destinés à
l’obtention de la formation de «Medical exa -
miner of divers». Voir www.suhms.org .
On trouvera aussi sur le même site les re -
commandations actuelles d’attitude, entre
autres en cas d’accident de plongée, et de
foramen ovale perméable.
On ne le répétera jamais assez: nos con -
naissances en médecine de la plongée chez
l’enfant sont fragmentaires. La réalisation
d’une étude de suivi des enfants plongeurs
est un moyen d’augmenter nos connais -
sances. La participation des pédiatres est
précieuse. Voir prochainement sous www.
diving-kids.ch , où l’on trouvera aussi divers
documents (articles, check-lists,…).
Références:1) Cousteau JY et Dumas D. IN: Le monde du silence. 1 ère édition Le livre de poche, Paris, 1962: 224–226.
2) Panchard MA. L’enfant et la plongée sous-marine.
Quand commencer? Rev Med Suisse Romande 2002; 22: 589–93.
3) Piaget J. IN: Psychologie de l’intelligence. A. Colin,
Paris, 1967: 197–201.
4) Piaget J. IN: Le développement mental de l’enfant.
Denoël, Paris, 1964: 87–101.
5) Dana Castro IN La mort pour de faux et la mort pour
de vrai. Albin Michel, Paris, 2000: 42.
6) Avanzi P, Galley P et Héritier F. IN: Plonger en sécu - rité. 1 ère édition, Gründ, Paris, 2000.
7) Wendling J et col. Aptitude à la plongée, Manuel. 2 ème édition SSMSH éditions, Crissier, 1996.
8) Wendling J et col. Tauglichkeit, Manuel. 2 ème édition SSMSH éditions, Crissier, 2001.
9) Cousteau JY et Dumas D. IN: Le monde du silence.
1ère édition Le livre de poche, Paris, 1962: 13–14.
Correspondance:
Dr Marc-Alain Panchard
Médecin chef, Service de Pédiatrie
Hôpital Riviera, Site du Samaritain
Bd Paderewski 3
1800 Vevey
map@swissonline.ch
Informations complémentaires
Traducteur:
Auteurs
Dr. med. Marc-Alain Panchard , Service de Pédiatrie Hôpital Riviera, Vevey