Groupe de travail bernois SID+ Commission SID de la Société Suisse de Pédiatrie
Ce document se veut une aide lors d’investigations et lors du suivi des situations énoncées dans le titre. Les informations qu’il contient, s’adressent aux médecins de famille et aux pédiatres installés, aux pédiatres hospitaliers, aux sages-femmes, aux puéricultrices et au personnel soignant des maternités et hôpitaux pédiatriques.
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Vol. 18 No. 2 2007 E m p f e h l u n g e n / R e c o m m a n d a t i o n s
A. SID, SID et fratrie 1. Introduction
Sudden infant death syndrome (SID dans
le texte) a été défini – sur la base de défini –
tions précédentes 1), 2) – de la façon suivante
lors d’une réunion de spécialistes en janvier
2004 à San Diego 3):
Par SID est définie la mort subite, inat –
tendue d’un nourrisson de moins de 12
mois. L’événement fatal débute pendant
le sommeil et reste inexpliqué après une
anamnèse et un examen scrupuleux des
circonstances du décès ainsi qu’après une
autopsie complète de l’enfant.
En 1998 ont été enregistrés aux Etats Unis
2529 cas de SID. Cela plaçait le SID au troi –
sième rang des causes de mortalité chez le
nourrisson (8.9%). En tête se trouvaient les
malformations congénitales suivies par la
prématurité et le petit poids de naissance 4).
En Suisse, le SID survient chez 0.18/1000
nouveau-nés vivants. Comme dans tous les
pays industrialisés, les décès dus au SID
ont diminué en Suisse durant les dernières
années ( tableau 1 ).
La physiopathologie qui est à l’origine du
SID n’a jusqu’à ce jour pas été éclaircie dé –
finitivement. L’analyse des enregistrements
d’enfants décédés tout en étant branchés
à un moniteur, a permis les observations
suivantes: avant le décès, sont enregistrées
des phases d’apnées prolongées et des
bradycardies qui ne semblent pourtant pas
être le mécanisme primaire du SID 3). Les en –
registrements analysés (n=9) montrent tout
d’abord une probable hypoxie dont l’origine
pourrait être une obstruction des voies re –
spiratoires supérieures et/ou inférieures.
Le gasping enregistré n’apparai qu’à partir
de valeurs de pO 2 basses, de 5–15 mmHg 6),
suivi d’apnée et bradycardie 7). La constata –
tion de pétéchies intra-thoraciques ou d’un
œdème pulmonaire pourrait être interprétée
dans ce sens 8). La bradycardie serait alors
la suite d’une ischémie du myocarde 3). Ces
symptômes ne provoquent pas de réaction
de réveil n’est pas clair non plus.
L’examen de la régulation au niveau du
bulbe, de la régulation autonome et de
la réponse du centre respiratoire à des
valeurs de CO 2 élevées (4%) dans l’air
inspiré n’ont pas permis de mettre en
évidence une différence claire entre des
nourrissons ayant ou n’ayant pasde frère
ou sœur victime de SID et n’a donc pas
non plus contribué à élucider le mécanisme
de cette pathologie 4). Fait partie du dia –
gnostic de SID une analyse soigneuse de
l’environnement dans lequel le nourrisson
a été trouvé et une autopsie complète. Par
définition l’autopsie ne permet pas de con –
stater d’altérations causales.
2. Procédé chez les frères et sœurs
de victimes de SID
2.1. Investigations
● Anamnèse complète d’après le ques –
tionnaire standardisé (annexe), par un
médecin expérimenté
SID, fratrie et ALTE: investigations
conseillées et indications au monitoring
du nourrisson
Die deutsche Fassung dieses Artikels ist in Paediatrica 2007; 18(1): 12–14 erschienen
Groupe de travail bernois SID+
Commission SID de la Société Suisse de Pédiatrie
Carmen Casaulta 1, Mattias Nelle 1, Jean-Marc Nuoffer 1, Jean-Pierre Pfammatter 1,
Silvano Vella 2, Martin Sutter 3
1 Clinique pédiatrique universitaire, Hôpital de l’Ile, CH-3010 Berne 2 Centre pour la médecine du sommeil, Lindenhofspital, CH-3010 Berne 3 Président de la commission SID de la SSP, Kreuzgasse 17, CH-3076 Worb
Traduction: R. Schlaepfer, La Chaux-de-Fonds
Tableau 1: Incidence du SID en Suisse, 1989–2004, d’après les indications de l’OFSP
Année Garçons Filles Total Total des Incidence du SID
naissances pour 1000 naissances
1989 55 45 100 81180 1.23
1990 58 41 99 83939 1.18
1991 48 40 88 86200 1.02
1992 49 35 84 86910 0.97
1993 51 31 82 83762 0.98
1994 42 18 60 82980 0.72
1995 35 19 54 82201 0.66
1996 27 10 37 83007 0.45
1997 27 13 40 80584 0.5
1998 19 11 30 78949 0.38
1999 23 14 37 78408 0.47
2000 11 11 22 78458 0.28
2001 12 8 20 73509 0.27
2002 8 5 13 72372 0.18
2003 10 6 16 71848 0.22
2004 10 3 13 73082 0.18
Ce document se veut une aide lors
d’investigations et lors du suivi des
situations énoncées dans le titre. Les
informations qu’il contient, s’adressent
aux médecins de famille et aux pédiatres
installés, aux pédiatres hospitaliers, aux
sages-femmes, aux puéricultrices et au
personnel soignant des maternités et
hôpitaux pédiatriques.
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Vol. 18 No. 2 2007
● Status complet, y compris TA
● ECG
● Polysomnographie, oxycardiorespirogra –
phie selon les possibilités régionales
● Selon l’anamnèse, examens spécialisés
(EEG, pH-métrie, etc.)
● Consilium cardiologique
● dosage de l’acylcarnitine dans une gout –
te de sang séché et des acides aminés
/ acides organiques dans l’urine (pour
chaque enfant)
Moment: à l’âge de 4–6 semaines ou plus
tôt si SID précoce.
2.2. Traitement
En cas de résultats pathologiques, le trai –
tement adéquat sera mis en route. La
théophylline n’est plus indiquée.
2.3. Monitoring 3)
L’utilisation d’un monitoring cardio-respi –
ratoire implique un entretien approfondi
avec les parents et éventuellement avec les
responsables du suivi médical de l’enfant. Si
les craintes des parents sont trop grandes
pour permettre un fonctionnement normal
à la maison, on peut prescrire un moni –
teur. Dans ce cas, on utilisera toujours un
appareil avec mémoire et enregistrement
de la respiration et du rythme cardiaque,
éventuellement de la pO 2.
Les parents doivent recevoir des instru –
ctions précises concernant le moniteur et
les mesures de réanimation. La firme qui
livre le moniteur doit être atteignable à tout
moment en cas de problème technique.
3. Facteurs de risque associés au SID 3)
L’examen scrupuleux de l’environnement et
de la situation dans lesquelles les enfants
ont été trouvés ainsi qu’une anamnèse per –
sonnelle, de l’entourage et sociale précises
ont permis de mettre en évidence plusieurs
facteurs de risque de SID. Ces facteurs de
risque ne sont pas valables seulement pour
les frères et sœurs de victimes, mais pour
tous les nourrissons. Ils sont énumérés dans
le tableau 2 .
Après le fait de dormir en position ventrale
(augmentation du risque de 13,1 par rapport
à la position dorsale), l’exposition à la fumée
de cigarettes est devenu le facteur de ris –
que le plus important, cela d’autant plus si
l’enfant dort dans le lit des parents 11,) 12) . Une
étude multicentrique englobant 20 centres
européens, parue récemment, compare 745
nourrissons décédés de SID à 2411 enfants
contrôle. Le risque relatif pour le SID en
position ventrale est selon cette étude 13,1,
celui de la combinaison tabagisme passif et
dormir dans le lit des parents est de 17,7.
Tableau 2: Facteurs de risque de SID
● Position ventrale ou latérale
● Tabagisme passif
● Dormir dans le lit des parents
● Enfant trop couvert, pièce surchauffée
● Matelas mou, oreiller, peau de mouton, rembourrement
● Prématurité, petit poids de naissance
● Multiparité, naissances multiples, grossesses rapprochées
● Grossesse peu suivie, situation socioéconomique défavorisée
● Mère très jeune
● Consommation de médicaments par la mère
● Mois hivernaux
● Sexe masculin
● Les enfants non-vaccinés décèdent plus souvent que les vaccinés
Tableau 3: Mesures de prévention du SID
● Les parents ne devraient pas fumer et garantir un environnement sans fumée
pour leur nourrisson. Les mamans ne devraient pas fumer non plus pendant la
grossesse.
● Les nourrissons devraient être couchés exclusivement sur le dos, pas sur le
ventre ni sur le côté.
● Lorsqu’il est réveillé et sous surveillance, l’enfant devrait être positionné plusieurs
fois par jour sur le ventre (développement psychomoteur! prophylaxie de la plagio –
céphalie!)
● Le nourrisson ne devrait pas être habillé trop chaudement, la température de la
chambre à coucher ne devrait pas dépasser les 17–19°C; exception faite pour les
grands prématurés, le bébé ne doit pas porter de bonnet ni de gants; sont signes
d’excès de chaleur des mains et des cheveux trempés de sueur.
● Les nourrissons doivent dormir sur une surface lisse, pas trop molle. Ils devraient
pouvoir s’appuyer sur la surface sans s’enfoncer.
● Oreillers, linges, peluches, peaux de mouton et autres objets de ce genre n’ont
rien à faire dans le lit d’un nourrisson.
● Les parents doivent s’assurer que leur bébé ne peut pas glisser sous la couverture
ou se couvrir le visage avec la couverture ou un autre tissu («patte»). Des sacs de
couchage ou «jumbo» sans lacets de fixation sont vivement conseillés. Taille adap –
tée à l’âge!
● Les nourrissons ne doivent pas dormir dans le lit des parents, mais dans leur propre
lit dans la chambre des parents. Pas de bed-sharing pour les parents non-fumeurs
pendant les premiers 3 mois, pour les parents fumeurs pendant la pr emière année.
● Les parents ne doivent en aucun cas prendre des sédatifs ou des drogues si
l’enfant dort dans leur lit.
● Les nourrissons ne devraient pas non plus dormir dans le lit des frères et sœurs.
● On peut proposer, sans forcer, la lolette au nourrisson lorsqu’on le couche. S’il
la perd pendant le sommeil, on ne la remet pas dans sa bouche. On ne propose –
ra pas la lolette aux enfants allaités avant l’âge d’un mois lorsque l’allaitement
marche bien. Pas de boissons sucrées sur la lolette 16).
● Changer régulièrement l’orientation de la tête en plaçant les sources de stimula –
tion (porte, mobile, boite à musique) soit à gauche, soit à droite.
● Les nourrissons devraient être allaités selon les recommandations en vigueur.
● Les enfants doivent être vaccinés.
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Vol. 18 No. 2 2007 E m p f e h l u n g e n / R e c o m m a n d a t i o n s
D’autres facteurs de risque y sont évalués
en détail 13).
4. Recommandations
pour la prévention du SID 15)
Les recommandations énumérées ici sont
valables pour tous les nourrissons. Tous
les parents devraient être informés de ces
facteurs de risque.
L’instruction (avec documentation) aussi ex –
haustive que possible des parents et du per –
sonnel soignant 4), 15) à propos des risques de
SID et des mesures préventives ( voir tableau
3). fait partie des taches incontournables
des médecins et autres professionnels de la
santé qui s’occupent de nourrissons.
L’information anticipative aux parents de
coucher leur enfant éveillé plusieurs fois par
jour sur le ventre prévient la plagiocéphalie
et favorise le développement psychomo –
teur.
Les conditions environnementales optima –
les doivent être strictement respectées éga –
lement pour les nourrissons hospitalisés.
Les enfants nécessitant un positionnement
différent en raison d’un torticolli ou d’une
plagiocéphalie, peuvent être couchés sur le
ventre ou sur le côté lorsqu’ils sont réveillés.
Le personnel soignant et les médecins doi –
vent instruire les parents et/ou les autres
personnes s’occupant d’un nourrisson sur
la façon correcte de le positionner et sur
les autres mesures visant à diminuer les
risques. En prenant l’anamnèse, les méde –
cins peuvent/doivent discuter les facteurs
de risque.
Références
Voir page 19
Annexe: Anamnèse structurée en cas d’ALTE
Causes, clinique Anamnèse/Status Investigations Conséquences possibles thérapeutiques
Facteurs de risque: – Position ventrale Instructions – ou sur le côté
– Tabagisme
– Température >18°
– Dort dans lit des parents
Infections – Fièvre Sécrétions naso- Traitementrespiratoires: – Rhume/sécrétions pharyngées symptomatique
VRS, coqueluche etc – Toux
– Maladies infectieuses
– dans l’entourage
Infections – irritabilité/somnolence bilan septique Selon résultatssystémiques: – Vomissements
méningite/septicémie – Apnées
Reflux gastro- – Régurgitations/ TOGD Positionnementoesophagien: – Vomissements pH-métrie Epaississement
– Foetor acide Antacides,
– Rumination inhibiteurs
pompe à proton
Obstruction – Ronflement Imagerie, Accessoirementanatomique: – Stridor Endoscopie, exclusiondes voies resp. sup.: – Toux en mangeant Oxymétrie d’un RGOLaryngo-/trachéomala-cie, corps étranger, ré-trognatie, macroglossiedes voies resp. inf.: – Anamnèse de corps Radiographie
corps étranger, aspira- – étranger thoracique,
tion, fistule, maladie – Régurgitations TOGD,
pulmonaire chronique – Toux en mangeant Fonctions pulm.
– Cyanose en mangeant
Cœur: – Cyanose ECG (QT-long)
– Transpiration Echocardiographie
– Mort subite dans famille
Convulsions: – Révulsion des yeux Glucose, Na, K, Cl,
– Secousses Ca, Mg,
– Mâchonnements échographie
– Raideur ou CT cérébraux,
– Somnolence post-critique EEG
Métabolisme: – Trémulations Glucose, Na, K, Cl,
– Transpiration Ca, Mg, gazométrie,
– Vomissements trou anionique,
– Odeur spécifique acides org. urinaires,
– Anamnèse familiale acides aminés
sanguins
Régulation respiratoire – Prématurés Oxycardioresp. Discuter
– Apnées/bradycardies polysomnographie monitoring
– Malformation cérébrales
Dépression SNC – Médicaments/drogues Dosages sanguins,
screening toxico-
logique(urines)
Neuro-musculaire – Bouge peu CK, tests thyroïdiens,
– Hypotonie musculaire examen neurologique
– (également in utero)
Maltraitance infantile – Evénements antérieurs
– SID/ALTE dans fratrie
– Retard de croissance
– staturo-pondérale
– Hématomes
– Hémorragies rétiniennes
– Facteurs de risque de
– maltraitance
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Vol. 18 No. 2 2007
B. ALTE (apparent life threa –
tening event) – Investigations
et prise en charge
1. Introduction
Après un ALTE, les nourrissons sont amenés
chez le pédiatre ou bien aux urgences avec
la description suivante par les parents ou
la personne qui s’en occupait: apparition
soudaine d’un changement de tonus (perte
de tonus ou raideur), de couleur (pâleur ou
cyanose), de nausées ou vomissements 3), 9) .
Ces épisodes peuvent apparaître pendant
le sommeil ou alors que l’enfant est éveil –
lé et sont perçus comme mettant la vie
de l’enfant en danger. Dans certains cas,
ils sont réversibles spontanément; dans
d’autres, les parents ont l’impression que
seules leurs mesures de réanimation ont
permis de rétablir une situation normale 9).
Dans ce contexte, on discute souvent la
mort subite du nourrisson, mais il n’y a pas
d’évidence claire que tous les enfants avec
un ALTE soient des «presque victimes de
SID» 4). Pour cette raison le terme de «near
missed SID» n’est actuellement plus utilisé 9).
Dans environ 50% des cas d’ALTE, on ne trou –
ve pas d’explication et pour l’autre moitié, les
causes se répartissent de la façon suivante:
environ 50%, donc la plus grande partie des
cas d’ALTE, sont provoqués par des troubles
gastro-intestinaux et en première ligne par le
reflux gastro-oesophagien; dans environ 30%
des cas il s’agit d’une maladie neurologique,
surtout des convulsions et environ 20% des
cas d’ALTE s’expliquent par des maladies
respiratoires (infections, malformations).
Les maladies cardio-vasculaires ne sont en
cause que dans 5% environ des cas d’ALTE
et il s’agit surtout d’enfants avec mauvaise
prise de poids et transpiration à l’effort. Un
trouble du métabolisme est évoqué dans
2–5% des cas d’ALTE, notamment si l’enfant
a plus d’une année, si l’épisode se manifeste
alors qu’il jeûne ou au décours d’une maladie
infectieuse, s’il a déjà souffert d’épisodes
semblables ou si des frères ou sœurs sont
décédés en étant nourrissons 9). Rarement, un
ALTE s’avère être l’expression ou le résultat
d’un mauvais traitement ou d’un syndrome
de Münchhausen par procuration 2), 9) . Des
indications anamnestiques, tels la répétition
de cas de SID dans la famille, un âge suspect
(plus d’un an) de l’enfant, des changements
fréquents de médecins ou la survenue des
manifestations en présence toujours de la
même personne, nous incitent à évoquer ce
diagnostic difficile.
Dans le document de consensus de
l’European Society for the Study and Pre –
vention of Infant Death de 2003, le dia –
gnostic différentiel d’ALTE est présenté en
détail 9) (tableau 4 ).
2. Marche à suivre en cas d’ALTE
Lorsque nous sommes confrontés à un en –
fant avec un ALTE, se pose la question des
investigations nécessaires et raisonnables.
Sauf rares exceptions, ces enfants devraient
être hospitalisés durant 48–72 heures pour
observation et évaluation. Ils sont moni –
torés avec enregistrement de l’ECG, de
Tableau 4: Causes d’ALTE
1. Pathologies gastro-intestinales
a. Reflux gastro-oesophagien
b. Infections
c. Volvulus ou invagination
d. Bronchoaspiration d’aliments
2. Pathologies neurologiques
a. Convulsions
b. Méningite, encéphalite
c. Pression intra-crânienne élevée
d. Reflex vagal
e. Malformation du bulbe
f. Pathologie musculaire
g. Hypoventilation centrale
congénitale
3. Pathologies respiratoires
a. Infections (VRS, adénovirus,
coqueluche)
b. Malformation des voies respira
–
toires
c. Obstruction des voies respira
–
toires, corps étranger
d. Syndrome obstructif avec
apnées du sommeil
4. Pathologies cardio-vasculaires
a. Troubles du rythme
b. Malformations cardiaques et
des grands vaisseaux
c. Myocardite
d. Cardiomyopathies
5. Maladies métaboliques
et endocrines
a. Troubles du métabolisme mi
–
tochondrial (métabolisme des
graisses)
b. Troubles du cycle de l’urée
6. Autres causes
a. Erreurs alimentaires (surcharge
alimentaire)
b. Médicaments (dérivés de la
phénothiazine, codéine, xylo –
méthazoline, cocaïne chez les
enfants allaités)
c. Intoxication accidentelle au CO
d. Mauvais traitement
e. Syndrome de Münchhausen par
procuration
7. Idiopathique
Ce document se veut une aide lors
d’investigations et lors du suivi des
situations énoncées dans le titre. Les
informations qu’il contient, s’adressent
aux médecins de famille et aux pédiatres
installés, aux pédiatres hospitaliers, aux
sages-femmes, aux puéricultrices et au
personnel soignant des maternités et
hôpitaux pédiatriques.
SID, fratrie et ALTE: investigations
conseillées et indications au monitoring
du nourrisson
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Groupe de travail bernois SID+
Commission SID de la Société Suisse de Pédiatrie
Carmen Casaulta 1, Mattias Nelle 1, Jean-Marc Nuoffer 1, Jean-Pierre Pfammatter 1,
Silvano Vella 2, Martin Sutter 3
1 Clinique pédiatrique universitaire, Hôpital de l’Ile, CH-3010 Berne 2 Centre pour la médecine du sommeil, Lindenhofspital, CH-3010 Berne 3 Président de la commission SID de la SSP, Kreuzgasse 17, CH-3076 Worb
Traduction: R. Schlaepfer, La Chaux-de-Fonds
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la respiration et de la saturation en O 2; les
matelas-apnées sont insuffisants.
2.1. Investigations
L’anamnèse ciblée est l’élément dia-
gnostique qui fournit le plus d’indications
(voir la feuille d’anamnèse en annexe ).
L’anamnèse personnelle doit être la plus
complète possible et inclure les habitudes
de sommeil et alimentaires en général et
dans la situation aiguë de l’ALTE, les mé –
dicaments administrés actuellement ainsi
que les traitements médicaux et chirurgi –
caux antérieurs. Lorsque la maman allaite,
l‘ingestion de médicaments ou d’autres
substances par celle-ci fait partie de
l’anamnèse personnelle. L’anamnèse fami –
liale comprend les décès inexpliqués dans
la fratrie ou dans la famille élargie ainsi que
les maladies connues ou inexpliquées de
nature génétique, neurologique, cardiolo –
gique ou métabolique. L’anamnèse sociale
doit inclure les informations concernant
les habitudes alimentaires, le sommeil, le
tabagisme des parents ainsi que les condi –
tions de vie en général et de surveillance de
l’enfant. Le tableau 5 contient les critères
anamnestiques nécessaires à une descripti –
on aussi précise que possible d’un ALTE.
Si anamnèse et status clinique permettent
de trouver une cause précise, les mesures
diagnostiques spécifiques seront mises en
route.
Si la cause ne se laisse pas éclaircir, les
investigations mentionnées dans le tableau
6 peuvent être utiles.
2.2. Prise en charge
Si la cause et la pathologie qui ont provoqué
l’ALTE sont claires, un traitement adéquat
est instauré.
Si la cause n’a pas été élucidée, on dis –
cutera avec les parents du monitoring à
domicile 3), 9) . Ils recevront les instructions (et
la documentation) concernant la prévention
du SID.
2.3. Monitoring à domicile
Dans cette situation, le monitoring poursuit
un but surtout diagnostique. L’expérience
montre que le risque d’un deuxième épisode
est le plus grand dans les 72 heures après
le premier. Le moniteur doit être équipé
d’une mémoire, pour permettre d’analyser
l’événement lui-même, mais aussi la période
avant le déclenchement de l’alarme.
Le moniteur doit répondre à des critères
techniques précis ( tableau 7 ).
L’infrastructure des cliniques par lesquelles
est pratiqué le monitoring à domicile est
très variable et ne peut être décrite ou fixée
de façon unitaire. Le tableau 8 illustre une
possibilité de procéder.
● Procédé lorsqu’ aucune «vraie» alarme
n’a été déclenchée pendant la période
d’observation:
1. Les parents renvoient le moniteur à
la firme, le print-out est adressé au
pédiatre ou à la personne de réfé –
rence.
2. Les parents obtiennent un rendez-
vous chez le pédiatre ou à la policli –
nique pour une discussion (seront
rediscutés les facteurs de risque du
SID, la prévention etc.).
3. Aucun traitement.
● Procédé lorsque de «vraies» alarmes ont
été enregistrées:
1. Si l’enfant n’a pas nécessité de sti
–
mulation et si une fois réveillé il se
comporte comme d’habitude, le mo –
nitoring sera poursuivi comme avant,
mais l’enfant sera présenté dans les
24 heures au pédiatre ou au service
d’urgences de la clinique pédiatrique.
Les parents apporteront le moniteur
et l’épisode sera interprété ad hoc.
Tableau 5: Critères anamnestiques pour la description d’un ALTE
● Symptômes précurseurs comme refroidissement, rhume, fièvre, médicaments,
alimentation, changements de la routine journalière
● Heure exacte à laquelle l’ALTE a eu lieu et temps écoulé depuis le dernier repas
● Lieu exact où l’ALTE s’est produit (lit de l’enfant, berceau, lit des parents, maxi
cosy, etc). Etat de l’enfant (éveillé, dormant): s’il dormait, dans quelle position,
dans quelles conditions environnementales; s’il était éveillé: en mangeant, dans
son bain, en hurlant etc.
● Qu’est-ce qui a attiré l’attention (bruit suspect etc.)
● Qui a découvert l’ALTE et qui d’autre a vu les symptômes
● Description exacte de l’état de l’enfant pendant et après l’ALTE
● Premières mesures des parents ou de la personne présente
● Durée estimée de l’événement et temps estimé jusqu’à ce que l’enfant ait récu –
péré
Tableau 6: Investigations en cas d’ALTE
1. Monitoring de l’enfant
2. FSC, CRP, gazométrie sanguine, lactate, Na, K, Cl, Ca, Mg, glucose (en cas de
signes cliniques d’hypoglycémie, immédiatement, sinon glycémie à jeun), quel –
ques gouttes de sang sur une carte de Guthrie, conserver de l’urine
3. Status urinaire
4. Recherche de virus respiratoires dans les secrétions nasales
5. ECG avec enregistrement du rythme
6. Fond d’œil par un ophtalmologue dans les 24 heures
7. pH-métrie
8. Polysomnographie
9. EEG
Tableau 7: Critères techniques du moniteur
● Mémoire
● Mesure de la saturation d’oxygène transcutanée en cas de besoin
● Paramètres respiratoires
● ECG avec 3 dérivations
● Fonctionnement avec pile
● Support technique garanti par la firme
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18
Vol. 18 No. 2 2007
2. L’enfant ayant nécessité une stimu –
lation et/ou dont le comportement
est inhabituel, sera amené immé-
diatement aux service d’urgences de
la clinique pédiatrique; il sera exami –
né, hospitalisé et monitoré pour la sa –
turation, la respiration et la fréquence
cardiaque. Si l’enregistrement, l’an –
amnèse et l’examen clinique permet –
tent de trouver une cause, l’enfant
rentre avec monitoring comme aupa –
ravant. Une polysomnographie sera
par contre prévue dans les 2 se –
maines, si aucune cause n’a pu être
décelée. L’enfant ne doit pas néces –
sairement rester hospitalisé jusqu’à
la polysomnographie.
3. Si ces investigations n’aboutissent à
aucun diagnostic passible d’un trai –
tement, le monitoring sera poursuivi
pour 2 mois.
4. Après 2 mois sans alarme, on procède
–
ra comme indiqué plus haut.
Chaque clinique choisira le procédé concret
de monitoring à domicile en cas d’ALTE. Il
serait néanmoins souhaitable qu’une poli –
tique commune soit appliquée dans toute
la Suisse.
C. Indication au monitoring
lors d’autres maladies
Les recommandations concernant le mo –
nitoring à domicile et à l’hôpital de nour –
rissons avec des maladies spécifiques que
nous discutons ici, sont à considérer comme
des recommandations internes pour la cli –
nique pédiatrique de Berne. Il faut souligner
que notamment le monitoring à domicile ne
remplace pas les recommandations pour la
prévention du SID, mais qu’il les complète.
Le monitoring à domicile n’est raisonna –
ble et utile que dans peu de situations
cliniques, clairement définies 2). Lorsqu’on
utilise un moniteur, il doit toujours s’agir
d’un appareil muni d’une mémoire. Les
matelas-apnées et les appareil avec sonde
abdominale ne sont indiqués en aucun
cas.
1. Nourrissons avec infections des
voies respiratoires, notamment VRS
Les nourrissons respirent presque obliga –
toirement par le nez. Une gêne de la respi –
ration nasale peut provoquer des pauses
respiratoires obstructives. Chez le nouveau-
né, une infection des voies respiratoires pro –
fondes peut provoquer des apnées d’origine
centrale. Le monitoring de ces patients
doit donc remplir certaines exigences. Le
monitoring de la respiration seule comporte
le risque de ne pas enregistrer les apnées
obstructives, car les enfants bougent beau –
coup et font des efforts respiratoires. Les
recommandations sont donc les suivantes:
chez les nourrissons avec une infection à
RSV et une symptomatologie qui se péjore,
respectivement qui sont à l’acmé de leur
infection et en situation instable, devrait
être monitorée la saturation. Les matelas-
apnées ne sont pas adaptés et ne devraient
pas être utilisés. Les nouveau-nés avec une
bronchiolite à RSV doivent bénéficier d’un
monitoring pour saturation, respiration et
fréquence cardiaque.
2. Prématurés sains
À l’hôpital, les anciens prématurés sont
surveillés au moyen d’un moniteur de la fré –
quence respiratoire et cardiaque, jusqu’à ce
qu’il n’y ait plus eu d’apnée ou de bradycar –
die pendant 5 jours. Ensuite le monitoring
n’est en principe plus indiqué ni conseillé.
3. Prématurés avec bronchodysplasie
En présence d’une bronchodysplasie sé –
vère, dépendant de diurétiques et/ou lors
de bronchodysplasie discrète, mais avec
hypertension pulmonaire associée, sont
conseillés le monitoring de la respiration,
de la fréquence cardiaque et de la saturation
ou la pulsoxymétrie seule.
4. Nourrissons de mères toxicomanes
Les nourrissons de mères toxicomanes
restent monitorés jusqu’à la fin du traite –
ment de sevrage. A domicile en principe pas
de monitoring.
5. Nourrissons avec une malformation
cardiaque
Ces nourrissons ne sont monitorés qu’à la
demande expresse du cardiologue.
6. Nourrissons avec convulsions
Les nourrissons suspects d’avoir présenté
des convulsions sont monitorés durant les
premières 24 heures d’hospitalisation pour
la fréquence cardiaque, la respiration et la
saturation, ensuite seulement à la demande
du neurologue.
7. Nourrissons couchés en position
ventrale sur indication thérapeutique
Les nourrissons qui sont couchés sur le
ventre pour des raisons particulières, p.ex.
photothérapie, sont monitorés (fréquence
cardiaque, respiration ou saturation).
8. Enfants avec des particularités
anatomiques
Pour les enfants avec des anomalies ana –
tomiques (Pierre-Robin, laryngomalacie
sévère etc.), l’indication est discutée avec
le spécialiste concerné. Ces patients souf –
frent surtout de troubles respiratoires
obstructifs. L’oxymétrie pendant la nuit
fait partie des investigations de départ,
une polysomnographie sera envisagée en
fonction du résultat. Doivent également
être discutés d’autres moyens thérapeu –
tiques, telles la CPAP nasale ou buccale ou
d’autres interventions.
En cas d’oxymétrie pathologique, on pres –
crira un moniteur avec enregistrement de la
saturation. Si l’obstruction persiste, l’enfant
rentre à domicile avec un moniteur (Sa O 2).
Tableau 8: Monitoring à domicile en cas d’ALTE
● Un monitoring à domicile de la respiration et de la fréquence cardiaque, éventu –
ellement de la saturation est organisée pour 2 mois
● Instruction en réanimation par le médecin assistant ou le chef de clinique
● Support technique garanti par la firme
● Alarme lors d’apnée: 20 secondes
● Alarme lors de bradycardie: 60/min (âge gestationnel <=44 semaines), 50/min (âge
gestationnel > 44 semaines); limite supérieure de la fréquence cardiaque: 220/min
● Limite de la saturation: 85%
● Les parents tiennent un protocole des alarmes
● Les parents contactent toutes les 2-3 semaines le pédiatre ou une autre person –
ne de référence qui seront disponibles pour des questions et qui auront été infor –
més avant que l’enfant ne quitte l’hôpital
● Les parents doivent se manifester en cas de fausses alarmes répétées, afin de
corriger les défauts techniques et d’améliorer l’enregistrement des signaux
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Vol. 18 No. 2 2007 E m p f e h l u n g e n / R e c o m m a n d a t i o n s
Correspondance:
Dr M. Sutter
Kreuzgasse 17
3076 Worb
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Informations complémentaires
Traducteur:
Rudolf Schläpfer
Auteurs
Martin Sutter , Präsident der SID-Kommission der SGP