L’autisme est un trouble du développement cérébral caractérisé par l’association d’anomalies qualitatives du champ de la communication sociale et de comportements rigides et stéréotypés. De nos jours, nous savons qu’une thérapie de réhabilitation précoce, dès l’âge de 2 ans, permet d’améliorer notablement le pronostic et la qualité de vie des patients par la modification de nombreux processus développementaux grâce à l’importante plasticité cérébrale1). C’est pour cette raison que le diagnostic précoce de l’autisme est fondamental pour le futur de l’enfant.
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Vol. 28 Nr. 2 2017 Formation continue: troubles du spectre autistique
De 2009 à 2012, 41 enfants (33 garçons et 8
filles) ont été évalués, puis diagnostiqués pour
un trouble du spectre autistique. Durant cette
période, l’âge moyen au diagnostic était de
3.2 ans. De 2013 à 2016, le dépistage a per-
mis de diagnostiquer 47 nouveaux cas (38
garçons et 9 filles) avec un âge moyen de 2.4
ans (fig. 1) .
Le dépistage a donc permis une prise en
charge précoce de ces patients, permettant
des améliorations cognitives, émotionnelles
et sociales significatives. Nous avons en outre
noté une accélération du rythme de leur déve –
loppement et une amélioration de leur quo –
tient intellectuel (QI), ainsi que des compor –
tements et symptômes consécutifs au trouble
autistique. Ces résultats sont notables 1 ou 2
ans déjà après le début de l’intervention. De
plus, la majeure partie des enfants atteint un
niveau de langage fonctionnel à la fin de l’in-
tervention.
L’intervention se base sur une prise en charge
comportementale d’après la méthode ABA
(Applied Behavior Analysis). Il s’agit d’un tra-
vail interdisciplinaire, comprenant aussi des
aspects logopédiques et ergothérapeutiques.
Les patients sont inclus dans une classe
d’enfants sans trouble du spectre autistique,
tout en étant soutenus par un enseignant
L’autisme est un trouble du développement
cérébral caractérisé par l’association d’ano –
malies qualitatives du champ de la communi –
cation sociale et de comportements rigides et
stéréotypés. De nos jours, nous savons
qu’une thérapie de réhabilitation précoce, dès
l’âge de 2 ans, permet d’améliorer notable-
ment le pronostic et la qualité de vie des pa-
tients par la modification de nombreux pro –
cessus développementau x grâce à
l’importante plasticité cérébrale 1). C’est pour
cette raison que le diagnostic précoce de
l’autisme est fondamental pour le futur de
l’enfant.
De nos jours, malheureusement, et dans la
majeure partie des cas, le diagnostic reste
encore posé tardivement au moment de la
scolarité et ceci principalement chez les en-
fants à haut potentiel de fonctionnement 2).
Toutefois, les parents notent souvent des
particularités et commencent à se préoccuper
bien avant que le diagnostic soit posé.
Au Tessin et avant 2009, le diagnostic de
trouble du spectre autistique était souvent
posé après l’âge de 4 ans. Par conséquent,
cela retardait les interventions thérapeu –
tiques possibles et tous les enfants concernés
étaient de facto scolarisés dans des classes
spécialisées.
Chez les enfants plus petits, la difficulté à
poser le diagnostic réside surtout dans le fait
que la variabilité des symptômes est impor-
tante et que le développement est très va –
riable entre plusieurs individus. Les signes
précoces et spécifiques de l’autisme se mani –
festent dans tous les cas par des difficultés
d’attention, la tendance à ne pas regarder
autrui en face, le peu de réaction à la mention
du propre nom, une imitation limitée, l’ab –
sence de jeu fonctionnel et imaginatif et la
présence d’activités répétitives.
Dans ce contexte, le développement de tests
de dépistage est crucial d’autant que pour le
moment, l’on ne connaît pas de marqueur
biologique spécifique.
Par conséquent, l’on a introduit l’usage du test
M-CHAT (Modified Autism Checklist for Tod –
dlers) à la visite des 2 ans. Les parents doivent
répondre à 23 questions qui traitent du déve –
loppement précoce et qui se focalisent parti –
culièrement sur l’interaction sociale 3).
Dès 2009, les pédiatres tessinois ont été
sensibilisés à l’utilisation du test M- CHAT. Les
enfants présentant un retard du langage, avec
un test M-CHAT pathologique, sont par consé-
quent référés à notre service de neuropédia –
trie afin de préciser le diagnostic.
Depuis 2009, le Tessin dispose donc d’une
base de données des enfants atteints d’au –
tisme. Sur la base des données actuellement
disponibles, la prévalence de l’autisme pri –
maire est de 6 cas pour 1 000 habitants 4).
Sachant que la population tessinoise est de
350 000 habitants et compte en moyenne
2700 naissances par an, on estime l’incidence
annuelle d’enfants avec un trouble autistique
primaire à environ 16.
La détection et l’intervention précoce chez
les enfants atteint de trouble du spectre
autistique: expérience du Tessin.
Gian Paolo Ramelli, Bellinzona
Figure 1: Le graphique montre l’âge moyen de l’enfant au moment du diagnostic.
Pendant les quatre premières années (2009–2012) ou le M- CHAT était fait encore occasionnel –
lement l’âge moyen était de 3.2 ans. Tandis que dans la seconde période (2013–2016) quand
le M- CHAT était fait de manière généralisée l’âge moyen est descendu à 2.4 ans.
I M
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spécialisé avec une formation dans le cadre
pédagogique comportemental.
La recherche actuelle a démontré que l’inter –
vention précoce permet une évolution posi –
tive du développement de l’enfant. Actuelle –
ment au Tessin, plus de 60 % des enfants avec
un trouble du spectre autistique fréquentent
l’école normale et ce, grâce à leur dépistage
et prise en charge précoces.
En conclusion, suite à l’introduction du test
M- CHAT à la visite des 2 ans, nous avons noté
une augmentation considérable des enfants
avec suspicion de trouble du spectre autis-
tique référés à notre service de neuropédia –
trie. Ils atteignent pratiquement la fréquence
globale de cas d’autisme dans la population
tessinoise. En outre, il est important de noter
que le dépistage permet un diagnostic avant
l’âge de 3 ans et donc, une prise en charge
précoce.
Nous considérons donc fondamental que les
pédiatres installés sachent reconnaître pré –
cocement les enfants atteints de trouble du
spectre autistique, afin de pouvoir les prendre
en charge avant leur scolarisation. Le dia –
gnostic précoce permet ainsi une prise en
charge rapide, qui sera décisive pour le déve –
loppement de l’enfant et par conséquent, son
intégration scolaire.
Références1) Moulton E, Barton M, Robins DL, Abrams DN, Fein D. Early Characteristics of Children with ASD Who Demonstrate Optimal Progress Between Age Two and Four. J Autism Dev Disord. 2016; 46:2160 -73. 2) Fountain C, Jing MD, Bearman PS. Age of diagnosis for autism: individual and communit y factors across 10 birth cohorts. J Epidemiol Community Health 2011; 65: 503 -10. 3) Robins DL, Fein D, Barton ML, Green JA. The Modi – fied Checklist for Autism in Toddlers: an initial study investigating the early detection of autism and per vasive developmental disorders. J Autism Dev Disord. 2001; 31:131- 44. 4) Fombonne E. (2009). Epidemiology of per vasive developmental disorders. Pediatric Research. 2009; 65: 591-598.
Correspondance
Prof. Dr. Med. Gian Paolo Ramelli
Dipartimento di Pediatria EOC,
Servizio di Neuropediatria,
Ospedale San Giovanni
6500 Bellinzona.
gianpaolo.ramelli @eoc.ch
L’auteur ne déclare pas de soutien financier ni d’autres conflits d’intérêt en relation à cet article.
Informations complémentaires
Correspondance:
Auteurs
Prof. Dr. med. Gian Paolo Ramelli , Bellinzona