La Swiss Paediatric Surveillance Unit (SPSU) est un système de déclaration qui permet de recenser les pathologies pédiatriques rares et les complications rares des maladies plus fréquentes des enfants de moins de 16 ans traités à l’hôpital (Zimmermann et al. Soz Präventivmed 1995; 40: 392–5). Elle est gérée par pédiatrie suisse et l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).
La version complète du rapport bisannuel SPSU 2021/2022 est disponible sur Internet à l’addresse suivante: www.spsu.ch
Dans le cadre de la Swiss Paediatric Surveillance Unit (SPSU) les cas de maladies sécuritaires suivants ont été déclarés en 2021 et 2022:
2021: Un total de 582 cas confirmés ont été déclarés dans les 29 cliniques pédiatriques participant aux six études en cours: 521 SARS-CoV-2, 25 cytomégalovirus congénitales, 17 infections invasives à streptocoque du groupe A, 10 Varicella-Zoster-virus, 8 paralysies flasques aiguës (comme indicateur du niveau de surveillance de la poliomyélite) et 1 hémorragie due à une carence en vitamine K.
2022: Un total de 915 cas confirmés maladies ont été déclarés dans les 29 cliniques pédiatriques participant aux sept études en cours: 680 SARS-CoV-2, 104 infections invasives à streptocoques du groupe A, 81 Varicella-Zoster-virus, 34 cytomégalovirus congénitales, 9 paralysies flasques aiguës (comme indicateur du niveau de surveillance de la poliomyélite), 5 hépatites aiguës pédiatriques d’origine inconnue, 2 hémorragies dues à une carence en vitamine K et 0 hépatites aiguës pédiatriques d’origine inconnue.
Le nombre de cas recensés depuis 1995 et leur classification sont résumés dans le tableau.
Remerciements: Nous remercions tous les responsables des cliniques pédiatriques de leur bonne collaboration qui est indispensable pour le fonctionnement et le succès du système de recensement de la SPSU.
Pour le comité SPSU:
A. Wörner, Bâle (président); I. Bolt, Berne; C. Hagmann, Zurich; B. Laubscher, Neuchâtel et Lausanne; G. Simonetti, Bellinzona; F. Stollar, Genève; M. Mäusezahl, Berne; D. Beeli, Berne; F. Tschaggelar, Berne
Vous pouvez lire le rapport annuel complet ci-dessous
Swiss Paediatric Surveillance Unit
rapport 2021 / 2022
SWISS PAEDIATRIC SURVEILLANCE UNIT
3
Avant-propos 5
1. Généralités sur la SPSU 8
2. International 8
3. Cliniques participantes 9
4. Aperçu général des années
de recensement 2021 / 2022 9
4. Résultats des études en cours 12
4.1 Surveillance de la paralysie flasque aiguë (PFA) 12
4.2 Infection congénitale à Cytomégalovirus 14
4.3 Infections invasives à streptocoque du groupe A (IISGA) 17
4.4 Hémorragie sur déficit en vitamine K 21
4.5 Infections SARS-CoV-2 22
4.6 Varicella-Zoster-virus hospi talisations liées
(y compris les complications post-infectieuses) 28
4.7 Hépatite aigue pédiatrique d’origine inconnue 33
5. Publications et contributions
à des congrès 2015 à 2022 35
6. Remerciements 37
Impressum 38
rapport 2021 / 2022
4
SPSU Swiss Paediatric Surveillance Unit
5
Vous avez devant les yeux le rapport bisan-
nuel 2021/2022 de Swiss Paediatric Sur
veillance
Unit (SPSU). Au cours de la période sous revue,
marquée par la pandémie de SARS-CoV-2,
le travail conjoint de 29 cliniques pédiatriques
suisses, qui collaborent depuis 1995 dans ce
cadre unique avec l’Office fédéral de la santé
publique (OFSP) et pédiatrie suisse, a été sou mis
à des contraintes supplémentaires. Malgré les
exigences considérables pour faire face à cette
situation difficile, les partenaires de la SPSU
ont une nouvelle fois accompli un travail remar –
quable.
En 2021/2022, le taux de réponse des
dé
cla rations de toutes les études a une fois
encore atteint 100%, mettant en évidence le
caractère représentatif des études au sein
de la SPSU. Un grand merci à toutes les per –
sonnes qui ont contribué à ce succès.
Une fois de plus, la pandémie a révélé
l’importance de disposer de structures telles que
la SPSU. Dirigée par Nicole Ritz et Petra Zimmer –
mann, l’étude SARS-CoV-2 lancée en mars 2020,
juste après l’apparition de la pandémie, a fourni
des données précieuses qui ont abouti à plusieurs
publications. La mise en place rapide d’une
étude de ce genre, représentative et nécessaire
d’un point de vue épidémiologique, n’aurait
pas été possible sans le réseau SPSU préexistant. Les cliniques participant à l’étude ont
remarquablement maîtrisé les contraintes liées
à ces déclarations.
Les études actuelles sur les infections
invasives à streptocoque du groupe A et sur
les hospitalisations liées au virus Varicella-
zoster présentent des synergies. En effet, ce
virus augmente le risque d’infection secondaire
associée à la peau ou aux muqueuses.
Toutes études confondues, le nombre de
déclarations était de 1077 en 2021 et de 2845 en
2022.
Je tiens à remercier tout particulièrement
Daniela Beeli, Mirjam Mäusezahl et Fabian
Tschaggelar de l’OFSP. Ils sont les principaux
responsables de la qualité des déclarations
et des données, soutiennent inlassablement la
communication entre les partenaires de la
SPSU et contribuent ainsi à son unité. Au nom
du comité, un tout grand Merci.
Nous accueillons avec plaisir toute nouvelle
étude au sein de la SPSU. Nous nous ferons un
plaisir de vous conseiller sur le protocole à suivre
et la faisabilité.
Dr Andreas Wörner
Président du comité de la SPSU
rapport 2021 / 2022
6
SPSU Swiss Paediatric Surveillance Unit
7
Dans le cadre de la Swiss Paediatric Surveillance
Unit, SPSU, les cas de maladies suivants ont été
déclarés en 2021 et 2022:
2021: Un total de 582 cas confirmés ont été déclarés
dans les 29 cliniques pédiatriques participant
(cf. encadré) aux six études en cours: 521 SARS-CoV-2,
25 cytomégalovirus congénitales, 17 infections
invasives à streptocoque du groupe A, 10 Varicella-
Zoster-virus, 8 paralysies flasques aiguës (comme
indicateur du niveau de surveillance de la poliomyélite)
et 1 hémorragie due à une carence en vitamine K.
2022: Un total de 915 cas confirmés maladies ont
été déclarés dans les 29 cliniques pédiatriques
participant (cf. encadré) aux sept études en cours:
680 SARS-CoV-2, 104 infections invasives à strepto-
coques du groupe A, 81 Varicella-Zoster-virus,
34 cytomégalovirus congénitales, 9 paralysies
flasques aiguës (comme indicateur du niveau
de surveillance de la poliomyélite), 2 hémorragies
dues à une carence en vitamine K et 0 hépatites
aiguës pédiatriques d’origine inconnue.
rapport 2021 / 2022
8
1. Généralités sur la SPSU
La Swiss Paediatric Surveillance Unit
(SPSU)1 est un système de déclaration qui
permet de recenser les pathologies pédiatriques
rares et les complications rares des maladies
plus fré
quentes des enfants de moins de 16 ans
traités à l’hôpital (Zimmermann et al. Soz
Präventivmed 1995; 40: 392–5). Elle est gérée
par pédiatrie suisse et l’Office fédéral de
la santé publique (OFSP).
Ce système de déclaration est:
– Simple, parce que nécessitant peu
de travail;
– Souple, parce qu’il offre la possibilité
d’analyser des événements épidémio-
logiques particuliers peu de temps
après leur apparition;
– Complet, parce que toutes les cliniques
recherchent activement les cas répondant
à la définition;
– Représentatif au niveau national, parce
que les 29 cliniques pédiatriques de Suisse
y participent.
1 Comité SPSU: A. Wörner, Bâle (président); V. Bernet, Zurich; I. Bolt, Berne; B. Laubscher, Neuchâtel et Lausanne;
G. Simonetti, Bellinzona; F. Stollar, Genève; M. Mäusezahl, Berne; D. Beeli, Berne, F. Tschaggelar, Berne.
Le but est de promouvoir la recherche en
matière de pathologies pédiatriques rares et de
repérer les tendances épidémiologiques.
Il existe des systèmes de recensement
com parables dans neuf autres pays (Allemagne,
Angleterre, Australie, Belgique, Canada,
Irlande, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Pays de
Galles), qui collaborent et échangent leurs
expériences dans le cadre de l’International
Network of Paediatric Surveillance Units (INoPSU),
www.inopsu.com (voir «International»).
Les résultats de chaque étude sont aussi
régulièrement publiés dans des revues spéciali-
sées (voir liste des publications à la fin de ce
rapport). Les directives pour citer correctement
les auteurs, tout en mentionnant la SPSU, sont
disponibles sur internet à l’adresse www.spsu.ch.
Les propositions d’études sont à adresser
au président du comité de la SPSU, Dr. A. Wörner
(médecin adjoint, Hôpital pour enfants des
deux Bâle UKBB, Spitalstrasse 33, 4056 Bâle,
andreas.woerner@ukbb.ch). La description
du système de recensement et les directives qui
régissent l’admission des études peuvent être
demandées au secrétariat de la SPSU (Office
fédéral de la santé publique, division Maladies
transmissibles, 3003 Berne, tél. 058 463 87 06,
spsu@bag.admin.ch), ou consultées sur inter
–
net à l’adresse www.spsu.ch.
2. International
La SPSU, par son adhésion au Réseau international d’unités de surveillance pédiatrique INOPSU,
offre la possibilité de mener des études en collaboration internationale. Grâce à l’INOPSU, les
chercheurs et les parties intéressées ont un accès facile et simple aux protocoles d’étude d’autres
pays qui exploitent des systèmes de surveillance nationaux comparables à ceux de la SPSU
( www.inopsu.com). Il s’agit d’une occasion unique de comparer les données sur les maladies pédia-
triques rares en termes de facteurs démographiques, diagnostiques, cliniques et thérapeutiques.
Tous les deux à trois ans, les représentants des 10 États membres actuels se rencontrent pour
partager leurs nouvelles connais-sances dans le cadre d’un symposium scientifique. Depuis le début
de la pandémie, cet échange s’est intensifié et s’est transformé en réunions virtuelles régulières.
SPSU Swiss Paediatric Surveillance Unit
9
3. Cliniques participantes
Pädiatrische Klinik, Kantonsspital, Aarau; Pädiatrische Klinik, Kantonsspital, Baden;
Universitäts-Kinderklinik beider Basel, UKBB, Basel; Istituto Pediatrico della Svizzera Italiana, Bellinzona;
Universitätsklinik für Kinderheilkunde, Bern; Neonatologie, Universitätsklinik für Kinderheilkunde, Bern;
Kinderspital Wildermeth, Biel; Klinik für Kinder und Jugendmedizin, Kantonsspital, Chur;
Service de Pédiatrie, Hôpital du Jura, Delémont; Service de Pédiatrie, Hôpital Cantonal, Fribourg;
Hôpital des Enfants, HUG, Genève; Service de Pédiatrie, CHUV, Lausanne;
Hôpital de l’Enfance, Lausanne; Division de Néonatologie, CHUV, Lausanne;
Pädiatrische Klinik, Kantonsspital, Luzern; Service de Pédiatrie, Hôpital de Zone, Morges;
Klinik für Kinder und Jugendliche, Kantonsspital, Münsterlingen;
Département de Pédiatrie, Hôpital Pourtalès, Neuchâtel; Service de Pédiatrie, Centre hospitalier, Rennaz;
Neonatologie, Klinik für Geburtshilfe und Gynäkologie, St. Gallen;
Pädiatrische Klinik, Ostschweizer Kinderspital, St. Gallen; Service de Pédiatrie, CHCVs, Sion;
Pädiatrische Klinik, Spitalzentrum Oberwallis, Visp; Kinderklinik, Kantonsspital, Winterthur;
Service de Pädiatrie, eHnV, Yverdon; Pädiatrie/Neonatologie, Zollikerberg;
Universitäts-Kinderklinik, Zürich; Klinik für Kinder und Jugendliche, Spital Triemli, Zürich;
Neonatologie, Universitäts-Frauenklinik, Zürich.
4. Aperçu général des années
de recensement 2021 / 2022
En 2021 et 2022 comme les années précé-
dentes, toutes les cliniques de formation pé-
diatrique ont participé à l’enquête de la SPSU.
La conformité des rapports était à nouveau
de 100%, c’est-à-dire que toutes les cliniques ont
fait un rapport complet chaque mois (tableaux
1 et 2).
En 2021, 28 cliniques ont déclaré au total
1077 cas de maladie. Parmi ceux-ci, 582 ont pu être classés comme certains, et 17 ne répondaient
pas aux définitions de cas ou étaient des dou-
blons. Dans 474 cas, les informations nécessaires
à la classification manquaient. Une clinique
pédiatrique n’a eu aucun cas des maladies à
déclarer.
En 2022, 29 cliniques ont déclaré au total
2845 cas. Parmi ceux-ci, 910 ont pu être classés
comme certains et 5 ne répondaient pas aux
définitions de cas ou étaient des doublons. Dans
1929 cas, les informations nécessaires à la
classification manquaient.
Une sélection de publications (par ordre chronologique) illustre les activités de l’INoPSU:
– Abu-Raya B, Jost M, Bettinger J A, Bortolussi R, Grabowski J, Lacaze-Masmonteil T, Robinson J L,
Posfay-Barbe K M, Galanis E, Schutt E, Mäusezahl M, Kollmann T R. Listeriosis in infants:
Prospective surveillance studies in Canada and Swit-zerland, Paediatrics & Child Health, 2021;,
pxab035, https://doi.org/10.1093/pch/pxab035
– Katzman DK, Madden S, Nicholls D, Mawjee K, and Norris ML. From questions to answers:
Examining the role of pedi-atric surveillance units in eating disorder research. Int J Eat Disord.
2017 Mar;50(3):259-265. Doi: 10.1002/eat.22663 . Epub 2017 Jan 17.
– Desai S, Smith T, Thorley BR, Grenier D, Dickson N, Altpeter E, SPSU Committee, Sabbe M, Elliott E,
Zurynski Y. Performance of acute flaccid paralysis surveillance compared with World Health
Organization standards. Paediatr Child Health. 2015;51(2):209–14. https://doi.org/10.1111/jpc.12691
– Grenier D, Lynn R, Zurynski Y. On behalf of all national paediatric surveillance unit investigators.
Public Health impacts of the International Network of Paediatric Surveillance Units.
Paediatr Child Health. 2009;14(8):499–500. http://doi.org/10.1093/pch/14.8.499
– Grenier D, Elliott EJ, Zurynski Y, Pereira R, Reece M, Lynn R, von Kries R. Beyond counting cases:
Public Health Impact of National Paediatric Surveillance Units. Arch Dis Child.
2007;92(6):527–55. http://dx.doi.org/10.1136/adc.2006.097451
rapport 2021 / 2022
10
*Studienstart am 1. Juli 2021.
*L’étude a débuté le 1
er juillet 2022. Cas déjà survenus au cours de la période allant du 1 er mars 2022 au 30 juin 2022: 5
**L’étude a pris fin le 31 mars 2023. Les cas annoncés de janvier à mars 2023 sont inclus.
*L’étude a débuté le 1
er juillet 2021.
Tableau 1 – SPSU 2021: Aperçu des cas déclarés et retour des fiches de déclaration
Tableau 2 – SPSU 2022: Aperçu des cas déclarés et retour des fiches de déclaration
Étude Nombre de
cas SPSU Déclaration
retour à
SPSU en % Total des cas
Cas certainsNon casInformations
manquantes /
Question-
naires ouverts
Paralysie flasque
aiguë
10 10010802
Cytomégalovirus
congénital 30 100282523
Infections invasives à
streptocoque du groupe A 18 100181701
Infections SARS-CoV-2 100410053652115468
Varicella-zoster-virus 14*100101000
Hémorragie sur
déficit en vitamine K 1 1001100
Étude Nombre de
cas SPSU Déclaration
retour à
SPSU en % Total des cas
Cas certainsNon casInformations
manquantes/
Question-
naires ouverts
Paralysie flasque
aiguë
13 10013904
Hépatite aigue pédiatrique
d’origine inconnue 11* 100110110
Cytomégalovirus
congénital 55** 1005134021
Infections invasives à
streptocoque du groupe A 112 10011210408
Infections SARS CoV 2 256810068268021886
Varicella-Zoster-virus 82100818100
Hémorragie sur déficit
en vitamine K 4 1004220
SPSU Swiss Paediatric Surveillance Unit
11
DuréeCas certains
Études en cours
Paralysie flasque aiguë 1/1995 continue302
Infections invasives à streptocoque du groupe A 12/2017 continue228
Hémorragie sur déficit en vitamine K 9/2018 continue 6
Varicella-Zoster-Virus
(y compris les complications post-infectieuses) 7/2021 continue
91
Hépatite aigue pédiatrique d’origine inconnue 7/2022 continue0
Études finalisées
Infections SARS-CoV-2 4/2020 à 3/20232085
Cytomégalovirus congénitale 4/2016 à 3/2023185
Listériose néonatale 6/2017 à 12/20209
Coqueluche 4/2006 à 3/2010 et 1/2013 à 12/2020323
Tuberculose active 12/2013 à 11/2019138
Maladie de Kawasaki 3/2013 à 2/2019331
Toxoplasmose congénitale 1/1995 à 12/1998 et 6/2009 à 5/201721
Rubéole congénitale 1/1995 à 12/20162
Anomalie du cycle de l’urée 1/2012 à 12/20155
Encéphalite à Mycoplasma pneumoniae 7/2013 à 06/20150
Entérobactéries productrices de bêta-lactamase
à spectre élargi (BLSE) 7/2008 à 6/2012
403
Hyperbilirubinémie sévère 10/2006 à 12/2011172
Hémorragie sur déficit en vitamine K 1/1995 à 12/2000 et 7/2005 à 6/201127
Rhumatisme articulaire aigu 6/2000 à 5/201024
Anaphylaxie 5/2007 à 4/201058
Syndrome hémolytique-urémique 4/1997 à 3/2003 et 4/2004 à 3/2010249
Herpès néonatal 7/2002 à 6/20085
Anomalie du tube neural 1/2001 à 12/2007258
Syndrome de l’enfant secoué 7/2002 à 6/200750
Invagination 4/2003 à 3/2006243
Infections sévères au VRS 10/2001 à 9/2005462
Infections à Varicella-Zoster 1/2000 à 3/2003235
Encéphalite à tiques 3/2000 à 2/200323
Leucomalacie périventriculaire kystique 1/1996 à 12/199748
Tableau 3 – Études de la SPSU
rapport 2021 / 2022
12
4. Résultats des
études en cours
4.1 Surveillance de la paralysie
flasque aiguë (PFA)
Contexte
La poliomyélite est une maladie infectieuse
virale qui est susceptible d’entraîner des han-
dicaps durables et même parfois la mort, raison
pour laquelle l’Organisation mondiale de la
santé (OMS) a décidé en 1988 de l’éradiquer. La
Suisse avait déjà atteint cet objectif en 1983,
année où l’Office fédéral de la santé publique
avait enregistré le dernier cas dû au type
sauvage de poliovirus.
L’OMS a déclaré en 2002 que les régions
d’Europe, la Suisse comprise, étaient exemptes
de polio, mais l’OFSP doit lui en fournir les
preuves chaque année. Conformément à l’OMS,
la mise en évidence de paralysies flasques
aiguës parmi lesquelles la poliomyélite peut être
exclue constitue une preuve que la surveillance
de la polio est toujours active en Suisse. L’OFSP
a donc introduit en 1995 la déclaration des
paralysies flasques aiguës (PFA) dans la SPSU,
en complément de la déclaration de la polio-
myélite dans le système de déclaration obliga-
toire.
Pour cette surveillance, l’OMS définit deux
indicateurs de qualité :
– Le taux de cas de PFA recensés devrait être
d’au moins 1/100’000 chez les enfants de
moins de 15 ans;
– Le pourcentage de cas de PFA comportant
deux examens de selles à un intervalle
de 24 à 48 heures pour la recherche de
poliovirus devrait être d’au moins 80%.
But de l’étude
– Prouver que la Suisse est exempte de polio;
et
– Sensibiliser le corps médical à cette maladie.
Une recherche de poliovirus est nécessaire
dans tous les cas de paralysie flasque aiguë [1],
ce qui devrait permettre de définir les caractéris-
tiques épidémiologiques, cliniques et microbio-
logiques de celle-ci.
Définition des cas
Symptomatologie clinique chez un enfant
de moins de 16 ans:
– apparition brutale d’une paralysie flasque
touchant une ou plusieurs extrémités,
avec affaiblissement ou absence du réflexe
achilléen, ou
– apparition brutale d’une paralysie bulbaire.
Résultats
Les critères d’inclusion de l’étude ne
correspondent pas tout à fait à ceux de l’OMS.
La SPSU inclut les enfants de moins de 16 ans,
alors que les directives de l’OMS font référence
aux moins de 15 ans. Par conséquent, seuls
les cas de PFA chez les moins de 15 ans sont pris
en compte dans le présent rapport. En 2021,
10 déclarations de PFA ont été reçues; 8 répon-
daient à la définition de cas. Le taux de dé –
cla ration est ainsi de 0.54 cas pour 100’000
habi tants et par an. Dans 4 cas, au moins
un échantillon de selles a été analysé. En 2022,
13 déclarations de PFA ont été reçues; 9 répon-
daient à la définition de cas. Le taux de déclara-
tion est ainsi de 0.60 cas pour 100’000 habi-
tants et par an. Les selles ont été soumises à une
recherche de poliovirus ou d’entérovirus dans
5 cas.
Comme les années précédentes, la Suisse
n’a toujours pas satisfait aux critères de qualité
de l’OMS, ni en 2021 ni en 2022 (tableau 4):
trop peu d’échantillons de selles ont été testés
pour les entérovirus ou les poliovirus.
Conclusion
La propagation de tout poliovirus importé
doit être évitée à tout prix. C’est pourquoi l’OFSP
recommande les mesures sui-vantes, en accord
avec l’OMS:
– atteindre un niveau élevé de couverture
vaccinale,
– la mise en place d’une surveillance active
de qualité, afin de détecter rapidement tout
poliovirus importé ou tout virus vaccinal
circulant,
– conservation et manipulation des poliovirus
dans des laboratoires présentant un niveau
de sécurité adéquat.
Comme la Suisse ne répond pas aux normes
de qualité de l’OMS pour les tests de selles, il est
SPSU Swiss Paediatric Surveillance Unit
13
rappelé aux cliniques la nécessité de tester au
moins un échantillon de selles pour le poliovirus
dans tous les cas qui répondent aux critères
d’inclusion. Compte tenu de la qualité élevée des
laboratoires suisses, l’OFSP considère que
l’examen d’un échantillon de selles est suffisant.
Les coûts sont pris en charge par l’OFSP. Les
échantillons de selles doivent être envoyés au
Laboratoire national de référence pour la
poliomyélite (Institut de microbiologie médicale,
Petersplatz 10, 4003 Bâle).
La vaccination contre la polio est recom-
mandée pour toutes les personnes non vaccinées,
quel que soit leur âge. Les voyageurs se rendant
dans des zones endémiques doivent vérifier leur
statut vaccinal et prendre les dispositions néces- saires pour effectuer les rappels ou les rattra-
pages vaccinaux. En 2022, l’Afghanistan et le
Pakistan sont considérés comme des zones
endémiques.
Direction de l’étude
Dr. méd. Ekkehardt Altpeter, MPH, Division Maladies
transmissibles, Office fédéral de la santé publique,
3003 Berne, ekkehardt.altpeter@bag.admin.ch
Codirection de l’étude
Daniela Beeli, sage-femme, Division Maladies
transmissibles, Office fédéral de la santé publique,
3003 Berne, daniela.beeli@bag.admin.ch
Bibliographie
Bienz K, Bourquin C. Die Labordiagnostik von Polio-
viren nach der Eradikation der Poliomyelitis in Europa.
Schweizerische Ärztezeitung 2003 ; 84 : 407–8.
Année Total des cas
de PFA
(< 15 ans) Total des cas
de PFA
«non-polio» Taux de PFA
total (par 100’000) Total des cas de PFA
avec 1/2 échantillons
de selles % des cas de PFA avec
au moins 1 échantillon
de selles
2022
9 90.60 4/159
2021 880.54 4/050
2020 440.29 0/00
2019 12120.86 4/467
2018 16161.3 9/056
2017 880.6 2/025
2016 25251 .9 12/256
2015 880.7 1/238
2014 990.7 2/022
2013 990.7 0/111
2012 880.7 1/575
2011 330.3 2/267
2010 990.8 5/455
Tableau 4 – SPSU 2010 – 2022: surveillance de la paralysie flasque aiguë (PFA) chez les enfants
de moins de 15 ans
rapport 2021 / 2022
14
4.2 Infection congénitale à
Cytomégalovirus – rapport final
Contexte
L’infection à cytomégalovirus (CMV) est une
infection causée par un virus des herpes viridae.
Il s’agit d’une infection bénigne et courante chez
l’enfant et l’adulte, avec une séroprévalence
globale avoisinant les 80% dans le monde, bien
qu’elle varie considérablement selon la région
géographique, allant de 40% à 100% [1,2]. C’est,
par contre, la première cause d’infection con-
génitale, atteignant une prévalence moyenne de
1% dans le monde, Cette prévalence varie
également en fonction de la zone géographique,
allant de 0.2% à 6.1% des naissances vivantes
dans les pays en développement [1,2,3,5].
Environ 10 à 15% des nouveau-nés sont
symptomatiques à la naissance avec pour
principaux signes cliniques: thrombopénie,
hépatite, hépatosplénomégalie, choriorétinite,
microcéphalies, retard de croissance intra-
utérins. Des séquelles neurosensorielles et du
développement sont également rapportées
à long terme chez la moitié des enfants sympto-
matiques à la naissance, mais aussi chez
14% des enfants infectés et asymptomatiques
à la naissance [1,3,5].
Le dépistage systématique de la sérocon-
version maternelle pendant la grossesse n’est
actuellement pas recommandé en Suisse (gyné-
cologie suisse, lettre d’expert n° 47) ni dans
le monde [5]. En effet, il n’existe pratiquement
aucune possibilité d’empêcher la transmission
de la maladie de la mère à l’enfant. D’un point
de vue biologique, il est très difficile de distin-
guer une infection initiale d’une réinfection ou
d’une réactivation, et l’immunité de la mère
avant la grossesse ne protège pas contre la
réinfection ou la réactivation: deux tiers des
nouveau-nés infectés proviennent de mères qui
étaient séropositives pour le CMV au début
de la grossesse [4,5].
L’information et l’éducation en matière
d’hygiène des femmes enceintes constituent
actuellement la stratégie de prévention la
plus efficace pour prévenir l’infection à CMV.
Le rôle des vaccins et des antiviraux reste
incertain [6].
But de l’étude
Il n’y a actuellement aucune donnée
dis ponible en Suisse concernant les infections
congénitales à CMV (cCMV). Ces informations
concernant le diagnostic, la morbidité primaire
et secondaire sont importantes pour générer
des recommandations de dépistage éventuel
et de prise en charge. Depuis le 1
er avril 2016,
l’étude recense, dans le cadre de la SPSU, les
cas confirmés ou suspectés de cCMV. Cette
étude propose de mesurer et de suivre la préva-
lence des nouveau-nés vivants ayant une
infection confirmée à cCMV. Il s’agit également
de mettre en place un registre national de
surveillance épidémiologique et de déterminer
l’impact de cette infection congénitale sur le
développement psychomoteur des enfants.
Par ailleurs, ce suivi pourrait permettre
d’évaluer la possibilité d’organiser un dépistage
systématique du cCMV à la naissance et
d’identifier les caractéristiques sociodémogra-
phiques qui sont associés à ces patients en
Suisse.
Définition des cas
Cas confirmés de cCMV: Nouveau-nés
ayant un diagnostic de cCMV par PCR in- ou
ex-utéro avant la troisième semaine de vie
(liquide amniotique, sang du cordon, sang/
urines du bébé), isolement direct du CMV
par culture ou antigène.
Cas suspectés de cCMV: Positivité de la
sérologie en IgM, ou isolement du CMV par PCR
(sang, urines) après la troisième semaine de
vie, mais avant la première année de vie AVEC
des symptômes compatibles pour le cCMV
(prématurité, microcéphalie, calcifications
intracrâniennes, etc.)
Résultats
Au cours de l’année 2021, 28 cas ont été
répertoriés, soit 2.6 cas pour 10’000 naissances
(89’644 naissances en Suisse en 2021).
SPSU Swiss Paediatric Surveillance Unit
15
En 2022, nous remarquons une augmen-
tation de l’incidence avec 37 cas déclarés, soit
4.5 cas pour 10’000 naissances (82’045 nais-
sances en Suisse en 2022).
Au cours du premier trimestre 2023, 14 cas
ont été déclarés au SPSU (données sur la natalité
premier trimestre 2023 encore non disponibles)
L’inclusion des patients, commencée le
1
er avril 2016, a pris fin le 31 mars 2023. Nous
poursuivons actuellement la collecte des don-
nées relatives aux patients nés avant cette
date. Une analyse statistique approfondie sera réalisée uniquement à l’issue de l’inclusion
exhaustive des données. Néanmoins, sur la base
des informations actuellement à notre disposi-
tion (185 patients) depuis le début de l’étude en
2016, il est d’ores et déjà possible d’observer
que 50 enfants (27%) n’avaient aucune compli-
cation au moment de la déclaration du cas,
135 ayant au moins une complication. Parmi ces
135 enfants symptomatiques, 62 (46%) ont reçu
un traitement antiviral.
Les complications rencontrées à la nais-
sance sont représentées dans le graphique
ci-dessous:
Graphique 5 – Nombre de complications au moment du diagnostic, tous les enfants depuis le début
des études, n=185, (réponses multiples possibles)
MALADIES TRANSMISSIBLES
Graphique 5
Nombre de complications au moment du diagnostic, tous les enfants depuis le début des études, n=185, (réponses mul-
tiples possibles)
Les données de suivi à un an sont disponibles pour 113 patients, dont 57 présentent des symptômes ou signes cliniques (anomal ie à l’ima-
gerie, de l’audition, du développement ou ophtalmologique) et 2 décès sont à déplorer. Toute anomalie décelée à l’IRM, CT -scan, US cérébral
ou EEG dans l’année suivant le diagnostic de CMV congénital est attribuée à la catégorie «Anomalie à l’imagerie». Les affecti ons répertoriées
un an après la naissance sont listées dans le graphique ci -dessous:
Graphique 6
Anomalies constatées un an après la naissance (des symptômes multiples par enfant sont possibles et recensés individuelle-
ment)
65
352828
27
211817
111010
8
5
11
0
10
20
30
40
50
60
70
Microcéphalie
Thrombopénie
Ictère
Déficit auditif
Kystes cérébraux à l'imagerie
Autres anomalies à l'imagerie cérébrale Calcifications intra-craniennes Pétéchies
Anémie
Retard du développement moteur Hépatosplénomégalie
Hépatite
Retard du développement mental
Convulsions
Encéphalite
41
23
19
7
2
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
Anomalie à l'imagerie
Audition
Développemental Ophtalmologique
Décès
rapport 2021 / 2022
16
Conclusion
Ces résultats préliminaires ne permettent
pas d’émettre de nouvelles recommandations
concernant le dépistage et la prise en charge
des enfants atteints de cCMV. Lorsque la
collecte de données pour tous les cas, y compris
le suivi à 1 an de tous les sujets, sera achevée,
nous serons en mesure de mieux comprendre
d’une part l’épidémiologie et, d’autre part,
l’évolution de cette pathologie à moyen terme.
Direction de l’étude
Prof. Dr. Klara Posfay-Barbe, Hôpitaux Universitaires
de Genève, Hôpital des Enfants, 6, rue Willy-Donzé,
1211 Genève 14, E-Mail: Klara.PosfayBarbe@hcuge.ch
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Graphique 6 – Anomalies constatées un an après la naissance
(des symptômes multiples par enfant sont possibles et recensés individuellement) Les données de suivi à un an sont dispo-
nibles pour 113 patients, dont 57 présentent des
symptômes ou signes cliniques (anomalie à
l’imagerie, de l’audition, du développement ou
ophtalmologique) et 2 décès sont à déplorer.
Toute anomalie décelée à l’IRM, CT-scan, US cérébral ou EEG dans l’année suivant le dia-
gnostic de CMV congénital est attribuée à
la catégorie «Anomalie à l’imagerie». Les affec-
tions répertoriées un an après la naissance
sont listées dans le graphique ci-dessous:
SPSU Swiss Paediatric Surveillance Unit
8 fl 6 , - 7 ; % [
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