L’activité physique régulière durant l’enfance et l’adolescence est saine et importante. Elle a un effet positif sur la santé de l’appareil moteur, du système cardio-vasculaire, sur la croissance tout autant que sur le développement psychologique et de la coordination1), 2). L’activité physique durant l’enfance exerce en outre un effet bénéfique sur le pronostic de maladies n’apparaissant qu’à l’âge adulte, comme le diabète du type 2, certaines maladies cardio-vasculaires ou cancéreuses. Pour cette raison on conseille une activité sportive régulière (c’est à dire quatre à cinq fois par semaine) pour tous les enfants et adolescents3). Malheureusement l’activité physique des enfants a diminué sous nos latitudes. Les distractions par les loisirs assis que sont les jeux vidéo et la télévision sont trop importantes; le chemin d’école se fait de plus en plus en voiture ou en bus et non plus à pied. Les conséquences fréquentes sont une condition physique amoindrie et le surpoids, ce qui entraîne à son tour un risque accru de comorbidités, p. ex. la résistance à l’insuline, des dyslipidémies, l’hypertension artérielle et des maladies respiratoires associées au sommeil.
7
L’asthme d’effort, l’obstruction des grandes
voies respiratoires, les troubles restrictifs
de la ventilation ou, plus rarement, l’hy-
perventilation induite par l’effort sont autant
de diagnostics différentiels importants, tout
autant que les pathologies cardiaques ou
cardio-vasculaires qui peuvent également
se manifester par une diminution des capa-
cités physiques.
Les symptômes clés de l’asthme d’effort
sont le sentiment d’oppression et les dou –
leurs thoraciques durant un effort physique.
Toux et wheezing (respiration sifflante)
peuvent accompagner ces signes. Chez
environ 75% des enfants avec un asthme
bronchique, c’est l’effort physique qui, en
définitive, déclenche la dyspnée. La perte de
chaleur, une sécheresse relative (évapora –
tion du liquide périciliaire depuis les cellules
épithéliales) ou une hyperémie réactive de
la muqueuse bronchique sont évoqués
comme mécanismes possibles à l’origine de
la bronchoconstriction due à l’effort qui al –
tère le système bronchique hypersensible
de l’enfant asthmatique. Typiquement l’obs –
truction n’apparaît qu’après quelques mi –
nutes d’effort ou pendant la phase de récu –
pération après un effort. En général les
symptômes s’amendent spontanément
après avoir interrompu l’effort. En hiver, à
l’air froid et sec et en présence d’une infec –
tion des voies respiratoires supérieures,
l’obstruction est renforcée et les symp –
tômes sont accentués.
Une autre cause de la dyspnée à l’effort est
l’obstruction des grandes voies respira –
toires, pouvant se manifester dans le cadre
d’une dysfonction des cordes vocales ou
d’une malformation anatomique (p. ex. mal-
formation vasculaire avec retrécissement
de la trachée). La dysfonction des cordes
vocales est une obstruction laryngée fonc –
tionnelle, intermittente, induisant une dys –
pnée pendant l’inspirium, plus rarement
Introduction
L’activité physique régulière durant l’en –
fance et l’adolescence est saine et impor-
tante. Elle a un effet positif sur la santé de
l’appareil moteur, du système cardio-vascu –
laire, sur la croissance tout autant que sur
le développement psychologique et de la
coordination
1), 2) . L’activité physique durant
l’enfance exerce en outre un effet bénéfique
sur le pronostic de maladies n’apparaissant
qu’à l’âge adulte, comme le diabète du type
2, certaines maladies cardio-vasculaires ou
cancéreuses. Pour cette raison on conseille
une activité sportive régulière (c’est à dire
quatre à cinq fois par semaine) pour tous les
enfants et adolescents
3). Malheureusement
l’activité physique des enfants a diminué
sous nos latitudes. Les distractions par les
loisirs assis que sont les jeux vidéo et la
télévision sont trop importantes; le chemin
d’école se fait de plus en plus en voiture ou
en bus et non plus à pied. Les conséquences
fréquentes sont une condition physique
amoindrie et le surpoids, ce qui entraîne à
son tour un risque accru de comorbidités,
p. ex. la résistance à l’insuline, des dyslipi –
démies, l’hypertension artérielle et des
maladies respiratoires associées au som –
meil.
L’activité physique est complexe et engage
plusieurs systèmes, entre autres les sys –
tèmes musculo-squelettique, respiratoire et
cardio-vasculaire, hématopoïétique et neu –
ropsychologique
1). Une dysfunction de n’im –
porte lequel de ces systèmes entraînera une
diminution des capacités physiques. La di –
minution de l’activité physique aura à son
tour, qu’elle soit la suite d’un mode de vie
sédentaire ou d’une maladie chronique, une
influence négative sur les systèmes men –
tionnés. Pour les enfants avec une maladie
chronique la participation à des activités sportives est de plus limitée par le fait que
leur capacités physiques sont sous-esti
–
mées par les enfants eux-mêmes et par
leurs parents, ces enfants étant de ce fait
tenus à l’écart des activités sportives.
La dyspnée d’effort, c’est à dire l’apparition
de difficultés respiratoires durant une acti –
vité physique, est une cause fréquente de
consultation en pédiatrie. Ce sera la tâche
du pédiatre de déceler quels enfants ont
une capacité physique limitée en raison
d’une maladie chronique et d’instaurer un
traitement adéquat, et lesquels manquent
d’entraînement et devraient bouger plus.
Cet article donne une vue d’ensemble des
causes les plus fréquentes, de la conduite
des investigations ainsi que de l’approche
thérapeutique de la dyspnée d’effort de
l’enfant et de l’adolescent.
Etiologie de la dyspnée d’effort
La cause la plus fréquente de la dyspnée
d’effort est ce qu’on appelle le décondition –
nement, le manque de condition physique,
souvent associé au surpoids (fig. 1) . La
perception de la dyspnée se fait par l’inten –
sification respiratoire déclenchée par l’aci –
dose lactique engendrée à son tour par le
métabolisme anaérobique
4). Lors d’un effort
corporel les enfants avec surpoids et man –
quant d’entraînement atteignent rapide –
ment la limite anaérobique et prématuré-
ment leur limites physiologiques. Ils
deviennent dyspnéiques, leur capacités
physiques sont réduites.
Dyspnée à l’effort de l’enfant et adolescent:
étiologie, investigations et traitement
J. Ambuehl*, M. Zanolari***, C. Casaulta*, A. Moeller**, N. Regamey*Traduction: Rudolf Schlaepfer, La Chaux-de-Fonds
* Clinique pédiatrique universitaire, Hôpital de l’Ile,
Berne
** Cliniques pédiatriques universitaires Zurich
*** Cabinet de pneumologie pédiatrique, Lugano Figur e 1:
Causes de la dyspnée d’effort (modifié d’après 5))
Asthme d’effort
Obstruction des grandes voies respiratoires
Troubles ventilatoires restrictifs
Divers (e. a. hyperventilation)
Physiologique, déconditionneme\gnt
Vol. 23 No. 4 2012
Formation continue
8
rieures) seront autant d’indicateurs pré-
cieux.
Examen des capacités physiques
Pour être en mesure de poser un diagnostic
définitif, il faut pouvoir reproduire et objec-
tiver les symptômes. La façon la plus simple
est de faire fournir à l’enfant, sous surveil –
lance, l’effort physique qui anamnestique –
ment déclenche les symptômes. Des enre –
gistrements vidéo (p. ex. au moyen d’un
portable par un membre de la famille ou des
amis) peuvent apporter des renseignements
utiles.
Un test d’effort praticable aussi au cabinet
pédiatrique est le «free-running test».
L’enfant court, accompagné, autour du
pâté de maison, dans un long corridor ou
monte un nombre donné de marches
d’escalier. On observe, avant, pendant et
après l’effort, les signes subjectifs (dys –
pnée, fatigabilité musculaire) et objectifs
(tirage, cyanose, sibilances, toux, stridor,
fréquence cardiaque et tension artérielle).
Si les installations techniques le per-
mettent, on procède, avant et après l’ef –
fort, à la mesure transcutanée de la satu –
ration en oxygène et à une spirométrie.
Dans le cas d’un asthme d’effort l’obstruc –
tion des voies respiratoires ne se manifes –
tant souvent qu’après l’effort, il est
conseillé d’effectuer la spirométrie à in –
tervalles réguliers après l’effort, p. ex.
après 5, 15 et 30 minutes.
Dans la plupart des cas le free-running test
permettra de confirmer le diagnostic évoqué
par l’anamnèse et le status clinique. L’appa –
rition de sibilances et toux ainsi que la chute
d’au moins 12% du volume expiratoire forcé
durant la première seconde (FEV1) à la spi –
rométrie confirment le diagnostic d’un
asthme d’effort. Ce diagnostic est corroboré
par la réversibilité de l’obstruction après
inhalation avec un 2-mimétique (p. ex.
salbutamol 200–400 µg par aérosol doseur
avec chambre; fig. 2A).
La constellation typique des symptômes
apparaissant pendant un effort permet en
général le diagnostic de dysfonction des
cordes vocales. Parfois à la spirométrie on
obtient un aplatissement de la phase inspi –
ratoire du flux respiratoire (courbe «décapi –
tée»; fig 2B). Le gold standard pour le dia –
gnostic d’une dysfonction des cordes
vocales serait la langoscopie directe en
pendant l’expirium 7). Cliniquement elle se
manifeste par une dyspnée soudaine, occa –
sionnant parfois une sensation de danger
mortel, souvent accompagnée d’un stridor
inspiratoire à fréquence aiguë, dû à l’adduc –
tion paradoxale des cordes vocales pendant
l’inspirium. Cette symptomatologie est dé-
clenchée par des facteurs variables d’un
individu à l’autre, outre l’effort physique il
peut s’agir d’un stress psychique, d’un ac –
cès de toux, d’une fausse route ou de subs –
tances inhalées irritantes, tels parfums ou
produits de nettoyage. Les symptômes sont
auto-limitants, durent de 30 secondes à
quelques minutes. La description d’une
sensation subjective d’étroitesse dans la
région laryngée est pathognomonique. Une
dys- ou aphonie pendant ou peu après l’ac –
cès dyspnéique est aussi typique pour la
dysfonction des cordes vocales.
Les troubles ventilatoires restrictifs sont
rares durant l’enfance. Un grand nombre de
pneumopathies interstitielles ne sont pas
primaires mais se manifestent dans le cadre
d’une maladie systémique (p. ex. sar-
coïdose, neurofibromatose, collagénoses
vasculaires, etc.). La pneumopathie inter-
stitielle primaire la plus fréquente chez
l’enfant est l’alvéolite allergique exogène.
Elle peut être déclenchée par des antigènes
aviaires (poumon d’éleveur d’oiseaux) ou
fongiques (poumon de fermier, farmer’s
lung) ou quantité d’autres substances orga –
niques. Une dyspnée d’effort lentement
progressive, souvent accompagnée d’une
toux sèche, d’une perte de poids et des ca –
pacités physiques sont autant d’indices cli –
niques. La dyspnée d’effort due à un proces –
sus interstitiel se manifeste à chaque effort
et immédiatement dès le début de l’effort
(proportionellement à l’intensité de l’effort/
de la consommation en O
2), contrairement
à la dyspnée d’effort de l’asthme bronchique
qui apparaît avec un certain retard, irrégu –
lièrement et qui dépend du type d’effort (en
général course > natation).
Les accès d’hyperventilation ne se dis –
tinguent subjectivement que difficilement
d’une crise d’asthme, aussi bien par les
patients avec ou sans asthme. L’hyperventi –
lation est un effort respiratoire excessif par
stimulation directe du centre respiratoire,
p. ex. par des substances pharmacolo –
giques, une émotion (peur, panique) ou en
compensation d’une hypoxie et acidose
tissulaire (respiration de Kussmaul). Outre la respiration rapide et superficielle, les
paresthésies sous forme de fourmillements,
l’augmentation des réflexes musculaires
propres et les mains en position d’accou
–
cheur constituent les signes typiques. Il
s’agit surtout d’adolescentes ou jeunes
femmes.
Les maladies cardio-vasculaires, comme
les troubles du rythme induits par l’effort
(p. ex. tachycardie supraventriculaire), les
cardiomyopathies ou les malformations
cardiaques congénitales peuvent se mani –
fester exclusivement par une dyspnée à
l’effort. Elles représentent un diagnostic
différentiel important aux causes pulmo –
naires d’une dyspnée d’effort mais ne seront
pas discutées en détail dans cet article.
Investigations
Anamnèse et examen clinique
L’anamnèse et l’examen clinique sont en
général déterminants lorsqu’on cherche la
cause d’une dyspnée d’effort. Surpoids et
activité physique insuffisante indiquent un
déconditionnement. L’anamnèse atopique
(rhinoconjontivite, eczéma atopique, etc.)
nous guident vers un asthme d’effort. Dans
les deux cas le début lentement progressif
après quelques minutes d’effort est typique.
L’apparition d’un stridor inspiratoire brusque
pendant un effort chez un adolescent est
presque pathognomonique d’une dysfonc –
tion des cordes vocales, en particulier si les
symptômes sont déclenchés aussi par
d’autres facteurs, comme une émotion ou
des odeurs. La présence de symptômes
additionnels – fourmillements ou mains
d’accoucheur – évoquent une hyperventila –
tion. L’apparition d’une cyanose ou de syn –
copes lors d’un effort physique sont des
signes d’alarme et nécessitent un examen
cardiologique approfondi.
A l’examen clinique le poids et la tension
artérielle (éventuellement augmentée se –
condairement lors d’obésité), une ausculta –
tion cardiaque pathologique (malformation
cardiaque), des anomalies de la peau de
type eczémateux, une conjonctivite ou une
muqueuse nasale hyperémiée (atopie), des
doigts en baguette de tambour et des
ongles bombés (hypoxémie chronique), un
stridor inspiratoire avec ou sans compo –
sante expiratoire (obstruction des voies
respiratoires supérieures) et un wheezing
(obstruction des voies respiratoires infé-
Vol. 23 No. 4 2012
Formation continue
9
du patient sont nettement moindres pour le
vélo. Sur le tapis roulant par contre on ob-
tient plus facilement des efforts maximaux
et la masse musculaire utilisée est plus dif –
férenciée que sur le vélo. Le tapis roulant
est aussi mieux adapté aux petits enfants
(< 10 ans) qui sont plus habitués à courir
qu’à faire du vélo. Pour les enfants très
jeunes (< 5 ans) ou avec des capacités sen -
sorimotrices limitées, on utilise à la Clinique
pédiatrique universitaire de Berne un test
présence de symptômes, mais elle difficile
-
ment praticable et rarement indiquée.
Une désaturation (chute de la saturation en
O
2) lors d’un effort physique est toujours
pathologique et nécessite des investigations
approfondies en pneumologie et cardiologie
pédiatrique. Lorsque la symptomatologie
évoque une hyperventilation on peut l’objec -
tiver en faisant respirer dans un sac (amé-
lioration des symptômes). L’analyse san -
guine, si disponible, peut s’avérer utile. Elle
montre typiquement une pCO
2 abaissée
(< 35 mmHg resp. < 4.67 kPa) en présence
d’un pH élevé (> 7.45)
4). Le diagnostic de
déconditionnement est un diagnostic d’ex –
clusion, lorsqu’une dyspnée se manifeste
sans signes objectifs d’obstruction des
voies respiratoires ou d’une pathologie car-
dio-vasculaire, en l’absence de désaturation
en O
2 ou de modifications à la spirométrie 1).
Comme tous les tests, le free-running test a
ses avantages et désavantages (tabl. 1).
L’exécution du test est simple et peu coû-
teuse. Par contre on n’obtient que rarement
un effort maximal lors de ce test et un effort
sous-maximal ne permet pas toujours de
déceler les mécanismens pathogènes en –
gendrant la dyspnée. En outre le test n’est
pas standardisé et les valeurs enregistrées,
comme l’effort objectivement fourni ou la
consommation en O
2, ne peuvent être quan –
tifiés ou ne sont que difficilement reproduc –
tibles. Pendant le free-running test, il est
difficile de monitorer les patients, ce qui
comporte le danger de ne pas reconnaître,
ou alors trop tard, une bronchoconstriction
sévère ou une arrhytmie induite par l’effort.
Des facteurs ambiants, comme l’humidité et
la température de l’air, influencent la mani –
festation d’un asthme d’effort (broncho –
constriction seulement lorsque l’air est froid
et sec) et ne peuvent être modifiés à volon –
té ou contrôlés pendant le test
1). Malgré ces
inconvénients le free-running test permet
dans de nombreux cas une appréciation
objective des causes d’une dyspnée due à
l’effort physique.
Dans les situations incertaines les tests
d’effort cardio-pulmonaires formels nous
fournissent des indications plus précises sur
les causes d’une dyspnée d’effort
1). Les
tests formels permettent, en plus des para –
mètres mesurés lors du free-running test,
une appréciation quantitative et standardi –
sée de l’effort fourni (mesuré en watt) et des paramètres ventilatoires (consommation en
O
2 et production de CO 2). La cyclo-ergomé-
trie ou le tapis roulant sont les systèmes
utilisés le plus couramment (fig. 3).
L’avantage principal de la cyclo-ergométrie
est de pouvoir enregistrer exactement l’ef –
fort fourni, alors que sur le tapis roulant il
dépend de la technique de course et du
poids du patient. Le risque d’accident et les
besoins en personnel assurant la sécurité
Avantages Désavantages
Peu coûteux L’effort maximal n’est que rarement atteint
Exécution facile Standardisation difficile, résultats (effort fourni,
consommation en O
2, etc.) non quantifiés
Nécessite peu de matériel (saturomètre,
spiromètre) Patients difficiles à monitorer, mesures de sécu
–
rité insuf fisantes (p. ex. en cas de bronchocons –
triction sévère)
La course est un sport populaire Dépend de facteurs ambiants (température,
humidité de l’air)
Figure 2: Courbe débit-volume d’une spirométrie en cas de (A) obstruction des voies respi –
ratoires due à un asthme bronchique et (B) dysfonction des cordes vocales (vocal cord
dysfunction, VCD) avec rduction du fiux respiratoire pendant l\
inspirium.
A: Courbe débit-volume lors
d’asthme bronchique,
avant (1; bleu) et après
(2; rouge) inhalation de
-mimétiques
F/V in = Courbes débit-volume
inspiratoires
F/V ex = Courbes débit-volume
exspiratoires
B: Courbe débit-volume
lors VCD avec aplatissement
de la courbe inspiratoire
(flèche) Flux (l/s)
F/V in F/V ex
Vol (l) Temps (s)
Flux (l/s)
F/V in F/V ex
Vol (l) Temps (s)
Ta b l e a u 1: Avantages et désavantages du free-running test
Vol. 23 No. 4 2012
Formation continue
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possibilités d’entretenir une activité phy-
sique régulière en élaborant un plan d’en-
traînement. Des mesures complémentaires
comme la perte de poids, un suivi psycholo –
gique, etc. sont à instaurer individuellement.
L’ obstruction bronchique induite par
l’effort est le signe d’un asthme insuffisam –
ment maîtrisé. En premier il y a donc lieu de
vérifier le traitement de base et de l’adapter.
Dans la majorité des cas s’impose une aug –
mentation du dosage des corticostéroïdes
inhalés. Les mesures complémentaires sui –
vantes permettent de prévenir l’obstruction
bronchique lors d’un effort physique: une
bonne hydratation; un bon échauffement
(au moins 10 minutes), idéalement avec des
intervalles; intensité variable de l’effort
pendant le sport (l’effort continu surtout est
à l’origine de la bronchoconstriction); choix
d’un sport adapté (selon l’expérience indivi –
duelle plus rarement à l’origine d’une bron –
choconstriction); éviter les sports compor-
tant un contact supplémentaire avec des
allergènes potentiels (p. ex. cheval), 80%
des enfants avec une bronchoconstriction
induite par l’effort souffrant d’un asthme
bronchique allergique; exercices de relâche –
ment après l’effort. De plus il est possible
de prévenir la bronchoconstriction par l’in –
halation d’un bronchodilatateur à effet court
(p. ex. salbutamol 30 minutes avant l’effort).
Les antagonistes des récepteurs des leuco –
triènes (p. ex. montelukast), déploient un
effet semblable et peuvent être utilisés
surtout par les enfants qui n’inhalent pas de
façon fiable ou qui ont des activités phy-
sur tapis roulant standardisé avec plan incli
–
nable (fig. 3) qui permet d’obtenir des
charges d’intensité élevée
8). Pour les deux
méthodes les patients sont monitorés (ECG,
tension artérielle, oxymétrie de pouls). Les
paramètres ventilatoires (consommation en
O
2 et production de CO 2) sont mesurés de
respiration en respiration ou toutes les
20–30 secondes au moyen d’embouts buc –
caux spéciaux, complétés par une pince
nasale ou un masque et un dispositif méta –
bolique (analyseur de gaz). Les différents
protocoles utilisés pour les tests d’effort
cardio-pulmonaires formels peuvent être
consultés dans la littérature spécialisée
1).
L’examen d’une obstruction bronchique due
à l’effort nécessite l’arrêt, avant le test, de
tout médicament pouvant influencer les
résultats. Pour les bronchodilatateurs inha –
lés à effet de courte durée la pause sera de
8 heures, pour les antagonistes des récep –
teurs des leucotriènes de 24 heures, enfin
pour les bronchodilatateurs inhalés à longue
durée d’action et les antihistaminiques, de
48 heures. Le jour de l’examen l’enfant ne
devrait pas consommer d’aliment contenant
du chocolat ou de la caféine. Il ne devrait
pas non plus pratiquer excessivement du
sport dans les 4 heures précédant le test,
un effort préalable pouvant diminuer d’une
part les capacités physiques, d’autre part
produire un effet protecteur contre une
éventuelle bronchoconstriction. Les enfants
ne devraient pas être examinés le ventre
plein, par contre bien hydratés. Une façon d’investiguer la dyspnée d’effort
praticable au cabinet pédiatrique est illus
–
trée dans fig. 4.
Tr a i t e m e n t
Pour la cause la plus fréquente de la dys –
pnée d’effort, le déconditionnement, les
conseils aux parents sont au premier plan.
Il est primordial que les parents sachent que
leur enfant a le droit de pratiquer du sport,
qu’il est même nécessaire d’en faire afin
d’atteindre un niveau de tolérance à l’effort
plus élevé. Dans ces situations le pédiatre
discutera avec le patient et ses parents des
Dyspnée d’effort
Anamnèse et status clinique (diagnostic suspecté)
Free-running test
Résultats pas clairs
Adressé pour investigations en
pneumologie ou cardiologie pédiatrique (e. a. cyclo-ergométrie/tapis roulant), Résultats clairs,
diagnostic confirmé
Pas d’investigations ultérieures,
plan de traitement
Figure 3: Cyclo-ergométrie ou sur tapis roulant (sont représentés ici le cyclo-ergomètre et
le tapis roulant avec rampe de la Clinique universitaire pdiatrique \
de Berne; les personnes
sur limage, respectivement leurs parents nous ont aimablement permis\
la rproduction).
Figure 4: Investigation de la dyspnée d’effort de l’enfant; approche au cabinet médical.
Vol. 23 No. 4 2012
Formation continue
11
siques répétées dans la journée. L’enfant et
ses parents doivent être encouragés à avoir
des activités physiques régulières malgré
l’asthme bronchique. L’asthme ne doit ja-
mais faire renoncer au sport, l’asthme d’ef –
fort étant en général l’expression d’un
asthme insuffisamment traité. Le traitement
doit être conduit de sorte à permettre de
pratiquer librement du sport, sans que l’ef –
fort induise une bronchoconstriction.
Le traitement le plus efficace de la dysfonc-
tion des cordes vocales est l’information
du patient. La compréhension de la problé-
matique permet en effet dans la plupart des
cas de reconnaître à leur juste valeur les
symptômes vécus comme dangereux et
d’atténuer la peur. Une thérapie respiratoire
et vocale, dispensées par des logopédistes,
phoniatres ou physiothérapeutes spécifique –
ment formées, contribue à corriger la ferme –
ture paradoxale des cordes vocales et, à long
terme, à contrôler voire éviter l’apparition
des symptômes. Des exercices de relaxation
et un suivi psychothérapeutique peuvent
également s’avérer utiles, notamment si l’on
décèle des éléments émotionnels évoca –
teurs. Dans la situation aiguë, la respiration
peut être soulagée par des stratégies respi –
ratoires (respiration abdominale avec relaxa –
tion laryngée), des exercices de phonation
(chanter lors d’un accès) et en adoptant une
respiration nasale, haletante, par des benzo –
diazépines ou, lors d’une crise sévère, l’inha –
lation d’un mélange hélium/O
2. En présence
d’une irritation du pharynx ou du larynx par
un reflux gastro-oesophagien les inhibiteurs
de la pompe à protons peuvent s’avérer effi-
caces. Certaines communications men –
tionnent un effet préventif par l’inhalation
d’un aérosol anticholinergique (p. ex. bro-
mure d’ipratropium) avant le sport
7).
On soulagera l’hyperventilation par le
calme, une respiration lente et en respirant
dans un sac en plastique (cave: ne tenir le
sac que devant la bouche), ou, dans les cas
sévères, par une brève sédation au moyen
de benzodiazépines.
Des mesures thérapeutiques spécifiques
s’imposent dans les cas rares d’obstruction
anatomique des voies respiratoires, de
pneumopathie restrictive ou de pathologie
cardio-vasculaire.
Conclusions
Les causes d’une dyspnée d’effort sont
multiples. Dans la plupart des cas une
anamnèse minutieuse, l’examen clinique et
le free-running test permettent de poser un
diagnostic correct au cabinet médical, le
déconditionnement (diagnostic d’exclu –
sion), l’asthme d’effort et la dysfonction des
cordes vocales représentant la majorité des
cas. Dans les situations plus complexes on
orientera le patient vers un service de pneu –
mologie ou cardiologie pédiatrique afin de
pratiquer des tests d’effort formels (cyclo-
ergométrie ou tapis roulant).
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Radlinger L, Frey U. A new standardized treadmill
walking test requiring low motor skills in children
aged 4–10 years. Pediatr Pulmonol 2008; 43:
1 8 7–19 5 .
Correspondance
Prof. Dr Nicolas Regamey
Département de pneumologie pédiatrique
Clinique pédiatrique universitaire
Hôpital de l’Ile, 3010 Berne
Nicolas.Regamey@insel.ch
Les auteurs certifient qu’aucun soutien financier ou
autre conflit d’intérêt n’est lié à cet ar ticle.
Vol. 23 No. 4 2012
Formation continue
Informations complémentaires
Auteurs
J. Ambuehl M. Zanolari Dr. med. Carmen Casaulta , Inselspital Bern Alexander Möller , Leitender Arzt, Abteilung für pädiatrische Pneumologie, Universitäts-Kinderspital Zürich, Zürich Prof. Dr. med. Nicolas Regamey , Präsident Schweizerische Gesellschaft für Pädiatrische Pneumologie, Co-Chefarzt, Kinderspital, Luzerner Kantonsspital, Luzern Andreas Nydegger