En 1990 a été ratifiée la Déclaration Innocenti, dont les initiateurs principaux furent l’OMS et l’UNICEF. Les buts globaux de la déclaration sont la santé et l’alimentation optimales des mères et des enfants. Le lait maternel est incontestablement la meilleure alimentation possible pour tous les nourrissons. Lorsqu’il fait défaut, l’OMS préconise comme alternative une alimentation avec du lait de donneuse pasteurisé. Notamment pour les tout petits prématurés l’utilisation de lait de donneuses s’avère être la «deuxième meilleure solution». Pour pouvoir mettre à disposition du lait de donneuse (LD), il faut des banques de lait maternel.
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Introduction
En 1990 a été ratifiée la Déclaration Inno-
centi, dont les initiateurs principaux furent
l’OMS et l’UNICEF. Les buts globaux de la
déclaration sont la santé et l’alimentation
optimales des mères et des enfants. Le lait
maternel est incontestablement la meilleure
alimentation possible pour tous les nourris –
sons. Lorsqu’il fait défaut, l’OMS préconise
comme alternative une alimentation avec
du lait de donneuse pasteurisé. Notamment
pour les tout petits prématurés l’utilisation
de lait de donneuses s’avère être la «deu –
xième meilleure sol\oution».
Pour pouvoir mettre à disposition du lait de
donneuse (LD), il faut des banques de lait
maternel. La préparation de lait maternel
passe par plusieurs paliers – par analogie à
celle des conserves de sang: 1. recrutement
de donneuses adéquates, 2. collecte, 3. ana –
lyses bactériologiques, 4. conditionnement
y compris pasteurisation, 5. conservation,
6. distribution. La pasteurisation surtout
s’apparente à une marche sur le fil du rasoir,
entre sécurité bactériologique pour le béné –
ficiaire d’une part et maintien des qualités
nutritives et immunologiques du lait d’autre
part. En Suisse on n’utilise actuellement que
du LD pasteurisé, alors que l’alimentation
avec du lait non pasteurisé serait optimale. Ces recommandations cherchent, par des
procédés standardisés de gestion d’une
banque de lait maternel et l’assurance
de qualité nécessaire au recrutement de
donneuses, à minimiser le risque infectieux
pour l’enfant bénéficiaire et à lui mettre à
disposition un lait de bonne qualité. Les
recommandations doivent servir de base
de travail pour les banques de lait maternel
déjà existantes en Suisse et pour les cli
–
niques souhaitant cr\oéer une telle banq\oue.
Pour les banques de lait maternal il
n’existe en Suisse, sur le plan formel,
aucune obligation légale d’établir une
recommandation nationale. Le but d’une
telle recommandation est de parer à
d’éventuelles démarches en responsa –
bilité civile et représente, dans ce sens,
une manifestation de respect envers les
bénéficiaires. En résumé, on constate
qu’en Suisse le lait maternel ne répond ni
à la définition de médicament, ni à celle
d’aliment. Par cette recommandation,
les banques de lait existantes fixent les
normes d’hygiène actuellement déjà très
élevées et les processus de fabrication
standardisés en vigueur, afin d’établir un
consensus suisse et servir de référence
pour à l’utilisation du lait maternel.
Collaborateurs de la banqu\ie de
lait maternel 4)–7), 11)–13)
Le conditionnement et l’administration de
LD sont très exigeants pour le personnel. Il
est conseillé de créer un groupe de spécia –
listes pour gérer les questions inhérentes à
la banque de lait maternel (BLM). Plusieurs
domaines seront représentés au sein de
ce groupe: BLM, hygiène, service médical,
Recommandations pour l’organisation et
le fonctionnement d’une banque de lait
en Suisse
Résumé des recommanda\otions avalisées par \ola Société Suisse de\o
Néonatologie (texte complet et ré\oférences:
www.neonet.ch/recommendations )
Kerri Frischknecht 1), Cornelia Wälchli 2), Vreny Annen 3), Therese Fuhrer 4), Pia Gianoli 5),
Martin Stocker 6)
Traduction: Rudolf Schlaepfer, La Chaux-de-Fonds
1) Ostschweizer Kinderspital, Still- und Laktationsbera –
tung, St. Gallen
2) Universitätsklinik für Kinderheilkunde, Still- und
Laktationsberatung Abt\oeilung Neonatologie,\o Bern
3) Kinderspital Luzern\o, Frauenmilchbank, Luzern
4) UKBB Universitäts-Kinderspital beider Basel, Still-
und Laktationsberatung, Bas\oel
5) Kinderklinik Aarau,\o Frauenmilchbank, Aarau
6) Royal Brompton Hospital, Syndey Street, SW3 6NP
London, UK
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bois ne sont pas admis dans une BLM, ne
pouvant pas être ne\ottoyés correctement.\o
Appareils
Les appareils d’une BLM serviront exclu-
sivement au traitement et à entreposer le
LD. Ils sont maintenus en parfait état de
fonctionnement et subissent une révision
annuelle de la part du fabricant. En cas de
panne, un appareil de réserve doit garantir
la continuité du processus de travail et
d’entreposage. Un plan d’urgence acces –
sible à tout le monde explique les mesures
à prendre, en cas de panne technique, afin
de garantir la qualité du LD. Un relevé quoti –
dien de la température et un voyant externe,
relié à une centrale d’alarme externe, sont
indispensables pour l’assurance de qualité
de la réfrigération\o.
Il est préférable de disposer de 2 réfri-
gérateurs : le premier pour le LD frais,
non traité jusqu’à ce qu’on procède aux
analyses et au conditionnement. Le deu –
xième pour entreposer le LD prêt à être
distribué dans les services. La température
ne devrait dépasser les 4°C. Il est utile de
disposer de 3 congélateurs: le premier
pour le LD non traité; le deuxième pour
le LD pasteurisé, en attente du résultat
bactériologique et le troisième pour le LD
pasteurisé et disponible. La température
doit être d’au moins -20°C.
Le pasteurisateur est un appareil destiné
au traitement précautionneux du LD. Il peut
s’agir d’appareils automatiques ou semi-
automatiques. Il est préférable de contrô-
ler électroniquement la température de
62.5°C
± 0.5°C (recommandation actuelle)
pendant la pasteurisation et de la documen –
ter avec date, heure et durée du processus
de pasteurisation.
Appareils de nettoyage: pour le nettoyage
et la remise en état de tous les appareils
et instruments étant en contact avec le
LD; on se servira d’appareils adéquats et
homologués. Il est préférable d’utiliser un
stérilisateur ou alors un appareil pour la
thermodesinfection (\o93°C).
Choix des donneuses
Avant de donner du LD à un enfant, cer-
taines conditions de principe doivent être
remplies pour que celui-ci soit protégé de
façon optimale. Ces exigences émanent
des conditions en vigueur pour le don de
(réception du lait maternel, administration,
préparation et distribution aux services,
emplacement des réfrigérateurs et congé
–
lateurs, climatisation/aération pour main –
tenir une température ambiante constante,
flux laminaire pour le conditionnement et
le traitement du lait avant et après pas –
teurisation), un local «sale» (nettoyage
des ustensiles et appareils utilisés pour le
conditionnement du lait) et éventuellement
un local de stockage.
Surfaces de travail
Pour des raisons d’hygiène l’acier chromé
est la surface idéale. Les surfaces en pierre
ne sont pas adaptées en raison des inéga –
lités naturelles. Les objets et surfaces en
conseillère en allaitement, laboratoire et
soins. Sont indispensables: un(e) respon
–
sable du domaine médical, d’autres collabo –
rateurs médicaux (selon la taille de la BLM),
un médecin conseil, formation continue du
personnel de la BLM, vaccination du person –
nel contre l’hépati\ote B.
Infrastructure 4)–7), 11)–13)
Exigences concerna\fnt les locaux
Les locaux d’une BLM doivent être adaptés
aux activités et aux besoins de la clinique
en question. Des locaux indépendants
contribuent à une assurance de qualité
optimale. On devrait disposer de plusieurs
locaux: un local pour le conditionnement
Définition/Remarques
Banque de lait mat\fernel
(BLM) En Suisse, toutes les\o banques de lait ma\oternel sont intégré\oes à
une clinique obstét\oricale ou pédiatriq\oue. Contrairement à\o d’autres
pays, il n’existe pa\os de banque de lait \omaternel privée.
Donneuse de lait ma\fternel Mère en bonne santé\o qui allaite ou tir\oe son lait pour son p\oropre
enfant et qui donne\o volontairement son \olait excédentaire. \oLes exi
–
gences à l’encontre des donneuses de lait maternel découlent des
conditions valables p\oour le don de sang (é\otat novembre 2009).\o
Lait maternel (LM) Lait qui sert à l’a\olimentation de son p\oropre enfant.
Lait de donneuse (\fLD) Lait d’une femme en\o phase de lactation,\o n’étant pas la mèr\oe biolo
–
gique de l’enfant r\oeceveur.
Lait de donneuse c\fru,
non traité, frais Lait maternel admin\oistré sans traitemen\ot par chaleur préalable. \o
Alimenté avec du la\oit de donneuse cru, l\o’enfant bénéficie \ode tous
les avantages des él\oéments contenus dans \ole lait maternel
1), 2).
Cette forme d’alime\ontation est néanmoin\os grevée d’un risque\o
accru d’infection e\ot exige une gestion\o très stricte (donneuse
CMV-négative, chaque portion de lai\ot subit une analyse\o bactério –
logique).
Lait congelé Lait cru ou pasteur\oisé, congelé et conse\orvé à une températu\ore
d’au moins -20°C. La\o congélation est un \omode de conservation
particulièrement a\odapté, mais altère l\oa qualité de certai\ons élé-
ments, p.ex. la vit\oamine C et les trig\olycérides
3).
Lait de donneuse
pasteurisé La recommandation ac\otuelle pour une tem\opérature de 62.5°C \o±
0.5°C a pour but d’\oéliminer les virus \oet bactéries signif\oicatifs, tout
en maintenant des q\ouantités adéquates d\o’immunoglobulines, l\oac
–
toferrine et lysozym\oe
4)–7).
Lait de donneuse
lyophilisé Poudre confectionnée\o par cryodessication à parti\or de lait de don
–
neuse non traité, co\ongelé ou pasteurisé.\o La lyophilisation e\ost le
mode de conservation le plus respe\octueux. Il n’est pa\os utilisé en
Suisse actuellement\o pour des raisons logi\ostiques.
Lait préterme Lait produit par la\o mère d’un enfant p\orématuré pendant le\os pre
–
mières 4 semaines ap\orès l’accouchement. Le lait d’u\one mère
qui accouche à terme et d’une\o mère qui accouche avant terme
présentent des diffé\orences significativ\oes. Cette différenc\oe doit
être respectée lors \ode la préparation de\o l’alimentation d’e\onfants
prématurés, le but \oétant de faire béné\oficier l’enfant pr\oématuré de
lait de donneuse pré\oterme
8)–11) .
Lait poolé Lait provenant de p\olusieurs donneuses. E\ost déconseillé, l’ide\ontifi
–
cation des diverses p\oortions n’étant par \ola suite plus possibl\oe.
Tableau 1: Définitions
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examens sérologiques doivent toujours être
effectués au début du don avec du sang frais
et répétés après 3 mois, si la femme donne
toujours son lait
4)–6) .
La donneuse est informée des sérologies
qui seront effectuées et elle donne son
consentement écrit. Le médecin informera
la femme lors d’un entretien personnel des
résultats positifs et lui expliquera les consé –
quences possibles. Les sérologies suivantes
sont effectuées:
• VIH
• Hépatite B
• Hépatite C
• Syphilis.
La sérologie CMV n’est pas vérifiée en
Suisse, les LD étant sans exception pas –
teurisés. Il semble certain que les virus
CMV sont entièrement détruits par la
pasteurisation. Par la congélation à -20°C
le CMV n’est que partiellement détruit,
cette méthode n’est donc pas une alterna –
tive pour éliminer ce virus
28), 29) . Le Human
T-Lymphoytic Virus (HTLV) n’est pas dé –
pisté en Suisse, par analogie au don de
sang. Par ailleurs il est lui aussi détruit par
la pasteurisation.
Causes d’exclusion\f temporaire
Les situations suivantes peuvent aller à
l’encontre d’un don de lait maternel. La
durée de l’exclusion dépend de la situation
spécifique et doit, en cas de doute, faire
l’objet d’une évalu\oation médicale.
• maladie fébrile aig\ouë
• maladie fébrile avec exanthème d’un
membre de la famill\oe
• gastroentérite
• mastite
• affections cutanées, mycoses et herpès
inclus
• 12 heures après consom\omation d’alcool
• vaccination par un vaccin vivant dans les
4 semaines précédent\oes
• prise de médicaments\o*
*Médicaments : il n’est pas possible de
formuler des règles générales, la déci –
sion se fera au cas par cas. Ne posent
pas de problèmes les produits à base de
fer et de vitamines, en dosage habituel,
ainsi que les médicaments prescrits à
long terme mentionnés dans tableau 2.
La durée de l’éviction dépend du type de
médicament et sera aussi décidée indivi –
duellement
17)–19) .
sang. On distingue les critères
d’exclusion
définitifs des situations excluant une femme
temporairement du do\on de lait maternel.\o
Prérequis au don de\f lait maternel
La mère a du lait maternel excédentaire
et est en bonne santé. Elle comprend les
mesures d’hygiène nécessaires et est en
mesure de les appliquer. Elle accepte de
répondre, au moyen d’un questionnaire,
aux questions visant à minimiser les risques
inhérents au LD. Elle donne son accord écrit
pour un don volontaire et accepte de se
soumettre à une analyse sérologique de son
sang afin de réduire au minimum le risque
de transmettre une maladie infectieuse.
Elle ne reçoit aucune indemnisation et elle
ne sera pas incitée à prolonger la lactation
pour le don de son la\oit. Facteurs anamnestiq\fues justifiant une \f
exclusion définitiv\fe
Una anamnèse approfondie est nécessaire
pour garantir à l’enfant un produit de haute
qualité. Les éléments justifiant une exclu
–
sion sont résumés dans\o le tableau 2.
Exclusion définitiv\fe suite à des
analyses sérologiqu\fes
Tous les efforts doivent être entrepris pour
réduire au minimum le risque de transmis –
sion d’une maladie infectieuse par le LD à
l’enfant. Une anamnèse soigneuse est indis –
pensable. Le risque résiduel d’une maladie
infectieuse, potentiellement présente dans
le sang de la donneuse mais encore muette,
se laisse évaluer d’après ses réponses.
Pour réduire encore le risque infectieux
par les maladies mentionnées ci- après, les
Causes d’exclusion\f
anamnestiques Justification/Remarques
Tabagisme
Nicotine et cotinine sont présentes dans le lait de mères taba
–
giques. Cela représenterait une atteinte à la santé du bénéficiaire 14).
Drogues Consommation de drogue\os antérieure ou act\ouelle.
Consommation réguli\fère,
quotidienne d’alco\fol Il faut 2–3 heures \ojusqu’à l’éliminati\oon complète d’une bo\oisson
alcoolique du lait m\oaternel
15), 16) . Le femmes consomma\ont réguliè-
rement de l’alcool n\oe devraient pas all\oaiter leur propre e\onfant non
plus
17)–19) .
Consommation réguli\fère
et en grande quant\fité de
boissons contenant \fde la
caféine Chez l’enfant la demi-vie d’élimination de la caféine est prolongée.
Sont permises au max\oimum 3 tasses de caf\oé ou 6 tasses de thé \o
(env. 300 mg de café\oine) par 24 heures. En\o dépassant sensible
–
ment ces quantités, \oil faut envisager d\oes effets indésirabl\oes chez
l’enfant
19).
Alimentation végétal\fienne Les femmes végétali\oennes présentent pl\ous souvent des carenc\oes
alimentaires; cela concerne sur\otout la vitamine B1\o2 et l’acide
folique. On conseill\oe aux femmes végéta\oliennes qui allaite\ont une
alimentation spécif\oique, respectivemen\ot une substitution p\oour
elles et/ou pour l’e\onfant
20).
Nouveau tatouage, piercing
et permanent make-up
durant les 6 derniers mois Risque de complicati\oons infectieuses, not\oamment par les viru\os de
l’hépatite B et C
21), 22) .
Certaines maladies\f chro –
niques et traiteme\fnts à
long terme Aucune règle génér\oale, toute décision d\ooit être prise au c\oas par
cas. Sont acceptabl\oes: les médicaments to\opiques, les antiasth\o
–
matiques inhalés, le\os hormones thyroïdien\os sous contrôle médic\oal
régulier, l’insulin\oe et les contracept\oifs à base de gestag\oènes
(minipilule).
Risque élevé de mal\fadies
sexuellement trans\fmises Contacts sexuels par métier, changements fréquents de partenaire,
femmes originaires d’un pays avec une prévalence élevée de VIH
ou ayant un partenaire sexuel originaire d’un tel pays, femmes avec
un partenaire sexuel consommant des drogues
4)–7), 11)–13), 23) .
Femmes ayant reçu u\fn
produit sanguin non t\festé
durant les dernier\fs 6 mois Femmes ayant reçu, du\orant les derniers 6 \omois, un produit san
–
guin dans un pays où\o n’est pas effectué\o de dépistage de rout\oine
chez les donneurs. En\o Suisse le dépistage\o de routine se fait \ode –
puis 1985
23).
Femmes après le 6
ème mois
de lactation Le lait ne correspond plus aux besoins physiologiques du nouveau-
né. Entre autres la teneur en fer du lait maternel 2 diminue 24)–26) .
Tableau 2: Causes anamnestiqu\fes justifiant l’exc\flusion
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de recommandations internationales pour
l’organisation et la\o gestion de BLM.
Contrôles bactériol\fogiques du LD
avant pasteurisati\fon
Le don de lait maternel exige des contrôles
bactériologiques réguliers, dont les résul-
tats doivent répondre à des critères très
stricts. Au début du don, une analyse
bactériologique est effectuée, si possible,
pendant trois jours consécutifs. Par la suite
elle se fera au moins une fois par semaine
(cf. tableau 3). Si la culture est positive et
dépasse les limites tolérées, les mesures
nécessaires sont décidées d’entente avec
le médecin responsable. Les mesures d’hy-
giène sont rediscutées avec la donneuse.
Il faudra aussi évaluer si ce résultat a des
conséquences pour l’enfant de la donneuse.
Instruction de la donneuse 4)–7), 11)–13)
Pour établir une relation de confiance et
pour assurer la qualité, un bon suivi de la
donneuse par des contacts réguliers avec
le responsable de la BLM, la conseillère en
lactation IBCLC ou toute autre personne
responsable est impor\otant.
Récolte et conservation du lait à
domicile
La donneuse doit être informée oralement
et par écrit des mesures d’hygiène né-
cessaires lors du don de lait maternel. La
donneuse reçoit une instruction précise
du maniement du tire-lait électrique, de sa
composition et de son \onettoyage.
Idéalement le lait est récolté dans des
flacons stériles qui sont mis à disposition
par la BLM. Sont appropriés les récipients
en polypropylène ou en polycarbonate,
sans bisphénol A (possible toxicité). Le
verre est également adéquat, mais n’est
conseillé qu’avec prudence en raison du
risque d’éclats. Lorsqu’on utilise des flacons
en verre, il convient de choisir un produit qui
résiste à l’utilisation répétée. Les flacons
sont munis du nom de la donneuse ainsi que
date et heure du don\o de lait.
S’il n’est pas possible d’acheminer le lait
quotidiennement à la BLM, il sera congelé
par la donneuse à -20°C au moins. Si la don –
neuse ne dispose que d’un compartiment
congélateur dans le réfrigérateur, le lait doit
parvenir à la BLM dans la semaine. Plusieurs
méthodes de congélation sont possibles
à domicile: le lait est collecté pendant 24
heures, conservé au réfrigérateur à une
Exigences bactériolo\igiques à
l’encontre du lait \imaternel et du
LD
Lait maternel dest\finé au propre enfan\ft
Pour le LD les examens bactériologiques
sont effectués de routine, par contre le lait
tiré et destiné au propre enfant n’est ana –
lysé que dans des situations particulières.
Cette différence de traitement se base
d’une part sur la réflexion théorique qui
veut que la mère et son enfant forment une
«unité bactériologique» et, d’autre part, sur
le fait que les infections transmises par le
lait maternel sont extrêmement rares. Une
analyse bactériologique se justifierait en cas
de troubles alimentaires, notamment carac –
térisés par des symptômes abdominaux,
ou lors d’infections récidivantes d’origine
inconnue.
Lait de donneuse
Les contrôles bactériologiques du LD de –
vraient être effectués régulièrement: les
bénéficiaires sont la plupart des fois des
prématurés aux fonctions immunologiques
amoindries et le lait est d’autre part le
seul vecteur de bactéries de la donneuse
à l’enfant. Le lait tiré n’est jamais exempt
de germes; en effet les bactéries coloni -sant la peau passent dans le lait depuis
la surface du sein et depuis la partie
distale des canaux lactifères. Même en
respectant les consignes d’hygiène, le LD
contient souvent des germes gram positifs
jusqu’à 10 5 colonies/ml. On ne trouve pas
d’évidence dans la littérature démontrant
que ces germes représentent un problème
pour le nouveau-né. Il existe par contre des
descriptions de cas suggérant une infec –
tion avec des germes pathogènes (p. ex.
bactéries gram négatives ou streptocoques
du groupe B) par le lait maternel. Par me –
sure de précaution, le LD n’est utilisé que
sous forme pasteurisée. La pasteurisation
est une mesure efficace pour réduire le
nombre de germes mais ne détruit pas
d’éventuelles toxines résistantes à la cha –
leur; il est donc conseillé de procéder à un
examen bactériologique avant la pasteuri –
sation. Après la pasteurisation, un examen
bactériologique de routine n’est pas indi –
qué. Si un tel examen est effectué, le lait
doit être exempt de tout germe.
Il n’existe à ce jour pas de directives gé-
néralement reconnues pour les analyses
bactériologiques du LD et les valeurs limites
tolérées. La façon de procéder proposée ici
découle d’une part d’une longue expérience
des différentes BLM suisses, d’autre part
Nombre de germes Typisation du germ\fe Mesures
< 10 3/mlTypisation pas néces\osaire
• Utilisation du lait s\oans restriction
10
3–10 5/ml Flore cutanée
Staph. coagulase-nég.
Staph. aureus (cave toxine)
Strept. -hémolytique
Bactéries corynéformes
•
Utilisation du lait s\oans restriction
• Instructions d’hygièn\oe pour la
mère
Germes pathogènes
Streptocoques -hémolyt.
Strept. pneumoniae
Entérocoques
Bactéries gram-négatives •
Le lait testé et toutes les portions
précédentes jusqu’au dernier test
«propre» ne seront pas utilisés
• Information du service médical
responsable
• Nouveau contrôle bactériologique
après instruction de la mère (env.
2 jours plus tard)
> 10
5/ml Différentiation pas\o nécessaire*
• Le lait testé et toutes les portions
précédentes jusqu’au dernier test
«propre» ne seront pas utilisés
• Information du service médical
responsable
• Nouveau contrôle bactériologique
après instruction de la mère (env.
2 jours plus tard)
Tableau 3: Mesures
*Lors d’un nombre de germes dépassant 10 5/ml, la typisation du germe peut s’avérer
importante pour l’enfant de la donneuse; on prendra donc contact avec le médecin traitant
de l’enfant de la do\onneuse.
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teur à 4°C au maximum. Le traitement par
chaleur réduit l’activité bactériostatique du
lait, le risque de contamination augmente,
ainsi que celui d’une croissance rapide de
germes
5)–7), 12, 42, 48, 49) .
Documentation 4)–7), 11)–13), 22), 23), 50), 51)
La documentation doit garantir la traçabilité
complète des différentes étapes depuis le
don du lait jusqu’à la distribution du LD à
l’enfant. L’attribution d’un numéro d’identi-
fication garantit l’anonymat de la donneuse.
Le LD doit être clairement identifiable à
chaque phase du conditionnement. Toute
anomalie ou réclamation et les consé –
quences qui en découlent doivent être
documentées. Les informations relatives
à la qualité doivent être documentées de
façon lisible, facilement identifiables et
accessibles au personnel responsable. Les
données doivent être conservées par obliga –
tion légale pendant 10 ans dans un lieu sûr
et être accessible \oà tout moment.
Prescription médica\fle du LD
Vu les avantages prouvés pour l’enfant,
l’alimentation par LD est à considérer un
acte thérapeutique et se fera toujours sur
prescription médical\oe.
Renseignements et c\fonsentement à
l’alimentation par\f LD
Avant d’introduire une alimentation par LD,
les parents/l’un des parents doivent être
informés par un entretien personnel de
l’étendue du don et en particulier de ses
avantages et risques. L’entretien doit être
documenté dans le doss\oier de l’enfant.
Révision des recommandations
Les recommandations pour l’organisation et
le fonctionnement d’une BLM en Suisse sont
révisées et adaptées au nouvelles connais –
sances tous les 5 ans par les membres du
groupe de travail «Banques de lait maternel
Suisse».
Correspondance
Martin Stocker
2, 33-35 Exmouth Ma\orket
EC1 R4QL London UK
stockermartin@mail.com
température en dessous de 4°C et ensuite
congelé ou alors chaque portion est conge
–
lée immédiatement a\oprès avoir été tiré\oe.
Transport du LD
Lors du transport du LD doivent être res –
pectés à la fois les mesures d’hygiène et
la chaine du froid. On utilise des box ré-
frigérants lavables et dotées d’une bonne
isolation, en plastique dur avec suffisam –
ment d’éléments réfrigérants congelés. Les
glaçons ne se prêtent pas au transport de
lait congelé, la température de la glace étant
plus élevée que celle du matériel congelé,
n’évitant donc pas l\oe dégel.
Déroulement des opé\irations à la
BLM 4)–7, 11)–13)
Pour garantir la qualité requise, les diffé-
rentes étapes de travail d’une BLM doivent
suivre un schéma préétabli. Le personnel
responsable doit le connaître et le respec –
ter. Le processus comporte l’identification
des produits à chaque phase du condi –
tionnement, la gestion des résultats, la
transmission des résultats/informations
significatifs ainsi que la documentation de
chaque étape du proc\oessus.
Après la réception de LD frais, deux mé –
thodes de conditionnement sont possibles.
1. Prélèvement d’un échantillon du LD
frais pour examen bactériologique et en –
suite pasteurisation. Jusqu’à la libération
(nombre de germes dans les limites accep –
tées) et la distribution, le lait est conservé
au congélateur. L’avantage de cette façon
de procéder est que le lait n’est congelé
qu’une seule fois. 2. Congeler immédiate –
ment le LD. Après décongélation, prélève –
ment d’un échantillon pour examen bacté –
riologique, pasteurisation et conservation
au congélateur jusqu’à ce qu’un enfant en
bénéficie.
Principes de conditionnem\fent et
traitement du LD
Le LD est traité dans chaque phase de
travail avec de grandes précautions, si
possible dans des conditions aseptiques,
afin de protéger d’une part le personnel
de la BLM d’une infection et d’autre part le
LD d’une contamination. Pour ce faire, le
conditionnement du lait respecte les règles
d’hygiène généralement valables dans un
hôpital (hygiène des mains, port de bijoux,
habits de travail). Les gants sont changés
lors du passage du lait cru au lait pasteurisé. De préférence, le LD congelé est décon
–
gelé durant la nuit. Exceptionnellement
la décongélation peut se faire sous l’eau
courante froide ou tiède. La décongélation
par microondes est déconseillée; d’une
part l’activité des IgA et du lysozyme en est
réduite et d’autre part cela engendre des
«hotspots», suite à une répartition inégale
de la température.
Pasteurisation du L\fD
Par la chaleur, en plus des virus, champi –
gnons et bactéries, certains éléments pré-
cieux du lait sont aussi altérés ou détruits,
avec pour conséquence une diminution des
qualités bactériostatiques du lait, favorisant
ainsi la croissance de germes suite à une
contamination.
Le LD est pasteurisé dans un appareil entiè –
rement automatique ou semi-automatique,
spécialement conçu à cette fin. Avant pas –
teurisation, le lait doit absolument être en –
tièrement décongelé. Il n’est pas raisonnable
d’augmenter la température de pasteurisa –
tion seulement parce que le lait n’a pas de
température uniforme
40), 41) . La pasteurisation
se fait d’après la méthode de Holder à 62.5°C
± 0.5°C durant 30 minutes, afin d’inactiver les
virus significatifs tel p. ex. VIH, CMV, HTVL et
de tuer les bactéries, tout en conservant des
quantités adéquates d’immunoglobulines,
lactoferrine et lysozyme. Certaines bactéries,
p. ex. E. coli et staph. aureus, produisent
des toxines résistantes à la température et
qui restent actives après le processus de
pasteurisation, bien que les bactéries aient
été éliminées. Il est théoriquement possible
que ces enzymes et toxines déclenchent des
effets indésirables
5)–7, 12), 13), 38) .
Le refroidissement de 62.5°C à 25°C au
moins se fait dans les 10 minutes.
Limites de conservation du LD congelé
et pasteurisé
Le lait devrait être pasteurisé dans les 3
mois après avoir été tiré. Il est conseillé de
ne pas conserver le lait congelé et pasteuri –
sé au-delà de 3 mois. Les éléments nutritifs
affectés le plus par la conservation sont les
graisses et les vitamines. L’auto-oxydation
des acides gras insaturés durant la conser-
vation est particulièrement importante, les
acides gras polyinsaturés (oméga 3, oméga
6) étant les plus se\onsibles.
Stabilité du LD décongelé, pasteu\frisé
Le LD décongelé et pasteurisé peut être
conservé pendant 24 heures au réfrigéra –
Informations complémentaires
Traducteur:
Rudolf Schläpfer
Auteurs
Dr. med. Kerri Frischknecht , Ostschweizer Kinderspital, Still- und Laktationsberatung, St. Gallen Dr. med. Cornelia Wälchli Dr. med. Vreny Annen Dr. med. Therese Fuhrer Dr. med. Pia Gianoli Dr. med. Martin Stocker , Kinderspital - Luzerner Kantonsspital, Luzern