Les troubles du sommeil de l’enfant sont largement répandus. 15 à 30 % de tous les enfants en âge préscolaire ont des troubles de l’endormissement ou du sommeil (Largo 1993).
22 Formation continue / Fortbildung Vol. 14 No. 5 2003
Introduction
Les troubles du sommeil de l’enfant sont
largement répandus. 15 à 30 % de tous
les enfants en âge préscolaire ont des
troubles de l’endormissement ou du
sommeil (Largo 1993). Dans la plupar t
des cas, il ne s’agit pas d’une maladie
somatique, mais d’une fausse apprécia-
tion des besoins et du r ythme de sommeil
de l’enfant, ou encore d’habitudes inadé-
quates. Ces troubles du compor tement ne
sont pas nuisibles à l’enfant, mais peuvent
peser lourdement sur la famille. Ils ne
nécessitent pas d’investigations médica-
les extensives, mais un entretien per-
mettant d’appor ter des explications et des
conseils personnalisés.
Le rythme, base du sommeil
Durant les premières semaines de vie
mûrissent les structures cérébrales qui
permettent au jeune enfant un sommeil
ininterrompu. Les r ythmes ultradiens et cir-
cadiens s’adaptent aux donneurs de
temps les plus impor tants que sont la
lumière et les évènements sociaux (ali-
mentation, soins, jeu, contacts sociaux).
Cette évolution se fait plus ou moins ra-
pidement selon l’enfant. 70 % de tous les
nourrissons possèdent dès l’age de 3
mois un sommeil continu: cela signifie que
le jeune nourrisson ne se réveille pas et
ne pleure pas entre deux cycles de som-
meil de 3 à 4 heures.
Durant les deux premières semaines de
vie, les périodes de sommeil de 2 à 4 heu-
res et les brèves périodes de réveil sontencore répar ties régulièrement sur la jour-
née et la nuit.
Après 4 semaines, le nourrisson s’endor t
à peu près à la même heure le soir et se
réveille à peu près à la même heure la
nuit. Le soir s’installe une période de
réveil plus longue. A l’âge de 10 semaines,
le nourrisson passe sa première nuit en-
tière. Durant les semaines suivantes, les
périodes de réveil de la première moitié de
la journée se rallongent elles-aussi, deux
périodes de sommeil se cristallisent ain-
si. A 15 semaines de vie, ce nourrisson
aura développé un r ythme sommeil-réveil
constant.
Et les parents?
Comment les parents peuvent-ils influen-
cer le sommeil de leur enfant, l’aider à
mieux passer la nuit?
Ils peuvent soutenir l’enfant dans le déve-
loppement d’un r ythme sommeil-réveil
régulier, mais c’est l’enfant qui restera
maître du jeu. Durant les 3 premiers mois
de vie, le jeune organisme s’ef force de
s’adapter d’une par t au r ythme nycthé-
méral et d’appor ter d’autre par t un
r ythme à ses activités physiques et
psychiques. Chaque nourrisson s’acquitte
plus ou moins rapidement de cette tâche.
De nombreux nourrissons ont un profond
besoin de régularité. Le déroulement des
repas, l’endormissement et les réveils
sont réglés comme une horloge. Ces
enfants passent déjà tôt leurs nuits. D’aut-
res enfants manifestent pendant des mois
leur faim et leur sommeil à des heures vari-
ables, le jour autant que la nuit. Il leur faut
le soutien des parents pour trouver cons-tance et régularité dans leurs heures de ré-
veil et d’endormissement. Ils dépendent
du «timing» des parents. En structurant le
déroulement de la journée, ceux-ci aident
l’enfant à régler son horloge intérieure. Si
par contre ces enfants sont abandonnés
à eux-mêmes, ils n’arrivent pas à mettre
de la constance dans l’alternance som-
meil-réveil. Des troubles du sommeil en
sont la conséquence. Souvent les parents
relatent aussi que l’enfant est plus sou-
vent grincheux durant la journée. La régu-
larité aide l’enfant à apprivoiser plus vite
le déroulement de la journée, ce qui se
répercute positivement sur son bien être
et son estime de soi. Des évènements
journaliers se suivant avec régularité
aident aussi la maman (inexpérimentée) à
mieux «lire» son enfant.
Jusqu’à quel âge des repas nocturnes?
On peut admettre qu’un nourrisson sain,
à la croissance staturo-pondérale normale,
puisse passer dès le troisième, au plus
tard dès le sixième mois de vie, une nuit
de 8 heures sans repas. Administrer aux
enfants avant le coucher un biberon «bien
tassé» ou une bouillie ne favorise pas le
sommeil. Plusieurs études ont montré que
les nourrissons recevant des biberons enri-
chis ne passent pas la nuit plus rapide-
ment.
Est-ce que les enfants
allaités passent la nuit plus tard?
Ef fectivement, les enfants allaités se
réveillent plus souvent et passent la nuit
plus tardivement que les enfants qui reçoi-
vent le biberon. Il y a à cela plusieurs rai-
Le sommeil durant la première année de vie 1
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23 Formation continue / Fortbildung Vol. 14 No. 5 2003
sons: les enfants allaités tendent à pren-
dre moins de lait par repas et à moins té-
ter pendant la journée. Ils dépendent donc
plus et plus longtemps d’un appor t noc-
turne. D’autre par t les mamans qui allai-
tent ont leur bébé plus souvent dans la
même chambre et réagissent plus vite
lorsqu’il se réveille. Les enfants allaités
ayant des troubles du r ythme nycthéméral
ne doivent pour tant pas être sevrés. Un
déroulement régulier de la journée est tout
à fait compatible avec l’allaitement. La
mère devrait veiller à respecter des inter-
valles de 4 à 5 heures entre les tétées,
pour que l’enfant apprenne à boire de plus
grandes quantités à la fois et à couvrir ses
besoins caloriques autant que possible le
jour. Si l’enfant est allaité la nuit, il est rai-
sonnable de le garder près du lit des pa-
rents. Lorsqu’il se manifeste, la mamanpeut ainsi, sans se lever, le mettre au sein,
l’allaiter et le reposer dans son berceau.
Laisser pleurer?
L’exemple ci-dessus montre que les
enfants qui, durant les premiers mois de
vie, se réveillent la nuit, ont une raison de
le faire. Leur r ythme sommeil-réveil n’est
pas encore suf fisamment développé ou
alors ils dépendent d’un appor t alimentaire
nocturne. Ils ne savent pas encore passer
la nuit. Il est donc inutile et atroce de lais-
ser pleurer de petits nourrissons. Il n’y a
aucune preuve que les enfants passent la
nuit plus vite si les parents les laissent
pleurer.
Une journée au r ythme régulier est le pre-
mier pas vers des nuits tranquilles. Chezles jeunes nourrissons, cette mesure
seule conduit souvent déjà au succès.
Pour les enfants plus âgés, où les prob-
lèmes sont plus complexes, la recherche
d’un r ythme régulier se situera toujours au
début de nos ef for ts.
Les besoins individuels de sommeil,
deuxième élément de nos conseils
15 à 30 % des enfants entre 3 mois et 2
ans se réveillent au moins une fois par
nuit. Souvent la seule cause en est une
fausse appréciation des besoins de som-
meil de l’enfant.
De combien de sommeil
un nourrisson a-t-il besoin?
Les besoins en sommeil sont dif férents
selon l’âge et l’individu. Une grande par-
tie des adultes ont besoin de 7 à 9 heures
de sommeil pour être per formants. Mais
pour d‘autres, 4 heures sont suf fisantes
et d’autres encore en ont besoin de dix.
Cela vaut également pour les nourrissons
et les petits enfants. La plupar t des
jeunes nourrissons dorment durant 14 à
18 heures, d’autres jusqu’à 20 heures par
jour.
Le besoin en sommeil étant si variable
d’un enfant du même âge à l’autre (fig. 4),
il n’y a pas de règle pouvant indiquer quel
est la durée de sommeil nécessaire pour un
enfant d’un cer tain âge. La tenue d’un pro-
tocole appor te une aide permettant d’éva-
luer les besoins en sommeil d’un enfant.
Pour éviter des troubles du sommeil, les
parents devraient toujours garder à l’esprit
qu’un enfant ne peut dormir plus de ce qui
Fig. 1:Réveil nocturne pendant les 6 premières années de vie, tous les degrés (Etudes longitudinales de Zurich)
Garçons
Filles
Age (mois)
Enfants [%]
Fig. 3:Heures de sommeil (jour et nuit)
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correspond à ses besoins. S’il est gardé
plus de temps au lit, il réagira de plusieurs
façons: il n’arrive pas à s’endormir le soir,
il se réveille tôt le matin ou alors il aura
plusieurs réveils nocturnes prolongés.
Quel est le rôle du sommeil diurne?
Pendant les premières semaines de vie, la
durée du sommeil diurne est à peu près
la même que celle du sommeil nocturne.
Avec l’adaptation au r ythme nycthéméral
se produit une redistribution des périodes
de sommeil.
Le sommeil nocturne s’allonge de plus en
plus, le sommeil de jour devenant de plus
en plus cour t. A 6 mois ce processus est dans les grandes lignes achevé. De
grandes dif férences existent évidemment
d’un enfant à l’autre. Qu’un enfant dorme
beaucoup ou peu le jour, dépend d’une
par t de ses caractéristiques biologiques et
d’autre par t du style d’éducation adopté
par ses parents.
La règle suivante peut être retenue: les en-
fants doivent pouvoir dormir de jour le
temps nécessaire pour être, lorsqu’ils sont
réveillés, de bonne humeur et intéressés
à leur entourage. Les enfants qui ne dor-
ment pas suf fisamment le jour sont grin-
cheux et ne jouent pas avec plaisir. Il se
peut qu’ils s’endorment en jouant.
Si nous par tons du fait que le besoin en
sommeil est une donnée fixe qui ne se
laisse pas modifier, la durée de sommeil
de jour et de nuit se conditionnent mutu-
ellement. Cela signifie qu’un enfant qui
dor t longtemps le jour, dormira moins long-
temps la nuit et vice versa. L’heure d’en-
dormissement et l’heure de réveil dépen-
dent également l’une de l’autre: un enfant
qui s’endor t tôt le soir se réveillera tôt le
matin et vice versa.L’influence des rythmes circadiens
Le r ythme sommeil-réveil fait par tie de
notre horloge intérieure et a une cer taine
iner tie. Un phénomène bien connu à ce
propos est le décalage horaire: lors de
changement de fuseau horaire, les pre-
miers jours on est fatigué, respectivement
réveillé, au mauvais moment de la journée.
Pour nos conseils en cas de troubles du
sommeil cela signifie que les changements
des heures de sommeil ne doivent pas se
faire de façon abrupte, mais progressive-
ment sur une durée de 7 à 14 jours.
Mais l’horloge intérieure détermine aussi,
si nous nous trouvons en présence d’ «en-
fants-hiboux» ou d’ «enfants-alouettes». Le
soir, les enfants-hiboux tendent à reculer
de plus en plus l’heure du coucher. Le
matin suivant, ils aimeraient rattraper
le sommeil manquant. Les enfants-alou-
ettes se couchent volontiers le soir, ils
sont fatigués avant l’heure. Mais le ma-
tin, ils se réveillent de plus en plus tôt.
L’adaptation de l’heure du coucher aux
besoins individuels de sommeil est le
deuxième pilier sur le chemin de nuits
tranquilles.
Fig. 2:Développement moyen du sommeil
d’un enfant pendant les premiers trois mois de vie
(Etudes longitudinales de Zurich)
Heures
Heures
Age (semaines)
Fig. 4:Le besoin en sommeil de 0 à 16 ans.
Percentiles de la durée totale du sommeil pour les
deux sexes (sommeil de jour et de nuit additionnés)
(Iglowstein et coll. 2003)
Sommeil total
Age (mois)Age (années)
Durée totale du sommeil (heures)
durée du sommeil en heures
âge en mois
Sommeil de nuit
Sommeil de jour
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Petits dormeurs
et troubles du sommeil
Les expériences faites dans la consulta-
tion pour troubles du sommeil laissaient
croire que les enfants avec un besoin de
sommeil moins impor tant présentent
plus souvent des troubles du sommeil.
Cette impression a été confirmée par les
données des études longitudinales zuri-
choises (Iglowstein et coll. 2003).
Les enfants ayant besoin de peu de sommeil
se réveillent plus souvent la nuit, restent
plus longtemps réveillés le soir et font plus
de résistance lorsqu’on veut les coucher.
S’endormir seul, troisième élément
du concept thérapeutique
Les nourrissons et les petits enfants se
réveillent plusieurs fois la nuit. Cela fait
par tie du sommeil normal. Les parents ne
sont pas dérangés dans leur repos parce
que l’enfant se réveille, mais parce qu’il ne
sait plus s’endormir tout seul. On peut
facilement comprendre que les enfants ne
sachant pas s’endormir seuls le soir
auront plus de dif ficultés que ceux qui
savent le faire. L’enfant qui, le soir, s’en-
dor t au sein de sa mère, l’appellera
lorsqu’il se réveille la nuit. Le sein, être
tenu et bercé lui est indispensable pour
s’endormir. L’enfant qui s’endor t seul le
soir trouvera son sommeil tout seul aussi
la nuit.
Pour favoriser l’indépendance de l’enfant
au moment de s’endormir, un rituel est
utile. On entend par là les activités du soir
qui se déroulent avant l’endormissement
(espéré). Pourquoi la manière dont les parents mettent au lit leur enfant est-elle
si impor tante? Au courant de la première
année de vie se développe la faculté de
mémoire. Si les évènements du soir se
déroulent toujours dans le même ordre,
alors, à par tir d’un cer tain âge, ils amènent
l’enfant au sommeil. Mais si chaque soirée
se déroule pour l’enfant de façon dif fé-
rente, alors il ne pourra pas développer
d’attentes. Il ne sait jamais quand c’est
l’heure de dormir. Chaque soir il est posé
– de façon pour lui-même imprévisible et
surprenante – dans son berceau et devrait
s’endormir sur commande.
Papa et maman doivent-ils respecter le
même rituel? L’enfant sait très bien
s’adapter au style dif férent de son père,
de sa mère ou d’autres personnes famili-
ères. Mais toutes ces personnes devraient
être conséquentes dans leur façon d’agir.
Si le père laisse plus de liber tés à l’enfant
que la mère, même un petit nourrisson
saura rapidement en profiter.
Dépendance ou indépendance
Même le nouveau-né dispose de moyens,
limités cer tes, pour se calmer lui-même et
pour s’endormir seul. Il suce ses petites
mains et s’étire jusqu’à ce qu’il trouve le
sommeil. Ces facultés se développent
rapidement durant les premiers mois de
vie, mais sont plus ou moins prononcées
d’un enfant à l’autre. Cer tains enfants
trouvent leur sommeil, seuls et sans prob-
lèmes, déjà durant les premiers mois de
vie, d’autres dépendent plus longtemps,
au moins temporairement, de l’aide de
leurs parents. Réussir à développer la
capacité de se calmer par ses propres
moyens ne dépend pas seulement du stade de développement et de la person-
nalité de l’enfant, mais aussi grandement
du compor tement des parents.
Imaginons deux compor tements maternels
dif férents: un enfant est por té dans les
bras tous les soirs jusqu’à ce qu’il
s’endorme et seulement ensuite il est
posé prudemment dans son berceau.
Après un cer tain temps il associe s’endor-
mir avec être por té dans les bras. La pré-
sence de sa maman est devenue une par-
tie intégrante du rituel d’endormissement.
L’enfant ne peut s’endormir qu’en contact
étroit avec sa maman.
Un autre enfant est couché encore réveil-
lé. Sa maman est assise à côté du ber-
ceau. Si l’enfant commence à pleurer, à
s’agiter et n’arrive pas à s’endormir, sa
maman lui parle doucement, lui caresse sa
petite tête ou lui tient ses petites mains.
La maman soutient l’enfant dans son ef-
for t à trouver seul son sommeil. Ainsi, de
semaine en semaine, il devient plus indé-
pendant jusqu’à ce qu’il soit enfin prêt à
s’endormir sans l’aide de sa maman.
Si les parents se couchent à côté de leur
enfant, le por tent dans leurs bras ou chan-
tent pour l’endormir, le rituel devient
«béquille». L’enfant associe s’endormir
avec la présence des parents, avec être
por té et être bercé. La nuit, lorsqu’il se
réveille, il ne saura pas comment retrou-
ver le sommeil tout seul, alors il les appel-
lera.
Entre ces deux exemples de compor te-
ment il y a un large éventail de possibili-
tés que les parents peuvent aménager
selon les par ticularités de leur enfant et
selon leurs propres désirs. Il faut que les
parents soient conscients des faits sui-
26 Formation continue / Fortbildung Vol. 14 No. 5 2003
vants: une présence physique impor tante
et constante durant les premiers mois de
vie devient pour l’enfant une habitude. Il
ne faut pas croire qu’à un cer tain âge, il
ne demandera plus la présence continuelle
de ses parents.
Approche graduelle
Ce procédé est une mesure de thérapie
compor tementale qui conduit enfant et
parents, pas à pas, à adopter un nouveau
style d’endormissement.
Procéder par petit pas permet à l’enfant et
aux parents d’avancer à un r ythme sup-
por table. Selon l’étroitesse du lien parents-
enfant au moment du coucher et la rapidité
avec laquelle l’enfant accepte un chan-
gement, il apprendra plus ou moins tôt ou
tard à s’endormir seul.
Outre l’approche graduelle, on trouve dans
la littérature d’autres méthodes de théra-
pie compor tementale, comme l’extinction
ou l’extinction contrôlée.
Extinction
Qu’entendons-nous par là ? Extinction si-
gnifie «éteindre». Le compor tement non dé-
siré de l’enfant est éteint en supprimant
l’attention des parents. Par rappor t à ses
habitudes au moment de s’endormir cela
signifie: une nouvelle façon de faire est
introduite et maintenue avec consé-
quence par les parents. En clair: on
laisse pleurer l’enfant jusqu’à ce qu’il ait
accepté la nouvelle méthode. La plupar t
des parents ne veulent et ne peuvent pas
adopter ce procédé. Au plus tard dans la
deuxième ou troisième nuit, ils rejoignentleur enfant. Enfant et parents sont pro-
fondément désécurisés. A cela s’ajoutent
des sentiments massifs de culpabilité et
d’échec.
Extinction contrôlée
Pour cette raison, Richard Ferber (1994,
1995) a adapté l’extinction et a fait con-
naître le «laisser pleurer contrôlé».
Il se base sur la même idée, mais permet
aux parents d’aller voir leur enfant à des
inter valles précis, sans pour tant changer
la nouvelle règle. D’après nos expériences,
beaucoup de parents et d’enfants sont
dépassés même par cette méthode. Les
enfants se sont habitués pendant des
mois à s’endormir en présence de leurs
parents et réagissent de façon violente.
Les parents de leur côté se sentent dépas-
sés par ces réactions violentes et inat-
tendues et renoncent à poursuivre.
A par tir de quel âge des mesures
de thérapie compor tementale ont-elles
un sens ?
Chez l’enfant de moins de 6 à 9 mois une
thérapie compor tementale n’a pas de
sens. De telles mesures présument qu’un
enfant ait la faculté de se souvenir («hier
maman était assise à côté de mon lit,alors aujourd’hui elle doit aussi être assise
là») et de tirer des conclusions («si je pleu-
re, maman ne vient pas, donc j’arrête de
pleurer et je m’endors tout seul»). Ces
capacités cognitives se forment au plus tôt
vers la fin de la première année de vie.
Procéder par étapes – r ythme, besoins
individuels de sommeil, modification des
habitudes au coucher – a fait ses preuves
dans notre consultation. Selon la famille
et la situation, des adaptations s’avèrent
nécessaires. Souvent ce sont de mauvai-
ses habitudes au coucher qui sont res-
ponsables des dif ficultés de l’enfant. Mais
cela n’a pas de sens de s’y attaquer avant
de s’être assurés que l’enfant ne peut
s’endormir parce que son horloge intéri-
eure est réglée dif féremment ou parce que
ses besoins en sommeil ont été suresti-
més.
Références
– Ferber R: Schlaf, Kindlein, schlaf. Edition Trobisch,
Munchen, 1994.
– Ferber R and Kr yger M, eds.: Principles and Practi-
ce of Sleep Medicine in the Child. WB Saunders,
Philadelphia, 1995.
– Iglowstein I: Sleep Duration from Infancy to Adoles-
cence: reference values and generational trends.
Pediatrics, 11, 302–7, 2003.
– Largo RH: Babyjahre. Carlsen, Hamburg, 1993.
Concept des trois étapes
1. r ythme régulier
2. besoins de sommeil individuels
3. endormissement autonome
Caroline Benz, Remo Largo, Zurich
Traduction: Rudolf Schlaepfer, La Chaux-de-Fonds
Korrespondenzadresse:
Prof. Dr. R. Largo
Universitätskinderspital
Steinwiessstrasse 75
8032 Zürich
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Isabelle, 10 mois
Encore nourrisson, Isabelle trouva rapidement un rythme de som-
meil régulier. Après quelques semaines déjà, elle passait les nuits.
Les parents réagissent avec surprise, lorsqu’à l’âge de 10 mois elle
se réveille presque chaque nuit et reste réveillée un bon moment. Des
fois, elle est toute contente et joue avec la boîte à musique. Avec
le temps elle commence à appeler ou à pleurer.
Sur les bases du protocole et suite à l’entretien avec les parents, nous
savons qu’Isabelle a déjà une journée très régulière. S’endormir le
soir ne pose pas de problèmes. La nuit par contre, la fillette se ré-
veille régulièrement et reste éveillée pour un certain temps. Le pro-
tocole nous permet de calculer les besoins de sommeil effectifs
d’Isabelle (somme des traits). Ils se situent autour de 13 heures. Isa-
belle ne peut pas dormir plus longtemps. Les parents fixent le nou-
veau plan de sommeil. Ils décident quand et combien de temps leur
enfant doit dormir le jour. Ce temps est déduit de la durée de som-
meil totale et il reste le temps que l’enfant devra passer la nuit dans
son lit. Le moment du coucher est décidé par les parents. Il est
important qu’avec le moment du coucher soit également fixé le
moment du réveil: cela signifie que si l’enfant ne se réveille pas spon-
tanément à l’heure fixée, les parents doivent la réveiller.
Le changement ne doit pas se faire de façon trop abrupte, mais sur
une durée de 7 à 14 jours. Jusqu’à ce que l’enfant s’habitue au nou-
veau rythme, elle sera fatiguée et de mauvaise humeur. Les parents
doivent en être informés, sinon ils vont interrompre le processus trop
tôt et sans succès.
Les parents trouvent un sommeil de deux fois une heure durant la
journée suffisant, couchent Isabelle à 20 heures et la lèvent le
matin à 07 heures.Meret, 18 mois
Les parents de Meret nous sont adressés lorsqu’elle a 18 mois
parce qu’elle ne s’endort que dans les bras de sa maman. La nuit,
elle se réveille souvent et appelle sa maman. Elle ne se laisse pas
toujours calmer par un biberon. La maman la promène alors dans
ses bras. Meret n’a pas de journée structurée. La nuit elle est sou-
vent réveillée pendant de longs moments. Les heures couchée
dépassent les besoins en sommeil.
Lorsque les problèmes sont, comme dans ce cas, multiples, il est
important d’établir une hiérarchie et de procéder par étapes. En
premier lieu sera structuré le déroulement de la journée. Cela aidera
l’enfant à régler son horloge intérieure.
Ensuite, nous calculons les besoins individuels de sommeil et nous
établissons un horaire avec le temps de sommeil à disposition. Le
temps passé au lit par Meret ne doit pas dépasser ses besoins.
Ces mesures sont rapidement couronnées de succès et renforcent
la compétence des parents par rapport aux troubles du sommeil de
leur fille.
Mais il reste le pas le plus difficile à faire. L’enfant doit apprendre à
s’endormir seule, d’abord le soir, ensuite aussi la nuit.
En dernier lieu est modifiée la manière dont Meret s’endort. Par
l’introduction d’un rituel elle est préparée au moment du coucher.
Ensuite elle est couchée encore éveillée. Sa maman reste assise sur
une chaise à côté du lit. Elle console l’enfant qui va peut-être pleu-
rer, mais elle ne la prend plus dans ses bras.
Dès que l’enfant aura accepté le nouveau procédé, la maman fera
un pas de plus. Elle va par exemple éloigner de plus en plus la
chaise jusqu’à ce qu’elle puisse finalement quitter la chambre de
l’enfant.
Protocole d’Isabelle, 10 mois
Protocole d’Isabelle, 11 mois
Informations complémentaires
Auteurs
Prof. Dr. Remo Largo , Universitätskinderspital, Zürich