Introduction
Les effets des radiations ionisantes sur la santé humaine, en particulier chez les enfants, suscitent de nombreux débats et sont un sujet de préoccupation majeur en santé publique. Cet article se penche plus particulièrement sur les risques de cancer de l’enfant associés aux expositions rencontrées quotidiennement par la population générale. Comme il y a encore peu de preuves épidémiologiques des effets d’une exposition aux radiations à faible dose, la plupart de nos connaissances sur le sujet proviennent d’études sur des populations très ou modérément exposées. Ainsi, nous commençons par résumer les connaissances sur les expositions à des doses moyennes et élevées avant d’approfondir la question des expositions aux faibles doses.
Cet article aborde les questions suivantes :
1) Qu’entendons-nous par «radiations ionisantes» et comment les mesurer? 2) Quels sont les risques de cancer associés à l’exposition aux radiations ionisantes ? 3) Dans quelle mesure les enfants sont-ils plus sensibles à cette exposition que les adultes ? 4) Quelles sont les sources d’exposition aux radiations ionisantes rencontrées par la population générale en Suisse ?
21
Introduction
Les effets des radiations ionisantes sur la
santé humaine, en particulier chez les en\b
fants, suscitent de nombreux débats et sont
un sujet de préoccupation majeur en santé
publique. Cet article se penche plus particu \b
lièr ement sur les r is ques de cancer de l ’enf ant
associés aux expositions rencontrées quoti \b
diennement par la population générale.
Comme il y a encore peu de preuves épidé \b
miologiques des effets d’une exposition aux
radiations à faible dose, la plupart de nos
connaissances sur le sujet proviennent
d’études sur des populations très ou modéré \b
ment exposées. Ainsi, nous commençons par
résumer les connaissances sur les exposi \b
tions à des doses moyennes et élevées avant
d’approfondir la question des expositions aux
faibles doses.
Cet article aborde les questions suivantes : 1)
Qu’entendons\bnous par « radiations ioni \b
santes » et comment les mesurer ? 2) Quels
sont les risques de cancer associés à l’expo \b
sition aux radiations ionisantes ? 3) Dans
quelle mesure les enfants sont\bils plus sen \b
sibles à cette exposition que les adultes ? 4)
Quelles sont les sources d’exposition aux ra \b
diations ionisantes rencontrées par la popu \b
lation générale en Suisse ?
Qu’est-ce que les radiations
ionisantes et comment les
mesurer ?
Pour la plupar t des gens , les ter mes « r adioac \b
tivité » ou « radiation radioactive » et leurs ef \b
fets sur la santé sont associés à des évène \b
ments dramatiques, comme les accidents
nucléaires de Tchernobyl et Fukushima ou la
menace des bombes atomiques. Le terme
« radioactivité » décrit la propriété d’émettre
de la radiation qu’ont certains atomes, appe \b
lés radionucléides ou radio\bisotopes, et non
la radiation émise par ces atomes radioactifs.
Cette radiation, et plus précisément toute
radiation ayant suffisamment d’énergie pour
Cancer chez les enfants dû à l’exposition
aux rayonne\bents ionisants
Antonella Mazzei\bAbba a, Christophe L. Folly a, Ben D. Spycher a
Traduction: Astrid Coste a, Manon Jaboyedoff a, Christian Kreis a
a
Institut de médecine sociale et préventive, Université de Berne
ioniser des atomes, ce qui signifie provoquer
la libération d’électrons, est appelée « radia \b
tion ionisante ». Les atomes radioactifs ont un
noyau instable. Avec le temps, ces noyaux se
désintègrent de différentes manières, princi \b
palement en émettant un noyau d’hélium
(particule α) ou un électron ou positron (par \b
ticules β
\b et β +), se transformant ainsi en un
autre élément. Après désintégration, les
atomes sont laissés dans un état « excité » et
se désexcitent en émettant un photon de
haute énergie, processus communément ap \b
pelé désintégration γ .
Nous sommes exposés en permanence à un
rayonnement naturel d’origine cosmique et
terrestre. Les rayons cosmiques sont des
particules de haute énergie provenant de
l’espace extra\bterrestre ou, de manière moins
significative pour ce qui concerne l’exposition
à la surface terrestre, du soleil. Ces particules
interagissent avec l’atmosphère, générant des
rayonnements cosmiques qui atteignent la
sur f ace de la ter r e. Le r ayonnement ter r estr e
provient des radionucléides potassium\b40,
isotopes de l’uranium et thorium\b232, qui sont
présents dans la croûte terrestre. En raison
du processus de désintégration de ces radio \b
nucléides et de leurs produits, du rayonne \b
ment γ est émis de manière constante à la
surface terrestre par le sol et les roches. Le
radon\b222, un produit de désintégration de
l’uranium, présente un intérêt particulier.
Tandis que les autres produits de désintégra \b
tion mentionnés sont solides dans la plupart
des conditions, le radon est un gaz (lourd) qui
peut être libéré par le sol et les roches dans
l’atmosphère, mais aussi dans des immeubles
où il peut s’accumuler. Les concentrations
intérieures en radon peuvent beaucoup varier
en fonction de la porosité et de la perméabi \b
lité du sol/de la roche, des caractéristiques
de l’immeuble, et de la ventilation de la pièce.
Les deux unités usuelles de mesure de la dose
de radiation sont le gray et le sievert (Tableau 1) .
Le gray est utilisé pour quantifier l’énergie
physique absorbée par unité de masse (dose
absorbée). Pour une dose absorbée donnée,
l’effet sur les cellules vivantes dépend du type
de radiation et est 20 fois plus élevée pour la
radiation α que pour la radiation γ. Les doses
équivalentes combinent les doses absorbées
de différents types de radiation en appliquant
un facteur de pondération pour chaque dose
afin de tenir compte des différences d’effica
\b
cité biologique. Une procédure similaire est
f aite p our tenir compte des dif fér entes sensibi
\b
lités des organes à la radiation. Pour les doses
équivalentes et doses effectives, l’unité sievert
est utilisée. Des conventions de conversion des
doses sont utilisées pour estimer les doses
basées sur la concentration des radionucléides
dans l’environnement, par exemple les concen
\b
trations intérieures de radon qui sont typique \b
ment mesurées en Bq/m 3.
En 2011, la commission internationale de
protection radiologique (International Com-
mission on Radiolo\bical Protection, ICRP) a
publié un rapport analysant les études sur le
radon et le risque de cancer pulmonaire. Les
résultats de ces diverses études ont amené
l’ICRP à conclure que la convention de conver \b
sion de dose devait être adaptée, menant
ainsi à doubler la dose estimée de radon en
comparaison avec les études précédentes
1).
Même si les cancers pulmonaires sont rares
chez l’enfant, l’exposition au radon à un jeune
âge pourrait augmenter le risque de cancer
pulmonaire plus fortement qu’en cas d’expo \b
sition plus tardive.
Risques de cancer associés aux
doses modérées \b fortes
L a plupar t des connais s ances que nous avons
au sujet des effets des radiations ionisantes
sur la s anté humaine v iennent de p opulations
exposées à un niveau de dose excédant de
loin l’exposition de la population générale,
comme notamment celle des survivants de la
bombe atomique. L’induction de cancer ap \b
partient aux effets stochastiques de la radia \b
tion, ce qui signifie qu’il n’y a pas de seuil
en\b dessous duquel il n’y a pas d’effet et que
la probabilité qu’un effet apparaisse aug \b
mente linéairement avec la dose reçue. Au
contraire, les effets déterministes surviennent
uniquement au\bdessus d’un certain seuil, le
risque augmentant fortement lorsque ce seuil
est dépassé.
21Les fsst1esdss rai
21Les f1tdr1t ftaiditofL1ttieit
22
Tableau 1 : Types de radiation les plus importants émis par désintégration atomique. Comme
les particules chargées interagissent en raison de leur charge avec les électrons des atomes
et molécules qu’ils rencontrent, la radiation des particules chargées ne pénètre en général pas
profondément dans le corps. Différentes unités de dose sont utilisées pour quantifier l’exposi\b
tion aux radiations ionisantes.
Survivants des bo\bbes ato\biques
L’étude Life\bSpan (LSS), une étude à long
terme sur les survivants des bombes ato \b
miques d’Hiroshima et Nagasaki, apporte des
preuves indiscutables d’une relation dose\b
effet entre exposition aigüe aux radiations
ionisantes et risque de tumeurs solides et
hémopathies malignes
2). Pour une dose éle \b
vée de l’ordre de 0,1 à 2 Gy, le risque aug \b
mente linéairement pour les tumeurs solides ;
alors que pour les leucémies, la relation est
plutôt courbée vers le haut. L’augmentation
du risque dépend également de l’âge au mo \b
ment de l’exposition et du temps écoulé de \b
puis l’exposition.
Une autre découverte importante de la LSS
est le fait que les enfants sont plus sensibles
aux radiations ionisantes en comparaison des
adultes. C ela es t encor e plus mar qué p our les
leucémies. Pour les expositions dans l’en \b
f ance, la LSS a montr é que le r is que de leucé \b
mie variait de manière importante en fonction
du temps écoulé depuis l’exposition. Après
une p ér io de de latence d ’à p eu pr ès deu x ans ,
le risque augmentait rapidement avant de
diminuer à nouveau. En raison du petit
nombre de cas, la forme de cette courbe
temporelle ne peut pas être précisément défi \b
nie. Néanmoins, les données suggèrent que le risque peut atteindre un niveau 50 fois su
\b
p ér ieur ou plus par G y env ir on 7 ans apr ès une
exposition pendant l’enfance
3). Les résultats
de la LSS et d’autres études suggèrent que
p our au moins un quar t des t y p es de tumeur s ,
le risque de développer un cancer plus tard
est plus élevé pour les personnes exposées
pendant l’enfance que pour celles exposées à
l’âge adulte. Cela inclut les leucémies, les
cancers de la thyroïde, de la peau, du sein, et
les tumeurs cérébrales. Les risques peuvent
en outre varier significativement selon l’âge
pendant l’enfance
4).
B ien que la LSS ait app or té des pr eu ves imp or \b
t antes sur les r is ques de cancer p our une lar ge
amplitude de doses de modérées à élevées,
elle fournit très peu d’informations sur le
risque associé à des doses inférieures à 100
mSv. À des fins de protection r adiologique, on
fait communément la présomption que ces
risques peuvent être extrapolés d’après les
modèles d’effet\bdose obtenus de la LSS, en
faisant l’hypothèse qu’il n’y a pas de seuil en
deçà duquel aucun risque de cancer n’existe
3).
Cependant, cette hypothèse se référant à un
modèle linéaire sans seuil est controversée.
Radiothérapie
Le risque de cancer chez les enfants exposés à la radiothérapie effectuée dans le contexte
de pathologies oncologiques ou pour d’autres
pathologies historiquement traitées par radio
\b
thérapie (par exemple thymus élargi, tinea
capitis, ou hémangiome cutané) a également
été étudié. La plupart des études ont montré
un excès de cas de leucémies quelques an \b
nées après l’exposition, confirmant l’observa \b
tion d’une courte période de latence minimum
faite auprès des survivants de la bombe ato \b
mique
5). Une revue systématique de ces
études a également mis en évidence des
risques constamment élevés de tumeurs du
système nerveux central (SNC)
6), mais avec
une grande variation dans la force de l’asso \b
ciation selon les études.
Les résultats des études sur les expositions
d’origine thérapeutique doivent être interpré \b
tés avec précaution. Dans le cas de traite \b
ments oncologiques, les effets attribués à la
radiothérapie peuvent être confondus avec
ceux des traitements médicamenteux d’une
chimiothérapie reçus concomitamment. Par
ailleurs, les enfants traités par radiothérapie
ne sont peut\bêtre pas représentatifs de la
population générale et, dans le cas de ceux
traités pour un cancer, peuvent avoir une
prédisposition génétique aux cancers.
Etudes épidémiologiques s’intéres –
sant aux faibles doses
Peu d ’enf ant s sont ex p osés à des doses aus si
élevées que celles des radiations thérapeu \b
tiques. Cependant, l’exposition à de faibles
doses lors d’examens radiologiques diagnos \b
tiques comme les CT\b scans est plus f r é quente
et l’exposition aux radiations ionisantes d’ori \b
gine naturelle à de faibles débits de dose est
ubiquitaire ( Tab l eau 2 ). La mesure du risque
de cancer associé à ces faibles doses est
habituellement fondée sur une extrapolation
des modèles provenant de populations expo \b
sées à de plus fortes doses, principalement
des survivants des bombes atomiques. La
raison en est que les preuves directes des
risques dus aux radiations des populations
exposées à de faibles doses sont peu nom \b
breuses et sont plus difficiles à obtenir. Le
problème principal est que des échantillons
de grande taille sont nécessaires afin d’avoir
la puissance statistique suffisante pour détec \b
ter le risque présumé faible associé à une
exposition à des doses faibles.
Exposition \bédicale
Récemment, plusieurs études ont investigué
le risque de cancer dans des cohortes d’en \b
Types de radiation ionisante importantes
Rayonnement α
Noyau hélium
WR = 20
Profondeur:
<10
2 µ m Rayonnement ß
Electrons/positrons
WR = 1
Profondeur:
~ 10
1 mm Rayonnement γ
Photons de haute énergie
WR = 1
Peut pénétrer le corps humain
Unités physiques
Activité
Dose absorbée Nombre de désintégrations par unité de temps. Becquerel: 1 Bq = 1 s -1
Energie absorbée par unité de masse. Gray: 1 Gy = 1 J/kg
Unités calculées
Dose équivalente
Dose effectiveDose absorbée multipliée par un facteur WR, pour tenir compte des
différents effets selon le type de radiation.
Mesurée en Sievert: 1 Sv = 1 J/kg
Dose équivalente multipliée par un facteur
WT, pour tenir compte des
différences de susceptibilité des organes à la radiation.
Mesurée en Sievert
21Les fsst1esdss rai
21Les f1tdr1t ftaiditofL1ttieit
23
Tableau 2: Doses reçues lors de certaines interventions médicales en comparaison avec les
doses reçues en Suisse par rayonnement naturel et radon. Source: UNSCEAR, 2008 25) et
Wakeford, 2013 5).
fants ayant bénéficié de CT\bscans cérébraux.
Les deux plus grandes études à ce jour, une
étude britannique incluant 180 000 enfants
exposés à des CT\bscans et une étude austra
\b
lienne en incluant 680 000 ont montré des
résultats similaires
7), 8) . Pour les tumeur s cér é \b
brales, les augmentations estimées étaient de
2,3 % (95% IC: 1,0 \b 4,9%) et 2,1% (1,4\b2,9%) par
mGy de dose reçue par le cerveau dans les
études britanniques et australiennes respec \b
tivement. Les estimations correspondantes
pour les leucémies étaient de 3,6% (0,5 \b12%)
et 3,9% (1,4\b7%). Cela suggèrerait que les
doses cumulé es à la mo elle os seuse d ’env ir on
50 mGy (correspondant à environ 5 à 10 CT
cérébraux dans l’étude britannique) et au
cerveau d’environ 60 mGy (2 à 3 CT céré \b
braux) pourraient respectivement tripler le
risque de leucémie et de tumeurs cérébrales.
Les deux études suggèrent également une
augmentation nette des risques associés à la
radiation lors d’âge plus jeune au moment de
l’exposition. Deux études plus petites en
France et en Allemagne étaient aussi indica \b
tives de risques augmentés dû aux scanners
pédiatriques, néanmoins les intervalles de
confiance étaient larges et compatibles avec
l’absence d’effet.
Les résultats des études sur les scanners
pédiatriques doivent être analysés avec pru \b
dence. La principale réserve réside dans le
fait que la prescription de scanners en pre \b
mière instance peut inclure la suspicion de
cancer (causalité inversée), ou le diagnostic
ou la surveillance de certaines conditions
elles \b mêmes lié es à un r is que accr u de cancer
(biais d’indication)
9). Dans l’étude française
mentionnée, l’ajustement sur les facteurs
pr é disp os ant au x cancer s a r é duit les es tima \b
tions d’augmentation de risque. Les incerti\b
tudes sur la reconstitution de la dose reçue
sont une autre limite majeure de ces études.
Dans le but de depasser ces limitations, une
grande étude multinationale a été lancée,
l’étude EPI\b CT, avec des premiers résultats
attendus prochainement. Elle prévoit d’étu \b
dier le risque de cancer chez les patients pé \b
diatriques ayant bénéficié d’un CT\bscan et de
reconstruire les doses spécifiques à chaque
organe en utilisant des méthodes d’estimation
de dose améliorées, et prévoit d’inclure plus
d’un million de patients de différents pays
européens ( http://epi\bct.iarc.fr ).
Rayonne\bent naturel
Durant la dernière décennie, plusieurs études
à l ’échelle nationale en Europ e et en Suis se ont
investigué l’association entre le rayonnement
natur el et les cancer s p é diatr iques. A fin d ’obte
\b
nir de grandes populations d’étude, ces der \b
nières identifient les cas de cancers pédia \b
triques à partir de registres nationaux de
cancers pédiatriques et incluent des témoins
sains à partir de bases de données recueillies
en routine. Dans une étude anglaise par
exemple, les témoins sains ont été sélectionnés
à partir d’un registre de naissance, tandis
qu’une étude suisse a utilisé une cohorte fon
\b
dée sur le recensement de la population (Swiss
National Cohort) . Ces études, appelées études
fondées sur des registres, estiment le rayonne
\b
ment naturel (comme le radon ou le rayonne \b
ment gamma terrestre) au lieu de domicile de
l’enfant en utilisant des modèles de prédictions
géographiques à partir de mesures de radiation
faites dans tout le pays. Cela évite d’avoir re
\b
cours à la participation active des familles au
travers de questionnaires sur l’exposition ou de
devoir f air e des mesur es au lieu de domicile des enfants. En effet, la nécessité de la participa
\b
tion des f amilles p eut f acilement conduir e à des
taux de réponses faibles, entraînant des biais
dans l’étude.
La première étude de ce type, réalisée au
Danemark, a montré un risque accru de leu
\b
cémie chez les sujets exposés à leur domicile
à des taux élevés de radon
10 ). Par la suite, une
plus grande étude britannique a montré que
le risque de leucémie chez l’enfant augmen \b
t ait de 12 % ( inter valle de con fiance I C de 95 % :
3 \b22 % ) par mSV de dose é qui valente cumulée
de rayonnement gamma terrestre au niveau
de la moelle osseuse. Elle n’a par contre pas
montré d’association avec d’autres cancers,
ni d’association avec l’exposition au radon en
milieu résidentiel
11 ). De manière similaire,
nous n’avons pas trouvé d’association entre
cancer de l’enfant et exposition au radon dans
les études fondées sur les données du Re \b
gistre Suisse du Cancer de l’Enfant et de la
Cohorte Nationale Suisse
12 ), mais une asso \b
ciation a été mise en évidence entre leucémie
et tumeur du SNC avec la dose totale de radia \b
tions gamma terrestres et cosmiques
13 ). Pour
ces deux catégories diagnostiques, une aug \b
ment ation de r is que de 4 % ( I C : 0 \b 8 % ) par mSv
de dose équivalente cumulée au corps entier
a été estimée. Même si l’incertitude est im \b
portante, les estimations du risque de leucé \b
mie chez l ’enfant en relation avec le rayonne \b
ment gamma des études suisses et
britanniques sont en accord avec celles
concernant les survivants de la bombe ato \b
mique. Au contraire, une grande étude fran \b
çaise récente n’a pas trouvé de lien entre
cancer de l’enfant et rayonnement ambiant,
que cela concerne le radon ou le rayonnement
gamma terrestre
14 ). Une étude finlandaise
récente a rapporté de faibles preuves d’aug \b
mentation du risque de leucémie de l’enfant
en lien avec l’exposition au rayonnement
gamma terrestre, mais uniquement chez les
enfants de 2 à 6 ans (correspondant à la fe \b
nêtre d’incidence maximale)
15 ).
C es études ont leur s limit ations , comme p our
les études s’intéressant aux CT\bscans. Une
des plus importantes sources d’erreur
concerne l’estimation des doses cumulées
r eçues par les enf ant s , qui es t f aite sur la base
du lieu de résidence. Elles incluent notam \b
ment les déménagements (les lieux de vie
antérieurs sont rarement disponibles), les
erreurs de doses prédites ou de concentra \b
tions de radon au domicile des enfants, ainsi
que les incertitudes concernant la fenêtre de
Source Doses typesAnnées de rayonnement
naturel
Radiothérapie 10 – 100 Gy>2300 ans
Survivants de bombes atomiques <0,1 – 1 Sv<20 – 235 ans
CT-scan abdominal 5 – 13 mSv1.3 – 3 ans
Rayonnement naturel en Suisse ~ 4 , 3 m S v/a n1 an
CT-scan cérébral ~ 2mSv~ 6 mois
Radiographie du thorax 0 ,1 m S v1 semaine
Vol long-courrier 0,06 mSv5 jours
Radiographie d’un membre 0 , 0 01 m S v2 heures
21Les fsst1esdss rai
21Les f1tdr1t ftaiditofL1ttieit
24
Figure 1: Exposition aux radiations ionisantes en Suisse sur la base des derniers rapports de
la section sur la radioactivité environnementale de l’OFSP. Les proportions dues aux expositions
médicales sont tirées de Coultre, 2015
24 ).
susceptibilité (qui nécessiterait de pondérer
les doses reçues différemment en fonction de
l’âge) et les périodes de latence.
Conta\bination radioactive
Les essais nucléaires dans les années 1950 à
1960 ont amené à la dispersion de quantités
significatives de matériel radioactif dans l’at
\b
mosphère et à la surface terrestre
16 ). Les
doses disséminées par ces essais étaient
f aibles à élevées. C elles r eçues par la p opula \b
tion générale ont culminé au début des an \b
nées 1960 et étaient plus élevées dans l’hé \b
misphère nord, où la plupart des essais ont
eu lieu. Une analyse des tendances des cas
de leucémie de l’enfant fondée sur des grands
registres de cancers de différents continents
n’a pas montré d’augmentation notable du \b
rant cette période, même si une étude a rap \b
porté une augmentation dans les pays nor \b
diques
17 ). Un risque plus élevé de cancer de
la thyroïde ou de leucémie (à tout âge) a été
trouvé dans les populations exposées à des
plus hautes doses en raison de leur proximité
à certains sites d’essais nucléaires (Nevada,
îles Marshall)
5).
En 1986, la cat as tr ophe nucléair e de Tcher no \b
byl a entrainé la libération d’importantes
quantités d’éléments radioactifs dans l’atmos \b
phère, conduisant à une exposition humaine
à la radioactivité sur de vastes régions. L’ex \b
position humaine à la radioactivité a eu lieu
principalement au travers de l’isotope à
courte demi\bvie iode\b131, qui s’accumule
dans la thyroïde lorsqu’il est inhalé ou ingéré,
mais aussi au travers d’isotopes plus stables,
comme le césium\b137, qui ont été dispersés
sur des g r andes dis t ances et se sont accumu \b
lés dans les sols par précipitation. Dans les
régions fortement contaminées (actuelles
Ukraine, Biélorussie et Russie) , une augmen \b
tation du risque de leucémie a été rapporté
chez les individus exposés à l’âge de moins de
6 ans et in utero
5). Même si les risques esti \b
més sont globalement compatibles avec les
modèles de risque standard dérivés des sur \b
vivants des bombes atomiques, il y a des
doutes quant à la fiabilité des données utili \b
sées dans ces études. Aucune augmentation
du risque de leucémie n’a été rapportée dans
les régions extérieures à l’URSS. Environ un
quart des cancers de la thyroïde survenus en
2001\b2008 parmi les habitants non\bévacués
des régions contaminées en Ukraine, Biélo \b
russie et Russie qui avaient moins de 18 ans
au moment de l’accident ont été attribués à
l’exposition à la radiation
18 ). La centrale nucléaire japonaise de Fukushi
\b
ma\bDaiichi a été endommagée à la suite du
tremblement de terre et du tsunami de 2011,
dispersant des quantités significatives de
matériel radioactif. En comparaison avec
Tchernobyl, les doses de radioactivité reçues
par les populations ont été bien plus faibles.
A la suite de cet accident, un programme de
santé a été mis en place pour les populations
touchées et constitue une cohorte d’étude. Il
inclut des questionnaires et des dépistages
médicaux des habitants des zones évacuées
et des ultrasons de la thyroïde pour les en \b
fants (18 ans ou moins au moment de l’acci \b
dent ) , et dur er a 30 ans. D eu x sér ies de dépis \b
tage de cancer de la thyroïde ont déjà été
effectuées et n’ont pas montré d’association
entre la prévalence de cancer de la thyroïde
et le niveau d’exposition. La prévalence était
de manièr e génér ale plus élevé e qu ’at tendue,
mais cela a été attribué à l’effet du dépistage
et la cohorte est encore trop jeune pour tirer
des conclusions définitives, les effets sur la
santé pouvant se manifester dans le futur
19 ).
Centrales nucléaires
Il y a depuis des années un grand intérêt
concernant la potentielle augmentation du
risque de leucémie de l’enfant autour des
centrales et autre installations nucléaires
20 ).
Cet intérêt a été nourri notamment par des
rapports mentionnant un regroupement de
cas de leucémies autour de sites de ce type,
comme le « Seascale leukaemia cluster » au \btour de l’usine de retraitement nucléaire de
Sellafield au nord de l’Angleterre. Néanmoins,
des investigations minutieuses n’ont pas pu
mettre en lien ces regroupements avec la
contamination radioactive de ces sites. En cas
de fonctionnement normal, les doses addi
\b
tionnelles de radioactivité émanant des radio \b
nucléides émis par les centrales nucléaires et
reçues par les populations avoisinantes cor \b
respondent à une petite fraction du rayonne \b
ment naturel. Certaines études ayant systé \b
matiquement investigué l’incidence de cancer
de l’enfant autour des centrales nucléaires
ont trouvé un risque accru, en particulier
l’étude allemande KIKK qui a rapporté un
doublement du risque parmi les enfants de
moins de 5 ans vivant dans un rayon de 5 km
d’une centrale nucléaire. Ces observations
restent inexpliquées
21 ). Dans une étude inves \b
tiguant les cancers chez les enfants vivant à
proximité des centrales nucléaires en Suisse
(CANUPIS), nous n’avons pas trouvé de
preuves d’une augmentation du risque de
cancer
22).
Exposition aux rayonnement
ionisants – Situation en Suisse
La contribution des différentes sources de
radiation à l’exposition de la population géné \b
rale en Suisse est décrite dans la Fi\bure 1 .
Radon : La source de radiation ionisante la
plus importante pour la population suisse
vient du radon domestique et est estimée à
21Les fsst1esdss rai
21Les f1tdr1t ftaiditofL1ttieit
25
Figure 2 : A) Car tographie de la radiation terrestre et cosmique en Suisse fondée sur un modèle de Rybach et al. 2002 26). B) Car te du risque de
radon en Suisse. Risque pour les bâtiments d’avoir une concentration en radon plus élevée que la référence de 300Bq/m3. Source : OFSP.
3,2 mSv/an 23 ). Les concentrations en radon
varient beaucoup selon les régions (fi\bure 2B).
A l’intérieur des bâtiments, les concentrations
varient de manière encore plus importante et
dépendent des caractéristiques du bâtiment
et de son utilisation (chauffage, air condi
\b
tionné, aération). Comme le radon émet des
particules alpha qui ne peuvent pénétrer pro
\b
fondément dans les tissus, les poumons et la
peau reçoivent la plus grande partie de la
dose. Le radon est la seconde cause de cancer
pulmonaire après le tabagisme.
Rayonnement terrestre et cosmique : En rai \b
son de sa géologie et topologie complexes, il
y a une grande variabilité dans les doses de
rayonnement cosmique et de rayonnement
gamma terrestre sur le territoire suisse (fi\bure
2A) . Le rayonnement cosmique à la surface
terrestre augmente avec l’altitude en raison
de l’atmosphère moins protectrice, et atteint
des valeurs considérables durant les vols en
avion. Le rayonnement terrestre dépend prin \b
cipalement de la concentration des radionu \b
cléides dans les sols. Les doses moyennes
pour la population générale suisse sont esti \b
mées à environ 0,4 mSv/an pour le rayonne \b
ment cosmiques et 0,35 mSv/an pour le
rayonnement terrestre
23 ). Le rayonnement
terrestre gamma des radionucléides prove \b
nant des essais nucléaires et de l’accident
nucléaire de Tchernobyl ne contribue que de
manière marginale aux doses totales de
rayonnement de fond. Ingestion : L’ingestion de radionucléides
contribue environ à environ 0,35 mSv/an de
la dose totale reçue. Avec une contribution de
0,2 mSv/an, la plus grande proportion pro
\b
vient du potassium\b40. Les isotopes artificiels
sont p eu sig ni ficatif s , les plus cour ant s ( s tr on \b
tium\b90 et césium\b137) étant responsables de
moins de 0,01 mSv/an
23 ).
Procédures médicales : Après le radon et le
rayonnement naturel, les procédures médi \b
cales sont la deuxième source de rayonne \b
ment ionisant en Suisse. Entre 2008 et 2013,
la dose effective par habitant de rayonnement
ionisant dû aux procédures diagnostiques a
augmenté d’environ 17%
24 ). En Suisse, en
2013, la dose moyenne d’origine médicale
reçue était de 1,4 mSv/an
23 ). Cette moyenne
peut être trompeuse puisque plus de deux\b
tier s de la p opulation ne r e çoit que des doses
marginales, voire pas du tout, et qu’un petit
pourcentage reçoit plusieurs fois la dose
moyenne. La source la plus importante d’ex \b
position aux rayonnements ionisants en mi \b
lieu médical est due aux CT\bscans, représen \b
tant 70 % de cette exposition.
Conclusions
Il est incontesté que l’exposition aux radia \b
tions ionisantes peut induire des cancers chez
l’humain. Les preuves scientifiques permet \b
tant de quantifier le risque induit par la radia \b
tion proviennent de populations relativement
petites et qui ont été exposées à des doses dépassant largement celles auxquelles la
population générale est exposée au quotidien.
Ces études montrent que les enfants sont
plus sensibles à l’exposition aux radiations
que les adultes. L’estimation du risque de
cancers associés à de faibles doses de radia
\b
tion est fondée sur l’extrapolation de modèles
de risque standard dérivés des études des
survivants des bombes atomiques.
Les preuves épidémiologiques directes du
risque de cancer associé à des faibles doses
sont plus difficiles à obtenir en raison de la
nécessité d’avoir des échantillons de grande
taille et de la difficulté à évaluer de manière
fiable l’exposition. Néanmoins, des études de
cohor te d ’enf ant s ex p osés à des CT\b scans ont
r é cemment r app or té un r is que aug menté, qui
suit les modèles de risque standard. Au
contraire, les résultats des études sur le
risque de cancer de l’enfant associé au rayon \b
nement naturel ou au radon résidentiel sont
discordants.
La plus grande préoccupation de santé pu \b
blique en ce qui concerne l’exposition à la
radiation dans la population générale est
l’exposition au radon résidentiel, qui compte
pour plus de 50 % de la dose annuelle en
Suisse. De nouveaux règlements et cam \b
pag nes de l ’O f fice fé dér al de la s anté publique
(OFSP) traitent du « problème du radon » avec
le but de garantir un niveau d ’activité en \b des \b
sous de 30 0 B q/m
3 à l’intérieur (Plan d’action
21Les fsst1esdss rai
21Les f1tdr1t ftaiditofL1ttieit
26
radon 2012\b2020). Environ un quart de la
dose annuelle reçue par la population suisse
provient des examens radiologiques, en par\b
ticulier des CT\bscans. Au vu de la susceptibi \b
lité augmentée des enfants à la radiation, il
est particulièrement important d’éviter toute
exposition non\bnécessaire en pédiatrie.
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Correspondance
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Les auteurs n'ont pas déclaré de soutien financier ou
d'autres conflits d'intérêts en relation avec cet ar ticle.
21Les fsst1esdss rai
21Les f1tdr1t ftaiditofL1ttieit
Informations complémentaires
Auteurs
Antonella Mazzei-Abba Christophe L. Folly Ben D. Spycher