L’asthme bronchique et les bronchites obstructives récidivantes font parties des maladies les plus fréquemment rencontrées dans notre pratique quotidienne. La distinction entre l’asthme bronchique, les bronchites obstructives induites par des virus et la toux dans le cadre d’un refroidissement bénin est parfois difficile.
Recommandations
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Vol. 15 No. 1 2004
Chers Collègues
et Chères Collègues
L’asthme bronchique et les bronchites
obstructives récidivantes font parties des
maladies les plus fréquemment rencontrées
dans notre pratique quotidienne. La distinc-
tion entre l’asthme bronchique, les bronchi-
tes obstructives induites par des virus et la
toux dans le cadre d’un refroidissement bénin
est parfois difficile. Il n’y a en particulier chez
le petit enfant aucun test spécifique qui per-
mette de poser de manière sûre le diagnostic
d’asthme bronchique. La plupart du temps,
l’asthme est un diagnostic clinique qui sera
confirmé par l’observation de l’évolution de
la maladie. De nos jours, à l’aide des nouvel-
les possibilités thérapeutiques, en se basant
sur une bonne observation clinique, il est pos-
sible de prendre en charge de manière satis-
faisante la plupart des maladies respiratoi-
res apparentées à l’asthme. La continuité de
la prise en charge de cette maladie chronique
par un pédiatre expérimenté, qui agira en
temps que personne de référence et de con-
fiance est particulièrement importante.
Ces nouvelles recommandations sur de
l’asthme bronchique et les bronchites obstruc-
tives et récidivantes ne doivent pas être seule-
ment une liste de dosage de médicaments,
mais doivent être un outil clinique utilisable
et complet destiné au diagnostic et à la prise
en charge des ces maladies. Le concept de ces
recommandations est nouveau et sciemment
extensif. Il donne un aperçu des nouveaux con-
cepts thérapeutiques qui s’appuie sur les dif-
férents phénotypes de l’asthme.Ces recom-
mandations se basent sur les évidences cli-
niques de la littérature la plus récente et sont
corrélées aux recommandations internatio-
nales des autres pays. Elles doivent vous sen-
sibiliser à mesurer l’abondance de littératureet de publications sur ce sujet. Un groupe de
travail de la SAPP a essayé avec son expé-
rience clinique d’adapter les connaissances de
la littérature aux conditions suisses liées à la
qualité élevée de soin de premier recours.
Par rapport aux recommandations de 1999,
celles que nous présentons dans cette édi-
tion contiennent des changements fonda-
mentaux, qui se basent sur les nouvelles con-
naissances diagnostiques et les phénotypes
cliniques, ainsi que les nouveaux médica-
ments et nouveaux concepts thérapeutiques
des 5–10 dernières années. La mise à jour
des recommandations doit rester un pro-
cessus toujours dynamique, d’autant plus
que, dans les années à venir, sont attendues
de nouvelles études en particulier sur les nou-
veaux groupes de médicaments.
Les changements fondamentaux de ces
nouvelles recommandations concernent le
concept de prise en charge par niveau de
sévérité de la maladie et la classification de
l’asthme en différents groupes d’âge et phé-
notypes. Le concept de niveaux, qui est déjà
utilisé dans plusieurs pays avec succès, si-
gnifie l’adaptation de la prise en charge médi-
camenteuse à la sévérité de l’asthme: par
exemple, un β
2-mimétique de courte durée
d’action à la demande sera proposé comme
premier niveau dans un asthme léger inter-
mittent. En cas d’asthme léger persistant, le
niveau suivant préconise en premier choix
l’administration préventive, sur une période
prolongée, d’un stéroïde inhalé. L’étape sui-
vante propose comme thérapie additionnelle
(«add on therapy») pour un enfant d’âge sco-
laire, d’abord un β
2-mimétique de longue du-
rée d’action ou comme deuxième choix un
antagoniste des récepteurs des leucotriènes,
et cela avant même d’augmenter les doses
de stéroïdes inhalés. En ce qui concerne, l’utili-
sation d’un β
2-mimétique de longue durée oud’un antagoniste des récepteurs des leucotri-
ènes chez l’enfant d’âge préscolaire, elle n’est
en règle générale pas encore recommandée au
vu de la littérature encore insuffisante et nous
suivons en cela la majorité des recomman-
dations internationales. Il en est de même pour
l’utilisation en monothérapie de ces deux mé-
dicaments dans tous les groupes d’âge.
La recommandation de n’utiliser un β
2-mimé-
tique plus qu’à la demande est un nouveau
concept pour beaucoup d’entre nous. Il y
a de plus dans la littérature de nouveaux
éléments peu favorables à l’utilisation pré-
ventive de β
2-mimétiques de courte durée
d’action chez des enfants asymptomatiques,
comme nous le supposions jusqu’à mainte-
nant. De même, la littérature n’apporte pra-
tiquement pas d’arguments pour doubler la
dose des stéroïdes inhalés en cas d’exacer-
bation infectieuse. C’est pour cette raison
que nous recommandons actuellement, en
cas d’exacerbation sévère, l’administration
précoce d’un stéroïde systémique sur quel-
ques jours. Toutefois, en cas d’utilisation de
stéroïdes systémiques dans cette situation,
il est important par la suite et en fonction de
l’évolution clinique, de remettre en question
le niveau de prise en charge en augmentant
éventuellement sur une longue période la
dose préventive de stéroïdes inhalés.
Ces nouvelles recommandations contiennent
pour la première fois la conduite à tenir de-
vant une crise d’asthme aiguë. Un nouvel élé-
ment sûr est que, dans cette situation, le Ven-
tolin
®n’a plus besoin d’être administré unique-
ment avec un nébulisateur, mais égale-
ment avec une chambre à inhalation. En cas
d’asthme très sévère, en plus de l’inhalation
de Ventolin
®concentré via nébulisateur et de
l’administration de stéroïdes systémiques,
l’adjonction de Salbutamol intraveineux en
perfusion de courte durée s’avère très effi-
cace. Cette mesure concerne toutefois des
centres pédiatriques entraînés et équipés
de matériel pour le monitoring et la prise en
charge intensive.
Nous espérons en retour vos commentaires
et remarques. Ces recommandations ont été
conçues pour vous offrir plus d’autonomie
dans la prise en charge de cette maladie.
Correspondance:
PD Dr. Urs Frey
Pädiatrische Pneumologie
Universitäts-Kinderklinik Bern
Inselspital, 3010 Bern
Tel. 031 632 94 93, Fax 031 632 94 84
urs.frey@insel.c
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Commentaires aux recommandations
suisses de la prise en charge
des maladies respiratoires obstructives
du nourrisson et de l’enfant
Asthme bronchique et bronchite obstructive récidivante
A la demande du Groupe Suisse de Travail de Pneumologie Pédiatrique (SAPP)
Urs Frey, Pädiatrische Pneumologie, Universitäts-Kinderklinik, Bern
Stéphane Guinand, Pneumologie pédiatrique, Hôpital Universitaire des Enfants, Genève
Jürg Barben, Pädiatrische Pneumologie, Ostschweizer Kinderspital, St. Gallen
Carmen Casaulta Aebischer, Pädiatrische Pneumologie, Universitäts-Kinderklinik, Bern
Informations complémentaires
Auteurs
Prof. Dr. med. Urs Frey , Universitäts-Kinderspital beider Basel (UKBB)