Le développement moteur pendant les deux premières années de vie est une caractéristique de l’intégrité et de la santé physiques de l’enfant, son évaluation fait donc partie intégrante de la routine pédiatrique. Les modifications successives de la posture, depuis l’horizontale à la verticale et le développement de la locomotion suivent des principes propres à l’être humain. Depuis la position allongée l’enfant se met assis, avance à 4-pattes, se met debout et commence à marcher. Ces étapes du développement moteur présentent une grande variabilité individuelle, dans leur séquence comme dans l’âge de leur apparition. Une étude longitudinale effectuée par l’OMS au Ghana, en Inde, en Norvège, à Oman et aux USA a analysé six étapes différentes du développement moteur (position assise sans appui, 4-pattes, position debout avec soutien, marche avec soutien, position debout et marche libre) entre 4 et 24 mois1). Il est apparu que le développement moteur suit chez 86% des enfants une séquence comparable, composée de cinq étapes (assis librement – debout avec soutien – marche avec soutien – debout seul – marche seul). Le 4-pattes par contre apparut à des moments différents: 42% avançaient à 4-pattes avant de se tenir debout avec soutien, 44% après. Parmi les 14% des enfants restants, 4.3% ne se sont jamais déplacés à 4 pattes, d’autres ont développé une méthode différente, p.ex. le shuffling (9.4%). L’âge auquel les différentes étapes sont atteintes, est très variable – les percentiles 1 et 99 calculés pour chaque étape sont les suivants: assis librement 3.8/9.2 mois; debout avec soutien 4.8/11.4 mois; 4-pattes 5.2/13.5 mois; marche avec soutien 5.9/13.7 mois; debout libre 6.9/16.9; marche libre 8.2/17.6 mois.
12
Introduction
Le développement moteur pendant les deux
premières années de vie est une caractéris-
tique de l ’intég r ité et de la santé physiques de
l’enfant, son évaluation fait donc partie inté –
grante de la routine pédiatrique. Les modifi-
cations successives de la posture, depuis
l’horizontale à la verticale et le développe –
ment de la locomotion suivent des principes
propres à l’être humain. Depuis la position
allongée l’enfant se met assis, avance à
4 – pat tes , se met debout et commence à mar –
cher. Ces étapes du développement moteur
présentent une grande variabilité individuelle,
dans leur sé quence comme dans l ’âge de leur
apparition. Une étude longitudinale effectuée
par l’OMS au Ghana, en Inde, en Norvège, à
Oman et aux USA a analysé six étapes diffé-
rentes du développement moteur (position
assise sans appui, 4-pattes, position debout
avec soutien, marche avec soutien, position
debout et marche libre) entre 4 et 24 mois
1).
Il est apparu que le développement moteur
suit chez 86% des enfants une séquence
comparable, composée de cinq étapes (assis
librement – debout avec soutien – marche avec
soutien – debout seul – marche seul). Le
4-pattes par contre apparut à des moments
différents: 42% avançaient à 4-pattes avant
de se tenir debout avec soutien, 44% après.
Parmi les 14% des enfants restants, 4.3 % ne
se sont jamais déplacés à 4 pattes, d’autres
ont développé une méthode différente, p.ex.
le shu f fling ( 9.4 % ) . L’âge auquel les dif fér entes
étapes sont atteintes, est très variable – les
percentiles 1 et 99 calculés pour chaque
étape sont les suivants: assis librement
3.8/9.2 mois; debout avec soutien 4.8/11.4
mois; 4-pattes 5.2/13.5 mois; marche avec
soutien 5.9/13.7 mois; debout libre 6.9/16.9;
marche libre 8.2/17.6 mois
1.
Nous par tons du pr incip e que le lecteur de cet
article est familier avec le développement
moteur pendant les deux premières années
de vie. L’anamnèse et l’examen clinique per-
Evaluation motrice pendant les deux pre-
mières années de vie
Sebastian Grunt 1, Ruth Stauffer Lacorcia 2, Sandra Frauchiger 2, Berne
Traduction: Rudolf Schlaepfer, La Chaux- de – Fonds
1 Abteilung Neuropädiatrie, Entwicklung und Rehabilitation, Universitätsklinik für Kinderheilkunde, Inselspital, Bern2 Institut für Physiotherapie, Schwerpunkt Pädiatrie, Universitätsklinik für Kinderheilkunde, Inselspital, Bern
mettent facilement de constater un retard de
l’acquisition d’étapes motrices ou un dévelop –
pement moteur qui s’écarte de la norme. Par
contre pendant chaque phase du développe –
ment moteur se manifestent des variations
qualitatives difficiles à cerner.
Cet article souhaite décrire des prémisses
pour un bilan optimal du développement mo –
teur pendant les deux premières années et
présenter des évaluations standardisées de la
motricité. Il se base sur l’expérience person-
nelle des auteurs et est à considérer comme
complément à la littérature existante. Il donne
des tuyaux pratiques pour l’évaluation de la
motricité du petit enfant et décrit quatre ou-
tils d’évaluation, avec une appréciation de leur
valeur pour le dépistage de déficits moteurs
dans des groupes à risque spécifiques.
Aspects importants pour l’observa-
tion et l’évaluation de la motricité
Ci-après sont résumés des aspects qui, selon
les auteurs, sont établis et devraient toujours
être pris en considération lorsqu’observe et
évalue la motricité du nourrisson et du petit
enfant. Il s’agit de données issues de la pra-
tique quotidienne. Les aspects décrits ici sont
indépendants de l’utilisation d’une méthode
standardisée ou non. Certains tests re –
quièrent des conditions d’examen très claire –
ment définies qui doivent absolument être
respectées. Ils ne sont pas décrits ici.
Environnement
L’examen de la motricité a lieu la plupart des
fois au cabinet du pédiatre – et ne reflète
donc pas toujours le comportement au quoti –
dien. L’environnement devrait encourager
l’enfant à montrer le meilleur de son réper-
toire moteur. L’environnement doit donc être
aménagé de sorte à ne pas déranger l’enfant
et éviter l’influence de facteurs extérieurs.
Distractions – p.ex. bruits ou des sources lu-
mineuses trop intenses sont à éviter. Les
conditions extérieures doivent être aussi agréables et constantes que possible. Il est
important de s’assurer d’une température
agréable (éventuellement lampe chauffante).
Examiner l’enfant sur une table d’examen ou
sur un tapis par terre dépend du stade de
développement de l’enfant; par contre la
surface devrait être suffisamment grande et
sûr e afin de ne pas entr aver la motr icité sp on
–
tanée de l’enfant.
Préparation
Pour permettre une meilleure observation de
la motricité spontanée et ne pas limiter les
mouvements spontanés, l’enfant devrait por –
ter le moins d’habits possibles. Nous conseil –
lons d’examiner, pour autant que possible,
l’enfant nu ou habillé seulement de ses
langes. Il devrait se trouver tout le long dans
un état d’éveil et détendu. La motricité spon –
tanée de l’enfant qui pleure ou qui dort ne
permet pas une appréciation fiable. De même
il est déconseillé d’effectuer l’examen lorsque
l’enfant souffre d’une maladie aiguë. Il ne
devrait, si possible, pas avoir de lolette dans
la bouche.
Examinateur
L’examinateur devrait bien connaître la procé –
dure d’évaluation/d’observation et le matériel
relatif devrait être à por tée de main. Il appro –
chera l’enfant prudemment et devrait savoir
comment obtenir sa coopération. Il expli –
quera aux personnes l’accompagnant quelles
observations il fait et en transmettra, à la fin
de l’examen, un bref résumé facilement com-
préhensible.
Documentation
La documentation des constatations cliniques
dans le dossier médical se fait en général par
écrit. Pour les examens de la motricité notam –
ment, cela est souvent astreignant, la descrip –
tion qualitative de la motricité spontanée de
l’enfant étant souvent difficile à décrire avec
des mot s. Il est conseillé de procéder toujour s
selon le même schéma et de documenter les
différents critères dans le même ordre. Cer-
taines approches exigent une classification
clairement définie, qui n’est pourtant com –
plète dans aucun des tests décrits ci-après.
Critères d’observation possibles (ne corres –
pondent pas à un test spécifique):
Infirmitmménrm mmicho
Infirmitné cnéitého qohfinue–tmifito
13
• Position de départ (dorsale ou ventrale)
•
Pos
ture spontanée, surface, centre de
gravité, symétrie
•
Mouv
ements spontanés
•
Ton
us du tronc et des extrémités
•
Quan
tité des mouvements, étapes du déve-
loppement
•
Qua
lité des mouvements, variabilité, com –
plexité, fluidité, économie
Outre la documentation écrite, les auteurs
conseillent de documenter, si possible, par
des enregistrements vidéo.
Évaluations
Dans la routine clinique du pédiatre, tout au –
tant que dans la consultation spécialisée
neuropédiatrique ou de pédiatrie du dévelop –
pement, l’évaluation du développement mo –
teur pendant la petite enfance revêt une
grande importance. Examiner la motricité est
un élément s t andar d de la consult ation p é dia –
trique et doit permettre de dépister précoce –
ment les enfants avec un possible trouble du
développement (moteur). Ils pourront ainsi
êtr e adr es sés – si né ces s air e – au x sp é cialis te
pour une évaluation plus approfondie et des
mesures de stimulation pourront être mises
en route précocement. D’autre part les en-
fants avec un risque accru de troubles du
développement – p.ex. les anciens prématu –
rés ou les enfants avec une malformation
cardiaque – seront suivi selon un schéma
prédéterminé. Un exemple de suivi est la
description détaillée «Follow-up assessment
of high-risk newborns in Switzerland» des
Sociétés suisses de néonatologie, de pédia –
trie du développement et de neuropédiatrie,
publié dans Paediatrica en 2014
2. Des pro –
grammes de suivi semblables pour différentes
populations à risque existent dans d’autres
pays. C es sui v is ser vent d ’une par t à l ’évalua –
tion clinique individuelle, d’autre part de
contrôle qualité. En outre ils doivent per-
mettre d’obtenir, sur une base scientifique,
des connaissances sur le développement des
populations à risque.
Pour cela les examens cliniques – non stan-
dardisés – effectués normalement dans la
consultation pédiatrique ne sont malheureu –
sement pas suffisants. Pour cette raison ont
été développés un grand nombre de mé –
thodes d’examen standardisées qui analysent
et évaluent de façon ciblée le développement
moteur pendant les deux premières années
de vie. Une revue exhaustive des différentes
méthodes se trouve p.ex. dans les travaux de
Spittle et coll.
3 et de Heinemann et coll. 4 Les instruments d’évaluation se différencient par
–
fois sensiblement dans leur présentation, leur
propriétés psychométriques et leur prédicti –
vité d’éventuels troubles neurologiques ulté –
rieurs. On peut classer les tests en quatre
catégories:
1.
Tec
hniques d’examen neurologique détaillé
(p.ex. Hammersmith Infant Neurological
Examination)
2.
Évalu
ation basée sur la documentation des
jalons développementaux (p.ex. Alterta In –
fant Motor Scale)
3.
Pro
cédés basés sur des scores moteurs
standardisés (p.ex. Bayley Scales of Infant
Development)
4.
L’o
bservation standardisée de la qualité et
du pattern de mouvements (p.ex. General
Movement Assessment)
3 , 4.
Une revue systématique de la littérature a
démontré que les méthodes se basant sur un
examen neurologique standardisé ont une
bonne valeur prédictive pour le dépistage
précoce de troubles du développement neu –
rologique (p.ex. infirmité motrice cérébrale),
leur valeur prédictive pour les troubles mo –
teurs mineurs (p.ex. developmental coordina –
tion disorder) étant par contre moins bonne.
Les méthodes se basant sur l’observation
standardisée de la qualité des mouvements
spontanés ont la meilleure valeur prédictive.
Ces méthodes ne sont pourtant applicables
que chez les nourrissons de moins de 4
mois
4.
Nous présentons ci-après brièvement quatre
méthodes différentes qui permettent l’évalua –
tion standardisée de la motricité du petit en –
fant. Elles servent d’exemple pour les catégo –
ries mentionnées plus haut. Le choix des
quatre méthodes d’évaluation a été fait en
raison des préférences et expériences cli –
niques des auteurs. Le but n’est pas de pré-
senter de manière exhaustive toutes les mé-
thodes d’évaluation ni d’en faire une revue
exhaustive. Pour cela nous vous prions de
consulter la lit tér atur e r éfér encée ainsi que le
tableau 1 .
Hammersmith Infant Neurological
Examination (HINE) 5
Le HINE se base sur un parmis 26 points
évaluant différents aspects de l’examen neu-
rologique, comme p.ex. les nerfs crâniens, la
posture, le tonus musculaire, les mouvements
spontanés et les réflexes musculo-tendineux.
Les différents points sont notés à l’aide de
formulaires et graphiques qui aident le clini -cien à consigner l’examen neurologique de
manière simple et standardisée. Le HINE est
simple et facile à apprendre, sa durée est
d’environ 10 minutes. Il a été développé à
l’origine pour l’emploi clinique et pas à des
fins scientifiques. Ses auteurs ont décrit plus
tard – en se basant sur des dépistages systé
–
matiques d’enfants en bonne santé – un «opti –
mality score» qui est de plus en plus utilisé
aussi dans des études scientifiques. Le HINE
permet d’examiner des enfants de 2 à 24
mois. D epuis son intro duction il a été appliqué
au suivi de différentes populations à risque,
comme p.ex. d’enfants nés prématurément ou
ayant souffert d’une asphyxie néonatale. Une
revue systématique de la littérature, publiée
récemment, a analysé les propriétés du HINE
pour le dépistage précoce des enfants avec
une infirmité motrice cérébrale
6. Il a été dé-
montré que le HINE est un outil fiable pour
l’évaluation d’enfants avec un risque accru
d’infirmité motrice cérébrale. Le HINE permet
de r econnaî tr e les sig nes pr écoces d ’une infir –
mité motrice cérébrale chez les enfants avec
une lésion cérébrale néonatale et de différen –
cier entre troubles neurologiques permanents
et transitoires
6. Les modalités du HINE sont
détaillées dans le tableau 1 .
Alberta Infant Motor Scale (AIMS) 7)
L’AIMS est une méthode d’évaluation standar –
disée du développement moteur précoce dé –
veloppée au début des années 1990 et utili-
sée souvent aussi en physiothérapie
pédiatrique. La méthode se base sur une
échelle d’observation d’étapes du développe –
ment dans 4 positions différentes (à plat
ventre, couché sur le dos, assis et debout) et
comprend 58 points différents. La méthode
peut être appliquée depuis la naissance
jusqu’à l’âge de 18 mois. Pour simplifier la
procédure on dispose – comme pour le HINE
– de graphiques facilitant la documentation.
O n p eut inscr ir e les r ésult at s sur des cour b es
de p er centiles et r epr ésenter ainsi le dévelop –
pement individuel de l’enfant examiné. La
méthode est facile à apprendre et ne néces-
site pas de matériel spécifique. En plus d’un
manuel facile à comprendre, des cours sont
proposés à ce propos. La durée du test est
d’environ 30 minutes.
L’AIMS a été utilisé en tant qu’outil d’évalua-
tion dans un grand nombre d’études cliniques
avec les populations les plus variées, p.ex.
des enfants nés prématurément, avec une
malformation cardiaque ou avec une déforma –
tion crânienne. L’AIMS a une bonne fiabilité
1Prof. ffRPofTff.abi
1Prof. PRTaPR. RbiTnibrP,Se f.r i
14
Classification DescriptionCatégorie
d’âgeDurée
Valeur prédictive Fiabilité
AIMS Documenta-
tion d’étapes
du
développe –
ment 58 points dans 4 différentes
positions, base sur des
dessins, variables continues
0 mois –
marche
indépendante15 m in
Modérée Intra-évaluateur:
très bonne
Inter-évaluateur:
très bonne
Amiel-Tison Examen
neurologique Status neurologique
standardisé
(nerfs crâniens, tonus,
réflexes e.),
variables catégoriques 0 mois – 6 ans
10 min Bonne Intra-évaluateur:
non étudiée
Inter-évaluateur:
modérée
BSID-II Évaluation
standardiséeÉchelle motrice: 81 points
avec tâches de motricité fine
et grossière,
variables continues 1 mois – 3.5 ans 15 – 20 min
(échelle motrice
uniquement ) Pas d’indication
Intra-évaluateur:
non étudiée
Inter-évaluateur:
bonne
GMA Observation
standardiséeÉvaluation de la variabilité et
complexité des mouvements
spontanés variables
catégoriques 0 – 4 mois 3-10 min
d’enregistre-
ment vidéo,
analyse env.
10 -15 m i n Bonne à très bonne
Intra-évaluateur
très bonne
Inter-évaluateur:
très bonne
HINE Examen
neurologique Status neurologique
standardisé
(nerfs crâniens, tonus,
réflexes etc..),
variables catégoriques 2 – 24 mois Env. 10 min
BonneIntra-évaluateur:
non étudiée
Inter-évaluateur:
très bonne
Infanib Évaluation
standardiséeExamen clinique standardisé
avec 20 points dans
différentes catégories (p.ex.
tonus, fonction vestibulaire,
contrôle de la tête), variables
catégoriques 1 – 18 mois
Quelques min Modérée Non étudiée
MAI Évaluation
standardisée65 points dans 4 catégories
(réflexes, mouvements
automatiques, mouvements
volontaires, tonus),
variables continues 0 – 12 mois 20 – 30 min
ModéréeIntra-évaluateur:
modérée
Inter-évaluateur:
modérée
Muscle Power Examen
neurologique
standardiséStatus neurologique
standardisé avec accent sur
le tonus musculaire actif et
passif 3 – 12 mois
Pas d’indication Bonne Non étudiée
NBI Évaluation
standardisée120 points dans les
sous-catégories tonus,
qualité des mouvements,
motricité buccale, réflexes et
jalons moteurs, variables
continues 0 – 12 mois
Pas d’indication Pas d’indication Non étudiée
PDMS-2 Évaluation standardiséeÉchelle de la motricité fine et
grossière avec différentes
sous-catégories (réflexes,
locomotion, manipulation
d’objets etc.), variables
continues 0 mois – 6 ans 45 – 60 min
ModéréeIntra-évaluateur:
non étudiée
Inter-évaluateur:
très bonne
PRP Évaluation de 9 réflexes
primitifs, variables continues0 – 24 mois
Pas d’indication Pas d’indication Intra-évaluateur:
non étudiée
Inter-évaluateur:
bonne
SOMP-I Observation
structurée de
la motricité13 échelles continues pour
chaque partie du corps, pour
le corps entier, la locomotion
dans différentes positions (à
plat ventre, couché sur le
dos, debout, marche) 0 – 10 mois
Pas d’indication Pas d’indication Intra-évaluateur:
modérée
Inter-évaluateur:
bonne
1Prof. ffRPofTff.abi
1Prof. PRTaPR. RbiTnibrP,Se f.r i
15
Tableau 1: Particularités et description de différents tests. Ce tableau base sur l’article de Heinemann et coll. 4 et n’a pas la prétention d’être
complet. D’autres tests sont mentionnés dans les références.
AIMS = Alberta Infant Motor Scale, Amiel-Tison = Amiel-Tison neurological examination ; BSID = Bayley Scales of Infant Development; HINE = Hammersmith
Infant Neurological Examination, GMA = General Movement Assessment, Ifanib = Infant neurological international battery, IMP = Infant Motor Profile, MAI =
Movement Assessment of Infants, Muscle Power = Active and Passive Muscle Power, PDMS = Peabody Developmental Motor Scales, SOMP = Structured Obser –
vation of Motor Performance, TIME = Toddler and Infant Motor Evaluation, TIMP = Test of Infant Motor Performance, Touwen = Touwen Infant Neurological
Examination.
TIME Évaluation
standardisée5 sous-tests dans les
catégories mobilité,
organisation motrice,
stabilité, comportement
socio-émotionnel, perfor
–
mances fonctionnelles avec
accent sur les changements
de mouvements, variables
continues 4 mois – 3.5 ans 10 – 55 min
Pas d’indicationIntra-évaluateur:
non étudiée
Inter-évaluateur:
très bonne
TIMP Observation
structurée de
la motricité42 points dans différents
domaines, variables
continues 0 – 4 mois
Pas d’indication Bonne Intra-évaluateur:
non étudiée
Inter-évaluateur:
bonne
Touwen Examen
neurologique
standardiséStatus neurologique
standardisé
(nerfs crâniens, tonus,
réflexes etc..),
variables catégoriques 0 mois –
marche
indépendante
15 m in
Bonne Non étudiée
Remarque pour la pratique
AIMS
Aisé
ment applicable en pratique pédiatrique, facile à apprendre, un enseignement spécifique est proposé.
Amiel-Tison
Peut s
’appliquer en pratique pédiatrique en complément du status
neur
ologique «classique», mais nécessite une formation spécifique.
BSID -II
La bat
terie de tests complète est difficilement applicable en pratique pédiatrique.
On peu
t employer des sous-échelles motrices, les outils nécessaires sont pourtant chers et ne peuvent être
obte
nus séparément pour l’échelle motrice.
GMA
Aisé
ment applicable en pratique pédiatrique, des offres d’enseignement spécifique existent,
le tes
t nécessite néanmoins beaucoup d’exercice et d’échanges professionnels.
HINE
Peut s
’appliquer en pratique pédiatrique en complément du status neurologique «
cla
ssique
»,
néce
ssite une formation spécifique.
Infanib
Peut s
’appliquer en pratique pédiatrique en complément du status neurologique «classique»,
mais n
écessite une formation spécifique. Les auteurs n’ont pas d’expérience personnelle avec ce test.
MAI
Trop é
tendu pour la pratique pédiatrique.
Muscle power
Les au
teurs n’ont pas d’expérience avec ce test.
NBI
Trop é
tendu pour la pratique pédiatrique. Les auteurs n’ont pas d’expérience avec ce test.
PDMS -2
Trop é
tendu pour la pratique pédiatrique. Bon outil à des fins scientifiques.
PRP
Les au
teurs n’ont pas d’expérience avec ce test.
SOMP-I
Trop é
tendu pour la pratique pédiatrique.
TIME
Trop é
tendu pour la pratique pédiatrique.
TIMP
Trop é
tendu pour la pratique pédiatrique.
Touwen
Peut s
’appliquer en pratique pédiatrique en complément du status neurologique «classique»,
mais n
écessite une formation spécifique.
RédacticcoéacncctAre
RédactiéonAéotiorenserdé lCictdie
16
Formation continue Neuropédiatrie
inter- et intra-évaluateur. Les modalités du
test sont détaillées dans le tableau 2.
Bayley Scales of Infant Develop-
ment (BSID) 8, 9
Le BSID est un test développemental détaillé
pour l’évaluation du développement pendant
les 2 premières années de vie. La version
originale a été développée par la psychologue
Nancy Bayley et publiée pour la première fois
en 1969. La deuxième version (BSID-II) a été
révisée en 1993. Le BSID -II comprend une
échelle cognitive (mental scale) et une échelle
motrice (motor scale). En 2006 parut une
nouvelle version révisée, les Bayley Scales of
Infant and Toddler (BSID-III). Comparé au
BSID -II, le BSID -III est plus détaillé et diffé-
rencié. Outre les échelles cognitive et motrice
ont été introduits une échelle verbale et une
échelle pour le développement socio-émo –
tionnel. Pour le BSID -III il existe une standar-
disation allemande. Dans chacun des cinq
sous-tests du Bayley-III les tâches, ordonnées
selon leur degré de difficulté, doivent être
présentées à l’enfant dans un ordre établi.
Des points de départ dépendants de l’âge
ainsi que des règles de retour ou de sortie
permettent une évaluation différenciée et
économique du développement de l’enfant.
L a sé quence des sous – test s p eut êtr e adaptée
aux besoins de l’enfant.
Pour l’interprétation on dispose de résultats
de référence d’enfants non handicapés pour
17 tranches d’âge. La durée du BSID -III dé-
pend de l’âge et de la coopération de l’enfant
et de l’expérience de l’examinateur. Le test
peut cependant durer, pour l’enfant plus âgé,
plus d’une heure et est très astreignant pour
l’enfant et l’examinateur.
Les échelles BSID sont considérées comme
le standard or international du diagnostic
développemental chez les enfants avec un
risque de troubles du développement. Elles
ont été utilisées comme outcome parameter
dans de nombreuses études cliniques, ce qui
permet de comparer différentes études inter –
nationales. En Suisse le BSID-III est utilisé
pour le suivi d’enfants nés prématurément et
ayant souf fer t d ’une asphy x ie néonat ale, ceci
lors du follow-up à l’âge de 2 ans
2. Malgré sa
large utilisation, le BSID-III connaît des limites
lors de l’examen de la motricité. Le test n’a
pas été développé pour le dépistage précoce
de troubles neurologiques ou du développe –
ment. Les auteurs ont par conséquent peu
d’expérience clinique avec le BSID-III pendant
les premiers mois de vie; dans la littérature on ne trouve pour ainsi dire pas d’indications
concernant sa valeur prédictive pour des
troubles neurologiques
3, 4. Le BSID -III n’est
donc en général pas utilisé pour tester la
motricité uniquement, mais plutôt pour se
faire une idée globale de l’enfant dans les
différents domaines. Les auteurs ne
conseillent donc pas ce test en tant qu’outil
pour l’évaluation précoce de la motricité.
General Movements Assessment
(GMsA) 10
Le GMsA a été décrit pour la première fois
dans les années 1970 par Heinz Prechtl. La
méthode consiste à observer les mouvements
spontanés de nouveau-nés et nourrissons.
General movements (GMs) sont des mouve –
ments spontanés, non dirigés, du corps en-
tier, une succession variable de mouvements
de la tête, du tronc, des bras et des jambes.
Les mouvements sont variables dans leur
ampleur spatiale et temporelle et appa –
raissent, par leur évolution en rotation, fluides
et élégants.
Les GMs se modifient progressivement avec
la maturation du nourrisson. Ils apparaissent
déjà in utero dès la 9-10ème semaine de
grossesse. On distingue les GMs fœtaux
(avant la 24ème semaine de grossesse), les
«preterm GMs» (entre 24ème et 37ème se-
maine de grossesse; mouvements très va-
riables et complexes, souvent rapides avec
une grande amplitude), les «writhing move-
ments» (entre 37ème semaine de grossesse
et 8 semaines de vie; mouvements vigoureux,
souples , plus lent s , à l ’amplitude moindr e que
celle des preterm GMs) et les «fidgety move –
ments» (entre 8 et 16 semaines après la
naissance; petits mouvements fins, dansants,
plutôt lents). Les GMs sont attribués à diffé-
rentes catégories, selon la période et d’après
leur qualité et variabilité. On distingue p.ex.
des enfants avec des fidgety movements
normaux, anormaux ou absents.
Le G Ms A est utilisé dans de nombr eu x centr es
pour le dépistage précoce neurologique chez
les enf ant s à r is que. Les mou vement s sp ont a –
nés des nourrissons sont enregistrés sur vidéo
sel
on un protocole standardisé. L’interpréta-
tion se fait sur la base des images vidéo et
dem an
de beaucoup d’expérience. L’examen
dure 10 à 15 minutes. Les auteurs de la mé –
thode proposent régulièrement des cours qui
per
mettent d’apprendre la méthode d’évalua –
tion. De nombreuses études scientifiques se
s o n
t penchées sur la valeur prédictive des
analyses GMs pour l’apparition de troubles du
développement, p.ex. d’une infirmité motrice
cérébrale. L’analyse a une très grande valeur
prédictive, avec une sensibilité jusqu’à 100 %
pour le diagnostic ultérieur d’infirmité motrice
cérébrale
3, 4, 10, 11 . La plupart des études
évoquent une bonne concordance (interrater
reliability) (cf. références) 3, 4, 11 – bien qu’une
étude faite dans la clinique des auteurs ait mis
en évidence des données nettement moins
probantes concernant la fiabilité
12.
Discussion
Pour différentes raisons, le diagnostic pré –
coce de troubles moteur s de la p etite enfance
est un élément essentiel du quotidien du pé –
diatre. Les progrès de la médecine intensive
dont bénéficient les enfants nés prématuré –
ment ou souffrant d’asphyxie néonatale, font
qu’une population croissante d’enfants avec
un risque accru de troubles moteurs néces-
site un suivi ciblé. Les enfants avec des
troubles moteurs doivent bénéficier aussi tôt
que possible d’une stimulation de leur déve-
loppement. Les interventions précoces ont un
effet positif sur le développement cognitif et
moteur. Bien que l’évidence d’une efficacité à
long terme d’interventions précoces sur le
développement cognitif et moteur soit limitée,
il faut partir du fait que, du point de vue neu-
rophysiologique, les enfants nécessitant un
traitement en profitent davantage s’il est mis
en route précocement
13.
Il est donc nécessaire de diagnostiquer aussi
tôt que possible les enfants présentant des
anomalies et un risque élevé de développer
des troubles neurologiques. Toutefois les
signes neurologiques d’enfants qui déve –
loppent plus tard des troubles moteurs sé-
vères, sont parfois peu spécifiques et diffi-
ciles à diagnostiquer chez le nourrisson.
Certains éléments de l’examen du développe –
ment moteur pendant les deux premières
années de vie sont très bien décrits dans les
Checklists pour les examens de prévention de
la Société Suisse de Pédiatrie ( http://www.
swiss-paediatrics.org/sites/default/files/
membres/checklists/pdf/
checklisten_201204_f_office.pdf ). Les au-
teurs de cet article sont conscients que les
méthodes d’évaluation présentées dépassent
souvent le temps disponible dans le cabinet
p é diatr ique et qu’elles ne sont pas r e comman –
dées pour les diagnostics de routine.
Les outils d’évaluation présentés ici ne sont
pas non plus pensés en tant que méthode de
routine pour l’examen d’enfants en bonne
santé, mais plutôt comme outil pour l’examen
1Prof. ffRPofTff.abi
17
Formation continue Neuropédiatrie
ciblé d’enfants à risque. Dans la pratique
quotidienne du pédiatre ces méthodes ne
seront appliqué es que dans des cas isolés. Ils
ne remplacent en aucun cas l’examen pédia-
trique et neuropédiatrique établi. Nous
conseillons donc de référer les enfants avec
un status neurologique pathologique, un re-
tard net du développement, des signes de
stagnation voire régression du développe –
ment à la consultation spécialisée.
Malgré le grand choix, tous ces outils ont, à
côté des avantages, aussi des désavantages.
Notamment pour le diagnostic précoce, la
valeur prédictive de toutes les méthodes est
limitée. Cela signifie que le diagnostic pré-
coce de troubles moteurs doit toujours se
faire avec beaucoup de prudence. Les infor –
mations et conseils transmis aux parents ne
devraient pas reposer uniquement sur les
résultats de ces tests, mais toujours aussi sur
un examen neurologique approfondi ainsi que
des investigations complémentaires, comme
p.ex. l’imagerie cérébrale. De nombreux tests
demandent du temps et beaucoup d’expé –
rience. La coopération entre physiothéra –
peute pédiatrique et les médecins lors des
consultations spécialisées est incontour –
nable. La décision de faire bénéficier l’enfant
d’une intervention thérapeutique ne peut être
prise sur la base des tests d’évaluation seuls.
Outre l’examen clinique et l’anamnèse, l’indi-
cation à un soutien au développement s’ap –
puiera sur d’autres aspects, comme p.ex.
l’entourage psycho-social.
Conclusion
L’évaluation du développement moteur pen –
dant les deux premières années de vie revêt
une grande importance en pédiatrie. Les
examens préventifs effectués par le pédiatre
permettent de reconnaître des anomalies du
développement moteur et de décider quand
un enfant doit être référé au spécialiste. Pour
des raisons de temps, un diagnostic appro –
fondi du développement moteur n’est souvent
pas possible dans la pratique pédiatrique
quotidienne. Les enfants qui présentent un
status neurologique pathologique, un retard
net du développement ou des signes de ré –
gression du développement devraient être
adressés à la consultation spécialisée. Diffé-
rents outils d’évaluation permettent un dia –
gnostic plus précis et standardisé de la motri –
cité et par conséquent aussi d’exprimer un
pronostic sur le développement moteur. Ces
tests sont néanmoins souvent chronophages
et exigent une formation spécifique.
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Correspondance
Dr. med. Sebastian Grunt
Abteilung Neuropädiatrie,
Entwicklung und Rehabilitation
Universitätsklinik für Kinderheilkunde
Inselspital 3010 Bern
sebastian.grunt@insel.ch
Les auteurs certifient qu’aucun soutien financier ou autre
conflit d’intérêt n’est lié à cet article.
Infirmitmménrm mmicho
Informations complémentaires
Auteurs
PD Dr. Sebastian Grunt , Entwicklung und Rehabilitation, Universitätsklinik für Kinderheilkunde, Inselspital, Bern Ruth Stauffer Lacorcia Sandra Frauchiger Andreas Nydegger