L’augmentation rapide de la prévalence de l’obésité infantile représente une véritable crise de santé publique. En Suisse, un enfant sur cinq est déjà en surpoids, ce qui augmente significativement les risques de développer des maladies cardiovasculaires, du diabète ou des affections ostéo-articulaires précoces. En Europe, environ la moitié des enfants et adolescents en surpoids souffrent d’hypertension ou de complications orthopédiques. La probabilité que le surpoids et ses co-morbidités subsistent à l’âge adulte est élevée, en particulier pendant l’adolescence. À cela s’ajoute un manque d’activité physique, ce qui augmente encore les risques de développer des lésions précoces d’athérosclérose pendant l’enfance puis d’infarctus du myocarde à l’âge adulte, ou de diabète de type 2. Ces pathologies chroniques autrefois réservées à l’adulte sont maintenant devenues des maladies des jeunes, aussi en Europe.
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1. Introduction
L’augmentation rapide de la prévalence de
l’obésité infantile représente une véritable
crise de santé publique. En Suisse, un en –
fant sur cinq est déjà en surpoids 1), ce qui
augmente significativement les risques de
développer des maladies cardiovasculaires,
du diabète ou des affections ostéo-articu –
laires précoces. En Europe, environ la moitié
des enfants et adolescents en surpoids
souffrent d’hypertension ou de complica –
tions orthopédiques 2), 3) . La probabilité que
le surpoids et ses co-morbidités subsistent
à l’âge adulte est élevée, en particulier
pendant l’adolescence 4), 5) . À cela s’ajoute
un manque d’activité physique, ce qui aug –
mente encore les risques de développer des
lésions précoces d’athérosclérose pendant
l’enfance puis d’infarctus du myocarde à
l’âge adulte 6), 7) , ou de diabète de type 2 8).
Ces pathologies chroniques autrefois réser –
vées à l’adulte sont maintenant devenues
des maladies des jeunes, aussi en Europe.
Pour prévenir les complications précoces,
les interventions visant des modifications du
style de vie et une réduction de la graisse cor –
porelle ont d’autant plus de chance de succès
à long terme qu’elles ont commencé tôt pen –
dant la croissance 9), 10) . Le pédiatre et le mé –
decin généraliste peuvent donc jouer un rôle
prépondérant pour dépister et traiter l’obésité
infantile et ses co-morbidités. Cependant,
il n’existe actuellement pas de consensus
national et il est urgent de définir le surpoids,
l’obésité et les facteurs de risque de maladies
secondaires chez l’enfant et l’adolescent. Le
pédiatre ou le médecin généraliste doit avoir
les moyens d’initier un traitement rapidement
et de pouvoir mettre en place, si nécessaire,
une thérapie interdisciplinaire pour modifier
le style de vie de l’enfant, de l’adolescent et
de sa famille. En général, les jeunes patients
en surpoids nécessitent une prise en charge
de longue durée.
La ligne directrice de la thérapie proposée
par notre groupe de travail national est
aussi publiée sur le site internet de la SSP
(www.swiss-paediatrics.org/society/com –
missions/obesite /). Elle se base sur les
recommandations des sociétés pédiatriques
nord-américaines et allemandes 9) (AGA-Leit –
linien www.a-g-a.de )11), qui existent depuis
plusieurs années et qui ont été récemment
révisées.
2. Particularités de la définition
de la surcharge pondérale
pendant l’enfance
L’épidémie d’obésité qui progresse rapide –
ment en Suisse nécessite une remise en
Définition, diagnostic et indications
thérapeutiques de la surcharge pondé –
rale de l’enfant et de l’adolescent
Nathalie Farpour-Lambert, Genève; Dagmar l’Allemand et Josef Laimbacher, St. Gall
(pour le groupe de travail sur l’obésité de l’enfant et de l’adolescent de la Société Suisse
de Pédiatrie)
Figure 1: Courbe de corpulence (IMC) 24) pour les filles (en haut) et les garçons (en
bas), en comparaison avec la définition internationale du surpoids et de l’obésité (en bleu) 26) (P. Mullis et coll., Inselspital Berne)
BMI (kg/m
2)
Age (années)
Courbes de corpulence (IMC) pour les filles de O à 18 ans
Kromeyer-Hauschild K, Wabitsch M, Kunze D, et al. Monatsschr Kinderheilkd 2001; 149:807–818
Réf. source pour les valeurs limites sur poids / obesité: Cole TJ et al. BMJ 2000
BMI (kg/m
2)
Courbes de corpulence (IMC) pour les garçons de O à 18 ans
Kromeyer-Hauschild K, Wabitsch M, Kunze D, et al. Monatsschr Kinderheilkd 2001; 149:807–818
Réf. source pour les valeurs limites sur poids / obesité: Cole TJ et al. BMJ 2000
Age (années)
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cause de nos pratiques médicales, et ceci
pour plusieurs raisons.:
Premièrement, concernant le surpoids, la
distribution normale des courbes de réfé –
rence entre le 3 ème et le 97 ème percentile n’est
plus considérées comme un bon indicateur
des risques cardiovasculaires et métaboli –
ques. Par exemple, l’utilisation de l’indice
de masse corporelle (IMC = poids en kg/
(taille en m 2), est maintenant recommandée
sur le plan international, cependant elle
pose un problème en pédiatrie puisque les
valeurs limites pour détecter l’augmentation
des risques de maladies secondaires, 25
kg/m 2 pour le surpoids et 30 kg/m 2 pour
l’obésité, n’existent actuellement que pour
les adultes.
En plus, l’IMC ne tient pas compte de la
masse de graisse, mais de la masse cor –
porelle totale. C‘est donc un indice peu
spécifique, en particulier chez les adoles –
centes pubères 12), chez les sportifs qui ont
une augmentation de la masse musculaire,
en cas de petite ou grande taille, ou de
maladies endocriniennes. Par exemple, un
garçon ayant une masse musculaire réduite
peut avoir une masse grasse augmentée et
conserver un IMC normal (ex. syndrome de
Prader-Willi) 13). Dans de tels cas, il est né –
cessaire de mesurer la masse grasse avec
des méthodes directes 14)–15) , par exemple
par densitométrie DXA 16), ou par mesure
moins précise des plis cutanés 17), et/ou de
manière indirecte par analyse de bioimpé –
dance (BIA) 16).
Certains facteurs de risques de mala –
dies chroniques sont clairement associés
à l’excès de graisse corporelle, comme
l’hypertension artérielle, la diminution du
taux de cholestérol-HDL, ou la combinai –
son de plusieurs d’entre eux. Cependant,
certains facteurs, comme le taux de cho –
lestérol-LDL ou l’intolérance au glucose,
sont d’origine principalement génétique,
héréditaire ou ethnique (par ex. diabète
de type 2 chez les personnes d’origine
asiatique, hispanique ou africaine) 2), 18) . Cela
signifie que les facteurs de risque de ma –
ladies chroniques peuvent déjà apparaître
lorsque l’enfant est en surcharge pondérale
(P. 90 – P97). C’est pourquoi il est important
d’effectuer une anamnèse familiale précise,
de dépister les facteurs de risque et d’agir
tôt en cas de risque familial augmenté 19).
Finalement, l’obésité de l’enfant et ses
co-morbidités se traitent principalement
par des changements de comportement,
comme l’augmentation de l’activité phy –
sique, une amélioration de l’équilibre ali –
mentaire ou le renforcement du rôle éduca –
tif des parents 20)–22) . Cependant, effectuer
des changements de comportement au
sein d’un environnement considéré comme
«obésogène» dépasse les limites de la
famille et du médecin. C’est pourquoi une
thérapie efficace (voir article Sempach et
coll., www.swiss-paediatrics.org/society/
commissions/obesite /) ne peut être dé –
veloppée sans des modifications concomi –
tantes de notre société comme par exemple
la promotion de l’activité physique et de la
nutrition saine à l’école, l’amélioration de la
sécurité sur les routes, les espaces de jeux
et de sport, le marketing et la qualités des
aliments destinés aux enfants..
3. Consensus pour la définition
du surpoids et de l’obésité chez
l’enfant et l’adolescent
Malgré les limitations discutées ci-dessus,
l’IMC est un indice couramment utilisé
Tableau 3.1: Tour de taille (WC, cm), tour de hanches (HC, cm) et rapport taille sur hanches (WHR) en fonction de l’âge et du genre. Valeurs limites à ± 2 déviations standard (SD), chez les garçons (en haut) et les filles (en bas) 27).
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pour évaluer le degré d’adiposité pendant
l’enfance et l’adolescence 4), 23) et il est
associé aux facteurs de risques cardiovas –
culaires 19). Plusieurs courbes de corpulence
ont été développées dans le monde, en
fonction de l’âge et du genre. En Europe,
un enfant ou un adolescent est considéré
comme en «surpoids» ou en surcharge
pondérale si son IMC est supérieur au
90 ème percentile et comme «obèse» s’il est
supérieur au 97 ème percentile 24)–25) . En 2000,
des valeurs limites internationales ont été
développées par le Groupe Pédiatrique de
l’International Obesity Task Force (IOTF)
comprenant 94851 filles et 97876 garçons
de 6 études mondiales, âgé de 2 à 18
ans 26). Ces valeurs limites correspondent
respectivement à l’IMC 25 et 30 kg/m 2 chez
l’adulte, et ne sont pas appropriées pour
suivre l’évolution des percentiles ou pour
les enfants de poids insuffisant. Actuelle –
ment, le European Childhood Obesity Group
(ECOG) et l’IOTF 26) recommandent à chaque
pays de développer ses propres courbes de
corpulence.
Pour des raisons pratiques, nous propo –
sons d’utiliser les courbes de corpulence
allemandes 24) (www.a-g-a.de ) parce qu’elles
sont similaires aux courbes internationales
de l’IOTF et permettent ainsi une bon –
ne transition avec celles des adultes, les
percentiles 90 et 97 correspondant res-
pectivement aux IMC de 25 et 30 kg/m 2
(illustration 1a et b). En outre, les courbes
allemandes sont exprimées en percentiles
et sont associées à un programme informa –
tisé de suivi et de contrôle de qualité de la
thérapie (APV, www.a-p-v.de ) reconnu sur
le plan international. Les anciennes courbes
de corpulence suisses de Prader, Largo et
coll. (1989) ou les courbes françaises de Rol –
land-Cachera et coll. (1992) sont largement
en dessous des valeurs internationales de
l’IOTF (de –1 à –4 unités) et ne rejoignent
pas les critères de surpoids ou d’obésité de
l’adulte. Selon ces courbes, environ 30% des
enfants suisses seraient en surpoids 1). Les
courbes de corpulence développées par le
Service de Santé de la Jeunesse de Genève
en 1995 25) montrent une limite du surpoids
similaire aux valeurs internationales tandis
que celle de l’obésité est inférieure de 2
unités environ. En 2004, aucune différence
régionale de l’IMC n’a été constatée en
Suisse 1). En principe, les mesures directes
de la masse de graisse corporelle, ou du
tour de taille, sont équivalentes. Par consé –
quent, le pourcentage de graisse corporelle
totale (> 25 % pour les garçons et >30% pour
les filles, 16) ou le tour de taille ( tableau 3.1 )27)
peuvent également servir de définition de
l’obésité, en particulier chez les enfants
ayant un IMC entre le 90 ème et le 97 ème
percentile et/ou dans les cas où l’IMC ne
reflète pas la composition corporelle (ma –
ladies, sportifs, etc.).
Il y encore peu de données épidémiolo –
giques concernant l’IMC, le pourcentage
de graisse corporelle ou le tour de taille,
en relation avec les co-morbidités chez les
enfants et les adolescents. C’est pourquoi
une réévaluation de ces définitions devrait
être effectuées dans un délai de 5 ans.
Obésité extrême
Puisque la morbidité et la mortalité, ainsi
que les coûts augmentent proportionnelle –
ment à l’IMC, un IMC supérieur à 40 kg/m 2
est défini comme obésité extrême ou mor –
bide chez l’adulte 28). Pendant l’enfance et
l’adolescence, l’obésité extrême est définie
par un IMC supérieur au 99.5 ème percentile
selon les courbes allemandes ( www.a-g-
a.de ).
Distribution de la graisse corporelle
La graisse abdominale évaluée de manière
simple par le tour de taille ou le rapport taille
sur hanches ( tableau 3.1 ) en relation étroite
avec les facteurs de risque cardiovasculaires
chez les adultes 32) et chez les enfants et les
adolescents 18), 29)–31) . L’augmentation du tour
de taille précède souvent l’augmentation
de l’IMC 27).
4. Risque de la surcharge pondé –
rale pour la santé présente et
future des enfants et des adoles-
cents
Bien que le lien direct entre l’IMC et les
risques pour la santé de l’enfant ou de
l’adolescent n’a encore été démontré que
dans des cas isolés 19), une augmentation
de la masse grasse pendant l’enfance est
associée à un risque augmenté de morbidité
à l’âge adulte 17); 33)–35) . Plus l’excès de poids
est important et plus il persiste après l’âge
de 11–12 ans, plus la probabilité de rester
obèse à l’âge adulte est élevée (66 à 77%) 4),
23). Si l’un des parents est obèse, la probabi –
lité que l’enfant soit en surpoids et qu’il soit
obèse à l’âge adulte est de 30 % supérieure
à un enfant de parents de poids normal 5).
5. Indications au dépistage chez
les enfants et les adolescents en
surcharge pondérale
Les indications pour le dépistage des co-
morbidités et pour la mise en place d’une
thérapie doivent être adaptés en fonction
de l’importance et de l’évolution de l’excès
pondéral, ainsi que des facteurs de risques
familiaux ou la présence de co-morbidités,
comme cela a été proposé dans d’autres
pays 9), 11) (www.a-g-a.de ):
I: IMC > P. 97, obésité:
● examen médical complet et analyses
sanguines: voir diagnostic investigations
(points 6.1 à 6.3.).
II: IMC > P. 90 < P. 97, surpoids:
● surveillance par le pédiatre ou le méde -
cin généraliste
● contrôles semestriels
● objectif: stabiliser l’IMC ou au moins
la surcharge pondérale (IMC-SDS con -
stant).
● examen médical complet, et analyses
sanguines (6.1 à 6.3.) si:
● anamnèse familiale est positive chez
un parent du 1 er ou 2 ème degré: obésité,
diabète de type 2, athérosclérose pré -
coce, hypertension artérielle,
● présence de facteurs de risque ou co-
morbidités chez l’enfant (hypertension,
dyslipidémie, hyperglycémie, etc).
● augmentation de l’IMC de >3 kg/m 2 par
an.
6. Evaluation des co-morbidités
associées à la surcharge
pondérale
Une anamnèse personnelle et l’examen
clinique complet sont essentiels pour
l’évaluation initiale de la surcharge pondé –
rale ( tableau 6.1 ); il faut exclure une maladie
primaire comme cause de l’obésité ( tableau
6.2 ). Au-delà du diagnostic de base, les in –
vestigations afin d’évaluer les co-morbidités
sont dirigées en fonction de l’anamnèse et
de l’examen clinique ( tableau 6.3 ).
7. Santé psychologique
La prévalence des maladies psychiatriques
augmente avec l’importance de la surcharge
pondérale et avec l’âge: l’anxiété ou la dé –
pression apparaît chez 70 % des adolescents
sévèrement obèses, avec 17 % de troubles
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22
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du comportement alimentaire 44). Il est donc
important que le médecin recherche les
troubles psychologiques ou psycho-sociaux
et qu’il réfère au spécialiste, en cas de sus –
picion de boulimie, d’abus de substances,
ou de dépression. Dans ce cas, une thérapie
spécifique doit être instaurée et c’est une
contre-indication pour une thérapie d’obésité
classique. Il est alors important d’évaluer
soigneusement la situation psychosociale,
ce qui permettra d’orienter le processus
de thérapie, par. ex. décès, comportement
de manie ou maladie lourde dans la famille,
négligence ou abus. La motivation et la
situation psychosociale sont des conditions
indispensables pour une thérapie intensive
de l’obésité (Motivation-Check, R. Sempach
et MOVE-FAST, R. Alber, communication
personnelle, voir www.swiss-paediatrics.
org/society/commissions/obesite /), afin
de ne pas surcharger vainement des patients
qui ne sont pas prêts à changer.
8. Indications à la thérapie chez
les enfants et les adolescents
L’obésité pendant l’enfance est considérée
comme une maladie chronique, qui entraîne
très tôt des altérations cardiovasculaires,
hormonales et métaboliques et qui aboutit
à un syndrome de résistance à l’insuline, 10),
18), 43), 45) . Par conséquent, chaque enfant en
surpoids ou obèse doit être traité le plus
tôt possible, afin de prévenir le dévelop –
pement précoce des premiers signes de
maladies cardiovasculaires ou du diabète
de type 2. Les indications à la thérapie
interdisciplinaire sont présentées dans la
table 8.1 . Il a été démontré que les enfants
en surpoids ont moins de risque de co-
morbidités que les enfants obèses, c’est
pourquoi la participation à un programme
de thérapie interdisciplinaire n’est proposée
que si des facteurs de risque ou une mala –
die secondaire sont présents ( tableau 8.1 ).
Néanmoins, il est essentiel d’encourager
des changements de style de vie de l’enfant
et de sa famille, afin de prévenir le dévelop –
pement des co-morbidités.
La procédure thérapeutique doit être
adaptée à l’âge et au degré d’adiposité de
l’enfant ( tableau 8.2 ). Pour des nourrissons,
la thérapie et/ou la consultation individu –
elle des parents est indiquée. Tant que les
enfants et les adolescents vivent avec leurs
parents, une thérapie incluant les jeunes
patients et leurs parents ensemble ou sé –
parément est indiquée 10), 46) .
Tableau 6.1: Anamnèse et examen clinique
● Anamnèse personnelle et familiale comprenant activité physique et sport, modes
de déplacement, loisirs, utilisation de la télévision et de l’ordinateurs, alimentati –
on, sommeil, scolarité, facteurs psychosociaux, etc.)
● Mesure du poids, de la taille, du tour de taille et des hanches 27) (Tableau 3.1. )
● Signes cutanés (acanthosis nicgricans, hirsutisme, vergetures)
● Status cardio-respiratoire, pouls et pression artérielle (Screening d’après
Somu 36) et références US-américaines reliées a la taille 37) ou références
européennes 38) (jusqu’à 140/80 mmHg)
● Stade pubertaire
● Signes dysmorphiques
● Problèmes orthopédiques aigüs ou chroniques: hanches, genoux, pes planus,
genu valgum, hyperlordose, etc).
● Force musculaire, coordination.
● Status psychologique (anxiété, dépression, etc.) ( voir paragraphe 7. )
Tableau 6.2: Recherche d’une cause primaire
● Maladie chronique ou traumatisme avec immobilisation
● Petite taille ou retard de croissance (syndrome de Cushing, hypothyroïdie),
sans/avec retard mental (syndrome génétique p. ex. Prader-Labhart-Willi,
Bardet-Biedl, pseudohypoparathyroïdie, Alström).
● Pathologie ou traumatisme SNC, altération visuelle (p. ex. craniophanyngiome)
● Effets secondaires de médicaments (entre autres glucorticoïdes, Valproate,
Phenothiazine, etc.)
Tableau 6.3: Recherche de co-morbidités ou de facteurs de risque
Dépistage initial:
● Prise de sang à jeun (glucose, cholestérol total, – LDL, – HDL, triglycérides,
ALAT; TSH)
Autres investigations:
● Insuline (et glucose, à jeun) si acanthosis nigricans ou hirsutisme
● OGTT pour dépister une intolérance au glucose ou un diabète de type 2
(avec dosage de l’insuline basale et résistance à l’insuline (HOMA-IR-)), chez des
enfants avec IMC > P90; à partir de 10 ans; si 1–2 critères supplémentaires sont
positifs: acanthosis nigricans, anamnèse familiale positive chez un parent du 1 er
ou 2 ème degré pour un diabète de type 2 ou origine africaine, hispanique ou asia –
tique (ADA 2000: 39), 40) ).
● Selon bilan lipidique ci-dessus: homocystéine, apolipoprotéines,
lipoprotéine(a). (41), 42) )
● Acide urique, si anamnèse familiale positive.
● Status respiratoire et dépistage de l’apnée du sommeil: polysomnographie,
si pauses respiratoires, ronflements, énurésie nocturne secondaire, fatigue,
troubles de la concentration 37)
● Consultation orthopédique, imagerie: hanches, genoux, pieds, dos, en cas de
symptômes. P. ex. épiphysiolyse de la tête fémorale.
● Consultation endocrinologique en cas de puberté retardée/hypogonadisme
chez les garçons; troubles menstruels ou hirsutisme chez les filles.
● Evaluation néphrologique, si protéinurie, glomérulopathie associée.
● Tests hépatiques et ultrasonographie pour le diagnostic de pathologie hépa –
tique non-alcoolique (NAFLD) / Stéatose (NASH) si transaminases élevées 10), 43)
23
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9. Contre-indications pour la thé –
rapie interdisciplinaire:
• Enfants/adolescents et leur famille et/
ou membre sans la motivation suffisante
pour des entreprendre des modifica –
tions de comportement
• Pathologie psychologique (p. ex. trouble
du comportement alimentaire, dépres –
sion) sans thérapie psychologique/psy –
chiatrique appropriée.
10. Résumé
La surcharge pondérale est définie chez
les enfants et les adolescents à l’aide de
courbes de corpulence (IMC) en fonction du
sexe et de l’âge, par le tour de taille ou par la
mesure directe de la masse de graisse cor –
porelle. L’excès pondéral induit un dévelop –
pement prématuré des maladies chroniques
de l’adulte, en particulier les maladies cardi –
ovasculaires et le diabète. C’est pourquoi il
est important qu’un enfant ou un adolescent
en surpoids soit examiné soigneusement et
que ses facteurs de risques personnels et
familiaux soient évalués. Selon l’importance
du surpoids et les facteurs de risques, des
investigations sont recommandées afin de
dépister les pathologies associées. La thé –
rapie doit être débutée le plus tôt possible
et adaptée en fonction du degré d’obésité,
de son évolution, de la présence de facteurs
de risque et de co-morbidités, et de la mo –
tivation. Des informations détaillées sont
à disposition sur le site internet de la SSP
(www.swiss-paediatrics.org/society/com –
missions/obesite /). Dans tous les cas,
une prise en charge médicale durable de
l’enfant et de sa famille est nécessaire afin
de prévenir le développement prématuré
des maladies chroniques de l’adulte ou
de les traiter adéquatement, afin d’éviter
ainsi une explosion des coûts de la santé à
long-terme.
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Tableau 8.1: Indications à la thérapie 47)
(1) Comme facteurs de risque sont considérés:
● Résistance à l’insuline,
● Dyslipidémie,
● Histoire familiale d’obésité, de diabète de type 2, d’infarctus ou d’AVC avant 55 ans
chez un parent du 1 er ou 2 ème degré,
● Poids de naissance P90, Stéatose hépatique diagnostiquée par échographie.
(2) Comme maladies, pour lesquelles une réduction de l’excès pondéral est impor –
tante, sont considérées:
● Hypertension artérielle,
● Diabètes sucré de Type 2,
● Intolérance au glucose,
● Perturbations endocriniennes (développement pubertaire anormal, élévation isolée de
la TSH),
● Syndrome des ovaires polykystiques (PCOS),
● Affections orthopédiques,
● Stéatose hépatique non-alcoolique (NASH),
● Problèmes respiratoires, par ex. apnée du sommeil.
● Glomérulopathie
● Troubles du comportement alimentaire
Degré de surcharge pondérale Aucun facteur de risque Facteurs de risque (1)
ou maladie (2)
Obésité (IMC, tour de taille Thérapie de l’obésité Thérapie de l’obésité
ou masse grasse > P97)
Surpoids (IMC < P97et > P90) – Thérapie de l’obésité
Poids normal (IMC < P90) - Thérapie spécifique aux
maladies
Tableau 8.2: Indications pour une thérapie en fonction de l’âge et de l’IMC 9), 11) (www.a-g-a.de )
Age IMC Prise en charge
< 2 ans: IMC > P97: Consultation/thérapie avec les parents,
IMC > P99.5: Référence à une consultation spécialisée, dépistage
d’un syndrome ou d’une pathologie monogénique.
> 2 & < 6 ans: IMC > P97: Consultation/thérapie avec les parents, stabilisation
du poids ou réduction du poids si présence de
co-morbidités
> 6 ans: IMC > P97: Thérapie de l’enfant et de ses parents selon la
table 8.1
> 10–15 ans: IMC > P97: Thérapie de l’adolescent selon la
table 8.1 ,
développement de l’autonomie, soutien de la famille,
> 12 ans: IMC > P99.5 avec multiples co-morbidités: hospitalisation si
nécessaire.
E m p f e h l u n g e n / R e c o m m a n d a t i o n s
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Correspondance:
Dr. med. Nathalie Farpour-Lambert
Pédiatre et médécin du sport FMH
Médecin associée responsable du
programme transversal HUG de lutte
contre l’obésité et de la consultation en
médecine du sport pédiatrique
Unité de cardiologie pédiatrique
Département de Pédiatrie
Hôpitaux Universitaires de Genève
6, rue Willy Donzé
1211 Genève 14
Tél.: +41 22 382 45 93
Fax: +41 22 382 45 04
nathalie.farpourlambert@hcuge.ch
Informations complémentaires
Auteurs
Dr. med. Nathalie Farpour-Lambert , Unité de cardiologie Pédiatrique, Département de l’Enfant et de l’Adolescent, Hôpitaux Universitaires de Genève