Un sujet d’importance et qui peut occuper les parents pendant des mois et même parfois pendant des années, est le fait que leur enfant ne veuille pas dormir seul et qu’il cherche refuge dans leur lit pendant la nuit.
28 Formation continue / Fortbildung Vol. 14 No. 5 2003
Le sommeil durant la deuxième et troisième année de vie 1
L’enfant dans le lit des parents
Un sujet d’impor tance et qui peut occuper
les parents pendant des mois et même
par fois pendant des années, est le fait que
leur enfant ne veuille pas dormir seul et
qu’il cherche refuge dans leur lit pendant
la nuit. La figure 1montre la répar tition en
pourcentages des enfants qui ont dormi
dans le lit des parents pendant leurs 10
premières années de vie. A l’âge de 3 à 5
ans on note une augmentation transitoire
nette, alors qu’une minorité d’enfants
dormait dans le lit des parents comme
nourrisson. A 12 mois environ 5% de tous
les enfants dormaient toutes les nuits
dans le lit des parents, à 4 ans ils étaient
11% et 6% à 7ans. A l’âge de 10 ans il y
en avait toujours 2%.La figure 2réponds à la question sur la
fréquence du par tage du lit entre parents
et enfant. Elle représente la durée du
«bedsharing» entre 2 et 7 ans. Pour cette
tranche d’âge 11% des enfants dormaient
pendant au moins 3 ans dans le lit des
parents. 2% ont dormi dans le lit parental
pendant toute la durée de 6 ans et 37%
des enfants n’ont jamais dormi dans le lit
parental.
Les résultats des études longitudinales zu-
richoises montraient qu’une minorité des
nourrissons dormait dans le lit parental.
Cependant les parents répondaient au be-
soin de proximité souvent avec un par ta-
ge de la chambre (20% des nourrissons).
La deuxième par ticularité était la fréquence
augmentée du «bedsharing» à l’âge de 4ans. Il semble que le «bedsharing» de-
vienne plus fréquent lorsque les enfants
ont atteint un cer tain stade du dévelop-
pement. 4 raisons principales peuvent être
considérées comme étant à l’origine de
cette obser vation:
1. L’avancement du développement mo-
teur pendant la deuxième et troisième
année de vie permets aux enfants de
quitter leur lit pour rejoindre celui des
parents.
2. Le début d’une conscience de soi en-
tre 18 et 24 mois permets aux enfants
de se percevoir comme personne.
3. Le développement de l’autonomie est
le facteur le plus impor tant. Les en-
fants commencent à se séparer des
parents, ce qui peut produire un sen-
timent d’abandon pendant la nuit.
4. Le développement de la pensée magi-
que peut induire des angoisses, par
exemple orientées sur des monstres
cachés sous le lit.
Fig. 1: Enfant dormant dans le lit parental. Répar tition en pourcentages selon l’âge en fonction de dif férentes caté-
gories (toujours: chaque nuit; régulièrement: au moins 1x/sem; rarement: au moins 1x pendant les 3 derniers mois).
Fig. 2: Durée du «bedsharing» (n = 198). Combien
d’années un enfant a-t-il dormi dans le lit parental
entre l’âge de 2 et 7 ans?
100
80
60
40
20
0
Enfants [%]
0 1 2 3 4 5 6
nombre d’années qu’un enfant a dormi
dans le lit parental.toujours
régulièrement
jamais
total toujours
régulièrement rarement
Enfants [%]
Enfants [%]
âge (en années) âge (en années)
1) Dieser Beitrag wurde deutsch in der Forum-News
3/2003 publizier t.
29 Formation continue / Fortbildung Vol. 14 No. 5 2003
Cer tains enfants se déplacent si discrè-
tement que les parents s’aperçoivent de
l’hôte dans leur lit que quelques heures
plus tard, souvent au matin. Ces visites
nocturnes sont possibles si l’enfant peut
quitter son lit et marcher vers la chambre
des parents. Cependant la mobilité est une
condition, mais non la seule cause de ces
excursions nocturnes.
Perception de soi
Pendant la deuxième année de vie l’enfant
fait un grand pas vers une autonomisation
de sa personnalité. Il commence à se per-
cevoir consciemment comme personne, à
se dif férencier des autres et à montrer de
l’empathie. La perception de soi est une
condition fondamentale pour que l’enfant
puisse utiliser son prénom et le «je»
dans le langage. Avec l’établissement de
la perception de soi à la fin de la deuxiè-
me année, l’enfant prend conscience
lorsqu’il se réveille la nuit (le réveil nocturneest un phénomène normal) du fait qu’il est
seul. Ainsi il découvre son sentiment
d’abandon et son besoin de proximité.
Le sentiment d’être seul se manifeste
souvent au coucher et lors des réveils
nocturnes. L’enfant ne laisse pas par tir
ses parents après le câlin de bonne nuit.
Il commence à pleurer dès que les parents
veulent quitter sa chambre. Pendant la nuit
il se réveille, se sent seul et cherche la cha-
leur et la proximité dans le lit parental.
Développement de l’autonomie
Pendant la première et deuxième année de
vie l’enfant s’attache aux personnes qui
s’occupent de lui, en général ses parents
ou d’autres personnes impor tantes de réfé-
rence. Après la deuxième année il com-
mence d’une par t le détachement des per-
sonnes de référence et d’autre par t il com-
mence à établir des relations avec d’autres
personnes et aussi envers les autres
enfants. Des enfants du même âge pro-
gressent dans leur développement
d’autonomie à des vitesses dif férentes
comme dans tout autre domaine du
développement. Entre 2 et 5 ans les
besoins en protection, af fection et atten-
tion varient considérablement. L’autonomie
et l’indépendance af fective d’un enfant
sont dif férents selon sa personnalité. Ses
angoisses de séparation et d’abandon dif-
fèrent dans leur impor tance. Il y a des en-
fants qui ont très tôt une capacité de se
calmer d’eux-mêmes et de se donner une
sensation de sécurité. Cer tains enfants
parlent ou chantent lorsqu’ils se réveillent
la nuit. D’autres jouent avec leurs cheveux,
balancent leur tête, leur corps ou tirent sur
leur sucette. Au cours de la deuxième ettroisième année un cer tain objet, tel un
linge, une poupée ou une peluche, devient
un accompagnant permanent pour beau-
coup d’enfants. Les enfants por tent cet
objet toute la journée avec eux. Ils ne veu-
lent pas et ne peuvent pas s’endormir sans
leur ours en peluche, leur poupée ou leur
patte (fig. 3). Ils hurlent terriblement pen-
dant la nuit s’ils ne trouvent plus leur
patte. Ces objets sont appelés par les
psychologues «objets transitionnels». Les
objets transitionnels ser vent aux enfants
pour remplacer temporairement leur mère
sur le chemin vers une autonomie intéri-
eure. Ils aident les enfants à traverser les
moments lorsqu’ils se sentent seuls et
lorsqu’ils ont des sentiments d’abandon.
La sur venue d’angoisses nocturnes de
séparation et d’abandon dépend égale-
ment du sentiment de sécurité et d’amour
que l’enfant ressent pendant la journée. Si
l’enfant trouve régulièrement confirmation
pendant la journée que sa mère ou une au-
tre personne de référence est là lorsqu’il
en a besoin, alors il pourra empor ter
cette sécurité avec lui pendant le sommeil.
Si un enfant fait l’expérience répétée que
sa mère de façon imprévue n’est plus pré-
sente, alors il se réveillera la nuit et ap-
pellera sa mère pour se rassurer qu’elle
est toujours là. «Ne pas être là» pendant la
journée peut aussi signifier que la mère est
présente physiquement, mais qu’elle n’est
pas atteignable af fectivement pour l’enfant.
Si un enfant vit des carences af fectives
pendant la journée, il va chercher la pro-
ximité et la chaleur nécessaires la nuit.
Il peut sans autre arriver dans une famille
qu’un enfant recherche ses parents pendant
Fig. 3: Avec une sucette et une patte on dor t mieux.
longtemps, alors que ses frères et sœurs
n’ont jamais posé de problème. Les an-
goisses de séparation et d’abandon varient
même de façon nette au sein d’une frâtrie.
Des circonstances familiales par ticulières
peuvent renforcer les angoisses de sépa-
ration et d’abandon. Lorsque les parents
travaillent avec des horaires irréguliers, un
enfant peut être angoissé parce qu’il ne
sait jamais avec cer titude qui va prendre
soin de lui. Si la mère était absente pen-
dant quelques jours, l’enfant peut appa-
raître au milieu de la nuit dans la chambre
des parents pour s’assurer que sa mère
est toujours là. Si l’enfant est autorisé
à dormir avec sa maman lorsque son
papa est absent pour des raisons pro-
fessionnelles, après le retour du père il ne
va retourner dans son lit qu’à contre-
coeur. Il ne comprendra guère pourquoi ildoit à nouveau dormir dans sa chambre et
il peut au pire se sentir exclu par ses pa-
rents. La naissance d’un frère ou d’une
sœur et de plus si le bébé dor t dans la
chambre des parents, peut donner une
bonne raison pour venir dans le lit paren-
tal. Même si les parents se donnent beau-
coup de peine pour argumenter et pour
expliquer, l’enfant ne comprendra pas pour-
quoi c’est seulement le bébé qui peut
dormir près des parents. Est-ce que les
parents aiment d’avantage le bébé? La
jalousie amène l’enfant dans la chambre
de ses parents.
Pensée magique
Entre 2 et 5 ans commence la «pensée ma-
gique». L’enfant arrive pour la première fois
à exprimer ses sentiments de façon sym-bolique. Il développe une for te capacité de
représentation interne et les sentiments
qui en découlent sont très marqués. Ain-
si par exemple un rideau dans la pénom-
bre peut prendre la forme d’un chien géant.
Les craquements dans les meubles
peuvent faire paniquer un enfant. Une
lampe de nuit qui donne une cer taine
visibilité peut aider à empêcher ces
frayeurs nocturnes. Combien un enfant
peut être per turbé par ces expériences
dépend de sa personnalité et des expé-
riences faites la veille. Une histoire ef fray-
ante écoutée sur une casette audio ou des
images incompréhensibles vues à la télé-
vision, peuvent devenir des monstruosités
pendant la nuit.
Quel compor tement les parents doivent-ils
adopter lorsque l’enfant veut dormir dans
le lit parental?
Acceptation
Il y a des parents qui ne sont pas gênés
et qui apprécient même si leurs enfants
dorment avec eux. Si tout le monde se
sent bien ainsi, il n’y a pas d’objection à
faire. Le fait que parents et enfants dor-
ment dans le même lit est une coutume
bien répandue dans beaucoup de sociétés,
également européennes. Cependant cer-
tains parents sont gênés physiquement et
psychologiquement dans leur sommeil par
la présence de leur enfant. Il se met de tra-
vers dans le lit, gigote, donne des coups
de pieds ou ronfle. Les parents peuvent se
sentir limités dans leur vie sexuelle ou
complètement bloqués. Comment ces
parents peuvent-ils s’aider et aider leur en-
fant à trouver un repos non dérangé?
30 Formation continue / Fortbildung Vol. 14 No. 5 2003
Fig. 4: Les fantômes cachés sous le lit.
31 Formation continue / Fortbildung Vol. 14 No. 5 2003
Roomsharing
Bien des parents veulent simplement ne
pas avoir leur enfant dans leur lit. Ils ne
sont pas opposés au fait que l’enfant dor-
me dans la même pièce. Un matelas posé
à côté du lit parental (fig. 6) est une solu-
tion simple et ef ficace. La plupar t des en-
fants s’en satisfont. Une autre possibilité
est de faire dormir les frères et sœurs dans
la même chambre.
Les enfants qui dorment dans la même
pièce que leurs frères et soeurs ne cher-chent qu’exceptionnellement le contact
avec leurs parents pendant la nuit. Ils ont
alors la plupar t du temps une raison impor-
tante, par exemple s’ils sont malades.
Beaucoup de parents séparent leurs en-
fants pendant la nuit car ils craignent
qu’ilsne fassent du bruit. Il est cer tain
qu’au dépar t il y aura plusieurs soirées agi-
tées lorsque les enfants vont être mis au
lit. Cependant, après quelques nuits d’a-
gitation et de défoulement, les enfants vont
trouver une entente, à condition que les pa-
rents assurent avec retenue le repos et
l’ordre! Souvent les parents font l’erreur de
jouer à la police. C’est la meilleure façon
d’empêcher les enfants de rester tran-
quilles.
Une autre objection souvent considérée par
les parents est le besoin de sommeil très
dif férent des enfants. Ils pensent qu’ils se
dérangeraient mutuellement. Ceci peut être
une dif ficulté si un des enfants est encore
très petit. Néanmoins, dès la deuxième
année, les enfants peuvent dormir ensem-
ble, même si leurs besoins de sommeil
sont dif férents.
Troubles du sommeil
Une autre par ticularité du compor tement
du sommeil de l’enfant pendant la deux-
ième année de vie et qui inquiète beaucoup
les parents sont les terreurs nocturnes.
Les parents de Pierre venaient de se cou-
cher lorsque leur petit de deux ans com-
mença à hurler de toutes ses forces. Les
parents se précipitent dans la chambre et
trouvent Pierre debout dans son lit avecune expression de frayeur. Ses yeux sont
grand ouver ts, il hurle for tement et fixe son
regard sur un monstre imaginaire. Il respire
et transpire comme s’il était en train de
faire un travail de force. Lorsque sa mère
s’approche, il recule. La mère lui parle dou-
cement, ce qui ne fait qu’accentuer ses
hurlements. Elle essaie de le prendre dans
ses bras et de le caresser. Pierre se débat
violemment. Finalement le père secoue le
garçonnet for tement, mais Pierre ne se
réveille pas. Après environ 10 minutes
l’épisode se termine. Pierre regarde
alentour, n’est plus per turbé. Il semble être
fatigué et s’endor t content peu de temps
après. Pierre souf fre d’une terreur noc-
turne. Ce phénomène peut ef frayer consi-
dérablement les parents qui en n’ont pas
une expérience. Les parents se posent des
questions: pourquoi Pierre était-il si ef-
frayé? Qu’a-t-il expérimenté pour avoir une
peur pareille? Qu’a-t-il vu pour écar ter ses
yeux de cette façon? Pourquoi ne pouvait-
on pas le réveiller? Est-ce que tout cela
pourra se reproduire? Ont-ils commis des
erreurs dans leur éducation?
Les terreurs nocturnes ont bien été étudi-
ées scientifiquement ces 20 derniers ans.
En raison des caractéristiques électro-
physiologiques, les chercheurs pensent
qu’il s’agit d’un phénomène normal du
sommeil. Il peut sur venir à un cer tain âge.
Du point de vue électrophysiologique il y a
à la base un réveil par tiel du stade le plus
profond du sommeil lent (sommeil non-
REM). Ceci signifie que l’enfant se réveille
par tiellement d’un sommeil très profond,
ce qui peut conduire à une sor te d’état con-
fusionnel. Les terreurs nocturnes sur-
viennent typiquement une à trois heures
après l’endormissement. L’enfant a les
Fig. 6: Matelas placé à côté du lit parental.
Fig. 5: Répar tition en pourcentages du «roomsharing» en
fonction de l’âge pour les catégories parents et fratrie.
50
40
30
20
10
0
âge en années
0
.1.25
.5.7 5
11.5
23
45
67
89
10
Enfants [%]
parents
frâterie
32 Formation continue / Fortbildung Vol. 14 No. 5 2003
yeux grand ouver ts, mais il ne réagit pas
ou de façon inadéquate aux parents. Son
expression et sa posture expriment la
frayeur, la rage ou la confusion. L’enfant
transpire abondamment, respire vite en hale-
tant et il a un pouls rapide. Il ne perçoit
ses parents que d’une façon limitée. Si on
lui adresse la parole il ne répond pas ou
de façon confuse. L’enfant n’est pas réveil-
lable. Si les parents essaient de le calmer
en le prenant dans les bras ou en le cares-
sant, l’enfant s’excite d’avantage. Il rejette
ses parents, se débat de façon incontrôl-
able. Le réveil sur vient de façon brusque.
La respiration et le pouls se normalisent
d’un coup. La frayeur quitte l’expression et
la posture de l’enfant. L’enfant est content,
fatigué et s’endor t rapidement. Si les pa-
rents lui demandent de raconter ce qu’il lui
est arrivé, il en est incapable, même au
cours de jours suivants. La plupar t de ces
épisodes durent 5 à 15 minutes.
Les terreurs nocturnes sur viennent entre
2 et 5 ans, rarement déjà à la fin de la
première année. Le plus souvent elles sont
obser vées pendant la quatrième et
cinquième année. Il manque des données
précises sur leur fréquence. On peut
penser qu’entre 2 et 7 ans un tiers jusqu’à
la moitié des enfants ont eu des épisodes
de ce type. La plupar t des enfants ont des
terreurs sporadiques, au total un à plu-
sieurs épisodes. Cer tains enfants peuvent
avoir un épisode tout les un à deux mois
pendant un à deux ans. Les enfants qui ont
des terreurs toutes les nuits sont rares.
Après une journée pleine d’évènements,
par exemple une fête de famille ou une
visite au Luna Park, cer tains enfants peu-vent présenter la nuit suivante des terreurs
nocturnes. Pendant le sommeil les enfants
retravaillent les expériences de la veille.
Exposés à beaucoup de stimulations, des
enfants de 2 à 5 ans peuvent présenter
des dif ficultés à les élaborer, ceci s’expri-
mant par des terreurs nocturnes.
Les terreurs nocturnes font par tie du com-
por tement du sommeil normal. Il ne s’agit
pas d’un trouble du compor tement. Lors de
terreurs nocturnes il n’y a pas de troubles
psychiques et elles ne sont pas la consé-
quence de traumatismes psychiques. Les
enfants atteints ne se retrouvent pas plus
souvent dans des familles avec des dif fi-
cultés. Elles ne sont pas non plus asso-
ciées à cer tains styles d’éducation. Il ne
s’agit donc pas d’une mauvaise éducation!
Il y a d’autres compor tements qui ont la
même base electrophysiologique que les
terreurs nocturnes. Ainsi il existe des
enfants, et aussi des adultes, qui parlent
ou s’assoient pendant le sommeil. Une par-
tie des enfants avec des terreurs a ten-
dance au noctambulisme à l’âge scolaire.Si les parents enquêtent auprès des tan-
tes, oncles et grands-parents, ils s’aperçoi-
vent que des terreurs nocturnes et le
noctambulisme ont une tradition dans la
famille.
Comment les parents de Pierre doivent-ils
se compor ter? Il est compréhensible que
les parents mettent tous leurs moyens à
disposition pour sor tir leur enfant de
cette terreur psychique. Ils essaient de lui
parler, de le calmer par des caresses ou en
le tenant. Ils aimeraient le réveiller: ils le
secouent, lui lavent la figure avec de
l’eau froide ou le mettent sous la douche.
Toutes ces mesures sont inutiles. Un pro-
Fig. 7: Les sœurs dorment ensemble.
Troubles du sommeil
•Parler pendant le sommeil
•Position assise dans le lit,
regard vide
•Noctambulisme calme
•Noctambulisme agité
•Se débat de façon incontrôlée
•Hurlements
•Terreurs nocturnes
33 Formation continue / Fortbildung Vol. 14 No. 5 2003
cessus se déroule à l’intérieur de leur en-
fant, et les parents n’y ont pas accès. Si
l’enfant n’est pas réveillable, que peuventfaire les parents? Ils peuvent lui éviter de
se blesser, par exemple en évitant qu’il
tombe d’un escalier. Les parents peuventmieux gérer les terreurs nocturnes s’ils
savent que la santé n’est pas en péril, qu’il
ne s’agit pas de crises épileptiques et que
leur style d’éducation n’est pas à mettre
en cause.
Il faut dif férencier les cauchemars des ter-
reurs nocturnes (fig. 9). Les cauchemars
peuvent déjà sur venir pendant les premi-
ères années de vie. Ils sont plus rares que
les terreurs. Si les terreurs sur viennent
après l’endormissement pendant le som-
meil profond, les cauchemars sur viennent
sur tout pendant la deuxième moitié de la
nuit (phases de sommeil paradoxal, REM).
Fig. 8:Phases du sommeil pendant la nuit.
Enfants
réveillé
REM
Non-
REM
terreurs nocturnes cauchemars
Phase du sommeil Réveil partiel d’un sommeil profond Rêve angoissant pendant le sommeil
(non-REM stade IV) paradoxal (REM), suivi de réveil.
Survenue temporelle 1 à 3 heures après l’endormissement Pendant la deuxième moitié de la nuit
Première impression Yeux écartés, est hors de lui, ne peut pas Enfant réveillé, pleure et appelle ses
que donne l’enfant être réveillé parents
Comportement de l’enfant Est assis dans le lit, se débat, court de Pleure et est apeuré, la peur persiste
façon bizarre, expression de frayeur, aussi après le réveil.
rage ou confusion. Transpiration
marquée, tachycardie, respiration
rapide, comportement se normalise
aussitôt l’enfant réveillé.
Comportement de l’enfant face Ne les perçoit pas. Ne se laisse pas Reconnaît toute de suite les parents.
aux parents consoler. Repousse ses parents, hurle, se Veut être consolé.
débat s’il est tenu.
Réendormissement Rapide. Souvent retardé.
Souvenir Aucun Aussi le jour suivant.
Que font les parents ? Attendre, ne pas essayer de réveiller Attention. Si l’enfant le désire parler de
l’enfant. Le protéger de blessures. son rêve.
Age 1 à 5 ans 3 à 10 ans
Fig. 9: terreurs nocturnes et cauchemars
34 Formation continue / Fortbildung Vol. 14 No. 5 2003
Les parents ont une expérience dif féren-
te des cauchemars par rappor t aux ter-
reurs. Lorsque l’enfant attire l’attention de
ses parents il est déjà réveillé. Il a peur,
mais il est orienté. Il demande d’être con-
solé et de l’attention. Les parents peuvent,
contrairement aux terreurs, communiquer
avec leur enfant, le prendre dans leur bras.
Selon l’âge de l’enfant il peut parler du
contenu du cauchemar. L’enfant a un sou-
venir de son rêve, souvent aussi pendant
les jours qui suivent. L’enfant a besoin de
compréhension et de soutien pour mé-
taboliser son rêve. Les parents ne de-
vraient pas essayer de nier ou refouler ces
rêves. Ils ont une qualité toute autre pour
les enfants que pour nous les adultes. Les
rêves sont pour les enfants aussi réels que
leur perception en état de veille: pour les
enfants les rêves font par tie de la réalité.
Ainsi il peut arriver qu’un enfant demande
avec insistance où est le grand chien noir
qui lui a fait si peur dans son rêve.
Les cauchemars, comme les terreurs, font
par tie du compor tement normal du som-
meil s’ils sur viennent de façon sporadique.
Ils n’indiquent pas nécessairement une
per turbation psychologique. Lorsque des
cauchemars sont décrits une ou plusieurs
fois par semaine et si l’enfant semble être
apeuré ou en souci aussi pendant la jour-
née, les parents devraient demander de
l’aide professionnelle.
Nous nous sommes occupés longuement
du thème des «mauvais rêves». Bien
entendu les enfants ont aussi des «bons
rêves» pendant les premières années de
vie. Parce que le monde du rêve leur sem-
ble aussi réel que les expériences en état
d’éveil, ils peuvent penser que nous som-
mes familiers avec leur monde des rêves.Ainsi ils parlent rarement de ce qu’ils ont
rêvé de beau; mais leurs visages heureux
pendant le sommeil nous en témoignent.
Références conseillées
– Ferber R. and Krieger M.: Principles and Practice of
Sleep Medicine in the Child. WB Saunders, Phila-
delphia, 1995.
– Ferber R.: Schlaf Kindlein, schlaf. Edition Trobisch,
München, 1994.
– Largo R. H. H. Babyjahre. Carlsen, Hamburg, 1993.
– Zinggeler H.: Schlafverhalten, insbesondere Beds-
haring, in den ersten 10 Lebensjahren: Longitudinal-
studie 74–01. Disser tation Universitäts Zürich 2003.
Caroline Benz, Remo Largo, Zürich
Traduction: Pietro Scalfaro, Lausanne
Correspondance:
Prof. Dr. R. Largo
Universitätskinderspital
Steinwiessstrasse 75
8032 Zürich
Informations complémentaires
Auteurs
Prof. Dr. Remo Largo , Universitätskinderspital, Zürich